Aujourd’hui, les contrats aidés représentent près de 460 000 emplois en Métropole. Démarrés dans les années 80, il s’agit d’emplois subventionnés par l’État présents dans les secteurs public et privé, tournés vers les personnes les plus éloignées de l’emploi : chômeurs-euses, personnes aux minima sociaux, personnes de plus de 50 ans, jeunes, etc.
Dans les faits, ces emplois au rabais ont permis à des entreprises d’être exonérées de charges sociales. Leur appellation a changé au fil des gouvernements : d’abord les TUC, puis les CES, ensuite les emplois jeunes (lancés par Martine Aubry pour les bac+2), ils ont atteint un niveau historique sous les gouvernements Jospin et Jupé, avec près de 800 000 contrats par an.
Ils ont permis aux différents gouvernements de jouer sur les chiffres du chômage avant la fin des mandats présidentiels. Chaque année post électorale, le nombre de contrats est revu à la baisse.
Repérés dès le début comme étant des emplois précaires tirant les conditions salariales vers le bas, (pas de prime de départ contrairement au CDD), ils ont malgré tout pris une place de plus en plus importante dans des secteurs clefs du champ social.
Pour faire face aux baisses de budgets publics, bon nombre d’associations et de collectivités territoriales ont utilisé ces contrats pour pouvoir embaucher du personnel à bas coût. L’accès à l’éducation, à la culture, au logement, l’urgence sociale, l’accompagnement des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des mineurs isolé-e-s, la plupart de ce qui touche aux missions d’intérêt général est devenu tributaire de ces emplois pour pouvoir fonctionner.
Aujourd’hui, plus de 120 000 personnes vont perdre leurs emplois et à l’horizon 2018, 100 000 de plus vont être mises sur le carreau. C’est une attaque sociale de plus qui va participer à la rupture des dernières digues de solidarité qui existent dans notre société.
La plupart des associations n’ont pas les moyens de pérenniser ces emplois, mais ils permettent de maintenir en vie des services, des structures d »accueil, d’accompagnement auprès des plus démuni-e-s. Ils permettent aussi que des associations tournées vers des démarches d’éducation populaire, de pratiques artistiques ouvertes à tou-te-s produisent du vivre ensemble et de l’ouverture aux autres.
Des emplois de misère pour gérer la misère,
La précarité du travail s’est accompagnée d’une réorganisation du travail avec une instabilité toujours plus forte pour les salarié-e-s, la montée en puissance d’une souffrance au travail. La mise à mal des droits syndicaux et de la médecine du travail (cf lois Macron, El Khomry, ordonnances Macron en ce moment) montrent clairement une volonté du pouvoir politique de renforcer ces logiques sans tenir compte des besoins sociaux et de l’intérêt général.
Le développement des CAE et leur suppression ne sont en définitive que deux facettes d’une seule politique, celle qui utilise le salariat comme variable d’ajustement dans la gestion de l’économie et qui assume la précarisation générale des salarié-e-s, à tel point qu’on parle aujourd’hui de période de « post salariat ».
Nous subissons l’économie de la misère au prix de nos vies. Il nous faut défendre nos droits en refusant maintenant la mise sur le carreau des 100 000 personnes en CAE, en essayant de fédérer les luttes pour exiger des emplois non-précaires et se battre plus globalement contre l’exploitation patronale. Pour cela, nous ne pouvons compter que sur notre capacité à nous auto-organiser et à fédérer nos luttes (casse du code du travail, contre la précarité etc.)