Depuis quelques semaines BlackRock, multinationale de la finance, accède enfin à la notoriété due à son statut. En effet, derrière la réforme des retraites que Macron et Philippe s’acharnent à vouloir imposer contre la majorité de la population, l’empreinte des spéculateurs financiers est omniprésente.
En septembre 2017, Isabelle Mateos y Lago, directrice générale du BlackRock Investment Institute – et accessoirement inspectrice des finances en disponibilité – saluait « l’amélioration de l’environnement politique » conséquence de l’élection quatre mois plus tôt d’Emmanuel Macron. En juillet 2019, c’était le big boss himself, Larry Fink, cofondateur de BlackRock et légende vivante de Wall Street, qui était reçu à l’Élysée et à Matigon par Macron et Philippe. Les représentants de BlackRock ont également rencontré à de nombreuses reprises Jean-Paul Delevoye, ex-haut commissaire aux retraites.
La présente réforme du système des retraites, vendue comme universelle, outre qu’elle ne touchera pas les flics et les matons, présente une particularité : elle ne concernera pas les revenus supérieurs à 120 000 euros. Pour ceux-ci, plus de cotisations ouvrant des droits à la retraite. Ces hauts revenus (environ 300 000 actifs) iront donc directement s’orienter vers les fonds de pension pour financer leurs vieux jours. Mais de façon plus structurelle, c’est l’épargne qui échappe aux produits financiers qui est la véritable cible de ces rapaces de la finance.
En juin 2019, BlackRock publiait une note qui alterne conseils au gouvernement pour mener à bien une réforme du système des retraites adossée à une réforme structurelle du système d’épargne des Françaises et Français. En effet selon cette note, seuls 130 milliards étaient collectés dans des produits d’épargnes contre plus de 7 600 milliards d’investissements en actifs non financiers. Pour les capitalistes cette manne inexploitée est intolérable. La réduction des pensions qui serait la conséquence de la mise en œuvre de la présente réforme amènerait inéluctablement un basculement d’une part non négligeable de cette épargne vers des produits financiers de marché.
Lrem : le règne exclusif du marché
Ces jours-ci, le gouvernement s’est engagé encore un peu plus en avant dans cette politique ultralibérale lorsque Bruno Le Maire décidait de la baisse de la rémunération du Livret A en dessous du taux inflation, tout en déclarant que cette mesure était prise en faveur des « milliers de personnes qui attendent un logement social ». Cette mesure répond également selon Le Maire « à notre politique de diversification des placements », c’est-à-dire à la promotion des produits financiers. Cela tombe bien, le gouvernement qui veut en finir avec « l’argent qui dort » – c’est à dire qui ne rapporte pas aux capitalistes – a lancé en octobre dernier un nouveau produit : le PER. Le plan épargne retraite permet d’investir l’argent dans l’« économie » (c’est-à-dire la finance). Gageons que devant tant d’efforts déployés pour convertir les Français à la finance, les patrons de BlackRock sauront remercier comme il se doit leurs vassaux démocratiquement élus.
David (UCL Grand-Paris-Sud)