Au quotidien, nous, femmes, subissons des inégalités et des violences. Pour nombre d’entre nous, ce constat s’est fortement accentué avec le confinement. Celui-ci, tel qu’annoncé par le gouvernement ne fera qu’empirer cette situation car, même si certaines d’entre nous pourront reprendre leur travail, nous aurons à subir les injonctions à « rattraper le temps perdu » en travaillant encore d’avantage que d’habitude. Et pour les autres, qui resterons confinées dans les régions les plus touchées par le virus, aucune mesure n’est à l’horizon.
Quasiment deux mois après le début du confinement, aucune des mesures d’urgence tant attendues, n’a vu le jour, pour soulager les femmes et en particulier les plus précaires, les plus entravées dans leurs droits et les plus éprouvées par les conséquences de ce confinement. Pourtant ces mesures avaient été demandées par les femmes elles-mêmes et notamment les actrices de terrain. Notamment en ce qui concerne le soutien aux secteurs employant majoritairement des femmes indispensables au fonctionnement de la société pendant le confinement (santé, éducation, entretien des locaux, vente etc.). Ainsi est demandé un accès facilité à l’IVG et la contraception, la garantie des droits sociaux et économiques, l’accès aux services sociaux et à la santé, des droits pour les migrantes. Dans toute autant d’urgence, assurer la sécurité des femmes victimes de violences et une aide d’urgence aux femmes prostituées est nécessaire.
Non seulement l’ensemble des problématiques que nous soulevons n’a pas été abordé, mais les femmes, que le confinement précarise, violente, détruit, quand il ne les tue pas, sont renvoyées à des cadences infernales.
Nous sommes mises en danger par la passivité des pouvoirs publics, alors même qu’elles que nous sommes sont les premières concernées.
Être femme, c’est déjà être précaire. Mais, en temps de crise, cette précarité redouble. Précarité que nous devons également aux nombreuses mesures d’austérité prises ces dernières années : loi travail, chômage, retraite etc.
Il est aujourd’hui indispensable de :
- Soutenir les secteurs employant majoritairement des femmes et tous les métiers dits « de première ligne ».
- Garantir l’autonomie économique et les droits sociaux des femmes.
- Fournir des solutions permettant une réelle conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle durant le confinement. Cela jusqu’à la reprise normale de l’école et des modes d’accueil collectif de la petite enfance pour toutes et tous : permettre aux mères de famille qui le souhaitent de pouvoir conserver le chômage partiel après le 2 juin et de bénéficier d’aides complémentaires.
- Garantir la sécurité des femmes victimes de violences conjugales : éviction du domicile du conjoint violent, création d’emplois destinés à l’accompagnement des femmes victimes de violence etc.
- Soutenir les femmes en situation monoparentale.
- Soutenir toutes les personnes trans : Violences intrafamiliales, isolement, précarité, problèmes d’accès aux traitements, report d’opérations etc.?
- Soutenir l’accès des femmes à la santé et à leurs droits sexuels et reproductifs : IVG et contraceptions, santé mentale et physique.
- Garantir les droits des femmes migrantes (avec ou sans papiers) et de leurs enfants.
- Assurer la protection des femmes prostituées.
Commission Antipatriarcat de l’UCL, le 9 mai 2020