Monde du travail

  • Contre la privatisation de la Poste : c’est la grève qu’il faut voter !

    01 Nov 2009

    La direction de La Poste et le gouvernement avaient annoncé au cours de l’été 2008 leur intention de privatiser le groupe La Poste avant l’ouverture totale à la concurrence du secteur en 2011.. Le moyen prévu pour y parvenir était semblable à celui utilisé par le passé pour d’autres entreprises publiques comme France Télécom ou EDF-GDF, à savoir la création d’une société en action avec capitaux publics afin de faire sauter le verrou du statut de l’entreprise. Une fois ce verrou débloqué, le reste peut suivre, cotation en bourse, introduction de capitaux privés, jusqu’à, comme avec GDF-Suez, la fusion permettant la création d’une nouvelle entreprise. Cependant la crise des subprimes aux états-Unis suivie de la crise financière mondiale à l’automne 2008 a refroidi un peu l’empressement à légiférer pour introduire les services postaux en bourse. Le projet a donc été mis en suspens, en attendant une situation économique plus favorable, et politiquement plus stable. Les marchés financiers ayant, grâce entre autre à l’injection d’argent public, retrouvé le chemin de la spéculation rentable, le projet de transformer La Poste en société anonyme est de retour dans l’agenda gouvernemental depuis la fin du printemps et dans le calendrier parlementaire depuis octobre pour un vote définitif en décembre.

    La privatisation des activités postales en France s’inscrit dans une politique bien plus large qui est celle de la libéralisation des marchés et de la privatisation des entreprises du secteur public à l’échelle européenne et mondiale. Elle s’inscrit aussi dans la logique de privatisation d’autres services, comme l’énergie, les télécommunications ou l’éducation. Cette vague de privatisation a été pensée et mise en route il y plus de trente ans. Si l’activité postale a toujours été liée à l’état pour des raisons de contrôle stratégique évidentes, la période de la reconstruction après 1945 a été une période de nationalisation importante et a introduit la notion ambiguë de service public géré par l’État. Cette ambiguïté est issue d’un compromis fait par les classes dirigeantes pour répondre aux nouveaux rapports de force sociaux qui ont suivi la crise de 1929 et la 2ième guerre mondiale. Ainsi les nouveaux rapports de force hérités de la lutte contre le fascisme auquel une partie de la bourgeoisie avait collaboré, ont conduit à donner via les services publics des petits bouts de redistribution des richesses , mais contrôlés par l’état. Mais ils ont aussi servi les intérêts du capitalisme d’après-guerre en assurant des profits au capital par la construction par la collectivité des infrastructures aidant à son développement. A partir des années 60 et 70 la baisse du niveau de profit, liée aux luttes ouvrières puis aux chocs pétroliers, a donné la contre offensive libérale, par l’ouverture des marchés et les privatisations des services publics. Les gestionnaires politiques de droite comme de gauche ont commencé à libéraliser.

    La privatisation de La Poste découle comme pour d’autres secteurs de cette logique, mise en concurrence de l’activité et privatisation. Le but étant d’ouvrir le marché pour capter les bénéfices liés à cette activité. C’est un enjeu, puisque La Poste a un chiffre d’affaires supérieur à 20 milliards d’euros par an et a fait 2,5 milliards de bénéfices entre 2006 et 2008. Mais la privatisation d’un service public comme La Poste a en plus un but idéologique. Celui de promouvoir l’idée selon laquelle le marché serait le plus efficace pour organiser la société. Il faut donc moderniser l’entreprise. Cela s’est fait sur vingt ans, par touches successives. D’abord en 1989-91 avec la séparation des PTT en deux ; et le choix du statut d’Epic pour La Poste, lui permettant entre autre d’employer des travailleurs de droits privé. Ensuite, par l’ouverture graduée à la concurrence des activités jusqu’à l’ouverture totale en 2011, et enfin par le changement de statut de l’entreprise pour y faire face, selon le discours servi par la direction de l’entreprise et le gouvernement. A chaque fois, c’est l’état qui a été à la manœuvre pour organiser le démantèlement, montrant ainsi qu’il n’est pas un acteur neutre agissant pour le bien commun, mais un outil de domination au service du capital. Derrière les discours rassurants sur le thème de « ce n’est pas une privatisation », il s’agit clairement de faire un cadeau aux patrons.

    Jusqu’à présent, les privatisations ont été faites par les gouvernements, sans trop de peine. Jospin a privatisé France Télécom en ne faisant face qu’à des journées de grève dans l’entreprise, sans soutien et mobilisation dans la société. Avec EDF-CGF Sarko a fait de même, sans à avoir à affronter un vrai bras de fer avec les organisations syndicales du secteur. La privatisation de La Poste présente une autre configuration. En France les services publics sont un enjeu du débat politique sur les choix de société. La Poste est symbolique pour la population de ce qui reste de services publics– avec l’école et l’hôpital – et à travers la distribution du courrier les gens ont un rapport quotidien et humanisé de ce service qui le singularise par rapport à ses prédécesseurs. La période politique n’étant pas aux luttes d’ensemble ou offensives, la défense de ce qui reste de service public postal devient fédérateur. Les gens percevant instinctivement que c’est un recul social, fort de l’expérience d’autres privatisations qui ont conduit à l’augmentation des tarifs et à la dégradation des prestations. La situation est donc plus favorable pour empêcher le gouvernement de faire ce cadeau au capital. Bien sûr, un échec du gouvernement ne stoppera pas la libéralisation qui entraîne aussi une dégradation. De même la gestion étatique ne présente aucune garantie sociale. Mais même défensive, une lutte victorieuse donnerait des billes pour se battre aux salariés de La Poste.

    L’opposition à la privatisation se construit autour de deux structures. Une unitaire syndicale de La Poste et un comité national réunissant 60 organisations dont les syndicats du secteur. Dans les faits depuis deux mois, c’est ce dernier qui fixe les orientations, palliant les difficultés d’avoir des positions syndicales offensives. La mobilisation a démarré entre la fin septembre et début octobre. D’abord par une journée de grève de 24H à La Poste qui a mobilisé un peu moins de 40% du personnel. Ensuite par l’organisation d’un vote appelé citoyen pour réclamer un référendum. Cette première étape fut un succès en demi teinte. Le niveau de grève du 22 septembre est loin d’être un échec, mais n’est pas non plus la déferlante qui ouvrirait sur une grève dure. La votation du 3 octobre, si elle est un succès en terme de participation – 2,2 millions de votants pour 10.000 points de vote – et d’outil pour rallier la population, est ambiguë. Elle reste sur le terrain institutionnel en demandant un référendum qui ne peut exister que par la bonne volonté du pouvoir sans se donner de moyen de l’y contraindre. Elle laisse penser qu’un simple mouvement d’opinion suffirait pour gagner, laissant désarmé face à la réalité de l’état qui n’a pas pour objet de réaliser la volonté populaire, ni le bien commun. Cela s’explique par la réalité des forces politiques qui composent ce comité. Les suites de la mobilisation le montre nettement puisque les étapes suivantes confirment le même choix. Tous les leviers institutionnels sont proposés avant d’envisager, à la fin du débat parlementaire, la construction du rapport de force dans la rue par des manifestations. Coté syndical, les mêmes atermoiements risquent de conduire à la défaite. Là aussi la plupart des syndicats se contenteraient d’un mouvement d’opinion, sans construire un rapport de force effectif. La question d’une grève dure est bien à l’ordre du jour des débats de l’intersyndicale du 5 novembre mais a très peu de chances d’être retenue.

    La privatisation étant un cadeau fait au capital, avec pour conséquence une dégradation des conditions de travail dans l’entreprise et une détérioration de l’accès pour les couches populaires, il est nécessaire d’y faire échec. Le moyen, c’est la grève qui bloque l’acheminement et paralyse les entreprises. Ce n’est pas la seule expression d’une opinion, mais la construction d’un rapport de force qui contraindra le gouvernement à reculer. L’enjeu est de le construire aussi dans la population en passant de l’expression d’une opinion à la lutte contre le projet de loi. Investir les espaces de luttes, de manifestations et favoriser le soutien concret de la population à la grève peut-être déterminant pour changer la donne. La grève peut devenir populaire comme le montre aujourd’hui le soutien apporté aux conflits locaux. A nous également de poser la question de la finalité. Car bien sûr la gestion étatique ne protège de rien, et le statut quo n’offre pas de réelles améliorations. D’autant que c’est l’état qui organise le modèle concurrentiel, la course à la rentabilité et l’exploitation des salariés du secteur. En tant qu’anarchistes, outre la défense des intérêts de classes immédiats, à nous de mettre en débat non pas la nationalisation chère aux courants étatistes de la gauche, mais la gestion directe des services postaux.

    Stéphane,
    Groupe de Montpellier

  • Contre les licenciements : passons des séquestrations à l’autogestion !

    01 Juil 2009

    Les luttes autour des grands groupes industriels qui licencient ont été largement médiatisées du fait des actions de séquestration de patrons ou de cadres. Elles occupent aujourd’hui une place centrale dans les conflits sociaux, car elles sont emblématiques de la crise du capitalisme. Ces  licenciements incarnent parfaitement le développement du chômage de masse avec plus de 600 000 chômeurs supplémentaires prévus en France, pour un total de 20 millions en Europe et de 249 millions à l’échelle de la planète. Mais ces luttes montrent aussi les pratiques du capital qui continue ses restructurations pendant la crise, avec pour objectif une rentabilité toujours plus forte, montrant ainsi la violence des rapports exploités/exploitants. Pour tout cela, les ouvriers licenciés représentent aujourd’hui le symbole de la résistance et du combat au même titre que la grève générale en Guadeloupe il y a quelques mois. En l’absence d’une riposte sociale d’ensemble au niveau interprofessionnel, les luttes contre les licenciements deviennent le point de cristallisation des conflits.

    Lutter contre les boîtes qui licencient

    Caterpillar, Molex, Goodyear, Continental, Freescale… autant d’entreprises qui ne sont pas en péril financier, mais qui pourtant ont décidé la fermeture de tel ou tel site de production. C’est la logique interne du marché qui pousse à la fermeture. Cette logique, c’est un taux de profit maximum, supérieur à 10%, qui fait se déployer le capital à l’échelle planétaire. Mais au-delà des seules boîtes qui font des bénéfices en licenciant, cette c’est la logique qui résulte d’une économie basée sur la création de profit pour quelques-uns, en lieu et place de la satisfaction des besoins de la population, qui a comme résultat la multiplication des licenciements, notamment ceux moins visibles qui ont lieu dans les PME et PMI.
    Aujourd’hui, ce sont des luttes « dos au mur » que mènent ces exploités et leurs possibilités sont définies par cette situation. Ainsi, la revendication d’une prime de départ substantielle n’est à juger qu’au regard de la réalité du rapport de force entre ouvriers et patrons. Celles et ceux persuadé-es que leur boulot va disparaître ou être restructuré en créant des conditions de travail insupportables comme à Caterpillar ou Goodyear, ont toute légitimité à se battre pour des conditions de départ qui leur permettent d’envisager un avenir autre que le  RSA. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que chaque fermeture ou restructuration est une victoire pour le capital, garantissant son taux de profit. Par conséquent, la revendication du refus des licenciements est tout autant légitime, chaque fois qu’elle est l’expression concrète des revendications des exploités. D’autant que le fait d’être licencié ne change pas le modèle global du salariat, tend à isoler celles et ceux qui ont lutté, détruit les outils collectifs qu’ils ont construits dans la lutte, et bloque ainsi la transmission des expériences de luttes. C’est ce qui s’est passé avec la sidérurgie française ou avec les mineurs anglais dans les années 80, faisant disparaître du salariat les réflexes les plus combatifs.

    Il serait illusoire de porter le moindre espoir dans le mot d’ordre de la gauche et de l’extrême gauche de l’interdiction des licenciements. Outre son coté insuffisant qui légitime les charrettes de licenciements de pans entiers de l’économie et ne remet pas en cause la restructuration du capital, ce mot d’ordre est paralysant pour les exploités. Il fait croire que l’état est protecteur dans le conflit entre les salariés et les patrons, qu’il est neutre dans une société divisée en classes sociales. Il détourne les ouvriers licenciés du combat qu’ils doivent mener contre le patronat et son protecteur, l’état.

    A l’inverse, les séquestrations de cadres ont permis des avancées comme l’obtention d’indemnités plus importantes et cela notamment parce qu’elles ont accru le rapport de force. Sans les mythifier, elles renvoient au panel des nombreuses formes d’actions directes que les exploités peuvent utiliser face à leurs exploiteurs, dont certaines restent à utiliser voire à inventer. La séquestration des stocks et des outils de production en est une autre, et peut dans certains cas être un élément déterminant du rapport de force, comme pour les entreprises qui délocalisent qui attachent plus d’importances au fric que représentent leurs machines et leurs stocks qu’à la sécurité de leur encadrement. Ce sont ces moyens-là qui peuvent provoquer des victoires.

    Ouvrir des perspectives

    Pour nous, anticapitalistes et anti-étatistes, l’intervention dans les luttes contre les licenciements doit se donner plusieurs objectifs. D’abord, ancrer cette bataille dans les entreprises en aiguisant la combativité des ouvriers, plutôt que confier cette bataille à des partis politiques qui s’autoproclament représentants des exploités. Ensuite, faire que la lutte soit investie par le plus grand nombre et quelle se dote des structures qui permettent à tous d’agir et de contrôler totalement leur lutte. Mais aussi mettre en avant les formes de luttes et les choix qui renforcent, au profit des salariés, le rapport de force pour permettre des victoires. Enfin, proposer des modes d’action qui permettent d’aller le plus loin possible dans la remise en cause des mécanismes de l’économie  de marché afin de s’en émanciper.

    Le premier enjeu est d’appliquer à ces luttes la même logique que pour toutes les autres ; à savoir l’extension. Pour gagner il faut un rapport de force conséquent et l’isolement est un facteur important des défaites comme les grèves dans l’éducation en 2003 ou à la SNCF en 2008 l’ont clairement montré. Donc, approfondir la mobilisation là où elle existe, mais aussi viser en plus des sites de la même boîte, des sites dans la même industrie et le même secteur et l’exporter vers d’autres branches d’activité au niveau territorial, en commençant par les plus proches en terme de branche. C’est une étape importante à la fois pour obtenir satisfaction sur les revendications comme pour permettre la compréhension politique d’une globalité d’intérêts divergents avec ceux des classes dirigeantes, compréhension nécessaire pour envisager que les travailleurs prennent en charge la transformation sociale de la société.
    Il ne s’agit que d’augmenter et systématiser ce qui existe déjà instinctivement chez les salariés en lutte. Les Continental de l’usine de Compiègne ont manifesté avec leurs camarades allemands, devant un site de l’est de la France, et avec les Goodyear. Ceux de Molex et de Freescale à Toulouse se sont rencontrés. Ce sont bien ces pratiques qui sont à encourager parce qu’elles permettent à chacun de se renforcer face au patronat, mais aussi parce qu’elles créent une conscience d’intérêts qui dépasse les murs de l’usine comme les frontières du pays. Ce n’est plus tel patron qui agit comme ça, mais le patronat dans sa globalité qui est identifié comme ennemi de classe.

    L’autre enjeu est d’apporter des réponses qui mettent le pied à l’étrier d’une sortie du mode d’exploitation capitaliste. Pour cela, nous devons bien sûr populariser notre projet social, notamment autour de la socialisation des moyens de production et d’échange, de l’égalité économique et sociale avec une répartition égalitaire des richesses, de la gestion directe par les travailleurs d’une production socialement utile et écologiquement soutenable. Nous devons aussi populariser l’autogestion comme la pierre angulaire de notre alternative au capitalisme et à l’état. Mais nous devons également proposer l’autogestion des entreprises qui licencient comme point de départ dans les luttes d’aujourd’hui, tout autant que comme outil pour la transformation sociale. Car, si l’autogestion, en se généralisant peut être un vecteur de la transformation révolutionnaire, dés aujourd’hui, au même titre que les séquestrations, elle peut représenter une réponse concrète pour conserver l’emploi et augmenter le rapport de force. C’est donc, tout en étant conscient de ses limites, une proposition politique à mettre au débat et qui peut rencontrer les aspirations de celles et ceux qui luttent.

    Il y a néanmoins des freins et des contradictions dans cette option. La plupart des entreprises en question sont dépendantes des commandes des donneurs d’ordre pour écouler leurs marchandises ce qui représente un frein important à la reprise de la production par les ouvriers. Cependant la mise en commun de plusieurs entreprises autogérées du même secteur peut là encore modifier plus favorablement le rapport de force pour la vente des marchandises. De plus, dans cette période de crise, on ne peut douter de la solidarité qu’inspirerait cette action et des possibilités importantes de mobilisation qu’elle pourrait ouvrir, créant une situation politique nouvelle. Par contre, le fait d’évoluer dans un contexte économique capitaliste ferait reposer sur ces entreprises autogérées des contraintes qui tendraient à réduire l’autogestion et à rogner la démocratie ouvrière chèrement conquise. Cela reste C’est bien à l’autogestion généralisée qu’il faut parvenir, et la réponse immédiate aux licenciements ne doit pas rester une fin en soi, mais un palier dans la lutte, au risque de transformer la victoire en défaite à moyen terme.

    Pour conclure

    La reprise de la production, en plus de pouvoir représenter une forme efficace pour obtenir satisfaction sur le maintien de l’emploi, permet plus que cela. Cette autogestion, même limitée, pose en creux la question du projet de société. A nous de l’élargir, de l’approfondir, car elle est le palier qui pousse à interroger le sens de la production, et de sa finalité. Et c’est bien notre projet communiste libertaire par lequel où nous reprenons tout pour l’intérêt de tous, le choix de nous choisissons ce que nous produisons, comment nous le produisons, pour qui nous le produisons, qui peut être mis en proposition. Les anarchistes sont trop peu nombreux à eux seuls pour mettre en oeuvre ces propositions, et lutter pour rompre avec le capitalisme. Mais la progression des tensions et leurs cristallisations autour des licenciements, créent des conditions favorables pour que les exploités utilisent nos méthodes et nos propositions, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, elles correspondent à leurs réalités. Et il n’y a qu’un pas, pour que l’utilisation de ces propositions immédiates ouvre de vraies perspectives de rupture sociale.

    Groupe de Montpellier

  • Contre la politique du chacun pour soi : passons à l’offensive pour changer de société

    18 Oct 2007

    Contre la politique du chacun pour soi : passons à l’offensive pour changer de société

    L’état et le patronat organisent la casse sociale

    Nous assistons à une véritable liquidation de ce qu’il reste du système français de protection sociale. Derrière une division volontaire des problèmes (retraites, politique fiscale, financement de la sécurité sociale, chômage, éducation etc.) c’est un modèle de société cohérent que le gouvernement nous impose. D’un côté flexibiliser toujours plus  le marché du travail et diminuer les droits sociaux. De l’autre, accroître les bénéfices des plus riches. Pour les vrais privilégiés les cadeaux pleuvent grâce aux paquet fiscal de 15 milliards d’euros voté cet été. Une guerre de classe de haute intensité nous est déclarée. A cette mise en pièce des conquêtes sociales obtenues de haute lutte par le mouvement ouvrier au cours du 20ème siècle, s’ajoutent un autoritarisme et une utilisation de la répression assumés. Anticipant le moment où le bourrage de crâne médiatique ne suffira  plus, le gouvernement se dote de mesures sécuritaires pour empêcher et réprimer les mouvements sociaux, en bon garant du rôle dévolu à l’état. La loi sur le service minimum dans les transports, attaque au droit de grève, à pour objectif de limiter les capacités d’actions des travailleurs.

    Une société du chacun pour sa gueule et du tou-te-s contre tou-te-s

    Rien de nouveau pourrait-on dire car depuis vingt ans, ceux qui gèrent le système, de droite ou de gauche oeuvrent dans ce sens. Mais au-delà de l’accélération du phénomène, on peut noter une nouveauté dans la posture du gouvernement : il mène une  bataille d’idée pour susciter une adhésion de la population aux valeurs libérales. Son but est de discréditer les valeurs de solidarité et d’entraide, pour les remplacer par le mérite et la responsabilité individuelle. Que le plus fort gagne, tant pis pour les plus faibles. Les perdants deviennent alors les seul-e-s responsables de leur misère.
    Avec cette offensive, leur but est de construire un individu isolé, en discréditant à l’avance, par un matraquage médiatique, l’action des groupes sociaux attaqués. Le gouvernement tente ainsi d’affaiblir le mouvement social et sa défense des acquis de tous, en le coupant d’un soutien populaire large. A cette méthode, utilisée en Angleterre par Thatcher pour détruire le mouvement ouvrier, opposons une solidarité et une mobilisation réelle.

    Eux une poignée, nous des millions : faisons converger les luttes dès le 18 octobre !

    La situation est grave. Chômeurs, salarié-e-s public privé,  étudiant-e-s, nous sommes tous et toutes concerné-e-s. Il est urgent d’investir tout les espace de résistance pour organiser une riposte sociale de masse face à l’État. Face à son action au profit d’une minorité, opposons la force des millions d’exploité-e-s. L’appel à la grève du 18 octobre doit nous permettre d’affirmer cette solidarité de classe et de montrer notre détermination à ne pas laisser faire. On ne fera reculer l’Etat qu’en s’attaquant au portefeuille des patrons en paralysant le pays par une grève massive.  La force de millions d’individus décidé-e-s dans un mouvement social ne peut être contenue longtemps par la répression et les habiletés politiciennes. La construction de cette riposte globale n’est pas aisée. C’est pourtant la seule voie raisonnable pour espérer changer la tendance.

    Se révolter, s’organiser pour une autre société

    Stopper les attaques en cour ne suffit pas. Pour mettre fin à l’exploitation et partager égalitairement les richesses, nous devons passer à l’offensive et préparer un projet alternatif au capitalisme. Cela ne passera pas par une hypothétique recomposition à gauche dès lors qu’elle s’inscrit sur le plan éléctoral de la délégation de pouvoir. Elle répéterait les impasses du passé avec ses renoncements liés à la prise de pouvoir et à la gestion du système. De Mitterrand à Lula les résultats ont toujours été les mêmes.
    C’est sur des bases autogestionnaires, de contrôle direct de l’économie et des décisions politiques, que nous pourrons construire ensemble notre émancipation. A l’opposé des valeurs de concurrence, de réussite individuelle et de hiérarchie mettons en avant l’égalité et la solidarité. Organisons nous à la base sans délégation de pouvoir pour faire vivre la liberté.

    Nous n’aurons que ce que nous prendrons !

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