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Luttes Sociales – Page 14 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Luttes Sociales


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    Bilan et perspectives du 5 Décembre

    09 Déc 2019

    C’est un 5 décembre réussi, très prometteur, avec des manifestation massives, y compris dans les petites et moyennes villes. Parfois avec des participations jamais atteintes depuis 2010 ou 2003. l’intérieur déclare 800 000 manifestant.e.s, la CGT 1,5 million.

    Nous sommes clairement au début d’un mouvement social majeur et d’ampleur. Rien n’est encore joué, mais nous ferons tout pour que ce mois de décembre soit bouillant.

    Cet état des luttes, produit par l’UCL sur la base des remontées de ses groupes, viendra alimenter toutes et tous les militant-es de la grève en information et analyses à partager, discuter sur les lieux de travail, dans les AG, les réunions. Il est public. Fais-passer !


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    La réforme des retraites nuit aux femmes !

    09 Déc 2019

    Nous les femmes, nous sommes doublement exploitées dans la société capitaliste. Nous sommes exploitées au travail et nous sommes exploitées à la maison, dans le cadre de la cellule familiale. C’est le principe de la double journée de travail : quand une femme rentre à la maison après le boulot, elle réalise encore la grande majorité des tâches dites « ménagères » et liées aux enfants. La réforme des retraites va encore augmenter les inégalités entre les hommes et les femmes, va encore augmenter notre exploitation. Nous nous élevons contre les violences qui nous sont imposées, les violences physiques, mais aussi les violences économiques !

    Le patronat profite de notre double exploitation.

    D’une part en nous sous-payant encore plus que les hommes, en nous employant dans des conditions encore plus précaires, souvent dans des temps partiels subis ; et d’autre part car c’est sur nous que repose le fonctionnement et la vie des cellules familiales. C’est sur nous que repose l’éducation des futurs travailleurs et travailleuses.

    Un système de retraites juste viserait à compenser ces inégalités, pour que les différences de carrière entre les hommes et les femmes ne se retrouvent pas aussi à la retraite.

    Pourtant, la réforme des retraites va nous nuire sur au moins trois aspects, en plus de tout ce qu’elle enlève à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs.

    La baisse des pensions de réversion

    Les pensions de réversion sont versées aux conjointes et conjoints de personnes décédées. 90% des bénéficiaires sont des femmes, dont le quart n’a pas d’autres sources de revenu. Les dispositifs de la réforme vont conduire à une baisse considérable de ces pensions, ce qui aura un effet immédiat de paupérisation des femmes.

    Le mode de calcul de la retraite

    La réforme prévoit que le montant de la retraite ne soit plus calculé par rapport au salaire des 25 meilleures années (cas du régime général aujourd’hui), mais sur toute la carrière. Pourtant, on le sait, nous faisons souvent une partie de notre carrière à temps partiel. Le calcul des droits à partir des 25 meilleures années permettait de ne pas prendre en compte les faibles salaires des années de temps partiels. Avec la réforme, c’est donc à une baisse des pensions généralisée pour les femmes que l’on assisterait.

    La suppression de la MDA

    Aujourd’hui, la Majoration de la durée d’assurance (MDA) ajoute aux mères des trimestres aux trimestres travaillés pour chaque enfant, au titre de l’impact de la grossesse et de l’accouchement sur leur carrière. La réforme prévoit de supprimer la MDA, qui est pourtant un dispositif minimal de diminution des inégalités entre les carrières des hommes et des femmes ! C’est une attaque directe contre la prise en compte des spécificités de nos carrières.

    Une réforme patriarcale

    On le voit, cette réforme prévoit la suppression de plusieurs mécanismes, pourtant timides, de correction des inégalités hommes-femmes. Nous sommes surexploitées tout au long de nos carrières et à la maison, le but est de reprendre ce que les mouvements féministes ont obtenu pour contrebalancer cela à la retraite. La bataille contre la réforme des retraites est aussi une bataille féministe !

    Femmes, révoltons-nous contre cette société d’injustices, élevons-nous contre les violences physiques et économiques, qui sont les deux faces d’une même pièce !

    Organisons et participons à la grève !


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    L’Iran brûle et la gauche mondiale regarde ailleurs

    02 Déc 2019

    Alors que très peu d’informations nous parviennent depuis la fermeture d’Internet en Iran par la République Islamique en place, des camarades iranien-ne-s en exil font un appel à la « gauche mondiale » pour qu’elle se fasse le porte-voix de la révolte du peuple iranien contre le régime théocratique qu’elles et ils subissent depuis 40 ans. Nous sommes signataires de cet appel, aux côtés d’universitaires et de révolutionnaires du monde entier, pour n’oublier aucun des peuples qui se battent actuellement pour leur liberté à travers le monde et pour faire vivre jusqu’ici cet esprit de révolte »

    Notre monde est en feu. Non seulement les forêts mais aussi les villes brûlent à travers le monde. Les conflits sociaux de toutes sortes éclatent, répandant leurs flammes partout sur la planète. Algérie, Chili, Equateur, Haïti, Hong-Kong, Irak, Rojava, Liban, Soudan, complétez la liste. Dans ce contexte global de luttes contre l’enfer social du capitalisme néolibéral et financiarisé, un autre soulèvement de masse a démarré, depuis le 15 novembre 2019, en Iran.

    Il a fallu l’étincelle du triplement du prix des carburants pour que des dizaines de milliers d’Iraniens et d’Iraniennes, de plus de 100 localités à travers tout le monde, sortent dans la rue pour protester. Bien sûr, ce n’est pas en soi le prix des carburants qui a généré un soulèvement partagée aussi largement dans le pays et aussi massivement. Plutôt, c’est l’accumulation de trente ans d’un régime autoritaire qui s’appuie sur des principes néolibéraux et qui a fini par plonger des millions de personnes dans la pauvreté, le chômage, l’extrême précarité, les privant des conditions de base de vie (éducation, soins, alimentation et logement).

    Exactement de la même manière qu’une augmentation de 30 pesos sur les tarifs du métro a fait éclater la rage trop longtemps contenue au Chili, le prix du carburant en Iran a été l’étincelle du soulèvement récent en Iran (et c’est la même chose pour la taxe Whatsapp au Liban, l’annulation des subventions sur les carburants en Equateur etc). Comme l’exprime bien une affiche chilienne, « ce n’est pas une question de 30 pesos, c’est une question de 30 ans de néolibéralisme ».

    Depuis vendredi, le peuple en Iran a courageusement affronté le personnel lourdement armé des Corps des Gardes de la Révolution Islamique du régime, ainsi que les voyous des milices armées en civil (connus sous le nom de Basij) qui dépendent économiquement de ce même régime. Le peuple avait toute légitimité et tout le droit pour se défendre contre la violence d’État systématique, pour construire des barricades dans les rues, bloquer les autoroutes et occuper les rond-points et les places publiques. Les oublié-es et les invisibles de l’Iran se sont rendus visibles aux yeux du monde en mettant le feu. Le feu est à tout ces gens ce qu’est le gilet jaune pour les prolétaires et la population marginalisée et délaissée en France. Tout deux sont une voix pour les sans-voix.

    Tandis que la BBC en persan et consorts, y compris les forces réactionnaire loyales au régime, prétendent dicter au peuple la doctrine libérale de la « manifestation civile et pacifique », la jeunesse iranienne a bien compris le fait qu’ « un peuple ne triomphe pas sans haine » et que « la force matérielle doit être renversée par la force matérielle », qu’elle a le droit légitime de se défendre contre la violence d’État qui vise le meurtre systématique des citoyennes et citoyens.

    « Trop, c’est trop ! » est le message de celles et ceux du Sud [Global South] et même au-delà. Comme les étudiant-es l’ont chanté dans l’une des universités de Téhéran, « les gens en ont marre, assez de l’esclavage ». Comme nos sœurs et nos frères d’Irak et du Liban, le peuple iranien n’en peut plus et n’en veut plus de ce néolibéralisme autoritaire qui réduit leur vie à une existence quasi végétative, de cette corruption systématique inhérente au capitalisme de mafia et de l’impérialisme régional (sub-imperialism) de la République Islamique en Irak, au Liban, en Palestine, en Syrie, au Yémen et dans la région dans son ensemble. Il ne fait pas que s’opposer au triplement du prix des carburants mais bien à la République Islamique dans son ensemble. Aucun autre slogan, si bien chanté par nos camarades au Liban, ne peut mieux exprimer l’esprit des luttes dans la conjoncture actuelle : « Tous, ça veut dire tous ! » (كلن يعني كلن).

    La main de fer, voilà quelle a été la réponse de la classe dirigeante à cette radicale et concrète négation de tous les pouvoirs existants. La violence systématique employée par la République Islamique pour paralyser le soulèvement a été d’une intensité et d’une ampleur sans précédent dans l’histoire. Les autorités ont complètement fermé Internet depuis 4 jours, transformant le pays en une immense boite noire afin de pouvoir massacrer le peuple en toute tranquilité. Selon Amnesty International, des centaines de personnes ont été blessées, des milliers arrêtées et « au moins 106 manifestant-es dans 21 villes ont été tué-es », même si « le nombre total de morts pourrait être bien supérieur, avec des témoignages et des rapports évoquant le chiffre de 200 personnes tuées ».

    De nombreuses vidéos montrent que la police tire directement et volontairement vers les manifestant-es, en visant les têtes et les poitrines, comme cela a déjà été observé avant en Irak. C’est le cas en particulier dans les provinces kurdes et arabes dont les peuples, discriminés, sont une nouvelle fois en première ligne de ce soulèvement et en paient le prix le plus élevé.

    La République Islamique a, jusqu’à présent, réussi à atteindre ses objectifs. Ils ont profité de l’opportunité offerte par les sanctions étasuniennes pour réaliser leurs rêves néolibéraux, afin à la fois de combler le déficit actuel du budget et d’augmenter les opérations militaires dans la région. Pour ce faire, ils ont fermé Internet et en ont profité pour massacrer brutalement leurs opposant-es. Sur le plan international, il n’y a pas de couverture spécifique par les médias, pas de condamnation internationale de la répression d’État et très peu de solidarité de la gauche mondiale. En d’autres mots, le bain de sang se déroule en silence. Et les choses se déroulent ainsi parce que, là où les classes opprimées d’Iran et du Moyen-Orien n’ont aucune illusion sur le prétendu rôle « anti-impérialiste » de la République Islamique, beaucoup à gauche continuent à croire au vernis idéologique auto-proclamée du régime, qui se présente comme une force anti-impérialiste face aux Etats-Unis et à ses alliés dans la région.

    Nous, signataires du monde académique ou militant, invitons la gauche mondiale à briser son silence et à exprimer sa solidarité avec le peuple d’Iran et sa résistance. Selon nous, il est inutile de demander quoique ce soit à la République Islamique mais nous demandons que nos camarades du monde entier se positionnent, par tous les moyens possibles, comme les porte-voix des opprimé-es en Iran qui se retrouvent suffoqué-es par l’isolation forcée. Nous appelons également la gauche internationale à condamner les atrocités du régime contre son propre peuple. Finalement, nous nous tenons aux côtés des manifestant-es iranien-nes qui réclament leur dignité en refusant l’austérité, l’autoritarisme, la militarisation de la société, ainsi que toutes les autres formes de domination qui limitent leur autonomie et leur liberté.

    Traduit depuis l’anglais par la commission internationale de l’UCL

    Signataires :

    • Adrienne Bonnet (Comédienne/Metteure en scène) ;
    • Arnaud François ;
    • Amin Hosouri (Leftist militant, Germany) ;
    • Amir Kianpour ;
    • Dr. Angela Dimitrakaki (University of Edinburgh) ;
    • Antifascist Culture (Αντιφασιστικός Πολιτισμός, Greece) ;
    • Azadeh Shourmand (Feminist militant) ;
    • Dr. Barbara Umrath (Researcher, Germany) ;
    • Behnam Amini (York University, Canada) ;
    • Behrang Pourhosseini (ATER Chargé de Cours au Département de Philosophie, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis) ;
    • Bob Brecher (Professor of Moral Philosophy Director, Centre for Applied Philosophy, Politics & Ethics University of Brighton) ;
    • The Campaign to Defend Haft Tapeh Prisoners (Iran) ;
    • Catherine Malabou ;
    • Committee of Solidarity with Hong Kong (Independent, militant collective, Hong Kong) ;
    • Clint Burnham (Professor and Chair of Graduate Program Department of English Simon Fraser University) ;
    • Cinzia Arruzza ;
    • Dariush Arjmandi (Sweden) ;
    • David Harvey (Distingished Professor, The Graduate Center, The City University of New York) ;
    • Dinah Rajak (University of Sussex) ;
    • Dr Andrea Brock (Lecturer, University of Sussex) ;
    • Éric Alliez (Professor of Philosophy, Paris 8). ;
    • Éric Michaud (directeur d’études Ehess, Paris) ;
    • Etienne Balibar (Ancien Professeur à l’Université de Paris-Nanterre) ;
    • Gholam Khiabany (Gholam Khiabany) ;
    • Greg Albo (Professor York University, Toronto) ;
    • Homayon Iwani (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism”) ;
    • Hostis Journal ;
    • Ivana Bago (Independent Scholar, Zagreb) ;
    • Iman Ganji (Freie universität berlin) ;
    • Jacob Rogozinski (philosopher, professor at Strasbourg University) ;
    • Jaleh Jane Mansour ;
    • Kaveh Kermanshahi (Human rights activist) ;
    • Matthieu Renault (Associate Professor, University Paris 8) ;
    • Manjanigh Collective (Slingers, Germany) ;
    • Mehrdad Emami (Phd Candidate, Middle East Technical University, Turkey) ;
    • Mohadese Zare ;
    • Meredith Tax (writer, New York) ;
    • Nazanin Noori ;
    • Nicholas S.M. Matheou (Researcher at the Institute of Historical Research, University of London) ;
    • Jean-Christophe Goddard (Université de Toulouse Jean-Jaurès Coordinateur du Consortium Erasmus Mundus EuroPhilosophie) ;
    • Jean-Claude Bonne (directeur d’études École des Hautes Études en Sciences Sociales Paris) ;
    • Jeff Derksen ;
    • John Simoulidis (Assistant Professor, Department of Social Science, York University) ;
    • Jose Rosales (PhD candidate, Stony Brook University) ;
    • Judith Rodenbeck (Associate Professor Media & Cultural Studies University of California, Riverside) ;
    • Jules Falquet (Sociologist, feminist, Université de Paris) ;
    • Kamran Matin (Sussex University, International Relations Department) ;
    • Kanishka Goonewardena (Associate Professor, University of Toronto, Department of Geography and Planning) ;
    • Kollektiv aus Bremen (Germany) ;
    • Mahmoud Khalili (Ex-political prisoner and editorial member of the “Prison’s Dialogue”) ;
    • Mohammed Reza Nikfar ;
    • Mojdeh Arassi (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism”) ;
    • Michael Hardt ;
    • Mariana Silver (Artist) ;
    • Nantes Révolté (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Nara Cladera (Réseau syndical international de solidarité et de lutes) ;
    • Patricia Morton (Associate Professor, Media and Cultural Studies Department University of California, Riverside) ;
    • Plateforme d’enquêtes militants (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Plan C, Kurdistan Cluster (Independent Collective, London) ;
    • Peter Hallward (The author of ‘Damming the Flood’) ;
    • Peter Hudis (Professor of Philosophy, Oakton Community College, USA) ;
    • Prison’s Dialogue (An initiative of Iran’s exiled former political prisoners) ;
    • Raymond Bellour (Directeur de recherche honoraire au CNRS) ;
    • Rose-Anne Gush (Lecturer in Art Theory/Art History, University of Applied Arts, Vienna.) ;
    • Rouen dans la rue (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Sabine Bitter ;
    • Sai Englert ;
    • Sasan Sedghinia (independent left Researcher) ;
    • Sama Khosravi Ooryad (Utrecht University) ;
    • Saman Aftabkaaran (independent researcher and militant) ;
    • Sanem Güvenç (Emily Carr University of Art and Design) ;
    • Sandro Chignola, Professeur (Università di Padova) ;
    • Saygın Salgırlı (University of British Columbia) ;
    • Sebastian Budgen ;
    • Sina Zekavat ;
    • Siavash Mahmoudi (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism” ;
    • SOAS Students Union ;
    • Stefan Kipfer (Associate Professor, Faculty of Environmental Studies, York University) ;
    • Tatiana Mellema (PhD student Art History UBC) ;
    • Dr. T’ai Smith (University of British Columbia) ;
    • Trevor Stark (Assistant Professor of Art History, Department of Art, University of Calgary) ;
    • Union communiste libertaire (France)


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    Des combattants francophones : « Le Rojava s’illustre par une incroyable résilience »

    25 Nov 2019

    Situation militaire, sanitaire, état d’esprit des populations, résilience des institutions démocratiques, stratégie du commandement des FDS… Ces militants engagés dans le Bataillon international de libération nous donnent leur point de vue sur la période d’incertitude que vit actuellement le Rojava.

    Au Kurdistan syrien, la situation politique a dramatiquement basculé depuis le mois d’octobre : offensive turque avec le feu vert états-unien, puis entrée en lice de l’armée russe et déploiement des troupes du régime de Damas. Un mois plus tard, l’Administration autonome du nord-est syrien vit une situation plus que précaire : outre le canton d’Afrîn, occupé depuis mars 2018, les villes frontalières de Tall Abyad et Serê Kaniyê sont tombées sous la coupe des supplétifs islamistes de l’armée turque. Et sur une bande de 5 kilomètres de profondeur sur la frontière syro-turque, la police militaire russe et l’armée turque patrouillent conjointement.Malgré tout, des accrochages armés se poursuivent dans certaines zones, comme Tell Tamer (Girê Xurma en kurde). Un groupe de camarades francophones impliqués dans ces combats, a répondu aux questions du mensuel Alternative libertaire. Tous agissent dans le cadre du Revolutionnary Antifascist Front (RAF), intégré au Bataillon international de libération (IFB) [1] des Forces démocratiques syriennes (FDS).

    Alternative libertaire : Bonjour camarades, salutations de France et de Belgique. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce nouveau regroupement, le Revolutionnary Antifascist Front ?

    Les francophones du RAF : Disons que nos trajectoires révolutionnaires itinérantes se sont croisées au bon endroit et au bon moment. Nous nous sommes retrouvés ensemble au sein du Bataillon international de libération, puis nos affinités personnelles et nos perspectives politiques communes ont logiquement donné naissance au RAF. Nous avons combattu ensemble lors de la bataille de Serê Kaniyê puis sur le front de Tell Tamer. Nous sommes beaucoup de militants autonomes, autant de communistes que d’anarchistes. Parmi les francophones, il y a de surcroît une certaine tendance post-situationniste, mais ici ça n’a guère d’importance pour nous. Notre présence au Rojava conduit nécessairement notre pensée politique à se restructurer.

    Le RAF a été fondé en novembre 2019, dans le cadre du Bataillon international de libération.

    Malgré que le front soit « gelé », des accrochages persistent au sud de Serê Kaniyê. Qui s’oppose à qui ? Quelle est l’attitude des Russes et des Turcs par rapport à cela ?

    Les francophones du RAF : Effectivement il y a une stabilisation de la situation militaire. Les combats continuent mais l’intensité est moindre. Ils opposent essentiellement les FDS à l’« Armée nationale syrienne », les supplétifs islamistes de l’armée turque, que cette dernière soutient avec des frappes aériennes et des tirs d’obus. Les soldats du régime de Damas font parfois mine d’appuyer les FDS à coups de tirs d’artillerie, plus pour la forme qu’autre chose. Nos opérations sont donc réduites, mais demeurent conséquentes. Hier soir encore, un de nos amis de l’IFB a été blessé lors d’un assaut. Pendant ce temps, Russes et Turcs construisent des bases militaires face à face, à quelques kilomètres les unes des autres.

    Les patrouilles turco-russes à nouveau caillassées au Rojava

    Les habitants du Rojava ont lancé des pierres sur la patrouille conjointe de l’armée turque et de la police militaire russe, ce vendredi matin à Girkê Legê.

    On a pu voir des images d’intifada le long de la frontière, avec des villageois caillassant les véhicules militaires turcs. Quel est le sentiment qui domine dans la population ?

    Les francophones du RAF : La population enrage de voir ces patrouilles sur les routes. C’est l’ultime affront de la part de l’État fasciste turc, qui décime la population et prétend ensuite venir vérifier qu’elle ne s’arme pas pour se défendre. La révolte des civils n’est d’ailleurs pas sans risques : il y a quelques jours, les blindés turcs ont tiré sur la foule et des journalistes dans le secteur de Kobanê. Le 18 novembre, dans la même zone, les blindés turcs mais aussi russes ont vu les civils leur lancer des cocktails Molotov.

    On observe également un certaine appréhension, majoritairement dans des villes comme Manbij, de voir le régime de Damas reprendre la main. L’hostilité est moindre à Hassakê, où il avait conservé le contrôle d’un quartier depuis son retrait en 2012.

    Les soldats du régime se comportent en cow-boys, refusent de payer les commerçants, et se mettent en scène comme les nouveaux sauveurs. Hélas, ces sauveurs s’enfuient plus rapidement qu’ils n’arrivent sur les champs de bataille. Il sont calamiteux, malgré leur puissance de feu supérieure à la nôtre. Avec des « amis » pareils, pas besoin d’ennemis.

    Le régime de Damas symbolise cette contradiction à laquelle tout révolutionnaire se confronte un jour : celle du compromis. Entre survie et anéantissement, les Kurdes ont fait le choix de la survie, et en tant qu’internationalistes, nous le comprenons malgré notre dégoût pour le clan Al Assad.

    Mais globalement, l’hostilité prédomine à l’égard du régime de Damas.

    D’une manière générale, il y a une assez bonne cohésion entre les groupes ethno-confessionnels, et particulièrement entre Kurdes et Assyriens. La propagande ennemie tente – en vain nous l’espérons – de présenter cette guerre comme la reconquête légitime des terres appartenant aux Arabes, et voudrait exacerber l’opposition entre Kurdes et Arabes. Heureusement cela ne prend pas, ou peu. Même si, évidemment, se dessine un début de guerre « religieuse » promue par l’État turc contre les Kurdes désignés comme « mécréants ». Ce discours raciste est appuyé par des attentats orchestré en collaboration étroite avec le MIT, les services secrets turcs, aussi bien au nord qu’au sud de la frontière.

    La police militaire russe s’est déployée le long de la frontière syro-turque. Agence Tass

    Et vis-à-vis des États-uniens qui stationnent autour des puits de pétrole, quel est le sentiment ?

    Les francophones du RAF : Devinez. Pour nous révolutionnaires, il n’y a aucune surprise par rapport à l’attitude utilitariste qu’ont eu les États-Unis avec le mouvement kurde. Le retrait du soutien américain n’a fait qu’accroître notre amertume quant au rôle de la « communauté internationale ». Pour la population civile en revanche, cela a été vécu comme une trahison, et presque une mise à mort, puisque Trump a littéralement abandonné les peuples du Rojava à une invasion certaine. Les blindés américains aussi ont eu droit à leur lot de pierres et de légumes pourris alors qu’ils partaient vers la frontière irakienne. Enfin, pour ce qui est du commandement général des FDS, on a parfois l’impression qu’il espère en vain une intervention salvatrice…



    L’Administration autonome du nord-est de la Syrie [2] à présent. Cela vous paraît-il pertinent de dire qu’elle comprend trois pôles de pouvoirs principaux : le Tev-Dem et les assemblées élues [3] ; le PYD [4] ; les FDS [5] ? Ces pôles ont-ils une stratégie commune vis-à-vis de Moscou et de Damas, ou bien y a-t-il des tiraillements ?

    Les francophones du RAF : Non cela ne nous semble pas si pertinent. Le PYD a peu à peu fondu en donnant naissance à de nouveaux partis plus petits et à des organisations locales, jusqu’à en partie se confondre avec le Tev-Dem. Nous observons avant tout deux pôles de pouvoir au sein de la société rojavi : un pôle militaire, avec les FDS, et un pôle civil et politique avec en tête la représentation diplomatique de Tev-Dem. Cette dernière s’acharne dramatiquement à compter sur le secours des États impérialistes depuis… l’invasion d’Afrîn. Une stratégie déplorable qui n’a de toute évidence guère porté ses fruits, et sur laquelle les FDS ont aligné leur propre stratégie, elle aussi déplorable. La représentation diplomatique du Tev-Dem est l’une des premières responsables de la débâcle actuelle.

    Damas et Moscou s’accordent pour priver progressivement le Rojava de l’autonomie qu’il avait pu gagner. En revanche on s’étonne de la passivité du régime de Damas face à l’agression turque contre « l’intégrité du territoire syrien », un thème pourtant redondant dans les discours d’Assad et des siens. Le régime serait plus offensif si la Russie lui promettait un soutien militaire probant, mais il semble que personne n’ose se mettre à dos Ankara.

    Des soldats turques et leurs supplétifs islamistes de l’ANS (arborant le drapeau de l’ASL), sur un bâtiment en ruine de Serê Kaniyê, le 23 octobre

    Les institutions du Tev-Dem tiennent-elles pour l’instant ?

    Les francophones du RAF : Elles tiennent, et ne faillissent pas. Sauf pour la diplomatie, on l’a compris. Pour le reste, elles continuent d’assurer avec brio l’organisation sociétale malgré la guerre en cours. C’est là une des forces du mouvement kurde : l’intelligence de l’adaptation aux situations les plus difficiles, la survie coûte que coûte. Hors des zones de combat, la vie des civils n’est pas altérée outre-mesure par la guerre. Les réfugié·es sont relogé·es avec une certaine rapidité, malgré leur nombre effarant (300 000 selon l’Administration autonome).

    La Turquie a bombardé plusieurs silos à grain, la station hydraulique qui assurait l’approvisionnement en eau de la moitié du canton de Cizîrê, l’hôpital de Serê Kaniyê, etc. Bref, la Turquie applique une logique de nettoyage ethnique. Et malgré cela, les services sanitaires tiennent bon ; les infirmiers et infirmières travaillent vingt-quatre heures d’affilée ; le Tev-Dem tente de palier au manque d’approvisionnement en eau en multipliant les convois de camions citernes ; les communes partagent des stocks de nourriture de première nécessité… Ce sont les individus qui tiennent avant tout, plus que les institutions.

    Malgré toutes les critiques que l’on peut faire au mouvement kurde, on ne peut pas ne pas admirer le dévouement de ses partisans pour trouver des solutions malgré l’accumulation des obstacles. Pour un territoire pauvre et en guerre, le Rojava s’illustre par une incroyable résilience.

    Abdulhamid El Mihbash et Bêrîvan Khalid, coprésidents de l’AANES, dénoncent sans relâche l’agression turque.

    Que dit le régime de Damas ? L’Armée arabe syrienne (AAS) [6] souhaite-t-elle absorber les FDS ? Quelle est l’atmosphère au sein des milices, à ce sujet ?

    Les francophones du RAF : Cette hypothèse a été émise par le commandement des FDS il y a quelques semaines, mais il s’agissait probablement d’un bluff pour accélérer le soutien militaire du régime de Damas, et peut-être dissuader l’Otan et les États-Unis de les abandonner totalement. Il n’en est à présent plus question et, très franchement on ne veut pas, personne ne veut qu’une telle fusion se fasse. Si cela devait effectivement arriver, ce serait l’existence même de l’Administration autonome qui cesserait, car sans ses propres forces d’autodéfense, le Rojava perdrait une grande partie de son identité révolutionnaire. Les milices YPG-YPJ s’illustrent pour beaucoup, précisément, par leur maturité éthique et politique. Elles sont parmi les initiatrices des transformations sociales. Amputer la révolution de ses organes vitaux lui serait fatal.

    Propos recueillis le 21 novembre 2019
    par Guillaume Davranche (UCL Montreuil)

    [1] « International Freedom Battalion announces new formation : Revolutionary AntiFascist Front », www.amwenglish.com, 17 novembre 2019.

    [2] L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) est le nouveau nom de la Fédération démocratique de Syrie du nord, adopté en septembre 2018, et englobant sept régions administratives : Cizîrê, Euphrate (Kobanê et Tall Abyad), Afrîn (occupée par l’armée turque), Raqqa, Tabqa, Manbij, Deir ez-Zor.

    [3] Le Mouvement pour une société démocratique (Tev-Dem), est la structure fédérant les organisations de base (comités locaux, communes) au Rojava depuis 2011.

    [4] Le Parti de l’union démocratique (PYD), organisation-sœur du PKK en Syrie, fondée en septembre 2003, a joué un rôle essentiel dans le processus révolutionnaire au Rojava. Les milices YPG-YPJ lui sont liées.

    [5] Les FDS incluent les YPG-YPJ, de nombreuses brigades arabes, dont plusieurs issues de l’Armée syrienne libre, le Conseil militaire syriaque, le Bataillon international de libération.

    [6] L’armée de terre de Damas porte officiellement ce nom ethnique.



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    Contre les violences machistes : révolte féministe

    25 Nov 2019

    Cette nouvelle journée internationale de lutte pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes doit être une réussite et le début d’une lutte effective.

    Les violences faites aux femmes – physiques et psychologiques – sont innombrables et touchent tous les domaines de leur vie, tous les lieux où elles circulent, toutes sont concernées quels que soient leur âge et leur condition sociale. Samedi 19 octobre le nombre de féminicides depuis ce début d’année a dépassé celui de 2018. L’année dernière 121 femmes ont été violemment assassinées par leur conjoint ou leur ex. Cette année, en novembre plus de 130 femmes ont été tuées.

    Partout dans le monde, des femmes luttent pour dénoncer les violences dont elles sont la cible principale. Ces violences sont engendrées par un système patriarcal et hétérosexuel qui assied son pouvoir sur des siècles de domination masculine, et qui entraîne un continuum de violences (harcèlement moral et sexuel, agressions, viols, assassinats) et d’inégalités (économiques, sociales, politiques).

    Si nous soutenons les luttes pour des mesures législatives concrètes pouvant faciliter la vie de toutes, ici et maintenant, elles ne peuvent être suffisantes. Pour l’émancipation de toutes, nous devons lutter en même temps contre tous les systèmes de domination et d’exploitation : l’hétéro-patriarcat bien sûr, mais aussi le racisme, le capitalisme…

    Tous ces systèmes oppressifs sont dépendants les uns des autres. Ils travaillent tous ensemble pour se renforcer l’un l’autre ; l’un ne peut disparaître seul, ils doivent disparaître ensemble.

    Un système raciste…

    Le contexte actuel est marqué par l’expression quotidienne du racisme. Nous luttons donc contre les politiques répressives et racistes qui visent les femmes migrantes, sans-papiers, étrangères. La question islamophobe est en ce moment plus prégnante encore : les femmes voilées, par leur visibilité, sont les premières victimes du déferlement actuel de violences et de haine.

    Nous dénonçons l’esclavage sexuel et le système prostitutionnel subis par beaucoup de femmes sans papiers et migrantes, ainsi que la répression policière favorisant les violences quotidiennes auxquelles elles doivent faire face.

    … et capitaliste

    Les attaques contre le droit du travail ont en premier lieu touché les femmes, qui occupent la majeure partie des emplois précaires, et dont les salaires sont toujours très inférieurs à ceux des hommes.

    La casse du système de retraite par répartition induit de fait une baisse générale des pensions des femmes, et celle de l’assurance chômage pousse de nombreuses femmes hors du champ d’indemnisation. Un nouveau mode de prise en compte des revenus du conjoint a été annoncé pour le calcul de l’allocation aux adultes handicapé ⋅ es (AAH) condamnant les femmes handicapées à être dépendantes financièrement de leur conjoint.

    Avec la dégradation des conditions matérielles d’existence, les femmes sont davantage soumises aux pressions et aux violences, que ce soit sur le lieu de travail ou dans la sphère conjugale et familiale.

    Nous sommes communistes libertaires. Nous luttons pour une société débarrassée des systèmes d’oppressions et d’exploitation qui la structurent.

    Le renforcement de l’État et de ses institutions, de la famille ou des religions, n’est pas la solution. Nous avons besoin de revendications immédiates, d’organisation et de perspectives pour un changement radical de société !

    Les systèmes de domination ne seront pas éradiqués uniquement par des actions de pédagogie reposant sur les bonnes volontés individuelles.

    Lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est construire un véritable rapport de force vis-à-vis des institutions. Pour construire ce rapport de force, nous appelons à l’auto-organisation politique des femmes !

    Partout, construisons des contre-pouvoirs féministes.

    ORGANISONS-NOUS ! LUTTONS !


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    Leur richesse est faite de notre misère ! En décembre, on les arrête ?

    25 Nov 2019

    Le gouvernement actuel, fidèle serviteur des classes possédantes comme ses prédécesseurs, organise notre précarité pour augmenter les profits des capitalistes : réforme des retraites et de l’assurance chômage, casse des services publics, garantie de la spéculation immobilière… En décembre prochain, on a l’occasion de dire stop à Macron et aux patrons.

    Réforme des retraites : pourquoi ça nous concerne ?

    Le gouvernement s’apprête à changer radicalement le fonctionnement de nos retraites, passant à un système par points. C’est un but de longue date pour la classe capitaliste que d’en finir avec la retraite par répartition, intégrée à la Sécurité sociale en 1945 grâce aux luttes de la classe ouvrière. Dans le système par points, le montant des pensions de retraite dépend du nombre de points acquis sur toute la carrière. Ce calcul sur l’ensemble de la carrière, et plus seulement sur les meilleures années, est gravement dommageable pour nos parents travailleurs.es, directement touché.e.s par l’augmentation des inégalités, de la précarité de l’emploi, et du chômage. De plus, la valeur du point est fixée par le gouvernement et pourra être baissée chaque année ! On obligera donc les plus précaires à travailler plus longtemps. Plutôt que de lutter contre la précarité, le gouvernement serre une fois de plus la ceinture aux travailleur-se-s !

    Cette démolition de notre système de retraite actuel prévue pour 2020 est une nouvelle attaque du gouvernement contre l’ensemble des droits du travail acquis par les luttes. Ce nouveau système de financement par le chacun-pour-soi serait une catastrophe pour nous autres étudiant-e-s, à qui on sabote notre droit à une retraite décente au moment même où l’on commence à cotiser. D’autant plus que la précarité étudiante augmente et contraint une très large majorité d’entre nous à travailler pendant nos études.

    Le 5 décembre, plusieurs syndicats appellent à la grève illimitée contre la retraite par points. Nous avons toute notre place dans cette mobilisation, investissons-nous avec les syndicats professionnels, en organisant la grève dans les lieux d’études pour exiger l’abandon de ce projet.

    Pour notre avenir, montrons-leur que les lycéen-nes et étudiant-e-s s’opposent aussi à cette réforme !

    A quand l’accès à un logement pour tou-te-s ?

    Comme tous les ans, l’année a commencé pour beaucoup par les difficultés d’accès au logement. Certain-es d’entre nous ont dû dormir dans leur voiture ou trouver des solutions d’urgence, dans des conditions très rudes. D’autres se sont carrément retrouvé-es à la rue (et notamment beaucoup d’étudiant-e-s étranger-e-s, comme chaque année) !

    Ces difficultés ne sont pas dues à une offre trop faible (3 millions de logements vides en France d’après l’INSEE), mais bien à la course au profit des propriétaires immobiliers, qui préfèrent spéculer en gardant leurs biens inoccupés, alors même que des gens meurent dans la rue ! Ces proprios sont défendus par une loi injuste créée par et pour eux, ainsi que par une police qui harcèle les sans-logis et expulse celles et ceuxqui cherchent à se réfugier dans leurs bâtiments inoccupés.

    La propriété privée définie dans la loi prive des gens de l’accès à un logement, pour les intérêts des classes qui possèdent. Réquisition des logements vides !


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    Pour un 23 novembre de luttes !

    22 Nov 2019

    Ce samedi 23 novembre sera une journée de lutte pour l’élimination de toutes les violences contre les femmes. Partout dans le monde, des femmes luttent pour dénoncer les violences dont elles sont la cible principale. L’UCL appelle donc à se mobiliser dans toutes les villes pour l’émancipation de toutes les femmes et contre toutes les violences sexuelles et sexistes.

    Tous les deux jours une femme est tuée et depuis le début de l’année, le nombre de féminicides a dépassé celui de 2018. Les violences sexistes et sexuelles sont engendrées par le système politique, économique et social qu’est le patriarcat. Ce système de domination et d’exploitation est à l’origine des violences (agressions, harcèlement moral et sexuel, viols, assassinats) comme des inégalités économiques et sociales. Peu importent les grenelles et coup de communication pseudo féministes, le constat reste le même. L’État, sa police et sa justice protègent le système patriarcal : les violences faites aux femmes s’accroissent, elles demeurent toujours largement impunies en France. Face aux violences quotidiennes, les femmes sont laissées en proie à leurs agresseurs et assassins que ce soit au sein des couples, au travail, dans les lieux d’études, dans la rue etc.

    La précarisation du travail (réformes des retraites et du chômage) et la destruction des acquis sociaux (fermeture de maternité, des Plannings familiaux, et des centres IVG…) touche en premier lieu les femmes, toujours moins bien payées que les hommes et davantage présentes dans les emplois précaires. Ceci, combiné à un engagement dérisoire en termes de moyen pour lutter contre les violences faites aux femmes et à la diminution des ressources allouées aux associations.

    De plus, c’est parce que l’État agite le voile musulman comme bouc émissaire pour cacher la casse des acquis sociaux, et s’attaque à l’immigration que nous devons nous organiser de façon solidaire face à toutes les politiques répressives et racistes qui visent les femmes migrantes, sans-papiers, étrangères et toutes les femmes qui y sont assimilées. Tout comme nous devons nous organiser face aux violences LGBTI-phobes qui répondent aux mêmes logiques hétéro-patriarcales que les violences faites aux femmes.

    Cette nouvelle journée de lutte doit être une réussite et le début d’une lutte effective car, le combat féministe est une question de vie ou de mort.

    Retrouvons-nous dans toutes les villes le 23 novembre Partout, construisons des contre-pouvoirs féministes ! Organisons-nous ! Luttons !



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    Pour un hôpital autogéré au service des usager·es

    18 Nov 2019

    Psychiatrie, urgences, blocs, MCO : pas un secteur de l’hôpital public n’est épargné par les restrictions budgétaires. Les usager⋅es et salarié⋅es sont les premières victimes de cette politique de casse du service public. Mais du médico-social aux EHPAD, du travail social associatif aux soins à domicile , c’est l’ensemble du secteur qui est appauvri.

    La fermeture de lits et de services, les sous effectifs permanents et les suppressions de postes : tout cela nous épuise au quotidien. La qualité de la prise en charge se dégrade depuis trop longtemps.

    Dans tous les hôpitaux, la révolte se répand

    Dans la continuité de la grève exemplaire des urgences débutée au printemps 2018, c’est aujourd’hui l’ensemble du secteur qui est en grève et dans la rue ! Les mouvements qui se construisent partout montrent que l’union et la détermination font peur au ministère.

    Pour une sécurité sociale autogérée

    Nous voulons une santé publique indépendante de la logique du profit et indépendante des gouvernements qui font cadeaux sur cadeaux aux groupes de santé privés. Les soins doivent être apportés avec la même qualité pour toutes et tous ! Chacun et chacune, indépendamment de son milieu social ou de sa situation administrative est le bienvenu à l’hôpital. Refusons les restrictions d’accès au soin, avec ou sans papiers, avec ou sans CB, nos services sont ouverts !

    Contre le piège du corporatisme

    Aide soignant, informaticienne, ouvrier, chirurgienne : tout le monde a la même légitimité à être dans la rue aujourd’hui. Depuis trop longtemps, les filières techniques et ouvrières sont laminées par les coupes budgétaires. Toutes et tous collègues, nous décidons ensemble de la grève que nous voulons pour l’hôpital que nous construirons. Et cet hôpital sera débarrassé des hiérarchies clivantes  !

    S’organiser ensemble, vivre l’autogestion

    Des années de régression sociale et de luttes infructueuses ont pu désespérer un grand nombre d’entre nous et les détourner de l’action commune. Aujourd’hui, alors que la colère s’exprime haut et fort, plus que jamais il faut s’organiser !

    Rejoindre les syndicats de lutte qui refusent d’être des «  partenaires sociaux  », rejoindre des collectifs de lutte, rien n’est contradictoire : tous les moyens sont bons pour construire le rapport de force !

    TDans tous les cas exigeons la démocratie et le respect de chacun⋅e dans nos cadres de lutte :

    • en mettant en place des assemblées générales décisionnaires
    • en imposant le contrôle et la rotation des mandats
    • en refusant la reproduction des pouvoirs symboliques de l’hôpital dans nos outils de lutte ainsi que le refus des oppressions systémiques comme le sexisme ou le racisme,
    • en refusant le corporatisme d’où qu’il vienne.

    Etudiant⋅es, salarié⋅es, usager⋅es l’Hôpital est à nous !

    Amplifions le mouvement dans tous les établissements !



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    STOP A LA REPRESSION, LIBEREZ LES INTERPELLE-ES

    17 Nov 2019

    Samedi 16 novembre 2019, jour d’anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes.

    Alors que la manif se dirigeait vers Odysseum, le dispositif policier a bloqué et attaqué les manifestant-es pour les empêcher d’aller interrompre l’activité économique du centre commercial.

    Les policiers ont poursuivi les manifestant-es qui se rabattaient sur le rond point de près d’arènes dont l’occupation avait été autorisée par la préfecture, en les harcelant par des gaz, des nasses et des
    charges régulières.

    Le rond point de près d’arènes a ensuite été assiégé par les policiers, gazant, et agressant les manifestant-es.

    7 manifestant-es ont été interpellé-es, l’un de nos camarades étaient parmi eux.

    A l’image de samedi dernier, l’état déploie tout son dispositif policier et judiciaire pour empêcher la contestation et pour piétiner la liberté d’expression et de manifestation.

    Nous ne nous laisserons pas intimider, vivent les luttes, avec les Gilets Jaunes, et toutes et tous ensemble en grève à partir du 5 décembre.


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    Face à l’explosion sociale dans la région…

    15 Nov 2019

    Face à l’explosion sociale dans la région chilienne, la Fédération anarchiste de Santiago déclare :

    1- La situation actuelle est incertaine, les peuples luttent encore, leur courage n’a été arrêté ni par les balles ni par les miettes jetées par la bourgeoisie. La classe opprimée continue de résister courageusement dans les rues de toute la région dominée par l’Etat chilien, c’est pourquoi nous lançons un appel à continuer les mobilisations dans tous nos espaces : dans la rue, dans les villages, dans les lycées, dans les affrontements, etc. Nonobstant ce qui précède, nous savons qu’il y aura un processus d’usure inhérent à tant de jours de lutte. C’est pourquoi il est extrêmement important de commencer à construire et à renforcer les Assemblées Territoriales, qui doivent dépasser la vision institutionnelle du « Conseil citoyen » (Cabildo Ciudadano) et non tourner autour d’une nouvelle constitution, mais en générant une “feuille de route du peuple”, où, selon la réflexion autonome et horizontale dans ces espaces de rassemblement, nous générons un cadre commun vindicatif de la classe opprimée, considérant les réalités locales et celles de plus grande échelle, afin de générer de nouveaux scénarios de lutte sur les territoires. D’autre part, générer une Communauté Organisée qui apporte des solutions aux problèmes les plus immédiats et quotidiens afin de renforcer le pouvoir d’autogestion qui va progressivement démanteler l’Etat sur nos territoires. Ce processus d’accumulation de forces est fondamental pour que cette explosion sociale ne soit pas seulement un moment de catharsis mais aussi le début d’un processus d’émancipation des peuples.

    2- La réponse du gouvernement a été d’annuler l’état d’urgence et la présence de l’armée dans les rues, mais la répression des forces spéciales – police militarisée – s’est intensifiée. La répression a coûté la vie à 25 personnes, il y a plus de 4 300 détenu-e-s, plus de 1 600 blessé-e-s, plus de 160 personnes ont perdu des yeux à la suite de la répression, 19 personnes ont été victimes d’abus sexuels, plus de 133 personnes ont été torturées, tout cela selon des données officielles qui, selon les organisations internationales, sont inférieures aux chiffres réels. Comme si cela ne suffisait pas, le directeur de l’Institut des droits de l’homme (INDH) a déclaré qu’il n’y avait pas de violations systématiques des droits humains, montrant précisément que toutes les agences étatiques protègent la violence contre les peuples en lutte.

    Nous appelons à la solidarité internationale, à la libération de tous les prisonnier-e-s et à la mémoire de nos mort-e-s.

    3- Les partis politiques et leur opportunisme caractéristique sont apparus au grand jour tout au long de ces journées, bien sûr leurs dirigeant-e-s ne sont pas dans la rue et n’ont pas subi de répression, mais ils ne se gênent pas à s’autoproclamer les “représentant-e-s du peuple et de ses revendications”. Ce mouvement n’a jamais eu besoin de vous et n’aura jamais besoin de vous à l’avenir, vous cherchez seulement à faire un pacte avec le gouvernement, ce sur le sang de nos frères et sœurs assassiné-e-s, vous cherchez seulement à oxygéner cette démocratie avec l’odeur des larmes, vous ne représenterez jamais nos intérêts puisque vous ne faites pas partie de la classe oppressée. Nous rejetons votre “nouveau pacte social” parce qu’il ne représente pas un changement radical pour les peuples, nous ne sommes pas prêts à transformer notre lutte en maquillage qui donnera un “visage plus humain” au système de domination qui nous refuse la vie.

    4- L’Assemblée constituante, pour sa part, a été un slogan qui a eu un grand écho dans notre classe, elle semble être une lampe magique qui, une fois frottée, résoudra tous nos problèmes en tant que classe. Une telle vision n’est qu’une illusion pour les peuples en lutte. C’est pourquoi il nous semble extrêmement important de susciter une attitude critique et d’alerter notre classe.

    Pour nous, l’assemblée constituante ne sert qu’à donner une solution institutionnelle au conflit, elle ne fonctionnera qu’en fonction des intérêts de l’oligarchie, car en tant que classe nous n’avons pas encore développé des organisations et des luttes solides qui peuvent guider dans le meilleur des cas ce processus. De ce fait, développer une assemblée constituante à court et moyen terme ne fait que laisser la destinée de ce mouvement à ceux qui nous oppriment, il n’y a aucune corrélation des forces nécessaires pour former nos intérêts de classe. La réalisation d’une assemblée constituante dans l’immédiat serait une grande tragédie pour les peuples en lutte, car ce serait enterrer la lutte de classe pendant de nombreuses années face à cette nouvelle constitution “démocratique, citoyenne et participative” qui ne vient qu’oxygéner cette démocratie pourrie et non briser les piliers du système de domination.

    D’autres, en revanche, ont compris le processus de l’Assemblée constituante comme un processus lent et à long terme, dans lequel l’accumulation des forces des conseils citoyens et des assemblées territoriales est dirigée vers le remaniement des piliers de l’État chilien. Nous nous distançons également de cette position, car pour nous, le processus d’accumulation des forces, qui est une tâche prioritaire, n’est pas de développer une Assemblée constituante, mais de générer le pouvoir autogestionnaire de la classe opprimée qui formule un nouveau contrat social sans aucun accord avec l’oligarchie et où les piliers du système de domination sont enfouis pour toujours : le patriarcat et le capitalisme, sa stratégie coloniale de domination et ses expressions : l’État-nation, le système genré et l’extractivisme. Nous ne reconstruirons pas l’État, nous ne croyons pas en une répression plus démocratique, nous ne contribuerons pas à la consolidation de la domination, qui sont les objectifs de la social-démocratie.

    Nous savons que la constitution politique lie et maintient les piliers institutionnels du néolibéralisme, lesquels doivent être transformés, mais ce n’est pas seulement une question juridico-politique, puisqu’il est impossible de négocier avec l’oligarchie sur les questions primordiales de la lutte des classes, ainsi que la propriété privée des terres et des eaux, conflits qui dépassent les cadres juridiques et politiques de la constitution. En ce sens, bien que ce cadre constitutionnel convenu soit maquetté, bien qu’il soit appelé plurinational, populaire et féministe et qu’il reconnaisse même la nature comme sujet de droits, les expressions de domination du patriarcat et du capitalisme ne sont pas modifiées. Notre plus grande tâche est donc d’obtenir une corrélation des forces favorables à la vie, où le programme dépasse les demandes sectorielles et où les assemblées territoriales embryonnaires puissent développer un contrôle territorial afin d’armer un nouveau monde.

    Cependant, cela ne signifie pas que l’anarchisme doive être soustrait des instances des assemblées, nous devons y être, nous devons nous battre pour que ces instances auto-convoquées ne servent pas de plate-forme pour des intérêts électoraux, nous devons fournir aux espaces des outils horizontaux et une autonomie dans la construction politique. Nous devons être là pour opposer les préceptes de la nouvelle société que nous voulons construire à l’idéologie dominante. Nous devons être là parce que nous sommes opprimé-e-s, parce que nous faisons partie des peuples en lutte. Nous devons être là parce que c’est une tâche prioritaire pour renforcer ces espaces, afin que, de cette façon, ensemble, ils puissent avancer vers l’auto-émancipation.

    5- Enfin, nous réaffirmons la nécessité, de continuer la lutte dans les rues et dans les territoires. De créer et renforcer les Assemblées Territoriales afin de générer la Communauté Organisée, qui progressera vers le contrôle territorial. De semer l’expérience autonome afin de récolter le pouvoir autonome.

    Poursuivons le combat !
    Grève générale !
    Enracinons l’anarchisme !
    Bâtissons une communauté organisée !
    Vive la lutte des peuples !
    Libération immédiate pour les prisonnier-e-s des manifestations !

    FÉDÉRATION ANARCHISTE DE SANTIAGO


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