Cette fois c’était une directrice d’école. Christine Renon, 58 ans, s’est suicidée sur son lieu de travail, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Précédant son geste, elle a pris soin d’envoyer une lettre à ses collègues.
Ce qu’elle y écrit ne laisse guère de doute sur les raisons de son geste : la pression hiérarchique, la multiplication des tâches, l’absence de moyens et de temps, l’avalanche de « réformes » comptables et bureaucratiques.
En face, la réaction est méthodique : étouffer l’affaire et la dépolitiser. L’inspection académique s’est empressée de demander à celles et ceux qui avaient reçu la lettre de la remettre à la police tandis que des « sources » évoquaient promptement le décès récent des parents de la directrice, comme motif possible de son désespoir.
Mais nul ne peut être berné par ces manœuvres. Les responsables devront rendre des comptes. Et comme c’est tout un système qui est responsable, c’est celui-ci qu’il faut mettre en cause.
Dans les entreprises privées ou publiques, le capitalisme c’est marche ou crève. Et l’idéologie libérale peut bien prêcher que les blessures – comme les ressources – ne sont qu’intimes, nous savons que c’est faux. La teneur de l’hommage rendu par ses collègues, par des parents d’élèves et des anonymes l’a montré sans équivoque. Cette mort s’ajoute au long cortège de ceux et celles que le travail a tués.
UCL, 27 septembre 2019