Les événements de Saint Aignan au mois de juillet, ont donné lieu à une nouvelle surenchère répressive de l’État, sur fond de discours racistes. Ainsi, selon la rhétorique étatique, les coupables de tous nos maux sont devenu-e-s les Roms et les gens du voyage. Alors que le mécontentement social s’amplifie suite au nombreuses réformes qui visent à la précarisation du plus grand nombre ( RSA, restructuration du pôle emploi, retraites etc.) le gouvernement ressort la figure de l’ennemi intérieur ; après les jeunes issus de l’immigration et les anarcho-autonomes, ce sont les Roms qui prennent la place du bouc-émissaire.
Poussé-e-s à l’immigration pour des raisons socio-économiques, obligé-e-s de faire face au racisme dans leur pays d’origine (Hongrie, Roumanie, Bulgarie etc), les Roms atterrissent au pays des droits de l’homme. Maintenant que les expulsions de terrain et les enfermements dans les villages fliqués d’insertion ne suffisent plus, on les expulse du territoire français.
Mais la tradition si particulière « d’accueil » que réserve la France aux Roms n’est pas récente. La République les a tour à tour fiché-e-s (dés 1912 en utilisant le fichage anthropométrique sur les populations nomades) enfermé-e-s (en avril 1940 les « gens du voyage » sont maintenu-es à résidence sous contrôle policier) préparant ainsi le terrain au régime vichyste qui participera à leur déportation.
La surenchère législative pour justifier une politique autoritaire et raciste.
La chasse organisée des populations Roms qui est aujourd’hui organisée en France est une nouvelle étape dans la politique xénophobe et raciste de l’État français. Alors que les expulsions des sans-papiers utilisent le prétexte de la nationalité ; la politique anti-Rom s’attaque à un groupe ethnique. La discrimination est ici à la fois raciste et de classe. Les Roms visé-e-s (c’est à dire les populations Roms issues des pays d’Europe de l’est) sont des ressortissant-e-s européen-ne-s, en cela ils/elles résident légalement en France. Cette chasse s’appuie sur une législation européenne qui limite à 3 mois la résidence d’une personne sans ressources dans un pays de l’UE. Preuve du caractère arbitraire de la politique du gouvernement, ce n’est que suite aux expulsions que Besson et Hortefeux annoncent de nouvelles lois et amendements pour renforcer l’appui légal de leur politique (annonce le 30 août d’un amendement pour créer le délit de mendicité agressive).
La « dérive » républicaine et raciste qui lie criminalité, insécurité et groupe ethnique n’est pas une nouveauté. Le même gouvernement engage au nom de la sécurité une deuxième campagne raciste, annonçant la remise en cause de la nationalité française pour des personnes « naturalisées » ou pour des personnes nées en France de parents d’origine étrangère.
Si nous descendons dans la rue, nous ne le faisons au nom d’aucune république (ni la 3ème, ni la 4ème, ni l’actuelle). Du massacre des communards (1871) au couvre-feu imposé aux algériens en France, en passant par la chasse aux sans-papiers depuis presque 40 ans, notre belle République a une continuité dans ses actes auxquels elle a donnée l’armement législatif pour « assurer les mêmes droits à tous les citoyens ».
Nous ne pouvons pas nous aligner avec certain-e-s hypocrites à gauche qui critiquent le gouvernement mais qui ne se privent pas d’appliquer sa politique, en continuant à expulser -attention expulsion de terrain et non pas du pays : Lille (PS), Carrières-sous-Poissy aux Yvelines (PRG) – des Roms ou à participer à la chasse de sans-papiers dans nos villes (ex. Montpellier). Cet engagement soudainement humaniste pourrait-il avoir un rapport avec l’approche de la période électorale ? En tous cas, les propos du maire PS de Berre en 2004 dans les Bouches du Rhône suite à une expulsion d’un camp de Roms, résumaient bien la réalité des positions de la République et du parti socialiste sur la question «Le stationnement des gens du voyage : une honte et un scandale pour la République ! […]. Ce mardi 20 janvier, la gendarmerie, à ma grande satisfaction, a procédé aux expulsions. Je tiens à la remercier vivement […]. »
Ne nous laissons pas avoir par la poussée xénophobe, la crise sociale n’est pas la faute des plus démunis (sans-papiers, roms, chômeurs, précaires …).
Face à l’État et à la bourgeoisie, nous opposons la solidarité de classe, la lutte commune contre les politiques racistes et xénophobes.
Pour la libre circulation de toutes et de tous,
Pour qu’aucun être humain ne soit illégal – A bas toutes les frontières !
Tract distribué pour la manifestation contre la xénophobie du 04/09/2010 à Montpellier