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La société capitaliste dans laquelle nous vivons est une société éminemment validiste. Le validisme est une oppression qui touche les personnes en situation de handicap (physique ou psychique, visible ou invisible). Le capitalisme encourage et soutient des structures validistes, dans la mesure où il valide les individus en fonction des capacités qui les rendent productifs ou exploitables dans la sphère du salariat. Les personnes qui ne correspondent pas à ces normes sont proprement invalidées, et ainsi exclues, marginalisées ou minorisées.
Les réponses des États et des institutions à la pandémie de Covid-19 sont foncièrement validistes. En témoignent les réactions au début de l’épidémie qui en minimisait la gravité en pointant le fait que le virus était mortel principalement pour les personnes âgées et les personnes fragilisées. On constate donc à nouveau que pour le capitalisme, les vies ont une valeur et peuvent être hiérarchisées.
En témoignent aussi les stratégies spencéristes [1]défendues par des États comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui envisagent sereinement de laisser mourir des milliers de personnes dans le but de faire émerger une « immunité de groupe » – stratégie dont l’efficacité est d’ailleurs contestée par les scientifiques. Au bénéfice de la productivité économique, le capitalisme applique comme ailleurs la loi du plus fort et prône le darwinisme social.
Des mesures validistes.
L’État français a quant à lui fait le choix d’une stratégie de
confinement mais les mesures décidées ne prennent pas en compte les
personnes les plus fragiles, et notamment :
les personnes concernées par le handicap psychique
ou physique, enfermées dans des institutions, qui font face à des
dangers évidents dus à la promiscuité, au manque de moyens matériels et
humains et renforcés par la crise sanitaire. Ce manque de moyen entraîne
une maltraitance institutionnelle et empêche de se procurer
l’équipement sanitaire nécessaire pour limiter la propagation de la
maladie.
les personnes en situation de handicap physique ou
psychique, confinées à domicile, déjà confrontées au quotidien au manque
d’accessibilité de la société, qui font aujourd’hui face à des mesures
de confinement qui ne les prennent pas en considération.
les
personnes fragilisées psychiquement, qui subissent une interruption de
leur suivi dans une période extrêmement éprouvante psychologiquement
les usager·es de drogues, confronté·es au stress de la situation, à la
réduction drastique des accompagnements dont ils et elles bénéficiaient
(accueil, suivi, distribution de matériel,…) et aux difficultés à
s’approvisionner en traitements de substitution (exclues, dans un
premier temps, des modalités de renouvellement simplifiées), en
substances illégales ainsi qu’à du matériel stérile d’injection, faisant
courir un risque sanitaire et de contamination énorme à ces
populations.
Une casse de la santé…
Enfin, le manque de moyens des services de santé, voulu et imposé par
les politiques d’austérité, empêche de soigner tout le monde. En cas
d’aggravation de l’épidémie, les personnels soignants le disent, ils et
elles pourraient être amené·es, comme c’est déjà le cas dans certains
hôpitaux, à devoir à trier les patients, à choisir qui laisser mourir.
Il y a fort à craindre que parmi les victimes de ce tri imposé par des
politiques de destruction de l’hôpital public compteront les plus
âgé·es, les malades chroniques, les « personnes à risques » et les handicapé·es.
L’État a d’ores et déjà du sang sur les mains.
Union communiste libertaire, le 23 mars 2020
[1] une idéologie qui prétend appliquer à la société la loi « naturelle » de la sélection des plus « adaptés », « seuls les plus adaptés survivent »
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Comme dans tous les secteurs, l’épidémie a pris de cours l’institution judiciaire. Les normes sanitaires dans les tribunaux,les commissariats et les lieux de privation de libertés (prisons, centres de rétention administrative, hôpitaux psychiatriques) déjà déplorables depuis des décennies, accentuent la propagation et les conséquences de ce virus.
Les contentieux
La fermeture précipitée des tribunaux le lundi 16 mars 2020 a
suspendu l’ensemble des contentieux, à l’exeption de certains comme ceux
dont le maintien ne répond pas à une exigence sanitaire, mais
uniquement à un objectif de répression. Ainsi, le contentieux n’est pas
suspendu pour les personnes détenues provisoirement dans l’attente de
leur procès (majeur-es et mineur-es).
De même, pour que les délais de détention provisoires soient
respectés, les comparutions continuent et cela même en période de
confinement. Ce qui pourrait être empiré puisque la loi d’exception
prévoit ’allongement des délais de détention provisoire. Au lieu de
placer des personnes présumées innocentes sous contrôle judiciaire,
l’Etat fait donc le choix de les enfermer plus longtemps.
Le droit des sans-papiers
Un autre pan de la justice qui continue de fonctionner est celui du
contentieux de l’éloignement des sans-papier et leur privation de
liberté.
Si certaines préfectures de France ont fait évacuer les centres de
rétention pour éviter les épidémies, c’est essentiellement sous la
pression des policiers qui refusaient de travailler dans ces conditions.
La rétention administrative ne doit avoir pour seul objectif que son
éloignement du territoire, chose rendue impossible par la fermeture des
frontières. Le placement en rétention, même s’il est encore demandé par
des juges est donc complètement injustifié.
Là encore, les mesures prises en contexte sanitaires portent atteinte
aux droits de ces personnes puisque les audiences ne sont plus
publiques et que le recours à la visioaudience, voire les audiences par
téléphone (cour d’appel de Montpellier) se généralisent. Il suffirait
pourtant, dans une optique de protection de la population, de mettre fin
aux rétentions…
L’impact des mesures prises sur les lieux de privation de liberté
Les mesures « sanitaires » dégradent les conditions de vies. Ainsi,
en prison les promenades et visites ont été suspendues. Dans les
hôpitaux psychiatriques, les personnes hospitalisées sous contraintes
si elles sont encore plus limitées dans leurs mouvements paient aussi la
diminution du nombre de personnels soignants qui implique le recours à
des traitements plus dégradants.
Nous nous inquiétons des répercussions psychologiques et physiques et ne
voyons qu’une seule solution sanitaire : l’amnistie pour les personnes
en détention provisoire, en fin de peine ou condamnés à de petites
peines.
Les mesures d’exception prises en matière judiciaire sont bien plus
des mesures répressives que des mesures sanitaires.
Il s’agit de choix politiques et non sanitaires ou même justifiés
juridiquement. Vider les centres de rétention, amnistier les
prisonniers, cesser de mettre en œuvre des procédures privatives de
liberté, pourvoir les tribunaux, les prisons, les commissariats de
matériel sanitaire de protection, seraient des mesures sanitaires
indispensables à l’endiguement de l’épidémie.
Au lieu de ça, le gouvernement choisit de continuer à remplir des
prisons surpeuplées en détruisant encore un peu plus les droits de la
défense.
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En trois mois, le coronavirus s’est étendu à près de 170 pays, au total plus de 200 000 cas de Covid-19 ont été confirmés ainsi que 9 000 décès selon l’OMS. À l’origine de cette crise sanitaire, c’est bien le capitalisme qui est en cause et notamment l’industrie de la viande qui, en plus des conditions sanitaires dégradées, induit des déforestations. Ces dernières détruisent l’habitat d’animaux vecteurs de maladies. Ces facteurs favorisent ainsi l’entrée en contact des virus avec les populations humaines. L’organisation actuelle de l’économie et des échanges a accéléré la propagation du virus à l’échelle mondiale. La concurrence et la course au profit entre capitalistes ont retardé et limitent les mesures sanitaires dans de nombreux pays. Et les conséquences de cette pandémie seront encore plus dramatiques dans les régions dominées économiquement.
Une crise sanitaire et économique internationale
En Amérique Latine, l’Uruguay a pris les premières mesures face au
virus dès vendredi dernier (13 mars) en décrétant la fermeture de toutes
ses frontières. 80 cas sont recensés sur les 3,4 millions
d’habitant.es, une quarantaine a été établie, des contrôles policiers
sont annoncés. Les écoles sont fermées et les entreprises font peu à peu
de même tout en mettant en place des recommandations de sécurité…
En Argentine depuis le premier cas confirmé il y a moins de 2
semaines, la pandémie s’est étendue à un peu moins de 100 cas recensés.
Les écoles sont fermées depuis lundi, une quarantaine obligatoire vient
d’être décrétée, du vendredi 20 mars jusqu’au 1er avril.
Annoncée le jeudi au soir et à effet direct dès minuit, la population a
eu très peu de temps pour se préparer. Un déploiement massif des forces
de polices du pays laisse craindre un déchainement de violence
policière dans les quartiers populaires et surtout dans les villas
(bidonvilles). Les sorties sont autorisées pour acheter à manger dans
les supermarchés qui continuent de fonctionner, pour aller à la
pharmacie et pour aider des personnes vulnérables.
L’enjeu de la protection des travailleurs.ses, du paiement de leur salaire ainsi que de la fermeture des entreprises se pose, est-ce que les salarié.es seront contraint.es de travailler au mépris de leur vie comme en Europe ? Des millions de travailleurs.ses de l’économie populaire sont en dehors du salariat formel, et ne seront pas protégé.es. Quid alors de ces millions de personnes qui ne vont pas pouvoir survivre sans sortir pour travailler ? À cause d’un accès à l’eau très préoccupant, une crise d’ampleur est redoutée. Alors que l’Argentine vivait déjà une épidémie de dengue, concentrée principalement dans les bidonvilles où se développent les moustiques en raison des conditions d’insalubrités élevées. Cette épidémie inquiétait moins le gouvernement ne touchant de fait que les plus pauvres.
Le Brésil encaisse aussi de plein fouet l’irresponsabilité de son président d’extrême droite, freinant toutes les mesures sous prétexte que la pandémie serait plutôt due à une « hystérie collective ». Malgré tout, le pays commence tardivement à suivre ses homologues latino-américains et décrète aujourd’hui la fermeture de toutes ses frontières terrestres et l’interdiction d’entrée aux personnes venant de certains pays européens et asiatiques. Au Chili aussi, les mesures de la classe politique visent d’abord à protéger les profits plutôt que la population.
En Afrique où le premier cas de Covid-19 est apparu en Égypte en février, on se prépare au pire. Pour le moment on parle d’environ 640 cas répartis dans 33 pays, mais les soignant.e.s préviennent que trop peu de tests ont été faits et que les chiffres sont sûrement en dessous de la réalité. Le continent africain subit d’autant plus la crise à cause de l’attitude et des politiques coloniales visant à rendre et garder dépendante toute une partie de son économie, les mesures prises par les pays européens et les États-Unis en termes par exemple d’échanges commerciaux ont donc d’autant plus d’impact. Au niveau sanitaire le constat est aussi alarmant, avec beaucoup de zones dans lesquelles il sera très difficile, voire impossible, de mettre en place ne serait-ce que les mesures de base visant à ralentir la propagation.
Résistances et organisation de celles et ceux d’en bas
Au Mexique pour l’instant le gouvernement tente d’empêcher une mise en place rapide des mesures nécessaires. Les communautés Zapatistes ont elles décidé de mesures d’urgences « Considérant l’irresponsabilité frivole et le manque de sérieux des mauvais gouvernements et de la classe politique dans sa totalité, qui utilisent un problème humanitaire pour s’attaquer mutuellement, au lieu de prendre les mesures nécessaires pour affronter ce danger qui menace la vie sans distinction […] ainsi que l’absence d’un véritable plan pour affronter la menace… » [1] L’alerte rouge est donc déclarée dans les « caracoles », qui seront fermés jusqu’à nouvel ordre.
Les USA subissant les affres de Donald Trump, n’échappent pas à une
tentative de minimiser l’ampleur du risque. Des mesures de quarantaines
ont tout de même débuté et la solidarité et la résistance s’organisent,
avec notamment un appel à une grève des loyers qui commence à prendre un
peu d’ampleur. Là-bas aussi vu la lenteur à y répondre, la crise risque
de faire des ravages, d’autant plus que le système de santé
ultra-libéral n’autorisera pas les classes populaires à se soigner
correctement et recevoir les soins nécessaires.
Alors que le confinement est total en Italie, pays qui compte le plus grand nombre de morts, les entreprises qui n’étaient pas absolument nécessaires pour enrayer l’épidémie ont continué à produire jusqu’à ce dimanche 22 mars. C’est parce que les grèves se sont multipliés que le gouvernement a été contraint de suspendre (jusqu’au 3 avril pour l’instant) toutes les activités non-essentielles. Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui ont imposé les mesures nécessaires aux capitalistes et à l’État. Au Portugal, le gouvernement de gauche prend les devants en suspendant totalement le droit de grève.
Partout, la crise sanitaire est extrêmement préoccupante pour celles
et ceux d’en bas. Les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous
mettent en danger pour leurs profits quand eux se mettent à l’abri, ne
prennent pas de mesures sociales, voire remettent en cause nos droits
sociaux pour tenter coûte que coûte de nous renvoyer au travail, ou nous
empêcher purement et simplement de le quitter. La solution ne viendra
que de nos solidarités et de notre auto-organisation pour résister. Il
faut continuer à rester en contact, échanger sur nos expériences et nos
résistances pour faire vivre notre internationalisme.
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Hors temps de crise, les réseaux de solidarité (sociale, alimentaire, etc.) sont assurés par de multiples associations, collectifs, ou institutions. Les personnes qui tiennent ces réseaux sont pour une bonne partie retraitées ou tout simplement confiné.es, les déplacements et les modes d’organisation habituelles bouleversées. Il n’est donc plus possible d’assurer le minimum d’aide aux plus démuni.es dans la période de crise sanitaire actuelle.
Cette crise sanitaire va toucher d’abord les plus
isolé.es, éloigné.es des centres de soin, les personnes sans abris, sans
papiers, sans moyens de protection contre la maladie. Le virus touchera
aussi d’abord les classes populaires encore majoritairement
physiquement au travail donc plus exposées.
La lutte contre la propagation du virus doit s’inscrire dans nos luttes.
Communistes libertaires nous ne pouvons laisser à leur sort les
personnes les plus vulnérables. Il est essentiel de maintenir nos
activités, autant qu’elles sont possibles au sein des collectifs locaux
déjà investis, de relayer les besoins et les situations d’urgences.
Certains groupes locaux UCL ont d’ores et déjà créés des pages sur les
réseaux sociaux permettant de coordonner les actions de solidarités
individuelles et/ou collectives. Des militant.es participent à la
récupération et à la redistribution de denrées alimentaires.
Il a été aussi possible selon nos lieux d’habitations de faire de l’affichage dans nos hall d’immeubles, dans nos rues, dans les commerces de proximité, proposant la mise en liens et l’aide entre habitant.es. Bien sûr il ne s’agit pas de minimiser les risques de la maladie, ni de créer des conditions de propagation. Toutes les précautions nécessaires devront être mise en œuvre, quelle que soit l’action de solidarité menée.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, nos routines et réflexes militants sont mis au défi et devront être quotidiennement réinventés. Les solidarités concrètes ne se limitent pas à une période de crise, mais elles s’imposent aujourd’hui comme l’un de nos premiers modes d’actions !
À nous de mobiliser nos outils révolutionnaire et autogestionnaire !
Au delà des gestes barrières, nos solidarités sont notre meilleur protection.
Rappel de certaines régles (liste non exhaustive) :
Se munir d’attestations sur l’honneur de sortie en ayant coché « Déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants »
Une interaction ne doit pas se faire à moins d’un mètre
Utiliser des gants et un masque pour les livraisons
En cas de maladie, même un rhume, pas d’action de solidarité physique
Les personnes de plus de 60 ans, peuvent aider autrement que par des actions de solidarité physique
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L’état d’urgence sanitaire et l’arsenal législatif qui l’accompagne est le seul moyen, aux yeux du gouvernement, de prévenir une catastrophe sanitaire en prenant les choses fermement en main. De notre côté, c’est un état d’urgence social que nous devons défendre pour définir nous-mêmes les priorités : protéger la santé et les droits des travailleurs et travailleuses mais aussi assurer la satisfaction des besoins de l’ensemble de la population, sans chercher à sauvegarder les profits des capitalistes.
Le gouvernement a déposé un projet encadrant le report du 2e tour des élections municipales, lui permettant de déclarer un « état d’urgence sanitaire » et lui ouvrant la possibilité de légiférer par ordonnances sur de nombreux sujets. Les enjeux de ce projet de loi ? Renforcer les pouvoirs de l’État pour prévenir une catastrophe sanitaire, « soulager » les entreprises et adapter le fonctionnement de la société aux mesures de confinement.
Le projet de loi d’ores et déjà adopté au Sénat se découpe en trois grosses parties :
la première partie concerne les élections municipales ;
la deuxième partie définit le cadre de l’état d’urgence sanitaire ;
la troisième partie arme le gouvernement pour adapter le cadre légal et réglementaire à la situation exceptionnelle.
Ne pas laisser l’État gérer seul l’urgence sanitaire et social
L’état d’urgence sanitaire pourra être déclaré en conseil des
ministres pour une durée de 12 jours – durée qui peut être prolongée par
la loi. Dans ce cadre, le Premier ministre pourra limiter certaines
libertés fondamentales (liberté de déplacement, liberté d’entreprendre,
liberté de réunion) et pourra décider des réquisitions de tous les biens
et les services permettant de lutter contre la catastrophe sanitaire.
Le ministre de la santé pourra quant à lui prescrire toutes les mesures
générales ou individuelles pour lutter contre la catastrophe sanitaire.
Le problème qui se pose est clair : si l’épidémie continue de
paralyser l’économie, l’ensemble des activités de production et de
distribution risquent d’être interrompu, mettant en danger l’ensemble de
la population. Dans une situation comme celle-ci, il n’y a que trois
possibilités : soit l’État prend fermement en main les rênes de
l’économie (discréditant au passage le libéralisme économique qui guide
l’action des gouvernements successifs), soit le camp des travailleurs et
travailleuses arrive à prendre lui-même les choses en main, soit c’est
le chaos.
Pour le gouvernement, l’enjeu est donc de pouvoir, si nécessaire,
prendre totalement la main sur les activités économiques essentielles
non seulement pour assurer la lutte sanitaire contre l’épidémie mais
aussi pour permettre que les besoins vitaux soient satisfaits. Laisser
l’État gérer seul cette crise sanitaire, économique et sociale, est un
pari très risqué et il semble dès maintenant absolument indispensable
que la nécessaire réquisition des entreprises d’intérêt vital se fasse
sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs, de même qu’il
est primordial que les personnels soignants confronté·es directement à
l’épidémie puissent prescrire les mesures adaptées, sans chercher à
ménager les intérêts des possédants.
Des ordonnances dans tous les sens mais peu de social
La troisième partie de la loi autorise le gouvernement à prendre des
ordonnances, c’est-à-dire à modifier la loi sans consulter en amont
l’Assemblée nationale ou le Sénat. Il sera ainsi autorisé à soutenir
directement ou indirectement (en facilitant le recours à l’activité
partielle) les entreprises, à permettre à l’employeur de fixer comme il
le veut les congés payés et les RTT, à assouplir les obligations des
entreprises vis-à-vis de leurs clients et fournisseurs mais aussi à
permettre à certaines entreprises de déroger aux règles d’ordre public
et aux règles fixant la durée du travail, le repos hebdomadaire ou le
repos dominical.
Dans le même temps, des mesures pourront être prises pour adapter aux
circonstances l’intervention de la médecine du travail ou la
consultation des représentant·es du personnel mais il va sans dire que
les organisations syndicales devront être particulièrement vigilantes
pour éviter que la situation d’urgence permette opportunément aux
patrons de faire travailler leurs salariés sans limite ou de licencier
massivement au gré de la modification du droit des procédures
collectives.
Dans le cadre de cette urgence sanitaire, le gouvernement prévoit
quand même quelques mesures sociales comme la prolongation de la trêve
hivernale, la continuité de la prise en charge des personnes âgées et
des personnes en situation de handicap ou la prolongation des visas et
des titres de séjour. Mais ces mesures paraissent bien maigres par
rapport à tout ce qui pourrait être mis en œuvre pour protéger
l’ensemble de la population et soutenir directement les plus
vulnérables.
Enfin, si le confinement doit se prolonger, quelques aménagements
sont prévus pour allonger les délais pour les différentes démarches
administratives, pour adapter les concours ou examens,pour aménager
l’organisation de certaines réunions (organes dirigeants des
entreprises, instances des établissements publics, réunions de
copropriétaires, assemblées délibérantes des collectivités
territoriales) mais aussi pour adapter la manière dont est rendue la
justice et dont est organisée la garde à vue. Là encore, il faudra
redoubler de vigilance face à une justice rendue à huis clos avec une
défense assurée en vidéoconférence…
Beaucoup de mesures administratives, beaucoup de mesures de soutien
aux entreprises mais pas beaucoup de mesures pour soutenir celles et
ceux qui luttent directement contre l’épidémie, au premier rang desquels
les personnels soignants qui, en cas d’arrêt maladie, continuent de
subir un jour de carence ; pas beaucoup de
mesures non plus pour permettre d’anticiper la crise sociale et d’offrir
aux travailleurs et travailleuses la même souplesse qu’aux entreprises.
Une chose est claire : l’urgence sociale, c’est nous qui l’imposerons aux patrons et à l’État.
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Depuis le début du confinement en Europe, la question d’une éventuelle surcharge du trafic internet se pose. Ci-dessous, notre point de vue communiste libertaire sur la question du réseau.
Côté services, la saturation se fait sentir. Par
exemple, chez Skype et Whatsapp, les serveurs centraux ne tiennent
apparemment pas la charge depuis le confinement italien. Charge qui
aurait été encaissée avant l’achat de Skype par Microsoft : le logiciel
fonctionnait alors en pair-à-pair (c’est-à-dire sans serveurs centraux).
Le patron de Facebook Mark Zuckerberg a indiqué quant à lui lors d’une conférence de presse le 18 mars que les appels audio et vidéo, sur Whatsapp (propriété de Facebook) notamment, auraient doublé et que les ingénieurs de Facebook travailleraient déjà à renforcer l’infrastructure [1].
À une autre échelle et idéologiquement plus proche de nous, l’association libriste d’éducation populaire Framasoft a bel et bien subi une surcharge au début du confinement, lorsque les ministères de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur ont — honteusement, sans consultation, et sans solliciter leurs propres services informatiques et ressources financières considérables — invité leurs personnels à utiliser les services de Framasoft (qui n’a ni les moyens de ni la vocation à se substituer à des ministères) [2].
Quant au trafic global, des informations contradictoires circulent : d’un côté, la hausse de 70% qu’a vécue l’Italie suite à la fermeture des écoles serait épongeable [3] ; d’un autre côté, le 19 mars, le commissaire européen chargé du marché intérieur Thierry Breton s’est publiquement inquiété de la pression exercée sur le trafic [4]. Des sources internes chez Orange nous informent également que le conseil d’administration d’Orange douterait de la capacité du réseau à encaisser et qu’il faudrait prochainement choisir entre la 4G et la téléphonie.
S’il nous parait difficile de trancher dès à présent la question de
la possibilité d’une surcharge du trafic de grande ampleur à court
terme, il est cependant politiquement indispensable d’en anticiper la
possibilité.
Des appels à « réguler »
le trafic se font déjà entendre. Les hôpitaux ou l’Éducation Nationale
sont prioritaires sur la pornographie ou le streaming Netflix et il
faudrait donc favoriser les uns au détriment des autres. Cette
régulation serait de la responsabilité des fournisseurs d’accès à
Internet (FAI), seuls techniquement capables de savoir qui fait quoi sur
Internet et d’agir en temps réel, et donc de censurer. Thierry Breton a
notamment invité les FAI à « prendre des mesures afin de prévenir et d’atténuer les effets de l’encombrement imminent des réseaux ».
Nous ne remettons bien évidemment pas en cause la priorité des
services publics hospitaliers ou éducatifs. Nous observons par contre
que ces appels émanent des bouches qui, même hors temps de crise,
réclament encore et toujours l’abolition de la neutralité du net, ce
principe qui veut que les FAI ne soient que des facteurs de l’Internet,
soumis comme les postiers et postières du monde physique à une
interdiction d’ouvrir les enveloppes, et qui livrent donc indifféremment
tout le « courrier ».
La fin de la neutralité du net serait une aubaine pour les
capitalistes, qui seraient dès lors en mesure de vendre comme offre de
base un simple accès aux services de leur choix – typiquement, les
partenaires GAFAM – et de reléguer le reste d’Internet – typiquement,
les voix politiques ou médiatiques qui déplaisent au pouvoir – au rang
d’options payantes. Nous observons également que la logique de
pénurie-rationnement à l’œuvre derrière ces discours est la même que
celle que nos dirigeants politiques nous resservent non-stop, jusqu’à
l’écœurement, depuis des années, dans le cadre des politiques
d’austérité budgétaire.
Que l’on parle de réseau Internet ou d’argent public, nous,
communistes libertaires, affirmons que les ressources existantes doivent
être :
exposées à toutes et tous avec transparence et pédagogie, afin de permettre l’appropriation populaire des enjeux du problème ;
renforcées et développées, et non rationnées, si elles sont réellement
jugées insuffisantes (l’argent existe, il suffit d’aller le chercher là
où il est) ;
partagées selon des
décisions politiques prises par le peuple et dans son intérêt, et non
par l’État dans l’intérêt des capitalistes.
Il appartient également au peuple de décider, dans un cadre
autogestionnaire, comment mettre en œuvre ce partage sans remettre en
cause la neutralité du net, principe égalitaire fondateur d’Internet.
Dans le contexte actuel, il est par exemple envisageable :
de mettre en place un planning national des cours donnés par visioconférence, dans le cadre de la « continuité pédagogique »,
permettant de mieux répartir la charge et du même coup d’améliorer les
conditions de vie des enseignant·es confinés, sans jamais les déposséder
de leur métier et sans entretenir d’illusions sur les vertus
pédagogiques du numérique ;
de contraindre YouTube à retirer l’option HD de ses vidéos ;
ou encore d’instaurer une très forte taxe sur le service de
reproduction culturelle du patriarcat qu’est la pornographie, taxe
permettant de contrebalancer la gratuité opportuniste mise en place ces
derniers jours par les principales plateformes du secteur.
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Depuis que l’épidémie de coronavirus a atteint la France, le gouvernement n’a cessé d’osciller entre des mesures d’endiguement – qui sont allées crescendo – et la volonté de préserver les profits des entreprises, en autorisant la continuité du travail dans des secteurs non essentiels.
L’Union communiste libertaire, réunie en conférence exceptionnelle le 17 mars, pense qu’il faut inverser les priorités. La pandémie oblige à des mesures qui doivent nécessairement contrarier les capitalistes. Et qui prouveront que la société et l’économie peuvent tourner de façon radicalement différente.
Pour enrayer l’épidémie
1. Il faut des mesures barrières qui ne soient pas des mesures « de classe », contrairement à ce qui se passe aujourd’hui. Le confinement ne peut être fonction de la hiérarchie sociale,
avec des cadres en télétravail et des ouvrières et ouvriers contraints
de se rendre sur les sites de production. Le confinement ne peut être
fonction de la hiérarchie sociale. Donc : fermeture de toutes les
entreprises et services non essentiels, avec maintien intégral du revenu
pour les travailleuses et travailleurs en chômage technique, y compris
ceux et celles sous statut précaire (intérimaires, CDD, vacataires,
etc.) ;
2. Le travail ne doit être maintenu que dans les secteurs vitaux au soin, au ravitaillement et à l’information de la population.
On pense notamment au système de santé, à l’agro-alimentaire, aux
transports, à la distribution alimentaire et sanitaire, aux médias
audiovisuels et Internet pour passer les consignes. Les travailleuses et
travailleurs de ces secteurs sont en première ligne ;
la sauvegarde de la population repose sur leurs épaules. Il faut les
gratifier, les aider, les épauler, en commençant par assurer la prise en
charge de leurs enfants, avec des mesures de prévention et de
protection.
3. À la fois pour des raisons d’efficacité et pour empêcher les indécents « coronaprofits » des profiteurs de crise,
il faut réquisitionner les entreprises privées de ces secteurs, et les
intégrer dans le service public, en plaçant leur fonctionnement sous le
contrôle des travailleuses et travailleurs eux-mêmes. Ce sont eux et
elles, en effet, qui sont les plus à même de savoir comment réorganiser
les chaînes de production pour se prémunir du virus, avec des protocoles
de prévention adaptés.
4. Au-delà, ce sont l’ensemble de la production et des services qui doivent être en urgence réorganisés.
L’industrie et les services doivent être entièrement tournés vers la
production de matériel sanitaire et de protection, et l’assurance des
moyens de subsistance pour toutes et tous. Si l’État et les patrons ne
le veulent pas, alors c’est aux travailleuses et aux travailleurs de
l’imposer.
Les travailleuses et travailleurs qui assurent les soins et le ravitaillement sont en première ligne ; il faut les aider, les épauler, les gratifier.
cc Pieter
Pour éviter la réédition d’un tel chaos
1. La situation actuelle démontre la nécessité de réquisitionner et de socialiser l’ensemble de l’industrie pharmaceutique.
Cela permettra de relocaliser la production de médicaments, alors que
la France est aujourd’hui dépendante des usines implantées en Inde et en
Chine pour 60 à 80% des principes actifs.
Cela permettra aussi de réorienter la recherche et développement vers
la satisfaction des besoins réels, au lieu d’une production visant au profit et qui ruine la Sécurité sociale.
2. Le système de santé doit également être révolutionné
par la réquisition des cliniques privées et leur intégration dans le
service public. Un service public renforcé par des embauches massives et
la création de milliers de lits supplémentaires, avec un maillage
territorial revitalisé. Depuis des mois, les personnels des urgences crient leur désespoir
devant le délabrement de l’hôpital public après des décennies de
démolition néolibérale. Les politiciens socialistes, gaullistes ou
macronistes qui ont orchestré ce désastre auront du sang sur les mains,
et il faut le dire haut et fort.
3. La grande distribution qui, de Carrefour à
Amazon, se frotte les mains de la situation actuelle et des profits
géants qu’elle escompte engranger, doit également être réquisitionnée et
placée sous contrôle de ses travailleuses et travailleurs. Cela leur
permettra de se limiter à la distribution des produits vitaux, et de remettre à plat toute l’organisation d’un travail de plus en plus déshumanisé par la conjugaison du taylorisme et du contrôle digital.
La grande distribution qui, de Carrefour à Amazon,
se frotte les mains
de la situation actuelle et des profits géants qu’elle escompte
engranger, doit également être réquisitionnée et placée sous contrôle de
ses travailleuses et travailleurs.
Ce que les travailleuses et travailleurs peuvent faire
1. Le mot d’ordre de « droit de retrait général »
est le plus adapté à la période dans tous les secteurs non essentiels.
Aujourd’hui, dans plusieurs grandes entreprises, des débrayages ont lieu
pour se prémunir de la contagion. Mais des salarié·es hésitent encore
devant les retenues sur salaire pour fait de grève. Il faut user, dès
que possible du droit de retrait pour « danger grave et imminent ».
2. Nous devons pratiquer l’entraide sociale,
à l’échelon de chaque immeuble et de chaque quartier : pensons à nos
voisines et voisins les plus fragiles, personnages âgées, à mobilité
réduite, malades… qui ont du mal à se déplacer pour faire leurs
courses. Pensons à nos voisines et voisins qui travaillent dans des
secteurs essentiels, et qui ont besoin de faire garder leurs enfants…
le tout en respectant les « gestes barrières ».
Téléphone, Internet, applications, messages collés dans le hall de
l’immeuble… il y a bien des choses à faire pour organiser cette
entraide de proximité.
3.Gardons-nous des méfiances xénophobes.
Non, nos voisines et voisins d’origine asiatique ne sont pas dangereux,
et d’ailleurs personne n’est spécifiquement dangereux. C’est l’Europe,
et non la Chine, qui est aujourd’hui l’épicentre mondial de la pandémie.
Il faut interdire la commande en ligne de produits non vitaux.
A Amazon, de nombreuses et nombreux salarié·es font grève ou exercent leur droit de retrait.
Pour limiter la casse sociale
La pandémie aura été le déclencheur d’un krach boursier et d’une
crise financière attendue depuis longtemps par toutes et tous les
économistes sérieux. Suite à la crise de 2008, les États avaient en
effet pompé des sommes colossales dans les fonds publics pour sauver les
traders et les banques privées… qui par la suite n’ont quasiment rien
changé de leurs pratiques. Une fois de plus donc, l’économie-casino va
craquer, et ce sera dans des proportions sans doute bien pires qu’en
2008.
Avec son cortège de licenciements et de sous-emploi, cette crise
frappera en premier lieu les classes populaires qui vont affronter une
hausse du chômage, des temps partiels, des boulots précaires… avec une
baisse de revenu à la clef.
Pour limiter la casse, il faut d’une part renforcer la protection
sociale, pour amortir le choc, d’autre part faire payer le capital. Cela
passe par :
l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage et pas seulement sa suspension ;
l’abrogation de la casse des retraites, pas seulement sa suspension ;
l’allongement du délai pour pratiquer une IVG
d’une durée égale à celle du confinement, pour désengorger les hôpitaux
et anticiper les conséquences prévisibles du confinement ;
la gratuité des transports pour réduire les démarches, les attroupements et les vecteurs de contamination ;
l’interdiction des licenciements
pendant la période de confinement, le maintien du salaire des
personnels vacataires, intérimaires, en CDD et des salariés déguisés
(auto-entrepreneurs ubérisés notamment). Le capital paiera : en 2019
encore, 60 milliards d’euros ont disparu dans les poches des
actionnaires du CAC 40 (+ 12 % par rapport à l’année précédente) ;
la réquisition des logements vacants,
des locations Airbnb et similaires, des chambres d’hôtels, pour mettre à
l’abri, dans les conditions de confinement sanitaire dignes,des
familles sans logis, des migrantes et des migrants qui survivent dans
des campements sauvages, des ouvrières et ouvriers sans papiers qui sont
parfois entassé·es dans des foyers ou des squats insalubres.
pour les bas revenus, un moratoire sur les loyers et les factures d’énergie, d’eau, de téléphone et d’Internet, l’interdiction des expulsions locatives au-delà du 28 mai.
Le gouvernement est pris de cours par la situation. On peut donc lui
imposer des choses, mais seulement si le mouvement social et syndical se
retrousse les manches et essaie de prendre les choses à bras le corps.
Il est donc crucial que toutes et tous les travailleurs conscients et
déterminés s’emparent de l’outil syndical pour regrouper leurs collègues
sur des bases solidaires et combatives.
La société doit changer en profondeur
Soyons clairs : ces mesures d’urgence sont parcellaires. Elles
répondent à la nécessité d’enrayer l’épidémie et de limiter la casse
sociale. Mais elles n’empêcheront pas la crise économique d’advenir,
parce que celle-ci est le résultat du capitalisme et de l’économie de
marché. Le virus n’en aura été que l’élément déclencheur.
Face à cette situation inédite, le capitalisme a fait la preuve de sa
défaillance mais l’État va chercher à maintenir par tous les moyens le
système économique en place, quitte à prendre la main temporairement sur
l’ensemble des activités économiques, en procédant de manière dirigiste
à l’organisation de la production via des réquisitions.
Pour le gouvernement, ce sera la seule alternative au chaos auquel mènerait le chacun-pour-soi.
Pour nous, communistes libertaires, les mesures d’urgence que nous
proposons comme les responsabilités qu’imposeront, prendront et
exerceront dès aujourd’hui les travailleuses et les travailleurs
dessinent une toute autre alternative. Nous avons un autre projet à
défendre : un projet reposant sur l’entraide et l’égalité, avec une
organisation stricte et planifiée de la production et de la distribution
des biens essentiels mais sous contrôle des travailleuses et des
travailleurs.
Nous pensons qu’il est grand temps de repenser de fond en comble le
fonctionnement de la société, de l’adapter aux capacités de chacun·e
pour répondre aux besoins de tout le monde.
Nous pouvons en finir avec ce système, en plaçant l’ensemble des
moyens de production et de distribution entre les mains des
travailleuses et des travailleurs, en remplaçant l’économie de marché
par une économie socialisée et autogérée, et l’État par un système
fédéraliste autogestionnaire.
Texte issu des débats de la conférence exceptionnelle de l’UCL du 17 mars 2020
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Depuis mardi midi, le pays est en confinement total. Cette mesure consiste à préserver les intérêts de la bourgeoisie plutôt qu’à protéger la population quand on continue d’envoyer les salarié·e·s au boulot sans penser qu’ils et elles vont, surtout à la Poste, côtoyer soit d’autres personnes soit des collègues de travail.
Face à cela, un nombre de postier·e·s de plus en plus
important on fait valoir leur droit de retrait. Plus de 120 sites (et ce
chiffre grandit de jour en jour) ont donc fait valoir ce droit face à
des patrons qui font preuve d’un mépris total pour le droit des
postier·e·s.
Droit de retrait contesté
Ce droit de retrait est contesté par les directions menaçant les
personnels de supprimer le salaire de la journée, même si pour l’instant
rien n’a été prélevé. L’heure est à la répression dans l’entreprise.
Une vraie répression quand il s’agit de menacer un directeur de site de
faute grave quand il veut protéger ses agent·e·s. Répression, quand il
s’agit d’interdire aux représentant·e·s du personnel de rendre visite et
d’épauler les postier·e·s dans cette période difficile.
Fautes de l’entreprise
Bouteilles d’eau remplies de savon, intérimaires et sous-traitants
non équipés de gel hydroalcoolique, sous-traitants venant travailler
quand le/la conjoint·e est contaminée, la liste est longue des errements
et des fautes de l’entreprise.
Une « continuité du service public » bien pratique
La Poste face à cela n’a qu’un discours : application de ce qui est
préconisé par les autorités sanitaires et continuité du service public.
Sauf que, quand on creuse un peu, on en est vraiment loin. Il s’agit
avant tout d’envoyer les « soldat·e·s » postiers au front.
Le service public pour La Poste consiste plutôt à savoir comment
sauver les profits de l’entreprise ou cyniquement à exploiter la
situation. D’un côté, certain·e·s se réjouissent de l’explosion probable
des colis, n’ayant rien à envier à Amazon dont les salarié·e·s ont
aussi fait valoir leur droit de retrait, de l’autre il s’agit de
continuer à prélever les frais bancaires ou de bloquer les cartes ou
mettre en interdit bancaires ceux et celles qui se sont précipité·e·s
pour faire des provisions.
La Poste ne doit pas décider
Le discours sur le rôle essentiel de La Poste dans cette crise est de
la tartufferie, surtout quand on pense que l’entreprise a été
privatisée ! Le personnel est mis en danger
et le service public n’est qu’un prétexte de plus. Dans un contexte où
la vie des postier·e·s est menacé la seule solution : droit de retrait.
Oui à un service public postal, mais ce n’est pas La Poste qui doit le décider, mais bien les postier·e·s et la population.
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La crise sanitaire est bien installée. Elle s’ajoute à une crise sociale ininterrompue. De nombreuses travailleuses et travailleurs enchaînent les périodes de chômages, les contrats d’intérim, les CDD et les petits boulots non-déclarés. Depuis des décennies, le code du travail est cassé, les règles sont assouplies pour les patrons. Aujourd’hui, les travailleuses et les travailleurs les plus précaires le payent, se retrouvant en première ligne, non seulement pour gérer la crise, mais aussi pour.. continuer à faire tourner le capitalisme.
Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, l’a dit ce
matin : il appelle les salarié-es des secteurs essentiels à se rendre au
travail. Pourtant, ce ne sont pas que les secteurs essentiels qui
continuent le boulot. L’industrie poursuit sa route, arrêtée seulement
quand les chaines de logistiques sont brisées (même si certains, comme
PSA, tentent de faire croire que c’est pour protégéer les salarié-es).
Mais il faut bien se rendre compte d’un élément important : ce sont les
travailleuses et les travailleurs précaires qui, dans les secteurs
indispensables ou non, continuent majoritairement à faire tourner la
machine dans des conditions souvent épouvantables.
L’armée de réserve au boulot
Dans plusieurs régions, le téléphone des intérimaires n’arrête pas de
sonner en ce moment. Les agences leur proposent des missions dans tous
les sens. Forcément, beaucoup d’ouvrier-es qui font tourner les boîtes
sont en arrêt maladie ou s’occupent de leurs enfants à la maison. Alors
qui de mieux que cette armée de réserve, ces millions de chômeurs et de
chômeuses, pour combler les trous ? Bien
entendu, les conditions de travail sont terribles. Pas de masques ni de
gants ni de gel hydroalcoolique, un nettoyage de l’usine insuffisant,
des distances de sécuritées non respectées… Tout ceci s’ajoute aux
conditions déjà difficiles de ces boulots !
Au revoir les intérimaires !
Dans d’autres secteurs en revanche, c’est le contraire. Les contrats
d’interim ou les CDD qui devaient commencer ces jours-ci sont annulés
car l’activité baisse. On a vu des cas à la SNCF, dans la fonction
publique territoriale… Bien sûr les contrats ne sont pas renouvelés.
Ceci se traduit très concrètement par une impossibilité de payer le
loyer, le gaz et l’électricité, et d’aller acheter de la nourriture ou
du doliprane.
La variable d’ajustement en temps de crise
Les travailleuses et les travailleurs précaires, qui enchaînent en
période habituelle les périodes travaillées ou non, comblant les trous
dans un système capitaliste qui en profite pour baisser les salaires, se
retrouvent aujourd’hui dans une situation inextricable : aller bosser,
et risquer pour sa santé, mais aussi risquer de propager l’épidémie, ou
rester chez soi, mais n’avoir aucun moyen de subsistance. Cependant
déjà, certains et certaines refusent ces injustices. A Amazon, employeur
d’intérimaires en pagaille, les salarié-es ont débrayé sur les sites de
Montélimar, de Douai et de Chalon. Bien sûr, la direction fait peser
sur elles et eux des menaces inacceptables pour casser cette juste
rébellion.
Des mesures urgentes à prendre
Pour protéger les travailleuses et les travailleurs, il est urgent de
prendre des décision à la mesure de la situation gravissime. C’est
aussi l’occasion de changer de modèle de société, car on voit bien que
le capitalisme est totalement inefficace. Il faut dès à présent
interdire les licenciements, maintenir les salaires des travailleuses et
des travailleurs des secteurs non indispensables et augmenter
massivement les salaires. Il faut également annuler la récente réforme
de l’assurance-chômage.
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Avec le Coronavirus comme le reste de l’année, les personnes sans-domicile comme les sans-papiers restent les grand.es oublié.es. Encore une fois l’Etat néglige complètement les populations que le système capitaliste met à la marge. Celles-ci déjà fragilisées sont pourtant celles qui font le plus face aux risques sanitaires, et qui rencontrent le plus de difficultés lorsqu’il est question d’accès aux soins, à l’hygiène, au logement ou à la nourriture.
« Comment tu fais pour te laver les mains quand tu n’as pas d’évier ..? »
La catastrophe sanitaire, annoncée depuis des mois par les
militant.es et associations de terrain, n’aura pas mis longtemps à se
matérialiser. Déjà cette année, la mise en danger de ces personnes s’est
aggravée après des nombreuses remises à la rue (expulsions de squats)
et la réforme de l’AME (Aide Médicale d’Etat). Cette réforme, sous
couvert de « lutte contre la fraude », a pour conséquence la mise en
place d’un délai de 3 mois de carence pour l’accès aux soins des
personnes migrant.es. Si après les premières annonces concernant le
confinement les préfectures ont choisi d’allonger les titres de séjours,
aucune information n’a été donnée quant à l’accès aux soins et à
l’ouverture des droits AME. De plus, ces allongements de titres de
séjours ne seront effectifs que pour une durée de trois mois, ce qui
ressemble plus à une mesure administrative qu’à une réelle préoccupation
sociale.
Si les Centres de Rétention Administrative commencent à être évacués,
c’est après que la situation soit devenue extrêmement dangereuse et
intenable. Au CRA de Lesquin par exemple, les personnes retenues ont
refusé de fréquenter le réfectoire, de peur d’être contaminées, et
renoncent donc à s’alimenter. A l’heure actuelle, il est très compliqué
de savoir ou ont été transférées ces personnes.
Ainsi l’Etat, dans sa chasse aux pauvres, montre une fois de plus son
inconséquence par sa mise en danger des plus fragiles. De plus, la
politique de verbalisation en cas de non-respect des règles du
confinement est une aberration pour des personnes n’ayant pas d’autres
solutions que la rue. Tout cela dans ce contexte de pandémie, que l’Etat
prétend gérer, revient à une mise en danger de toute la population, et
pire encore, laisser la situation tel quel sans prise en charge quand on
est à la rue revient à une mise à mort annoncée.
« …Comment tu fais pour te confiner quand la police découpe ta tente chaque soir ? »
Ajoutez à cela la surcharge des services sociaux déjà actée bien
avant cette pandémie, il ne restera bientôt plus aucune autre solution
aux laissé.es pour compte que celle de crever la gueule ouverte. Avec le
confinement total, le travail des associations et militant.es risque
d’être rendu impossible. De fait, ces populations habituellement
abandonnées par l’Etat se retrouvent dans une détresse sans précédent.
Depuis le début du confinement, l’Etat comme toujours, fuit ses
responsabilités et s’appuie sur les associations, organismes sociaux et
militant.es de terrain qui tentent de maintenir les solidarités vis à
vis des personnes à la rue (distribution de repas, accueil, écoute,
etc.). Néanmoins, si ces structures manquent déjà cruellement de moyens
en temps normal, la situation n’a fait qu’empirer. En effet, des
bénévoles manquent à l’appel et ne disposent de peu ou pas de matériel
de protection élémentaire. Pire encore, si l’isolement social fait
partie du quotidien des personnes sans domicile, aujourd’hui elles ne
sont plus seulement ignorées, mais fuient ce qui leur retire leur déjà
bien maigre source de revenu.
Face à l’urgence de la situation, l’Etat préfère débloquer 300
milliards d’euros pour les patrons, mais quelles annonces pour le social ?
Nous savons que les dirigeants de tous les pays favoriseront toujours
le maintien du capitalisme à la vie des populations. C’est pourquoi nous
ne pouvons rien attendre d’elles et eux en ce qui concerne l’aide
apportée aux plus fragiles, et que nous ne pouvons que faire appel à la
solidarité de tous et toutes.
Dans ces temps difficiles et avec toutes les précautions sanitaires
obligatoires, il est de notre responsabilité d’apporter un soutien
humain et matériel aux individu.es concerné.es, associations,
collectifs, militant.es de terrains. Si pour nous, la gestion de la
société est l’affaire des personnes qui la font vivre (à savoir les
exploité.es), c’est aussi car nous sommes le plus à même de savoir
comment répondre face à ce genre de situation.