Les grévistes ont tenu pendant les fêtes
Ça avait été dit, ça a été fait : il n’y a pas eu de « trêve de Noël » pour la grève dans les transports. Les taux de grévistes se sont maintenus ou ont légèrement chute, mais rien qui permette de s’approcher d’un retour à la normale !
SOMMAIRE
- Il n’y a pas eu de trêve
- Perspectives stratégiques
Les grévistes ont tenu pendant les fêtes
Ca avait été dit, ça a été fait : il n’y a pas eu de « trêve de Noël » pour la grève dans les transports. Les taux de grévistes se sont maintenus ou ont légèrement chute, mais rien qui permette de s’approcher d’un retour à la normale !
De nombreux autres collectifs de travail ont aussi continué à mobiliser pendant la période des fêtes.
Quant au secteur de l’éducation, les vacances scolaires ont évidemment porté un coup d’arrêt à la mobilisation.
A la rentrée scolaire, la situation est donc visiblement similaire à celle d’avant Noël. Visiblement seulement, car les grévistes ont 15 jours de grève de plus dans les pattes, et parce que beaucoup de choses se sont passées.
Soulignons déjà que cela fait deux semaines de plus de difficulté, non seulement pour les déplacement des francilien-nes, mais pour le commerce également. Il y a une tentative de faire croire que ce sont les plus précaires les principales victimes de la grève, mais le secteur du tourisme et tout ce qui est lié (hôtellerie, restauration, musées, grands magasins…) prend des gros coups économiques en ce moment.
Tout aussi important : le pouvoir a déjà reculé face à la mobilisation : (flics, âge du début d’application de la contre-réforme, danseuses de l’opéra de Paris…). Et même si c’est reculs sont limités, cela montre qu’il peut encore reculer. La mobilisation stagne, et pourtant ces reculs tactiques n’ont pas abouti à l’effondrement de la mobilisation !
Et enfin, évidemment, le soutien à la mobilisation dans la population ne se dément pas ! On le voit certes dans les sondages, mais on le voit surtout quand on va parler directement à nos collègues, à nos voisins sur les marchés, dans la rue, etc.
Le rapport de force pourrait donc bien être plus en notre faveur maintenant qu’avant les fêtes de fin d’année.
L’intersyndicale envoie des signaux forts
L’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-FO-CFE CGC appelle à 3 journées de mobilisation de suite, les 9, 10 et 11 janvier, et non seulement à un « temps fort » le 9 janvier comme on pouvait le craindre. Cette prise d’initiative historiquement inédite de l’intersyndicale dit quelque chose de la profondeur de la mobilisation, et du moment charnière de ce début 2020.
Cet appel à 3 journées rompt avec la stratégie des « temps forts » qui ne permet pas de reconduire la grève massivement, et donc de dégager du temps pour l’auto-organisation du mouvement.
Des secteurs qui hésitent
Depuis plusieurs semaines, l’entrée dans la bataille de l’industrie pétrochimique, et en particulier la grève bloquante dans les raffineries de pétrole, est annoncée. Cette grève est plus difficile à mettre en place que ces quelques incantations. Il se pourrait qu’elle prenne de l’ampleur, mais elle n’a pour le moment pas d’effet significatif sur la disponibilité du carburant dans les pompes à essence.
La reprise de la mobilisation dans l’éducation est une inconnue, tout comme les formes de cette reprise. Mobilisation sur les grosses dates interpro uniquement ou départ en grève reconductible, au moins dans certains foyers de contestation ?
Le secteur de la culture a été très actif pendant les fêtes et pourrait continuer. En plus de l’emblématique Opéra de Paris, de nombreuses bibliothèques, musées et sites touristiques ont réalisé des grèves médiatisées.
PERSPECTIVES STRATÉGIQUES
Agir partout, toutes et tous
Qu’on fasse des bouffes solidaires dans certains quartiers, qu’on bloque des dépôts de bus avec l’appui de personnes qui ne sont pas en grève (parce que Éducation nationale, étudiant.es, chômeurs.ses…), tout ça est bien et utile, mais ne construit pas la grève. Or, SNCF et RATP ne tiendront pas indéfiniment. Il faut mettre toutes les forces dans la bataille pour donner un souffle nouveau à la mobilisation.
Nous sommes face à une situation de grève par procuration reposant sur trois secteurs (SNCF/RATP/Education avec le problème des congés), mais avec quand même une minorité agissante du salariat en tant que telle (et qui ne se résume pas à ses franges gauchistes) déterminée à menée bagarre, ce qui explique des foyers de grève de ci-de là.
Mais nous ne pouvons faire comme si, au 33e jour de grève, nous étions toujours dans la phase de construction d’une grève générale. L’enjeu est que les 9, 10 et 11, un maximum d’actions directes aient lieu dans le pays. Les grèves, les débrayges sont des actions directes, tout comme les blocages et les sabotages. Tout est légitime, tant que c’est décidé par des collectifs de travailleuses et de travailleurs qui veulent mettre tout leur poids dans la contestation sociale.
L’heure n’est pas seulement au soutien à la lutte de la SNCF et de la RATP, mais à la lutte elle-même, de toutes et tous, selon les possibilités des différents secteurs. Tout doit être mis dans la balance pour acculer le gouvernement au retrait de la réforme.
Permettre aux grévistes de décider par eux-elles-mêmes
On ne le répétera jamais assez : c’est quand ce sont les grévistes qui décident que la grève a le plus de chance de continuer à s’étendre et à s’ancrer. Les grévistes doivent décider de tout : des modalités d’action de leur lutte, et des revendications. C’est ainsi que de nouvelles revendications pourront émerger, au-delà du retraite de la contre-réforme des retraites : hausse des salaires, retraite à 60 ans, gestion de la sécurité sociale…
Refuser les récupérations politiciennes
Comme toujours, les quelques reculs gouvernementaux (qui ne règlent rien) depuis début décembre sont le fait de la grève. Ce sont les grévistes qui permettront de gagner. Pas mal de politicien-nes courent derrière le mouvement, voulant faire passer l’idée qu’il y a besoin d’elles et eux pour que ça change. Ceci permet de profiter d’un moment historique, historique du fait des grévistes, pour avancer des idées qui ne sont pas celles des grévistes, et profiter de la fenêtre d’attention médiatique. Dans cette période de campagne pour les élections municipales, c’est une aubaine…
Mais le vrai débouché politique, il est dans la victoire de notre classe sociale par l’action directe, dans la mise en avant et la satisfaction de revendications autogestionnaires participant à une rupture avec le système capitaliste, dans l’auto-organisation de la lutte par celles et ceux qui la mène : les grévistes !
Activer des propositions positives
Il est indispensable de faire des propositions positives audibles. La lutte actuelle s’est construit « contre ». Contre la reforme des retraites, contre le gouvernement et Macron, contre ce système qui nous broie au travail. Il faut à présent donner des raisons de lutter « pour » quelque chose, pour des alternatives anticapitalistes.
Mais ces propositions doivent impérativement s’articuler avec la lutte en cours pour être audibles et appropriables par les grévistes, pour que chacune et chacun puisse faire siennes ces propositions.
L’occasion est parfaite pour parler de la Sécurité sociale. L’argent de la retraite, comme celui de l’assurance maladie, est pris sur nos salaires : ce sont les cotisations sociales. Cet argent ne passe pas par des boîtes privées, mais sert directement à financer nos accidents de la vie et nos pensions. C’est le salaire socialisé, mis en commun par solidarité. Mais bien plus de choses pourraient être socialisées ainsi !
Au contraire, le gouvernement veut réduire les cotisations pour que les patrons payent des salaires plus bas. Ceci implique toujours plus de gavage de ceux qui nous exploitent, et toujours moins de moyens pour nos vies. Au contraire, plus nous socialiserons une grande part de nos salaires, plus nous garderons pour nous, directement, le fruit de notre travail.
Mais qui décide de la répartition de cet argent qui nous appartient ? Qui décide du montant des pensions, du remboursement des médicaments, des allocations familiales, des conditions d’accès au chômage ? Qui décide de ce qui est fait de notre argent, celui qui est le fruit de notre travail ? Aujourd’hui, ce sont les dirigeants, qui bossent pour les patrons ! Eh bien refusons cela ! Reprenons en main nos vies collectivement. On travaille, on décide !
L’auto-organisation du mouvement doit faire écho à des revendications de démocratie directe et d’autogestion au travail : celles et ceux qui travaillent décident des conditions de travail. C’est en liant les revendication économiques aux revendications démocratiques que l’on peut porter une voix singulière.
Construire un mouvement étudiant et lycéen
Des AG qui remplissent des amphis, des partiels annulés, des facs bloquées… Quelques événements de ce genre font penser à un début de mobilisation chez les étudiant-es.
Les thématiques semblent diverses : rupture d’égalité pour le passage des partiels en région parisienne en raison de la grève des transports urbains, précarité étudiante, réforme des retraites…
Il y a un travail de mobilisation encore important à réaliser, ainsi que de structurations des revendications.
Mais on sait qu’une entrée massive des étudiant-es dans le mouvement serait un coup dur pour le gouvernement.
Et maintenant, que se passe-t-il ?
Les journées des 9, 10 et 11 janvier vont certainement être des journées de mobilisation fortes. Il faudra profiter de cet enchaînement de journées pour faire feu de toute flamme, certes, mais surtout pour ancrer les collectifs de travail dans un mouvement dans la durée. S’il est urgent de rejoindre les transports dans la grève reconductible, ces 3 jours sont une occasion de poser réellement le débat au boulot pour ne pas reprendre comme si de ne rien n’était le lundi 13.