Nous partageons ici l’analyse du 1er Mai de nos camarades de FOB Autonoma, qui profite de cette date pour rappeler encore une fois le rôle de femmes et de tou-te-s les opprimé-e-s en première ligne dans cette crise. Nous leur réitérons tout notre soutien, vive celles qui luttent !
Le 1er mai est une date qui commémore les luttes anticapitalistes, anti-patriarcales, antiracistes et anticoloniales. Nos ancêtres ont lutté comme nous pour vivre dans un monde plus juste afin que ceux d’en bas cessent de vivre dans la misère et la violence structurelle.
Qu’est-ce que cela fait de vivre un 1er mai dans l’isolement ?
Nous sommes en état d’urgence en raison de la pandémie de Covid-19 et de l’épidémie de dengue. Nous vivons un isolement physique sans accès à la nourriture, à la santé et dans des situations de surpeuplement. Cette situation s’aggrave dans les villages et les quartiers, où l’accès aux ressources de base est de plus en plus limité, dans une situation de vulnérabilité.
Dans ce contexte, le besoin de nourriture dans les quartiers est fondamental. Dans de nombreux cas, le nombre de personnes qui se rendent dans les cantines populaires à la recherche d’un repas a au moins doublé. Ces espaces sont soutenus par des femmes, qui travaillent dans une situation très précaire et ne peuvent pas accéder aux éléments minimums d’hygiènes nécessaires à ces tâches, tels que des masques, des gants, de l’alcool et du désinfectant. Celles et ceux qui exercent des emplois essentiels sont également précarisé-e-s, exposé-e-s dans des conditions insalubres et la plupart d’entre elles sont des « emplois féminisés », car ils sont liés à des rôles de soins qui sont généralement considérés comme féminin. Nous, les membres des coopératives, sommes les soutiens de nos familles. Nous dépendons d’autres emplois et échanges pour nous soutenir. Le gouvernement a pris une mesure « palliative » pour surmonter la situation de misère mais l’IFE* n’y est pas encore arrivé. Parmi les communautés de migrant-e-s, très peu ont pu accéder à la subvention d’urgence. En outre, le gouvernement a augmenté le budget des forces de répression et, ces derniers jours, a renforcé la présence de l’armée dans tout le pays, dans ce cas l’argent est suffisant pour répondre à leurs besoins. Depuis le début de la quarantaine, nous avons souffert d’abus de pouvoir de la part de la police et des différents groupes militaires.
Et, comme si ce contexte ne suffisait pas, les femmes, les lesbiennes, les travestis et les transsexuels, vivent pour beaucoup cette quarantaine isolé-e-s avec leurs agresseurs. Depuis le début de la quarantaine jusqu’au 26 avril, il y a eu 32 féminicides et les appels aux 144** ont augmenté de 40%, atteignant 87 féminicides et trans-féminicides depuis le début de l’année. Une fois de plus, nous constatons l’absence de politiques efficaces pour faire face à ce problème et l’État patriarcal qui ignore la situation de milliers de victimes de la violence machiste.
Ce sont nous, les femmes, les lesbiennes, les travestis, les transsexuels, qui mettent à nouveau nos corps en avant pour construire des réseaux afin d’apporter de la nourriture dans chaque foyer. Nous continuons à faire du travail de soins et nous sommes celleux qui sont le plus exposé-e-s chaque jour. C’est pourquoi, le jour des travailleuses et des travailleurs, nous dénonçons l’imposition du travail reproductif, la double exploitation et la violence que nous subissons dans nos emplois et dans nos foyers.
Nos vies en valent la peine ! Vive les travailleuses qui font vivre le monde depuis leur travail, leur quartier et leur maison ! Pour une quarantaine sans précarisation, avec un revenu pour tou-te-s celles et ceux d’en bas sans faim !