Créée par les ordonnances de 1945, la Sécurité sociale a pour but de couvrir tous les risques (maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès, accidents du travail et maladies professionnelles) et d’assurer la subsistance de soi et de sa famille, et ce, dans des conditions décentes. La Sécurité sociale était financée à l’origine par des cotisations à la charge des employeurs et des salariés et gérée par les partenaires sociaux, afin qu’elle ne soit pas à la merci des coupes budgétaires de l’Etat.
Les cotisations salariales indiquées dans le salaire brut sont un salaire différé. Les salariés ne le perçoivent pas directement, mais en bénéficient quand il s’agit de se prémunir des risques encourus durant son existence.
Aujourd’hui, ce « bout de communisme dans le système capitaliste » est en passe de s’effondrer sous les coups de boutoir du gouvernement car celui-ci sape ce qui faisait son fondement.
Avec la diminution des cotisations sociales et l’augmentation de la Contribution sociale généralisée qui est un impôt, la Sécu risque de se retrouver de plus en plus sous la coupe de l’Etat, toujours prêt à réduire son financement. Si l’impôt devient le principal financeur de la Sécu, alors cette évolution donne le droit à l’État de faire disparaître petit à petit celle-ci.
Les promesses de remboursement intégral des lunettes et des prothèses auditives et dentaires sont renvoyées à plus tard. Le tiers-payant n’est « techniquement » pas faisable : cadeau fait au lobby des médecins libéraux.
En revanche, le gouvernement insiste sur la lutte contre la fraude et les arrêts de travail abusifs. C’est le discours classique populiste contre les « profiteurs » des assurances sociales. Rappelons que les fraudes aux aides sociales représentent seulement 1,3 milliard d’euro contre 60 pour la fraude fiscale.
Pour Agnès Buzyn, ministre de la santé, 30 % des dépenses de l’Assurance-maladie ne sont pas « pertinentes ». Elle souhaite « fermer les lits qui ne servent à rien » et donc développer la chirurgie ambulatoire. Tout ça signifie bien sûr moins de moyens pour les hôpitaux publics. Les établissements se verront octroyer un bonus dès lors qu’ils répondront aux objectifs de pertinence et d’efficience de soins. Les bonus risquent d’être pour ceux-ci de simples bouées de sauvetage toujours remises en cause. A cela s’ajoutera l’augmentation du forfait hospitalier.
Il est important de défendre les fondements de la Sécu, comme ça été le cas durant les grèves de 1995 contre le plan Juppé. Un mouvement social doit s’organiser avec (entre autres) la revendication de la gratuité des soins pour toutes et tous, la fin des attaques contre l’hôpital public et l’extension de ses moyens.