Anticapitalisme

  • Contre les licenciements, passons des séquestrations à l’autogestion !

    09 Nov 2009

    Les luttes autour des grands groupes industriels qui licencient ont été largement médiatisées du fait des actions de séquestration de patrons ou de cadres. Elles occupent aujourd’hui une place centrale dans les conflits sociaux, car elles sont emblématiques de la crise du capitalisme. Ces licenciements incarnent parfaitement le développement du chômage de masse avec plus de 600.000 chômeurs supplémentaires prévus en France, pour un total de 20 millions en Europe et de 249 millions à l’échelle de la planète. Mais ces luttes montrent aussi les pratiques du capital qui continue ses restructurations pendant la crise, avec pour objectif une rentabilité toujours plus forte, montrant ainsi la violence des rapports exploités/exploitants. Pour tout cela, les ouvriers licenciés représentent aujourd’hui le symbole de la résistance et du combat au même titre que la grève générale en Guadeloupe il y a quelques mois. En l’absence d’une riposte sociale d’ensemble au niveau interprofessionnel, les luttes contre les licenciements deviennent le point de cristallisation des conflits.

    Lutter contre les boites qui licencient

    Caterpillar, Molex, Goodyear, Continental, Freescale… autant d’entreprises qui ne sont pas en péril financier, mais qui pourtant ont décidé la fermeture de tel ou tel site de production. C’est la logique interne du marché qui pousse à la fermeture. Cette logique, c’est un taux de profit maximum, supérieur à 10%, qui fait se déployer le capital à l’échelle planétaire. Mais au delà des seules boîtes qui font des bénéfices en licenciant, c’est la logique qui résulte d’une économie basée sur la création de profit pour quelques uns, en lieu et place de la satisfaction des besoins de la population, qui a comme résultat la multiplication des licenciements, notamment ceux moins visibles qui ont lieu dans les PME et PMI.
    Aujourd’hui, ce sont des luttes « dos au mur » que mènent ces exploités et leurs possibilités sont définies par cette situation. Ainsi, la revendication d’une prime de départ substantielle n’est à juger qu’au regard de la réalité du rapport de force entre ouvriers et patrons. Celles et ceux persuadé-es que leur boulot va disparaître ou être restructuré en créant des conditions de travail insupportables comme à Caterpilar ou Goodyear, ont toute légitimité à se battre pour des conditions de départ qui leur permettent d’envisager un avenir autre que le RSA. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que chaque fermeture ou restructuration est une victoire pour le capital, garantissant son taux de profits. Par conséquent, la revendication du refus des licenciements est tout autant légitime, chaque fois qu’elle est l’expression concrète des revendications des exploités. D’autant que le fait d’être licencié ne change pas le modèle global du salariat, tend à isoler celles et ceux qui ont lutté, détruit les outils collectifs qu’ils ont construits dans la lutte, et bloque ainsi la transmission des expériences de luttes. C’est ce qui s’est passé avec la sidérurgie française ou avec les mineurs anglais dans les années 80, faisant disparaître du salariat les réflexes les plus combatifs.
    Il serait illusoire de porter le moindre espoir dans le mot d’ordre de la gauche et de l’extrême gauche de l’interdiction des licenciements. Outre son coté insuffisant qui légitime les charrettes de licenciements de pans entiers de l’économie et ne remet pas en cause la restructuration du capital, ce mot d’ordre est paralysant pour les exploités. Il fait croire que l’état est protecteur dans le conflit entre les salariés et les patrons, qu’il est neutre dans une société divisée en classes sociales. Il détourne les ouvriers licenciés du combat qu’ils doivent mener contre le patronat et son protecteur, l’état.
    A l’inverse, les séquestrations de cadres, ont permis des avancées comme l’obtention d’indemnités plus importantes et cela notamment parce qu’elles ont accru le rapport de force. Sans les mythifier, elles renvoient au panel des nombreuses formes d’actions directes que les exploités peuvent utiliser face à leurs exploiteurs, dont certaines restent à utiliser voire à inventer. La séquestration des stocks et des outils de production en est une autre, et peut dans certains cas être un élément déterminant du rapport de force, comme pour les entreprises qui délocalisent qui attachent plus d’importances au fric que représentent leurs machines et leurs stocks qu’à la sécurité de leur encadrement. Ce sont ces moyens là qui peuvent provoquer des victoires.

    Ouvrir des perspectives

    Pour nous, anticapitalistes et anti-étatistes, l’intervention dans les luttes contre les licenciements doit se donner plusieurs objectifs. D’abord, ancrer cette bataille dans les entreprises en aiguisant la combativité des ouvriers, plutôt que confier cette bataille à des partis politiques qui s’autoproclament représentants des exploités. Ensuite, faire que la lutte soit investie par le plus grand nombre et quelle se dote des structures qui permettent à tous d’agir et de contrôler totalement leur lutte. Mais aussi mettre en avant les formes de luttes et les choix qui renforcent, au profit des salariés, le rapport de force pour permettre des victoires. Enfin, proposer des modes d’action qui permettent d’aller le plus loin possible dans la remise en cause des mécanismes de l’économie de marché afin de s’en émanciper.
    Le premier enjeu est d’appliquer à ces luttes la même logique que pour toutes les autres ; à savoir l’extension. Pour gagner il faut un rapport de force conséquent et l’isolement est un facteur important des défaites comme les grèves dans l’éducation en 2003 ou à la SNCF en 2008 l’ont clairement montrée. Donc, approfondir la mobilisation là où elle existe, mais aussi viser en plus des sites de la même boîte, des sites dans la même industrie et le même secteur et l’exporter vers d’autres branches d’activités au niveau territorial, en commençant par les plus proches en terme de branche. C’est une étape importante à la fois pour obtenir satisfaction sur les revendications comme pour permettre la compréhension politique d’une globalité d’intérêts divergents avec ceux des classes dirigeantes, compréhension nécessaire pour envisager que les travailleurs prennent en charge la transformation sociale de la société.
    Il ne s’agit que d’augmenter et systématiser ce qui existe déjà instinctivement chez les salariés en lutte. Les Continental de l’usine de Compiègne ont manifesté avec leurs camarades allemands, devant un site de l’est de la France, et avec les Goodyear. Ceux de Molex et de Freescale à Toulouse se sont rencontrés. Ce sont bien ces pratiques qui sont à encourager parce qu’elles permettent à chacun de se renforcer face au patronat, mais aussi parce qu’elles créent une conscience d’intérêts qui dépasse les murs de l’usine comme les frontières du pays. Ce n’est plus tel patron qui agit comme ça, mais le patronat dans sa globalité qui est identifié comme ennemi de classe.
    L’autre enjeu est d’apporter des réponses qui mettent le pied à l’étrier d’une sortie du mode d’exploitation capitaliste. Pour cela, nous devons bien sûr populariser notre projet social, notamment autour de la socialisation des moyens de production et d’échange, de l’égalité économique et sociale avec une répartition égalitaire des richesses, de la gestion directe par les travailleurs d’une production socialement utile et écologiquement soutenable. Nous devons aussi populariser l’autogestion comme la pierre angulaire de notre alternative au capitalisme et à l’état. Mais nous devons également proposer l’autogestion des entreprises qui licencient comme point de départ dans les luttes d’aujourd’hui, tout autant que comme outil pour la transformation sociale. Car, si l’autogestion, en se généralisant peut être un vecteur de la transformation révolutionnaire, dés aujourd’hui, au même titre que les séquestrations, elle peut représenter une réponse concrète pour conserver l’emploi et augmenter le rapport de force. C’est donc, tout en étant conscient de ses limites, une proposition politique à mettre au débat et qui peut rencontrer les aspirations de celles et ceux qui luttent.
    Il y a néanmoins des freins et des contradictions dans cette option. La plupart des entreprises en question sont dépendantes des commandes des donneurs d’ordre pour écouler leurs marchandises ce qui représente un frein important à la reprise de la production par les ouvriers. Cependant la mise en commun de plusieurs entreprises autogérées du même secteur peut là encore modifier plus favorablement le rapport de force pour la vente des marchandises. De plus, dans cette période de crise, on ne peut douter de la solidarité qu’inspirerait cette action et des possibilités importantes de mobilisation qu’elle pourrait ouvrir, créant une situation politique nouvelle. Par contre, le fait d’évoluer dans un contexte économique capitaliste ferait reposer sur ces entreprises autogérées des contraintes qui tendraient à réduire l’autogestion et à rogner la démocratie ouvrière chèrement conquise. Cela reste bien à l’autogestion généralisée qu’il faut parvenir, et la réponse immédiate aux licenciements ne doit pas rester une fin en soi, mais un palier dans la lutte, au risque de transformer la victoire en défaite à moyen terme.

    Pour conclure

    La reprise de la production en plus de pouvoir représenter une forme efficace pour obtenir satisfaction sur le maintien de l’emploi, permet plus que cela. Cette autogestion, même limitée, pose en creux la question du projet de société. A nous de l’élargir, de l’approfondir, car elle est le palier qui pousse à interroger le sens de la production, et de sa finalité. Et c’est bien notre projet communiste libertaire où nous reprenons tous pour l’intérêt de tous le choix de ce que nous produisons, comment nous le produisons pour qui nous le produisons qui peut être mis en proposition. Les anarchistes sont trop peu nombreux à eux seul pour mettre en œuvre ces propositions, et lutter pour rompre avec le capitalisme. Mais la progression des tensions et leurs cristallisations autour des licenciements, créent des conditions favorables pour que les exploités utilisent nos méthodes et nos propositions, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, elles correspondent à leurs réalités. Et il n’y a qu’un pas, pour que l’utilisation de ces propositions immédiates ouvre de vraies perspectives de rupture sociale.

    le 9 juin 2009
    Groupe Un Autre Futur de Montpellier
    de la Coordination des Groupes Anarchistes

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme
  • Contre la privatisation de la Poste : c’est la grève qu’il faut voter !

    01 Nov 2009

    La direction de La Poste et le gouvernement avaient annoncé au cours de l’été 2008 leur intention de privatiser le groupe La Poste avant l’ouverture totale à la concurrence du secteur en 2011.. Le moyen prévu pour y parvenir était semblable à celui utilisé par le passé pour d’autres entreprises publiques comme France Télécom ou EDF-GDF, à savoir la création d’une société en action avec capitaux publics afin de faire sauter le verrou du statut de l’entreprise. Une fois ce verrou débloqué, le reste peut suivre, cotation en bourse, introduction de capitaux privés, jusqu’à, comme avec GDF-Suez, la fusion permettant la création d’une nouvelle entreprise. Cependant la crise des subprimes aux états-Unis suivie de la crise financière mondiale à l’automne 2008 a refroidi un peu l’empressement à légiférer pour introduire les services postaux en bourse. Le projet a donc été mis en suspens, en attendant une situation économique plus favorable, et politiquement plus stable. Les marchés financiers ayant, grâce entre autre à l’injection d’argent public, retrouvé le chemin de la spéculation rentable, le projet de transformer La Poste en société anonyme est de retour dans l’agenda gouvernemental depuis la fin du printemps et dans le calendrier parlementaire depuis octobre pour un vote définitif en décembre.

    La privatisation des activités postales en France s’inscrit dans une politique bien plus large qui est celle de la libéralisation des marchés et de la privatisation des entreprises du secteur public à l’échelle européenne et mondiale. Elle s’inscrit aussi dans la logique de privatisation d’autres services, comme l’énergie, les télécommunications ou l’éducation. Cette vague de privatisation a été pensée et mise en route il y plus de trente ans. Si l’activité postale a toujours été liée à l’état pour des raisons de contrôle stratégique évidentes, la période de la reconstruction après 1945 a été une période de nationalisation importante et a introduit la notion ambiguë de service public géré par l’État. Cette ambiguïté est issue d’un compromis fait par les classes dirigeantes pour répondre aux nouveaux rapports de force sociaux qui ont suivi la crise de 1929 et la 2ième guerre mondiale. Ainsi les nouveaux rapports de force hérités de la lutte contre le fascisme auquel une partie de la bourgeoisie avait collaboré, ont conduit à donner via les services publics des petits bouts de redistribution des richesses , mais contrôlés par l’état. Mais ils ont aussi servi les intérêts du capitalisme d’après-guerre en assurant des profits au capital par la construction par la collectivité des infrastructures aidant à son développement. A partir des années 60 et 70 la baisse du niveau de profit, liée aux luttes ouvrières puis aux chocs pétroliers, a donné la contre offensive libérale, par l’ouverture des marchés et les privatisations des services publics. Les gestionnaires politiques de droite comme de gauche ont commencé à libéraliser.

    La privatisation de La Poste découle comme pour d’autres secteurs de cette logique, mise en concurrence de l’activité et privatisation. Le but étant d’ouvrir le marché pour capter les bénéfices liés à cette activité. C’est un enjeu, puisque La Poste a un chiffre d’affaires supérieur à 20 milliards d’euros par an et a fait 2,5 milliards de bénéfices entre 2006 et 2008. Mais la privatisation d’un service public comme La Poste a en plus un but idéologique. Celui de promouvoir l’idée selon laquelle le marché serait le plus efficace pour organiser la société. Il faut donc moderniser l’entreprise. Cela s’est fait sur vingt ans, par touches successives. D’abord en 1989-91 avec la séparation des PTT en deux ; et le choix du statut d’Epic pour La Poste, lui permettant entre autre d’employer des travailleurs de droits privé. Ensuite, par l’ouverture graduée à la concurrence des activités jusqu’à l’ouverture totale en 2011, et enfin par le changement de statut de l’entreprise pour y faire face, selon le discours servi par la direction de l’entreprise et le gouvernement. A chaque fois, c’est l’état qui a été à la manœuvre pour organiser le démantèlement, montrant ainsi qu’il n’est pas un acteur neutre agissant pour le bien commun, mais un outil de domination au service du capital. Derrière les discours rassurants sur le thème de « ce n’est pas une privatisation », il s’agit clairement de faire un cadeau aux patrons.

    Jusqu’à présent, les privatisations ont été faites par les gouvernements, sans trop de peine. Jospin a privatisé France Télécom en ne faisant face qu’à des journées de grève dans l’entreprise, sans soutien et mobilisation dans la société. Avec EDF-CGF Sarko a fait de même, sans à avoir à affronter un vrai bras de fer avec les organisations syndicales du secteur. La privatisation de La Poste présente une autre configuration. En France les services publics sont un enjeu du débat politique sur les choix de société. La Poste est symbolique pour la population de ce qui reste de services publics– avec l’école et l’hôpital – et à travers la distribution du courrier les gens ont un rapport quotidien et humanisé de ce service qui le singularise par rapport à ses prédécesseurs. La période politique n’étant pas aux luttes d’ensemble ou offensives, la défense de ce qui reste de service public postal devient fédérateur. Les gens percevant instinctivement que c’est un recul social, fort de l’expérience d’autres privatisations qui ont conduit à l’augmentation des tarifs et à la dégradation des prestations. La situation est donc plus favorable pour empêcher le gouvernement de faire ce cadeau au capital. Bien sûr, un échec du gouvernement ne stoppera pas la libéralisation qui entraîne aussi une dégradation. De même la gestion étatique ne présente aucune garantie sociale. Mais même défensive, une lutte victorieuse donnerait des billes pour se battre aux salariés de La Poste.

    L’opposition à la privatisation se construit autour de deux structures. Une unitaire syndicale de La Poste et un comité national réunissant 60 organisations dont les syndicats du secteur. Dans les faits depuis deux mois, c’est ce dernier qui fixe les orientations, palliant les difficultés d’avoir des positions syndicales offensives. La mobilisation a démarré entre la fin septembre et début octobre. D’abord par une journée de grève de 24H à La Poste qui a mobilisé un peu moins de 40% du personnel. Ensuite par l’organisation d’un vote appelé citoyen pour réclamer un référendum. Cette première étape fut un succès en demi teinte. Le niveau de grève du 22 septembre est loin d’être un échec, mais n’est pas non plus la déferlante qui ouvrirait sur une grève dure. La votation du 3 octobre, si elle est un succès en terme de participation – 2,2 millions de votants pour 10.000 points de vote – et d’outil pour rallier la population, est ambiguë. Elle reste sur le terrain institutionnel en demandant un référendum qui ne peut exister que par la bonne volonté du pouvoir sans se donner de moyen de l’y contraindre. Elle laisse penser qu’un simple mouvement d’opinion suffirait pour gagner, laissant désarmé face à la réalité de l’état qui n’a pas pour objet de réaliser la volonté populaire, ni le bien commun. Cela s’explique par la réalité des forces politiques qui composent ce comité. Les suites de la mobilisation le montre nettement puisque les étapes suivantes confirment le même choix. Tous les leviers institutionnels sont proposés avant d’envisager, à la fin du débat parlementaire, la construction du rapport de force dans la rue par des manifestations. Coté syndical, les mêmes atermoiements risquent de conduire à la défaite. Là aussi la plupart des syndicats se contenteraient d’un mouvement d’opinion, sans construire un rapport de force effectif. La question d’une grève dure est bien à l’ordre du jour des débats de l’intersyndicale du 5 novembre mais a très peu de chances d’être retenue.

    La privatisation étant un cadeau fait au capital, avec pour conséquence une dégradation des conditions de travail dans l’entreprise et une détérioration de l’accès pour les couches populaires, il est nécessaire d’y faire échec. Le moyen, c’est la grève qui bloque l’acheminement et paralyse les entreprises. Ce n’est pas la seule expression d’une opinion, mais la construction d’un rapport de force qui contraindra le gouvernement à reculer. L’enjeu est de le construire aussi dans la population en passant de l’expression d’une opinion à la lutte contre le projet de loi. Investir les espaces de luttes, de manifestations et favoriser le soutien concret de la population à la grève peut-être déterminant pour changer la donne. La grève peut devenir populaire comme le montre aujourd’hui le soutien apporté aux conflits locaux. A nous également de poser la question de la finalité. Car bien sûr la gestion étatique ne protège de rien, et le statut quo n’offre pas de réelles améliorations. D’autant que c’est l’état qui organise le modèle concurrentiel, la course à la rentabilité et l’exploitation des salariés du secteur. En tant qu’anarchistes, outre la défense des intérêts de classes immédiats, à nous de mettre en débat non pas la nationalisation chère aux courants étatistes de la gauche, mais la gestion directe des services postaux.

    Stéphane,
    Groupe de Montpellier

  • Contre les licenciements : passons des séquestrations à l’autogestion !

    01 Juil 2009

    Les luttes autour des grands groupes industriels qui licencient ont été largement médiatisées du fait des actions de séquestration de patrons ou de cadres. Elles occupent aujourd’hui une place centrale dans les conflits sociaux, car elles sont emblématiques de la crise du capitalisme. Ces  licenciements incarnent parfaitement le développement du chômage de masse avec plus de 600 000 chômeurs supplémentaires prévus en France, pour un total de 20 millions en Europe et de 249 millions à l’échelle de la planète. Mais ces luttes montrent aussi les pratiques du capital qui continue ses restructurations pendant la crise, avec pour objectif une rentabilité toujours plus forte, montrant ainsi la violence des rapports exploités/exploitants. Pour tout cela, les ouvriers licenciés représentent aujourd’hui le symbole de la résistance et du combat au même titre que la grève générale en Guadeloupe il y a quelques mois. En l’absence d’une riposte sociale d’ensemble au niveau interprofessionnel, les luttes contre les licenciements deviennent le point de cristallisation des conflits.

    Lutter contre les boîtes qui licencient

    Caterpillar, Molex, Goodyear, Continental, Freescale… autant d’entreprises qui ne sont pas en péril financier, mais qui pourtant ont décidé la fermeture de tel ou tel site de production. C’est la logique interne du marché qui pousse à la fermeture. Cette logique, c’est un taux de profit maximum, supérieur à 10%, qui fait se déployer le capital à l’échelle planétaire. Mais au-delà des seules boîtes qui font des bénéfices en licenciant, cette c’est la logique qui résulte d’une économie basée sur la création de profit pour quelques-uns, en lieu et place de la satisfaction des besoins de la population, qui a comme résultat la multiplication des licenciements, notamment ceux moins visibles qui ont lieu dans les PME et PMI.
    Aujourd’hui, ce sont des luttes « dos au mur » que mènent ces exploités et leurs possibilités sont définies par cette situation. Ainsi, la revendication d’une prime de départ substantielle n’est à juger qu’au regard de la réalité du rapport de force entre ouvriers et patrons. Celles et ceux persuadé-es que leur boulot va disparaître ou être restructuré en créant des conditions de travail insupportables comme à Caterpillar ou Goodyear, ont toute légitimité à se battre pour des conditions de départ qui leur permettent d’envisager un avenir autre que le  RSA. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que chaque fermeture ou restructuration est une victoire pour le capital, garantissant son taux de profit. Par conséquent, la revendication du refus des licenciements est tout autant légitime, chaque fois qu’elle est l’expression concrète des revendications des exploités. D’autant que le fait d’être licencié ne change pas le modèle global du salariat, tend à isoler celles et ceux qui ont lutté, détruit les outils collectifs qu’ils ont construits dans la lutte, et bloque ainsi la transmission des expériences de luttes. C’est ce qui s’est passé avec la sidérurgie française ou avec les mineurs anglais dans les années 80, faisant disparaître du salariat les réflexes les plus combatifs.

    Il serait illusoire de porter le moindre espoir dans le mot d’ordre de la gauche et de l’extrême gauche de l’interdiction des licenciements. Outre son coté insuffisant qui légitime les charrettes de licenciements de pans entiers de l’économie et ne remet pas en cause la restructuration du capital, ce mot d’ordre est paralysant pour les exploités. Il fait croire que l’état est protecteur dans le conflit entre les salariés et les patrons, qu’il est neutre dans une société divisée en classes sociales. Il détourne les ouvriers licenciés du combat qu’ils doivent mener contre le patronat et son protecteur, l’état.

    A l’inverse, les séquestrations de cadres ont permis des avancées comme l’obtention d’indemnités plus importantes et cela notamment parce qu’elles ont accru le rapport de force. Sans les mythifier, elles renvoient au panel des nombreuses formes d’actions directes que les exploités peuvent utiliser face à leurs exploiteurs, dont certaines restent à utiliser voire à inventer. La séquestration des stocks et des outils de production en est une autre, et peut dans certains cas être un élément déterminant du rapport de force, comme pour les entreprises qui délocalisent qui attachent plus d’importances au fric que représentent leurs machines et leurs stocks qu’à la sécurité de leur encadrement. Ce sont ces moyens-là qui peuvent provoquer des victoires.

    Ouvrir des perspectives

    Pour nous, anticapitalistes et anti-étatistes, l’intervention dans les luttes contre les licenciements doit se donner plusieurs objectifs. D’abord, ancrer cette bataille dans les entreprises en aiguisant la combativité des ouvriers, plutôt que confier cette bataille à des partis politiques qui s’autoproclament représentants des exploités. Ensuite, faire que la lutte soit investie par le plus grand nombre et quelle se dote des structures qui permettent à tous d’agir et de contrôler totalement leur lutte. Mais aussi mettre en avant les formes de luttes et les choix qui renforcent, au profit des salariés, le rapport de force pour permettre des victoires. Enfin, proposer des modes d’action qui permettent d’aller le plus loin possible dans la remise en cause des mécanismes de l’économie  de marché afin de s’en émanciper.

    Le premier enjeu est d’appliquer à ces luttes la même logique que pour toutes les autres ; à savoir l’extension. Pour gagner il faut un rapport de force conséquent et l’isolement est un facteur important des défaites comme les grèves dans l’éducation en 2003 ou à la SNCF en 2008 l’ont clairement montré. Donc, approfondir la mobilisation là où elle existe, mais aussi viser en plus des sites de la même boîte, des sites dans la même industrie et le même secteur et l’exporter vers d’autres branches d’activité au niveau territorial, en commençant par les plus proches en terme de branche. C’est une étape importante à la fois pour obtenir satisfaction sur les revendications comme pour permettre la compréhension politique d’une globalité d’intérêts divergents avec ceux des classes dirigeantes, compréhension nécessaire pour envisager que les travailleurs prennent en charge la transformation sociale de la société.
    Il ne s’agit que d’augmenter et systématiser ce qui existe déjà instinctivement chez les salariés en lutte. Les Continental de l’usine de Compiègne ont manifesté avec leurs camarades allemands, devant un site de l’est de la France, et avec les Goodyear. Ceux de Molex et de Freescale à Toulouse se sont rencontrés. Ce sont bien ces pratiques qui sont à encourager parce qu’elles permettent à chacun de se renforcer face au patronat, mais aussi parce qu’elles créent une conscience d’intérêts qui dépasse les murs de l’usine comme les frontières du pays. Ce n’est plus tel patron qui agit comme ça, mais le patronat dans sa globalité qui est identifié comme ennemi de classe.

    L’autre enjeu est d’apporter des réponses qui mettent le pied à l’étrier d’une sortie du mode d’exploitation capitaliste. Pour cela, nous devons bien sûr populariser notre projet social, notamment autour de la socialisation des moyens de production et d’échange, de l’égalité économique et sociale avec une répartition égalitaire des richesses, de la gestion directe par les travailleurs d’une production socialement utile et écologiquement soutenable. Nous devons aussi populariser l’autogestion comme la pierre angulaire de notre alternative au capitalisme et à l’état. Mais nous devons également proposer l’autogestion des entreprises qui licencient comme point de départ dans les luttes d’aujourd’hui, tout autant que comme outil pour la transformation sociale. Car, si l’autogestion, en se généralisant peut être un vecteur de la transformation révolutionnaire, dés aujourd’hui, au même titre que les séquestrations, elle peut représenter une réponse concrète pour conserver l’emploi et augmenter le rapport de force. C’est donc, tout en étant conscient de ses limites, une proposition politique à mettre au débat et qui peut rencontrer les aspirations de celles et ceux qui luttent.

    Il y a néanmoins des freins et des contradictions dans cette option. La plupart des entreprises en question sont dépendantes des commandes des donneurs d’ordre pour écouler leurs marchandises ce qui représente un frein important à la reprise de la production par les ouvriers. Cependant la mise en commun de plusieurs entreprises autogérées du même secteur peut là encore modifier plus favorablement le rapport de force pour la vente des marchandises. De plus, dans cette période de crise, on ne peut douter de la solidarité qu’inspirerait cette action et des possibilités importantes de mobilisation qu’elle pourrait ouvrir, créant une situation politique nouvelle. Par contre, le fait d’évoluer dans un contexte économique capitaliste ferait reposer sur ces entreprises autogérées des contraintes qui tendraient à réduire l’autogestion et à rogner la démocratie ouvrière chèrement conquise. Cela reste C’est bien à l’autogestion généralisée qu’il faut parvenir, et la réponse immédiate aux licenciements ne doit pas rester une fin en soi, mais un palier dans la lutte, au risque de transformer la victoire en défaite à moyen terme.

    Pour conclure

    La reprise de la production, en plus de pouvoir représenter une forme efficace pour obtenir satisfaction sur le maintien de l’emploi, permet plus que cela. Cette autogestion, même limitée, pose en creux la question du projet de société. A nous de l’élargir, de l’approfondir, car elle est le palier qui pousse à interroger le sens de la production, et de sa finalité. Et c’est bien notre projet communiste libertaire par lequel où nous reprenons tout pour l’intérêt de tous, le choix de nous choisissons ce que nous produisons, comment nous le produisons, pour qui nous le produisons, qui peut être mis en proposition. Les anarchistes sont trop peu nombreux à eux seuls pour mettre en oeuvre ces propositions, et lutter pour rompre avec le capitalisme. Mais la progression des tensions et leurs cristallisations autour des licenciements, créent des conditions favorables pour que les exploités utilisent nos méthodes et nos propositions, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, elles correspondent à leurs réalités. Et il n’y a qu’un pas, pour que l’utilisation de ces propositions immédiates ouvre de vraies perspectives de rupture sociale.

    Groupe de Montpellier

  • Ne votons pas aux européennes – votons la grève reconductible !

    01 Mai 2009

    Les élections européennes approchent et se profilent avec elles un nouveau lot d’espoirs déçus, de promesses non tenues, de tripatouillages politiciens, d’abdications dans la volonté de prendre nos vies en main et de construire des luttes sociales d’envergure.

    A travers toute l’Europe, la racaille capitaliste et étatique brise de plus en plus la vitrine de l’État-social, démantèle petit à petit tout ce qui reste de conquêtes sociales et ré-organise une nouvelle distribution vers les plus riches, alors que les opprimé-e-s s’appauvrissent et subissent leur violence quotidiennement. Tout ce qui reste du  service public se vend, le chômage et la précarité montent en flèche, les conditions de vie des classes populaires se détériorent en même temps que les bénéfices de la bourgeoisie  augmentent, les politicien-ne-s et leurs chiens de garde exercent de plus en plus de contrôle sur nos vies.
    Ces mesures  ne sont pas mises en place dans toute l’Europe par hasard. Elles constituent l’application des traités fondateurs du Super État européen construit par les États « nationaux » : Maastricht,  Schengen, Amsterdam, Rome…  Elles sont l’application de décisions du Conseil des ministres, de décisions  « sociales » de la Cour de Justice des communautés européennes qui vont  dans le sens de la défense de l’entreprise et contre le droit des salarié-e-s. Les droits des entreprises (en fait le droit des actionnaires et des patrons) s’apparentent, en droit européen, à des « libertés fondamentales » quand les droits des salarié-e-s sont du ressort de la compassion des États membres, à eux de choisir ce qui est bon pour leurs propres ressortissants… à condition que cela ne défrise pas la Cour de Justice des communautés européennes. La Commission Européenne, la Cour de Justice des communautés européennes, les conseils de ministres décident et exécutent, le Parlement européen cautionne. Aucune de ces instances n’est responsable devant le Parlement européen qui ne peut ni légiférer ni orienter des choix politiques. Y compris dans une logique « réformiste », la participation à ces élections est une véritable gageure, tant le Parlement européen a un pouvoir affaibli. La considération qu’ont les États de l’avis du peuple s’est encore mesurée dans le traitement des différents référendums  organisés à travers l’Europe : soit ils réorganisent des votes (Danemark, Irlande) jusqu’à l’obtention de la réponse voulue, soit ils ne tiennent absolument pas compte du résultat du vote (comme ça été le cas pour le vote contre la constitution européenne en France).

    La voie à trouver se situe donc exclusivement sur le terrain social. Des réactions  sociales ont émergé à travers l’Europe, d’ Islande en Espagne, de la Grèce aux pays Baltes, et même au pays où « on  a un des meilleurs systèmes sociaux au monde, ». Elles font peur au pouvoir et montrent bien que la population vivant en Europe n’est pas tout à fait consentante, ne reste pas soumise. Mais ces réactions restent insuffisantes : la crise que les patrons et les États veulent nous faire payer nécessite un mouvement social  massif et revendicatif qui construira la grève générale et passera à l’offensive.

    Dans les urnes on perd à tous les coups

    Loin de cette perspective, ces élections européennes représentent d’abord pour les partis en France (comme ailleurs en Europe) un positionnement sur l’échiquier politique national et une course à la pompe à fric électorale; c’est la course à l’échalote pour toucher les subsides de l’État dont tous les partis sont dépendants.
    L’UMP va essayer de limiter la casse à ces élections mais le gouvernement peut rester serein; contrairement aux discours des électoralistes, une supposée défaite du parti présidentiel ne modifierait en rien l’avalanche de mesures anti-sociales; les déculottées prises par ce parti au profit des socialistes aux dernières élections régionales et dans une moindre mesure aux municipales n’y a rien changé. Le principal argument de vote pour le P.S, toujours englué dans des batailles de pouvoir et qui assume pleinement la gestion du système capitaliste, ne tient donc pas la route. Le MODEM  joue encore une fois sa survie : sans quelques postes, le chef auto-proclamé providentiel Bayrou risque de rester bien seul ….
    Le F.N espère se refaire une santé grâce à ce scrutin à la proportionnelle (merci tonton) et attend le retour dans son giron des déçus du sarkozysme.

    A gauche du P.S tout le monde se tire la bourre pour  prendre la place laissée vacante par un P.C moribond.
    Tous ceux et toutes celles qui rejettent dans les discours une Europe anti-sociale et anti-démocratique contre laquelle ils avaient appelé à voter NON, se précipitent dans la bataille pour gagner quelques postes de dirigeants de cette même Europe … Vraie contradiction.
    Vraie contradiction aussi, d’appeler à l’unité contre le gouvernement et d’aller à la bataille dans la division la plus totale : le PC fait front avec le PDG (Parti de Gauche) pour sauver les meubles, les Verts bidouillent dans l’alliance hétéroclite «Europe Écologie » qui regroupent des alter mondialistes sauce Bové tout en draguant le chiraquien Nicolas Hulot, le NPA essaie de surfer sur la vague médiatique autour de sa fondation et de son leader charismatique. Les trotskystes assumés de Lutte Ouvrière suivent comme toujours leurs propres lignes.
    Le N.P.A semble tenir la corde. Pourtant déjà à l’intérieur du parti, les pratiques autoritaires des aparatchiks de la LCR commencent à heurter ceux et celles qui plus ou moins naïvement sont tombé-e-s dans le panneau : les têtes de liste ont été attribuées aux liguards, et les prises de décisions internes font déjà polémiques . Bref le vernis libertaire ne résiste pas au  centralisme démocratique.

    Au-delà de leurs divisions, il n’y a rien à attendre d’une recomposition à gauche dès lors qu’elle s’inscrit sur le plan électoral. Elle répèterait les impasses du passé et ses renoncements avec la prise de pouvoir et la gestion du système, de Mitterrand à Lula, les résultats et les désillusions ont toujours été les mêmes. Toutes ces formations entretiennent la croyance que la couleur politique des élus peut jouer dans le sens de notre émancipation, dans l’amélioration de nos conditions de vie. Mais la politique n’est pas une question d’intention ou d’honnêteté, de discours plus ou moins radicaux. La couleur politique des gestionnaires des intérêts capitalistes a peu d’importance dès lors que ces intérêts fondamentaux ne sont pas remis en cause. Ils ne peuvent l’être de toute façon dans le cadre de l’Etat :  cette institution n’a rien de neutre, elle est l’instrument de pouvoir au service d’une minorité contrôlant l’économie (les milliards raquettés par de les états au profit des banquiers le démontre encore!).
    Il n’y a donc pas de temps à perdre avec dans les élections européennes pour tous ceux et celles qui veulent mettre un frein à la dégradation sociale et à la fascisation des esprits. Si les X millions de personnes qui votent à travers l’Europe contre la politique de leur gouvernement descendaient dans la rue, ils/elles pourraient bien plus certainement faire valoir leurs choix. Par contre, tous les votes, y compris ceux qui se qualifient de protestataires, légitiment  la prise de pouvoir des gagnants et les mauvais coups qu’ils ne manqueront pas de porter, « élus démocratiquement ».

    Passer de la grève d’expression à une grève de confrontation

    Dans un contexte social où la construction de la grève générale est nécessaire, les élections européennes sont un frein à cette perspective. Les partis de gauche et d’extrême gauche ont plus intérêt à entretenir un climat de mécontentement larvé qu’ils espèrent capitaliser au moment des élections que d’oeuvrer à une confrontation sur le terrain social qu’ils ne maîtrisent pas. Ainsi malgré les discours et déclarations d’intention de certains de ces partis autour de la grève générale (le NPA notamment), des cadres syndicaux qui appartiennent à ces mêmes partis participent et accompagnent sans broncher la stratégie perdante des grèves de 24 h sans lendemain … Et l’énergie des militant-e-s va passer dans l’auto-promotion électorale et non dans la construction réelle du rapport de force social …

    Nous devons passer des grèves et manifestations d’expression d’un mécontentement à des grèves de confrontation avec le pouvoir. Cela passe par une grève qui dure et fait mal au porte-monnaie des possédants; nous devons renouer avec des grèves actives qui emploient des méthodes comme les occupations des lieux de travail, les blocages des centres économiques névralgiques etc.
    La radicalité qui s’est exprimée dans certaines actions de salariés contre leurs licenciements (séquestration de patrons et de cadres, sabotage ou réquisition des outils de production) nous montre la voie à suivre mais nécessite d’être étendue dans une confrontation large.
    A nous aussi d’amener à une remise en question de l’organisation du travail et de la société actuelle.. Et bien sûr, à nous de faire que toutes ces luttes se fédèrent ensemble pour faire émerger un nouveau rapport de force social mais aussi un projet de société émancipateur, égalitaire et libertaire.

    Giorgos et Gilles
    groupe UAF de Montpellier

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme
  • La grève générale c’est le moyen pour gagner !

    31 Mar 2009

    Pour faire reculer l’Etat et le patronat, des journées isolées ne suffisent pas
    La grève générale c’est le moyen pour gagner !

    Les journées de grève de 29 janvier et du 19 mars sont incontestablement des succès par le nombre de personnes qui se sont mobilisées. Les salarié-e-s du public, du privé, ainsi que la jeunesse prennent de plus en plus clairement conscience que les classes dirigeantes ne défendent que leurs privilèges au dépend des intérêts des travailleurs-euses et des classes populaires. Les politiques inégalitaires du gouvernement et du Medef avant la crise et pendant la crise ont pour conséquence des dizaines de milliers de licenciements pendant que les actionnaires et les dirigeants empochent les dividendes. L’État, le premier et le plus puissant des patrons, supprime lui aussi des milliers d’emploi, sacrifiant l’éducation, la recherche ou encore l’accès à la santé, et ouvre ces secteurs au marché. En privatisant la Poste et en préparant celle de la santé, de la recherche et de l’éducation, il livre aux appétits capitalistes des secteurs d’activités essentiels à la population. Il faut stopper net ces mauvais coups portés au monde du travail et aux classes populaires. Le succès du 19 mars, supérieur à celui du 29 janvier, ainsi que l’augmentation des conflits dans de nombreuses entreprises et secteurs montrent que les salarié-e-s commencent à refuser la fatalité, mais également de subir les politiques inégalitaires et réactionnaires du gouvernement.

    Pour autant, les journées de mobilisations sans lendemain ne permettront pas de faire reculer le gouvernement et le patronat. Il est maintenant indispensable de durcir ce mouvement d’ensemble pour imposer une répartition égalitaire des richesses que nous créons, et pour faire plier l’État et le patronat sur les privatisations comme sur les suppressions d’emploi dans le public et le privé. L’enjeu n’est pas d’exprimer un mécontentement par des journées de grèves espacées dans le temps, mais de se mettre en lutte partout pour se donner les moyens de gagner. Il faut passer des grèves d’expression à des grèves de confrontation avec le pouvoir, et ainsi renouer avec les méthodes qui ont permis d’obtenir des conquêtes sociales : grèves, occupations, blocages etc… Chaque attaque contre les travailleurs-euses et les classes populaires doit provoquer une riposte immédiate ; par l’occupation des entreprises qui font des plans de licenciements et le blocage des stocks de marchandises, par des grèves prolongées contre les privatisations et tous les moyens qui permettent aux salariés d’être en position de force face au pouvoir. Toutes ces ripostes doivent être renforcées par des perspectives unifiantes, et ce dès à présent. Le mouvement social a besoin de perspectives à la hauteur des enjeux, pour créer un véritable rapport de force. Les moyens pour gagner doivent être débattus et décidés par les travailleuses et les travailleurs. Les militant-es de la Coordination des Groupes Anarchistes portent la question de la grève générale reconductible comme perspective pour mettre un coup d’arrêt à la casse sociale et comme moyen de rompre avec cette société inégalitaire.

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    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme
  • Construire des luttes partout – Généraliser la grève maintenant !

    25 Mar 2009

    Etat et patronat main dans la main pour nous plumer

    Les politiques gouvernementales menées depuis 30 ans ont pour but de revenir sur le niveau de répartition des richesses qui avait été concédé aux exploités après guerre et durant la période liée à 1968. Les attaques contre le monde du travail, incessantes depuis 30 ans, ont connues une accélération au tournant du siècle. Ces politiques se traduisent par la précarisation croissante de la vie de tous : travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants, handicapés, précaires… C’est l’ensemble de nos conditions de vie qui se détériorent: dégradation du système de santé, amenuisement des retraites, casse de l’éducation et de la culture… A l’inverse les actionnaires, les financiers et les spéculateurs de tout poil ont vu leurs profits s’étendre et s’accroître. Les États sont prompts à sortir des milliards d’euros – qui seront payés ou remboursés par le peuple – lorsque le capitalisme financier est en crise alors qu’ils nous martèlent qu’il est impossible de trouver de l’argent pour financer la sécu, les retraites, les aides sociales, le logement, la culture, l’éducation, la santé etc. Loin de représenter l’intérêt général, l’État dévoile plus franchement sa véritable nature en cette période de crise sociale: être au service de la classe dominante.

    Résister et reprendre l’offensive

    Pour arrêter ce rouleau compresseur, nous n’avons d’autre choix que nous défendre nous-même. Déléguer le changement aux politiciens de gauche ou d’extrême gauche, serait une impasse qui reproduirait les trahisons subies par le mouvement ouvrier dans les années 80 et par l’accession de la « gauche unie » au pouvoir. L’engagement dans les luttes sociales est la seule option réaliste. L’enjeu est bien de construire dés aujourd’hui des mobilisations d’envergure dans chaque secteur pour stopper les appétits capitalistes. La grève générale contre la vie chère et l’exploitation aux Antilles a montré qu’il était possible d’imposer d’autre choix au gouvernement et au patronat.

    Faire converger les luttes pour généraliser la grève

    Salariés du privé et du public, chômeurs, étudiants, précaires : nous sommes sous la coupe des mêmes exploiteurs et des mêmes voleurs. C’est précisément pour cela que nos intérêts sont communs et que pour augmenter en notre faveur le rapport de force, nous devons multiplier les luttes et les grèves dans chaque secteur professionnel. Nous devons prendre appui sur chacune d’entre-elles, les étendre avec comme objectif de les faire converger vers une confrontation au Patronat et à l’Etat. L’unification des luttes a pour perspective la construction de la grève générale, seule capable de renverser la vapeur et de gagner durablement des avancées significatives pour chacun et chacune d’entre nous.

    Le front syndical unitaire peut-être un levier pour la mobilisation mais il ne suffira pas pour construire la grève générale et assurer la victoire. Ce front hétéroclite de bureaucraties syndicales – certaines carrément co-gestionnaires du système, d’autres plus combatives, mais toutes trop souvent hésitantes – ne manquera pas de se fissurer. Appuyons-nous sur un syndicalisme de lutte et construisons, à la base, des luttes auto-organisées, pour que tous ceux et celles qui luttent décident de la façon dont elle doit être menée, afin de faire céder l’état et le patronat.

    Changer de cap, rompre avec le capitalisme et l’Etat

    Ni le capitalisme, fondé sur la recherche permanente du profit au bénéfice d’une minorité, ni l’Etat – basé sur la protection des intérêts du capital et sur la confiscation du pouvoir par une minorité – ne peuvent amener une solution à la crise pour les travailleurs ou pour l’ensemble de la population.

    Se donner des perspectives de changement de société est indispensable. Nous, anarchistes, proposons de construire ces perspectives au sein des mouvements sociaux pour qu’elles appartiennent à toutes et tous. Pour que la richesse que nous participons tous à produire ne soit plus accaparée par quelques uns, nous proposons la socialisation de l’ensemble de l’économie. Nous militons pour la répartition égalitaire des richesses, seul moyen de répondre, pour une société, à la satisfaction des besoins de toutes et tous.

    Pour établir et garantir cette égalité, nous devons rompre avec la confiscation du pouvoir par une minorité, rompre avec l’idée de l’Etat en y substituant la participation du plus grand nombre aux prises de décisions. Nous proposons une économie socialisée et égalitaire, gérée directement par les travailleurs et les usagers. Cela avec des structures fonctionnant sur la démocratie directe, pour permettre la participation de tous, sur des mandats révocables pour ne pas permettre que se reconstitue des privilèges et sur le fédéralisme pour construire des projets de grande ampleur. C’est à partir des mouvements sociaux que doit se construire la gestion directe de la société, de la production et de la distribution des biens et des services. C’est dès maintenant, au sein des luttes, que nous devons faire l’apprentissage de décider et gérer la conduite des mobilisations, pour demain prendre en charge collectivement la société.

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    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme
  • Mobilisation de la coordination de soutien au sans-papiers de Montpellier

    12 Juin 2008

    Voici un communiqué de la Coordination des comités de soutien aux sans-papiers de Montpellier à laquelle participe le groupe Un Autre Futur de la Coordination des Groupes Anarchistes.

    Coordination des comités de soutien aux sans-papiers : nouveau dépôt collectif de dossiers de régularisation !

    Mercredi 25 juin, différents comités de soutien de la ville vont déposer collectivement des dossiers à la Préfecture, demandant la régularisation de personnes sans-papiers.
    Parce qu’ensemble nous sommes plus forts, parce que nous voulons sortir de la logique du cas par cas imposée par la Préfecture, nous renouvelons l’action que nous avions déjà menée le 16 mai 2007.
    Nous déposerons des dossiers de personnes n’ayant reçu aucune réponse de la part de la Préfecture depuis le 16 mai 2007 et de nouvelles personnes qui ont fait le choix de la régularisation. D’autres dépôts collectifs pourront suivre dans les prochains mois, dans des conditions similaire.
    Nous appelons l’ensemble de la population à venir soutenir cette action massive lors d’un rassemblement organisé devant la Préfecture de l’Hérault, mercredi 25 juin, à 12h00.
    Nous avons sollicité une audience en Préfecture pour remettre directement l’ensemble des dossiers aux fonctionnaires habilités à régulariser des personnes souhaitant vivre normalement sur le territoire français.
    Nous demandons la régularisation de l’ensemble des dossiers que nous déposerons, et plus fondamentalement celle de tous les sans-papiers.
    Nous demandons qu’aucune expulsion n’ait lieu avant une réponse de la part de la Préfecture, et plus fondamentalement que toutes les expulsions soient stoppées.
    Contact : coordination-sans-papiers_AT_no-log.org
    http://soutienauxsanspapiers.hautetfort.com

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme Sans-papiers
  • Contre la politique du chacun pour soi : passons à l’offensive pour changer de société

    18 Oct 2007

    Contre la politique du chacun pour soi : passons à l’offensive pour changer de société

    L’état et le patronat organisent la casse sociale

    Nous assistons à une véritable liquidation de ce qu’il reste du système français de protection sociale. Derrière une division volontaire des problèmes (retraites, politique fiscale, financement de la sécurité sociale, chômage, éducation etc.) c’est un modèle de société cohérent que le gouvernement nous impose. D’un côté flexibiliser toujours plus  le marché du travail et diminuer les droits sociaux. De l’autre, accroître les bénéfices des plus riches. Pour les vrais privilégiés les cadeaux pleuvent grâce aux paquet fiscal de 15 milliards d’euros voté cet été. Une guerre de classe de haute intensité nous est déclarée. A cette mise en pièce des conquêtes sociales obtenues de haute lutte par le mouvement ouvrier au cours du 20ème siècle, s’ajoutent un autoritarisme et une utilisation de la répression assumés. Anticipant le moment où le bourrage de crâne médiatique ne suffira  plus, le gouvernement se dote de mesures sécuritaires pour empêcher et réprimer les mouvements sociaux, en bon garant du rôle dévolu à l’état. La loi sur le service minimum dans les transports, attaque au droit de grève, à pour objectif de limiter les capacités d’actions des travailleurs.

    Une société du chacun pour sa gueule et du tou-te-s contre tou-te-s

    Rien de nouveau pourrait-on dire car depuis vingt ans, ceux qui gèrent le système, de droite ou de gauche oeuvrent dans ce sens. Mais au-delà de l’accélération du phénomène, on peut noter une nouveauté dans la posture du gouvernement : il mène une  bataille d’idée pour susciter une adhésion de la population aux valeurs libérales. Son but est de discréditer les valeurs de solidarité et d’entraide, pour les remplacer par le mérite et la responsabilité individuelle. Que le plus fort gagne, tant pis pour les plus faibles. Les perdants deviennent alors les seul-e-s responsables de leur misère.
    Avec cette offensive, leur but est de construire un individu isolé, en discréditant à l’avance, par un matraquage médiatique, l’action des groupes sociaux attaqués. Le gouvernement tente ainsi d’affaiblir le mouvement social et sa défense des acquis de tous, en le coupant d’un soutien populaire large. A cette méthode, utilisée en Angleterre par Thatcher pour détruire le mouvement ouvrier, opposons une solidarité et une mobilisation réelle.

    Eux une poignée, nous des millions : faisons converger les luttes dès le 18 octobre !

    La situation est grave. Chômeurs, salarié-e-s public privé,  étudiant-e-s, nous sommes tous et toutes concerné-e-s. Il est urgent d’investir tout les espace de résistance pour organiser une riposte sociale de masse face à l’État. Face à son action au profit d’une minorité, opposons la force des millions d’exploité-e-s. L’appel à la grève du 18 octobre doit nous permettre d’affirmer cette solidarité de classe et de montrer notre détermination à ne pas laisser faire. On ne fera reculer l’Etat qu’en s’attaquant au portefeuille des patrons en paralysant le pays par une grève massive.  La force de millions d’individus décidé-e-s dans un mouvement social ne peut être contenue longtemps par la répression et les habiletés politiciennes. La construction de cette riposte globale n’est pas aisée. C’est pourtant la seule voie raisonnable pour espérer changer la tendance.

    Se révolter, s’organiser pour une autre société

    Stopper les attaques en cour ne suffit pas. Pour mettre fin à l’exploitation et partager égalitairement les richesses, nous devons passer à l’offensive et préparer un projet alternatif au capitalisme. Cela ne passera pas par une hypothétique recomposition à gauche dès lors qu’elle s’inscrit sur le plan éléctoral de la délégation de pouvoir. Elle répéterait les impasses du passé avec ses renoncements liés à la prise de pouvoir et à la gestion du système. De Mitterrand à Lula les résultats ont toujours été les mêmes.
    C’est sur des bases autogestionnaires, de contrôle direct de l’économie et des décisions politiques, que nous pourrons construire ensemble notre émancipation. A l’opposé des valeurs de concurrence, de réussite individuelle et de hiérarchie mettons en avant l’égalité et la solidarité. Organisons nous à la base sans délégation de pouvoir pour faire vivre la liberté.

    Nous n’aurons que ce que nous prendrons !

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  • Aucun être humain n’est illégal

    20 Juin 2006

    Un monde de précarité

    Aujourd’hui, la précarité touche tout le monde. Nos droits sont attaqués. Dans le monde du travail, le C.P.E et le C.N.E signent la mort du C.D.I. Au niveau de la protection sociale, avec la réforme des retraites, de la sécurité sociale, la destruction des services publics, tout est fait pour nous faire payer plus. Chômeurs(es), salariés(ées), retraités(ées), étudiants(es), immigrés(ées), jeunes des quartiers populaires, notre intérêt commun est de nous battre contre les initiateurs de ces  politiques anti-sociales et sécuritaires car ils sont entrain de nous dépouiller. A quelques mois des élections présidentielles, ils se lancent dans une nième réforme sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France pour stigmatiser un peu plus une partie d’entre nous. Les immigrés(ées) sont les premiers à faire les frais des stratégies économiques et électoralistes.

    Utilisation des populations immigrées comme de la marchandise

    Peu importe pour les politiciens que les trois quarts de la planète crèvent de faim. Ils n’œuvrent pas pour un mieux vivre collectif dans l’intérêt de tous. Ils ont toujours organisé la gestion des flux migratoires avec le plus grand pragmatisme. Puisque les populations du sud cherchent à fuir vers des zones qui leur semblent plus prospères, les gouvernements vont les trier en deux catégories :

    • Celles, diplômées, qui représentent le pôle d’excellence du système et sont autorisées à séjourner sur le territoire parce qu’elles amènent de la matière grise dont les entreprises françaises pourront tirer des bénéfices. Les gouvernements n’hésitent plus à afficher leur volonté de vider « les capacités et talents » des pays étrangers.
    • Celles qui, tout aussi rentables, mises au service d’une économie souterraine, représentent la main d’oeuvre la moins chère. Celles-là sont criminalisées, amalgamées aux terroristes ou à la délinquance organisée, chassées à grands renforts de médiatisation ou maintenues dans l’illégalité, embauchées au bon vouloir des patrons sans contrat de travail pour permettre de dégager les bénéfices dans certains secteurs.

    Ainsi, la philosophie capitaliste prend les hommes et les femmes pour du bétail, qu’on peut trier, contrôler, prendre ou jeter, en fonction des besoins du capitalisme.

    Utilisation des populations immigrées pour justifier les politiques sécuritaires

    Qu’il s’agisse des plus spectaculaires manœuvres : envoie de l’armée à Mélilla, expulsions massives par Charters, ou des plus discrètes humiliations : harcèlement policier, impossibilité d’avoir droit aux soins, au chômage, de se sentir comme tout le monde, l’Etat français utilise une partie des immigrés comme boucs-émissaires de sa politique en les criminalisant (amalgame avec les délinquants organisés et les terroristes), en les rendant responsables de tous les problèmes. En 1997, 100 000 personnes avaient manifesté leur refus du projet de loi Debré, visant à contrôler l’accueil des étrangers. Depuis, accueillir un sans-papiers est devenu un délit passible de prison. Les politiques se durcissent et les idées lepénistes avancent sans qu’émerge une opposition massive. Jusqu’à quand ?

    Urgence d’une opposition massive

    Lorsqu’on sait que le nouveau palais de justice de Thonon-les-bains a été construit, fin 2005, par 32 sans-papiers polonais qui se sont mis en grève parce qu’ils n’avaient pas été payés après 2 mois de chantier et n’avaient plus de quoi s’acheter à manger, comment peut-on encore croire à la crédibilité de ce système ? Ces politiques et celles et ceux qui les cautionnent sont les pires avatars du système capitaliste. Tant que nous ne remettrons pas en cause les fondements politiques et économiques de ce système, à l’échelle internationale, rien ne changera. Les richesses de la planète seront pillées, les inégalités ne cesseront d’augmenter ici et ailleurs et ce, quelle que soit la couleur politique des gouvernements. Il nous faut afficher notre refus des expulsions, notre solidarité avec tous les sans-papiers, car le droit à la liberté de circulation vaut pour tous, pas seulement pour les riches. Ici  comme ailleurs, ce sont les mêmes mécanismes qui rendent nos conditions de vie de plus en plus dures.
    Ensemble, luttons sur le terrain social pour défendre nos droits et sur celui des idées pour faire reculer le racisme ambiant et les discriminations de tous poils.
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    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme Sans-papiers
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