Le communiqué inter-organisations libertaires (syndicats, organisations spécifiques et assemblées) pour la grève générale de demain en Catalogne a été traduit par le secrétariat aux Relations Internationales de la CGA. Il est aussi consultable en ligne.
On choisit de lutter ! Le 3 octobre, toutes et tous à la grève générale !
Appel commun des syndicats, organisations spécifiques et assemblées anarchistes de Catalogne pour la grève générale du mardi 3 octobre 2017.
Les syndicats, organisations et collectifs signataires de cet appel souhaitent communiquer ici aux travailleuses et à l’ensemble des classes populaires notre positionnement par rapport aux événements qui ont eu lieu ces derniers jours dans les rues de nos villes et de nos villages.
Depuis plusieurs années, nous avons observé l’escalade de tensions dans un conflit, désormais historique, qui visait à réduire les droits fondamentaux de la population. Nous venons d’une tradition syndicale et politique qui a toujours dans l’histoire défendu les droits et les libertés de la classe opprimée et qui a pris la rue quand il le fallait pour arracher au pouvoir ce qui nous permet maintenant d’être les actrices et acteurs de notre présent et de notre futur.
En tant que libertaires et que partie active des mouvements syndicaux, populaires et associatifs de Catalogne, nous défendrons toujours le droit à l’auto-détermination des peuples – à commencer par le nôtre. Nous entendons cela comme un principe de base du confédéralisme, condition nécessaire à la cohabitation humaine dans un régime égalitaire. Nous disons clairement que toute émancipation complète est impossible sans avoir auparavant éliminer la structure économique qui la restreint, le capitalisme. Tant que cela n’a pas lieu, les conditions de vie de la classe travailleuse continueront d’être écrasées par une oligarchie espagnole et catalane qui sont toujours main dans la main pour imposer des contre-réformes en matière de droit du travail et pour diminuer les droits sociaux.
Cela étant, nous voulons dénoncer la militarisation et la répression que nous subissons de la part de l’État espagnol, qui dévoile par là son vrai visage autoritaire en imposant sa volonté jusqu’au bout, quelqu’en soient les conséquences. Nous nous sommes toujours opposé-e-s à quiconque voulait militariser la Catalogne – ou n’importe quel territoire – contre les grandes protestations populaires et toute aspiration d’émancipation sociale.
Nous nous opposons à la répression de l’État parce que nous l’avions expérimenté de manière systématique et continue dans nos propres corps, dans la rue et dans les entreprises. Pour cela également, nous voulons dénoncer la nature répressive de la Généralité de Catalogne, qui a, ces dernières années, persécuté, frappé, arrêté et emprisonné toutes celles et ceux qui ont refusé de regarder ailleurs quand les droits civils et humains du peuple étaient piétinés. Nous n’oublions pas la façon dont les Mossos d’Escuadra nous ont délogé de la place de Catalogne, ont arrêtés et traînés en justice des syndicalistes pour avoir participé à la manifestation qui avaient encerclée le parlement quand nos droits sociaux étaient rabotés. Nous n’oublions pas les arrestations et les emprisonnements des grandes opérations policières comme les récentes opérations Pandora ou encore les morts et les mutilations. En bref, nous ne permettrons pas qu’on nous prenne ce qui est à nous, quelque soit la couleur du drapeau dont ils se draperont.
Pour nous, l’auto-détermination et l’émancipation de nos villages et de nos villes ne peut se cantonner seulement dans une décision de marquage territorial concret. La liberté collective ne sera possible qu’avec l’action décidée du peuple et des travailleuses face à un État et des élites politiques qui maintiennent des structures antisociales, hétéro-patriarcales et oppressives qui sont aussi défendues par quelques-uns des acteurs du mouvement souverainiste catalan. L’autodétermination et l’émancipation ne seront possibles qu’à travers l’action insoumise des opprimées, ce qui veut dire par la défense et l’amélioration de leurs conditions matérielles de vie. La socialisation des moyens de production et de la richesse, l’élimination de toutes les formes d’oppression, comme l’hétéro-patriarcat et ses différentes structures de pouvoir, autant explicites qu’implicites, la liberté la plus large de décision et la participation de toutes à travers l’action directe et l’autogestion seront les éléments qui nous rendront réellement libres.
Ainsi, nous pensons que c’est le peuple, constitué en sujet politique et de classe, qui doit tenir lieu de base pour un grand changement social et c’est pourquoi nous saluons et défendons l’extension des organisations populaires de base pour pratiquer la désobéissance et faire front au contexte autoritaire existant. Nous voulons que cette attitude de désobéissance et de confrontation avec l’autorité aille encore au-delà de la conjoncture actuelle et soit opposée à toutes les injustices auxquelles nous sommes soumises.
Pour toutes ces raisons, nous faisons un appel aux travailleuses de Catalogne à participer aux mobilisations en défense de nos droits et de nos libertés et plus particulièrement à participer de manière massive à la grève générale convoquée pour le mardi 3 octobre. Parce que l’esprit combatif qui anime historiquement cette partie du globe ne sera pas éteint si facilement, parce que nous sommes la classe des travailleuses et des travailleurs et que nous voulons décider de tout, c’est notre tour de descendre dans la rue, c’est notre tour de lutter !
Signataires :
CGT Catalogne
Negres Tempestes (Tempêtes Noires)
Embat, organisation libertaire de Catalogne
Heura Negra, assemblée libertaire de Vallcarca
CNT Catalogne et Baléares
Oca Negra, assemblée libertaire du Clot-Camp de l’Arpa
Solidaritat Obrera (Solidarité Ouvrière)