Le premier tour de l’élection présidentielle s’est tenu ce dimanche 10 avril. Les résultats de cette élection sont désormais connus et n’ont malheureusement rien de surprenant. Ainsi le second tour se jouera entre Emmanuel Macron qui a obtenu 27,84% et Marine Le Pen qui a elle même obtenu le résultat de 23,15%.
Aux résultats inquiétants de Marine Le Pen il faut ajouter les 7,07% d’Éric Zemmour qui démontre qu’il existe aujourd’hui en France une véritable tendance de fond pour la tentation fasciste. D’un autre côté les résultats de Mélenchon, pour important qu’ils soient, démontre que la gauche réformiste a pour le moment échouer son pari de réunir à nouveau les classes populaires et les aspirations d’égalité et de liberté dans son giron. Le haut taux d’abstention 26,31%, démontrant un fort recul de la croyance dans les institutions, ne doit pas être vu comme une donnée positive pour les révolutionnaires : elle indique bien d’avantage une désespérance qu’un ralliement à l’abstentionnisme libertaire politique. Cette même désespérance affecte la faible croyance dans l’action collective que les militant·es de terrain observent chaque jour.
Nous le savons, quel que soit le résultat, la période des cinq ans qui s’ouvrent sera probablement la plus violente pour notre classe que nos générations militantes ait connue. D’un côté, le projet antisocial et autoritaire de Macron et ses récentes déclarations ont le mérite d’être clair. La bourgeoisie libérale se prépare au saccage déjà bien entamé de nos conquis sociaux. Ses différentes promesses concernant le statut des enseignants, le travail forcé des bénéficiaires du RSA, la retraite à 65 ans, l’apprentissage à 12 ans et le SNU annoncent la militarisation de la société et la mise à mort de ce qu’il reste de socialisme en France. La nomination sous son quinquennat de ministres proches de l’extrême droite, la dissolution d’organisations de lutte contre le racisme ou de groupes d’actions antifascistes n’augurent rien de bon pour l’avenir. Personne n’est à l’abri et le combat sera rude.
D’un autre côté, le fascisme assumé d’Éric Zemmour ne doit pas nous faire oublier que Marine Le Pen est elle aussi une candidate fasciste. Son projet réactionnaire signifie le recul des droits des femmes, des LGBTI, et une violence toujours plus répressive sur les exilé·es et les déplacé·es. Son vernis social s’effrite au premier grattage car la bourgeoisie réactionnaire se moque des droits des travailleuses et des travailleurs et les propositions faites aux classes populaires sont des cadeaux empoisonnés : la baisse des cotisations sociales, c’est la mort de notre modèle social et de la solidarité en France.
Quel que soit le résultat, nous ne devons nous faire aucune illusion. L’extrême droite et l’ultra libéralisme ne seront pas arrêtés par les urnes. L’heure n’est pas aux règlements de comptes individuels ou collectifs. À l’Union communiste libertaire nous pensons qu’il ne faut pas opposer celles et ceux qui ont voté ou iront voter la mort dans l’âme pour faire barrage à l’élection d’une fasciste, et celles et ceux qui n’ont pas pu s’y résoudre ou ne pourrons pas s’y résoudre pour ce second tour. L’heure n’est donc pas pour les militant·es progressistes et révolutionnaires à s’accuser mutuellement d’avoir fait échouer telle ou telle candidature de gauche. L’heure est au contraire à l’organisation de la résistance et la construction de l’unité. Cette unité ne consiste pas en des accords électoraux, mais doit prendre place à la base. Dans les syndicats, entre les unions et confédérations syndicales, dans l’ensemble des contre-pouvoirs, mais aussi dans les quartiers populaires par l’auto-organisation des personnes qui y vivent. Elle doit également prendre place entre les structures et organisations progressistes et révolutionnaires dont le devoir est de travailler, ensemble et sans dogmatisme, à la construction de cadres antifascistes unitaires et massifs.
La responsabilité de chacun et de chacune dans la période est de s’investir massivement au sein des organisations de défenses des classes populaires, des exploité·es et des opprimé·es. Les syndicats, les organisations féministes et LGBTI, les organisations anti-racistes, les structures de défenses des mal-logé·es, sont aujourd’hui les derniers contre-pouvoirs qui, de par leur caractère de masse, nous permettrons d’éviter la barbarie que nous promettent les capitalistes.
Voici donc nos consignes pour le second tour et les cinq ans à venir : Organisez-vous! Syndiquez-vous! Si vous vous reconnaissez dans notre projet, rapprochez-vous des groupes de l’Union communiste libertaire. Les cinq ans qui s’ouvrent seront difficiles mais nous ne laisserons personne dire que nous avons perdu. L’urgence écologique le démontre : nous n’avons pas le temps de perdre. Alors organisons-nous, structurons-nous, et ensemble renversons le rapport de force. Cela ne dépend aujourd’hui plus que de nous.
Pour l’unité antifasciste! Pour l’organisation des classes populaires! Pour un changement radical de société!
Pour l’heure, nous appelons à participer massivement aux mobilisations qui auront lieu d’ici le second tour, notamment aux manifestations appelées partout en France ce samedi 16 avril : non à l’extrême droite, pour la justice et l’égalité!
Les rendez-vous :
- Bourg-en-Bresse : 14h30 place de la Préfecture
- Grenoble : 14h rue Félix-Poulat
- Lorient : 15h place Aristide Briand
- Lyon : 14h Jean Macé
- Paris : 14h place de la Nation
- Poitiers : 14h30 place de la mairie
- Rennes : 15h place de la République