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Anticapitalisme – Page 3 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Anticapitalisme


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    Métallurgie : Changeons d’air, socialisons Luxfer !

    19 Mai 2020

    L’usine Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme) était, jusqu’à sa fermeture en mai 2019, la seule dans l’Union européenne à produire des bouteilles d’oxygène médical. Malgré la crise sanitaire et le long combat des salariés contre la fermeture du site, l’État refuse toujours de nationaliser l’entreprise. Face aux appétits capitalistes et à l’incurie des pouvoirs publics, la socialisation de ­l’entreprise sous contrôle des travailleurs est une nécessité.

    Malgré le refus gouvernemental de réquisitionner Luxfer, Axel Peronczyk, délégué CGT de l’usine, ne désarme pas : « Pour nous la lutte continue. Elle ne s’est jamais arrêtée depuis l’annonce de la fermeture de l’usine en novembre 2018. On ne lâchera pas l’affaire, on tient à cette usine et à un savoir-faire unique qui nous rendait fier. J’espère que ces refus seront les derniers. ».

    Réputées pour leur légèreté et leur résistance, on retrouve ces bouteilles d’oxygène dans les ambulances, les camions de pompiers, les hôpitaux ou encore dans les maisons de retraite dans le cadre de l’assistance respiratoire et de l’oxygénothérapie. C’est un produit de première nécessité pour le secteur médical, particulièrement en situation de pandémie.

    Une pénurie serait catastrophique. Cela ne semble toutefois pas émouvoir le gouvernement, qui ferme la porte à toute possibilité d’une reprise sous capitaux publics, alors que les savoir-faire humains et techniques sont encore là. C’est ce même gouvernement, à travers le ministère du Travail, qui décida en 2019 de valider le motif économique prétexté par la direction pour fermer l’usine, passant outre les avis de l’Inspection du travail et de la Direction générale du travail.

    Un cas d’école sur l’irrationalité capitaliste

    Le cas de l’usine de Gerzat illustre, à lui seul, l’irrationnalité du système capitaliste et l’impasse dans laquelle il nous mène. Fleuron du groupe Luxfer – qui en avait fait l’acquisition en 2007 –, réputé pour la qualité de ses produits et l’existence d’un centre de recherche, le site de Gerzat était particulièrement rentable au point d’être la deuxième usine la plus profitable du groupe, avec une année 2017 record en termes de bénéfices (+55%). Cela n’a toutefois pas suffit pour rassasier les appétits des actionnaires du groupe Luxfer, représentants de fonds d’investissement gérant plusieurs centaines de milliards d’actifs.

    Axel Peronczyk résume ainsi les motifs de la fermeture de l’usine : « Le groupe Luxfer est en situation de quasi monopole sur le marché de la bouteille de gaz en aluminium. Sa stratégie pour faire encore plus de profit a été de prendre à la gorge tout le marché en créant une pénurie sur les produits haut de gamme afin de forcer les clients [pour la plupart liés à l’État…] à se réorienter vers ses produits bas de gamme à base d’acier, moins chers à fabriquer. Luxfer a alors monté de 12 % le prix de ces produits, afin d’augmenter encore ses marges. ».

    Un cas typique d’abus de position dominante, en théorie interdit, mais dans les faits inévitable : la formation de monopoles privés est inhérente à la logique capitaliste d’accumulation et de concentration des richesses. Elle se fait au détriment des salarié·s, du personnel médical et des patientes et patients – les bouteilles en acier ont une moindre durée de vie et peuvent dégrader le gaz contenu.

    Derrière la fermeture du site, de sombres calculs de l’actionnaire pour augmenter ses marges, au détriment de la qualité, et en abusant de sa position dominante sur le marché.

    Un projet de coopérative ouvrière

    Depuis bientôt deux ans, les ex-salarié·es n’ont pas ménagé leur peine pour maintenir l’activité et les emplois. Ils ont d’abord tenté de convaincre la direction de l’entreprise en jouant sur son terrain – chiffres et expertises à ­l’appui – pour lui démontrer qu’il était trois fois plus rentable d’investir dans la formation du personnel et dans de nouvelles productions l’argent qu’elle comptait dépenser pour fermer l’usine. Puis ils ont cherché un repreneur, sans succès, la plupart des repreneurs potentiels n’ayant pas l’envie ni les moyens d’affronter le géant Luxfer.

    Puis 55 ouvriers, beaucoup moins frileux, ont monté un projet de société coopérative. Chacun aurait mis de sa poche et le reste du capital nécessaire aurait été apporté par certaines collectivités locales et par le fond ­d’investissement de l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet était toutefois ardu puisque Luxfer leur interdisait de vendre sur 93% des marchés de la bouteille de gaz…

    Pour condamner définitivement tout projet de reprise, par un concurrent ou par les salarié·es, Luxfer a décidé, en janvier 2020, de casser l’outil de travail. C’était sans compter sur la combativité des ouvrières et ouvriers qui ont monté des barricades devant l’usine pour empêcher cette destruction (illégale) et pour empêcher, au passage, le déversement sauvage de milliers de litres d’huile industrielle qui auraient menacé la nappe phréatique…

    L’usine a été occupée pendant cinquante-trois jours, jusqu’au confinement du 17 mars. Les clés ont alors été remises par les salarié·es à la préfecture du Puy-de-Dôme qui a promis de « protéger » le site pendant cette période.

    La nationalisation, oui mais…

    Mais remettre les clés ne voulait pas dire déposer les armes. Les ex-salarié·es se battent aujour­d’hui pour que l’État nationalise l’usine et fasse redémarrer la production. C’est, de leur point de vue, le moyen le plus sûr pour « reprendre l’usine des mains de Luxfer » selon Axel Peronczyk. Et ils ne veulent surtout pas entendre parler pas de nationalisation temporaire, le temps d’injecter de l’argent public dans l’usine avant de la remettre entre les mains du secteur privé, comme cela arrive généralement avec les nationalisations !

    L’ensemble des structures syndicales de la CGT (fédération, confédération, unions interprofessionnelles) appuient les « Luxfer » pour faire avancer leur dossier de nationalisation définitive auprès du gouvernement. La gauche réformiste (LFI, PCF, PS) appuie cette demande à l’Assemblée nationale, avec parfois des accents protectionnistes et souverainistes.

    La nationalisation de l’usine aurait l’avantage de maintenir une production indispensable au système de santé. Mais elle ne saurait suffire. La nationalisation, ce n’est bien souvent que la propriété étatique, avec la continuité d’une gouvernance et d’un management capitalistes. L’exigence démocratique, c’est la socialisation, qui impliquerait que l’entreprise soit déclarée « bien commun » appartenant à la collectivité, et autogérée par les travailleuses et les travailleurs.

    Si on n’en arrive pas là, la reprise en main sous forme coopérative serait un premier pas, malgré les limites d’une telle expérience dans le cadre du marché. Elle appuierait l’idée d’un socialisme autogestionnaire organisant le travail sur des bases nouvelles, sans État-patron, en cohérence avec les besoins de la population. D’autant que l’utilité de la production n’est pas à démontrer (contrairement à 1939 où l’usine fabriquait des… obus !). Parce que le redémarrage de la production est possible et parce qu’il faut en finir avec les dirigeants politiques et économiques qui jouent avec nos vies, socialisons l’entreprise Luxfer !

    Dadou (UCL Clermont-Ferrand)


    D’AUTRES GÂCHIS INDUSTRIELS

    Luxfer est sous les feux de la rampe, mais d’autres entreprises utiles pour lutter contre la maladie sont en voie de fermeture.

    • En 2018, le groupe Honeywell a fermé son usine de fabrication de masques située à Plaintel (Côtes-d’Armor). Le site employait 300 ouvrières et ouvriers en 2010, elle tournait alors à plein régime suite à la crise du virus H1N1. L’État s’est désengagé, l’usine a été rachetée par Honeywell qui a enchaîné les plans sociaux avant de détruire les lignes de production. Le conseil régional envisage aujourd’hui de relancer la production sous forme de coopérative en faisant appel aux anciens salarié·es.
    • La multinationale finlandaise UPM veut revendre son usine de papier journal de Chapelle-Darblay, au sud de Rouen. Cette usine pourrait très bien évoluer pour produire des masques. Trois jours de grève ont eu lieu en janvier par crainte de licenciements.
    • A Lyon, Famar, sous-traitant de l’industrie pharmaceutique, est la seule usine en France produisant de la Nivaquine (à base de chloroquine), donnée à certains patients atteints de Covid-19. Elle emploie 250 ouvrières et ouvriers. Suite à l’arrêt de commandes par Sanofi, Merck etc., le groupe Famar a vendu ses usines, une partie a été rachetée par Delpharm, mais pas l’usine lyonnaise, qui n’aura plus de production en juillet. Le Sénat étudie sa nationalisation.
    • L’usine de matériel médical Peters Surgical, à Bobigny, a fait grève en octobre contre le licenciement de 60 des 134 salarié·es. Elle tourne aujourd’hui à plein régime, mais sans garanties pour la suite.

    Grégoire (UCL Orléans)



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    Médicament : un bien commun

    17 Mai 2020

    Des salarié·es de l’industrie pharmaceutique, professionnel·les de la santé, ancien·nes chercheurs et chercheuses, journalistes, syndicalistes et militant·es politiques publient un manifeste pour faire du médicament un bien commun. Nous relayons cet appel dans lequel l’Union communiste libertaire se retrouve.

    « Nous affirmons :

    • La santé est un droit universel […].
    • L’accès aux médicaments est un droit de la personne fondé sur le droit inaliénable aux soins.
    • L’égalité d’accès aux médicaments est une condition indispensable à la jouissance du droit à la santé. […]
    • La nécessité de supprimer la notion de propriété privée et de monopole des droits de propriété intellectuelle sur les médicaments attribués par les brevets d’invention.
    • Vouloir rompre avec la logique de la rentabilité financière pour donner la primauté à la protection de la santé publique.
    • Le principe d’une santé publique et environnementale à l’échelle planétaire, la création d’un nouvel écosystème, la refondation des coopérations internationales et la mise en place d’une sécurité sociale à vocation universelle. »

    C’est ainsi que s’ouvre le manifeste de la campagne « Médicament : un bien commun », dont l’objectif prioritaire est l’abolition des brevets sur les médicaments. L’Union communiste libertaire se reconnait dans ce manifeste et encourage toutes et tous à signer le manifeste et à faire connaitre la campagne.

    Union communiste libertaire, le 11 mai 2020

    cc Rawpixel

    Manifeste POUR UNE APPROPRIATION SOCIALE DU MÉDICAMENT

    Nous affirmons :

    • La santé est un droit universel : les États, les pouvoirs publics, tous les acteurs agissant dans le domaine de la santé, doivent garantir un égal accès de toutes et tous aux soins et traitements de qualité.
    • L’accès aux médicaments est un droit de la personne fondé sur le droit inaliénable aux soins.
    • L’égalité d’accès aux médicaments est une condition indispensable à la jouissance du droit à la santé. En ce sens, le médicament est un bien commun de l’humanité, sous condition d’une appropriation collective et démocratique des peuples, dans chaque pays et à l’échelle planétaire.
    • La nécessité de supprimer la notion de propriété privée et de monopole des droits de propriété intellectuelle sur les médicaments attribués par les brevets d’invention.
    • Vouloir rompre avec la logique de la rentabilité financière pour donner la primauté à la protection de la santé publique.
    • Le principe d’une santé publique et environnementale à l’échelle planétaire, la création d’un nouvel écosystème, la refondation des coopérations internationales et la mise en place d’une sécurité sociale à vocation universelle

    Contexte : La production des médicaments, analysée comme une production de marchandises,ne répond pas aux besoins des populations :

    Le marché mondial du médicament représente un chiffre d’affaire dépassant les 1.000 milliards d’euros avec une rentabilité de 20%, le plus rentable du capitalisme, donnant aux industries pharmaceutiques un pouvoir considérable dans le secteur économique.Considérant le médicament comme un simple bien marchand, les industries pharmaceutiques dépensent plus en frais de commercialisation, marketing, lobbying qu’en recherche & développement (R&D) tout en justifiant les prix de vente par le coût de la R&D.

    Sous prétexte de traitements innovants, un jeu de dupes s’établit entre les gouvernants, les décideurs de la santé et les dirigeants des multinationales du médicament qui obtiennent que leur soient payées au prix fort des molécules au service médical parfois modeste. Ils ponctionnent ainsi partout dans le monde les systèmes de prévoyance et les fonds publics comme celui de la Sécurité Sociale en France. Au mépris de la santé publique,et dans un manque total de transparence, les groupes pharmaceutiques s’assurent ainsi une source de profits confortables, à la grande satisfaction des actionnaires.

    L’industrie pharmaceutique, propriétaire des brevets de molécules championnes de la profitabilité, les blockbusters, a exploité à son maximum cette politique pour dominer le marché, générant des milliards de dollars. Au point de saturer par des molécules équivalentes certains domaines thérapeutiques alors que d’autres fondamentaux sont délaissés.

    A la recherche de nouvelles stratégies, les Big Pharma externalisent d’une part leur recherche vers les laboratoires publics ou de petites sociétés, et d’autre part, se réorientent vers le développement de produits biologiques, plus difficiles à copier, leur permettant ainsi d’exiger des prix exorbitants. Ces nouvelles thérapeutiques ne pourront bénéficier qu’aux marchés solvables. Cette logique commerciale oriente la recherche de manière discriminée conduisant à l’arrêt des recherches dans plusieurs axes thérapeutiques essentiels.

    L’application du système juridique des brevets aux médicaments donne un pouvoir discrétionnaire aux multinationales pour fixer les prix de vente. Le médicament est soumis au droit commun des produits brevetables. Sous l’argument d’inciter l’investissement en R&D dans les secteurs privés, l’application du système juridique des brevets aux médicaments préserve les firmes pharmaceutiques de toute concurrence durant les 20 années d’exclusivité.

    Depuis les années 1980, à l’instigation des grandes entreprises pharmaceutiques, les droits de la propriété intellectuelle sur les médicaments ne cessent d’être renforcés. Ainsi, sous l’égide de l’OMC, les accords sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC – Marrakech, 1994) fixent un modèle d’exploitation agressif de la propriété intellectuelle à l’échelle internationale, aggravé par les dispositions ADPIC+.

    Enfin sous couvert de développement de thérapies géniques et via les partenariats public-privé, les entreprises privées ont obtenu l’exploitation des titres de propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche publique universitaire, leur permettant ainsi d’étendre la brevetabilité au domaine du vivant (Bay-Dole-Act aux États-Unis en 1980, en Europe au cours des années 1990). C’est souvent le cas des thérapies ciblées dans le traitement des cancers (en fonction des caractéristiques génétiques), dont les prix sont tellement faramineux que seules des populations étroites ayant les moyens financiers pourront en bénéficier.

    Le prix de vente des médicaments, les marges qui en sont issues, ne s’expliquent que par l’application des brevets et le monopole qui en découle. La principale conséquence est d’avoir rendu difficile voire impossible l’accès de populations entières aux médicaments.

    Ce que nous voulons :

    • L’accessibilité universelle aux soins de santé et aux médicaments. Les autorités publiques doivent garantir ce droit selon les critères d’égalité, de qualité et de sécurité, ce qui implique une politique publique de santé, des services publics et des budgets de recherche à la hauteur des besoins.
    • Refuser la marchandisation des soins de santé dont les médicaments pour que les objectifs de santé publique ne soient plus dominés par le consumérisme des produits pharmaceutiques. Les médicaments essentiels lorsqu’ils sont « disponibles,économiquement abordables, de bonne qualité et bien utilisés » permettent de répondre aux besoins prioritaires de la population en matière de santé.
    • Refuser l’utilisation de population comme cobayes humains, contre nourriture ou toute autre rétribution, pour l’expérimentation de nouvelles molécules.
    • La sortie des stratégies de l’industrie pharmaceutique qui ont pour objectif la profitabilité du capital et exercent de fortes pressions sur les politiques publiques de santé. Pour ce faire,doivent se mettre en place de nouveaux modèles de R&D, de production et de distribution de produits de qualité, contrôlés par les citoyens.
    • Libérer et promouvoir la recherche : L’organisation et les orientations de recherche fondamentale doivent être libres de toute contrainte et ne pas être assujetties aux visées financières des firmes pharmaceutiques. L’utilisation des résultats de la recherche et le développement des innovations pouvant conduire à des améliorations thérapeutiques doivent être définies en fonction des besoins de santé publique de la population mondiale,dans l’intérêt général et sous maitrise citoyenne. Les coopérations internationales doivent être encouragées et les financements publics fournis à la hauteur nécessaire. Les résultats,au fur et à mesure de nouvelles découvertes ou innovations, doivent être rendus publics afin que le fond de connaissances scientifiques du monde soit enrichi et les savoirs partagés.
    • Refonder la législation internationale en matière de propriété intellectuelle et industrielle appliquée aux médicaments, sur la base de la primauté de la santé publique.
      • Le système des brevets sur les médicaments doit être abrogé. Les dérogations obtenues par certains pays permettant de contourner les brevets (licence obligatoires), ont certes fait temporairement reculer les firmes aux exigences exorbitantes, mais sans régler le problème sur le fond et le long terme.
      • Dénoncer les Accords sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce (ADPIC) et les dispositions ADPIC+ qui font perdre toute latitude en matière de politique de santé publique aux pays en voie de développement, et limitent celle des pays développés potentiellement producteurs.
      • Revenir sur la directive Européenne 98/44 relative à la brevetabilité des séquences génétiques et des organismes contenant des entités brevetables.

    Nous proposons à tous les acteurs et usagers du secteur de la santé, à se mobiliser pour l’appropriation sociale et publique de la chaine du médicament.

    Il est nécessaire et urgent de faire valoir les valeurs de solidarité et d’universalité au fondement de nos systèmes de santé. Il faut donc arracher le pouvoir de décisions à une infime minorité d’humains, actionnaires et décisionnaires, pour obtenir une réponse réelle aux besoins de milliards d’humains.

    L’appel « Médicament : un bien commun », avril 2020.



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    Âgé·es et dépendant·es : ne les laissons pas mourir aux mains des charognards capitalistes

    15 Mai 2020

    Le fait que les personnes âgées soient plus susceptibles de contracter la maladie n’explique pas à lui seul le formidable taux de mortalité dans les EHPAD. La privatisation forcenée de l’État et les coupes budgétaires payées par les salarié·es et les résident·es sont également responsables de la dégradation de la qualité des soins et du manque de matériel et de personnels.

    L’épidémie de Covid-19 qui frappe le monde touche particulièrement les plus ancien·nes. Si au début les chiffres annoncés par le gouvernement ne concernaient que les hôpitaux, de nombreuses voix se sont élevées pour que le décompte concerne également les maisons de retraites. À ce jour ce sont plus de 8300 personnes qui sont mortes dans les EHPAD soit près de 1,5% de la population de ces établissements. La situation est différente selon les maisons de retraites et certaines ont été particulièrement touchées comme à Mougins où un tiers de résisdent·es sont mort.es du Covid-19 [1], où à Saint-Germain-en-Laye où les décès représentent un quart des résident.es [2]. Mais la situation est également dramatique dans beaucoup d’autres et ce malgré le travail acharné des personnels. Toutes ces personnes sont mortes éloignées de leurs proches du fait du confinement mais pas seulement. Et nombreuses sont les plaintes de familles.

    Une chape de plomb sur ces décès

    En effet, celles-ci ont souvent été prévenues tardivement et parfois indirectement par la presse. En réalité, c’est une chape de plomb qui a été posée sur ces maisons de retraites : des familles ont ainsi reçus des nouvelles mensongères sur leurs proches, via les maisons de retraites qui leur disaient que tout allaient bien alors qu’ielles étaient malades, sous respirateurs ou hospitalisé·es. Pire, lors des décès les causes de la mort n’ont pas toujours été révélées immédiatement aux proches.

    Les raisons de cette omerta tiennent à deux raisons : d’une part les Agences Régionales de Santé (ARS) qui sont les relais locaux du ministère de la santé et qui, dans une logique technocratique, ont demandé aux maisons de retraites de ne pas diffuser ces informations ; d’autre part, du côté de certains groupes privés, une logique de marketing, dans le cadre d’un marché concurrentiel où les résident·es et leur famille sont les « client·es » et où il s’agit de montrer une bonne image à tout prix en masquant volontairement ce qui ne va pas [3].

    Un nombre de décès qui interroge

    Autre interrogation : comment expliquer cette hécatombe ? L’argument de l’âge et de la fragilité du public concerné n’est pas suffisant. Dans de nombreuses maisons de retraites les salarié·es ont alerté très tôt les autorités sur le manque de matériel de protection ou de personnel pour organiser le confinement et les distances corporelles dans ces établissements. Certain·es ont même été licencié·es pour avoir donné l’alerte [4]. Là aussi, l’amateurisme des autorités publiques ou privées a été total et est sans aucun doute responsable de ce nombre élevé de décès.

    Les responsabilités devront être déterminées et les responsables devront rendre des comptes. Car, au-delà de l’épidémie de Covid-19, ce que met en lumière ce scandale c’est l’incurie qui règne dans ces établissements au détriment des personnes prises en charge et des salarié·es.

    Une privatisation organisée par l’État…

    Depuis 1997 l’État a organisé la privatisation rampante des maisons de retraite. D’abord, en créant un marché concurrentiel et en l’ouvrant à des entreprises privées à but lucratif. Ensuite, en fonctionnant dans une logique d’appel d’offre et en imposant des normes de management public (évaluation, performance, austérité) qui ont favorisé l’émergence et le développement des établissements privés à but lucratif au détriment des établissements publics comme ceux privés à but non lucratif [5] qui eux se trouvaient soumis à une logique de performance. De gros groupes privés ont ainsi une main croissante sur le marché des 7200 EPHAD et représente environ un tiers de ceux-ci. Le marché est juteux : ainsi pour un EHPAD, de 121 lits, privé à but lucratif du sud de la France le bénéfice annuel est de 400 000 euros avant impôt [3] ! Rien d’étonnant à ce que des fonds de pension investissent ce marché : cynisme absolu du capitalisme quand l’épargne retraite sert à exploité la dépendance âgée ! Et pendant que nous comptons nos mort·e·s les dirigeants des groupes privés s’installent dans les plus grandes fortunes de France [6].

    … Sur le dos des salarié·es et des résident·es

    Cette privatisation par un développement de l’offre privée lucrative et un développement d’une logique de performance dans les autres établissements a une double conséquence.

    D’une part, les conditions de travail sont déplorables : dans les EHPAD il y a trois fois plus d’accidents de travail déclarés que dans la moyenne nationale du fait de conditions de travail éprouvantes (horaires décalés, pression au rendement, sous-effectifs) dans un contexte de développement de contrats précaires (contrats aidés, intérim) pour un secteur qui embauche 87% de femmes, souvent des mères isolées [7]. D’autre part, sur les conditions d’accueil et de vie des personnes hébergées. Certains EHPAD n’ont un budget que de 4 euros par résident·e pour tous les repas de la journée [3], la pression au rendement conduit les salarié·es a devoir rationnaliser de manière industrielle le temps de toilette, de repas, etc. Ainsi ce personnel, n’a aucune marge de manœuvre pour établir avec les résidents du lien social, alors que ces personnes âgées sont de par un isolement relatif ou entier, dans un manque certain de relation affective. Enfin, cette privatisation mène près de la moitié des EHPAD, comme n’importe quel commerce, à mentir, à tromper ses « client·es » sur les tarifs ou les services dans une logique de pressurisation du « client·e » [8].

    Socialisation des EPHAD : pour un service public pour les personnes âgées dépendantes

    Ces données mettent en lumière la logique profondément mortifère du capitalisme. Les capitalistes, qu’ils agissent dans des groupes privés ou au service d’un État bourgeois, ne guettent que leurs profits. Et dans un contexte de vieillissement de la population ils trouvent le moyen de faire de l’argent sur le dos de personnes en fin de vie ou dépendantes ! Nul sens de la dignité ou de respect de la mort ou du grand âge chez ces charognards !

    Voilà pourquoi il est urgent d’en finir avec la privatisation de ces EHPAD, la logique d’austérité et de performance imposée par l’État. Nous devons réaliser la socialisation de ces établissements et le développement d’un service public du grand âge et de la dépendance, où les salarié·es, les résident·es et leur famille décideraient elleux-mêmes des moyens à mettre en œuvre pour satifaire les besoins essentiels de cette population fragile.

    De la même façon il est tout aussi urgent de développer un service public conséquent de l’aide à domicile pour tous et toutes celles et ceux qui souhaient et peuvent rester à domicile alors que dans ce secteur, géré par des grosses associations dans un cadre d’austérité budgétaire, les salaré·es sont soumis·es à une très forte précarité. Cet exemple montre encore une fois qu’il sera salutaire de nous débarasser de la prédation capitaliste.

    Les profits contre notre santé, quelque soit notre âge, ensemble contre le capital et solidaires face à la crise sanitaire !

    Groupe Toulouse et alentours de l’UCL le 2 mai 2020

    [1] Ehpad : les morts, les familles et le mur du silence, par Béatrice Jérôme, Lorraine de Foucher et Sofia Fischer pour Le Monde le 23 avril 2020

    [2] Des familles se battent face à des directions d’Ehpad muettes,par Mathilde Goanec pour Médiapart le 8 avril 2020

    [3] Maltraitance en maison de retraite : « Le business des seniors est impitoyable », par Marc Payet pur le Parisien le 26 février 2019

    [4] Deux infirmiers « virés » d’un Ehpad de Toulouse car ils réclamaient des masques, la police intervient, par Géraldine Jammet pour la Dépêche le 21 avril 2020

    [5] Le processus de privatisation du secteur des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, par Ilona Delouette et Laura Nirello dans le Journal de gestion et d’économie médicales 2016/7 (Vol. 34) le 1er mars 2017

    [6] Classement CHALLENGES des fortunes de France : les propriétaires d’exploitants EHPAD en bonne position, par EHPAD.com

    [7] Vieillesse en détresse dans les Ehpad, par Philippe Baqué pour le Monde Diplomatique en mai 2019

    [8] Une maison de retraite sur deux trompe ses clients, par Mathilde Golla pour le Figaro le 17 mars 2014


    Par Sylvain Anticapitalisme Santé

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    Industrie pharmaceutique : comment on peut la socialiser

    15 Mai 2020

    C’est une filière indispensable pour produire, en grande quantité, des tests de dépistage et une molécule qui donnerait des résultats contre le virus. Elle l’est également, hors contexte d’épidémie, pour produire des vaccins et des médicaments contre les maladies chroniques par exemple. La laisser entre les mains d’intérêts privés, c’est aller vers de nouvelles catastrophes.

    C’est parce que l’industrie pharmaceutique est soumise à la loi du profit que sa production a été délocalisée, notamment en Chine et Inde, afin de baisser les salaires et les conditions de contrôle sur les médicaments [1].

    L’Inde fournit 20 % de la demande mondiale. Or l’État indien a décidé, après avoir décelé six cas de coronavirus, de restreindre l’exportation de 26 médicaments (antibios, paracétamol, un antiviral…) pour sécuriser son approvisionnement [2]. Les chaînes d’approvisionnement en médicaments ont ainsi été considérablement complexifiées, la doctrine libérale de gestion des stocks à flux tendu n’arrangeant rien.

    Mais cela ne date pas de la pandémie. En une décennie, les ruptures de stock de médicaments en France ont été multipliées par 12 [3] : anti- infectieux, vaccins, traitements contre l’épilepsie ou Parkinson, anticancéreux, aujourd’hui craintes des malades chroniques dont les associations ont signé une tribune avec des scientifiques et des responsables CGT et Solidaires [4]. La relocalisation de la production de médicaments en France ou en Europe est aujourd’hui en débat. Mais tant que cette production restera soumise à la loi du profit, ça ne sera pas suffisant.

    Les entreprises françaises chercheront à maximiser leurs profits par d’autres biais que les délocalisations : en se concentrant sur les médicaments qui rapportent, en gérant les stocks en flux tendu, en changeant les formules pour déposer de nouveaux brevets [5], ou en faisant du lobbying pour que ce soient les traitements les plus onéreux qui soient remboursés et donc prescrits [6]. D’ores et déjà, Sanofi tire parti de la crise en annonçant l’externalisation de 6 de ses 11 sites européens (soit plus de 1.000 salarié·es en France et 3.000 en Europe), soit-disant pour mieux lutter contre les pénuries, en réalité pour se débarrasser des sites produisant les médicaments les moins lucratifs [7].

    Assoiffé de profit, le géant Sanofi enchaîne les plans de restructurations, notamment dans la recherche, où 2 500 postes ont été supprimés en dix ans. © Peter Sondermann

    Ce que signifie contrôle populaire

    Sortir cette industrie de la loi du marché en la socialisant est donc une question de santé publique. Socialiser, ça ne veut pas simplement dire la réquisitionner le temps de la crise : en effet, réorganiser une production largement délocalisée, ça ne va pas se faire du jour au lendemain.

    Socialiser, ça ne veut pas dire nationaliser, au sens où l’État deviendrait actionnaire majoritaire voire unique, mais où l’on resterait dans le cadre de la concurrence capitaliste, en s’imaginant que l’État aux commandes, « ça sera moins pire ». On voit bien où peut nous conduire le cas d’Air France que le gouvernement envisage de renationaliser parce que la compagnie est en difficulté… en annonçant qu’il la revendra une fois la crise passée – et sans doute après y avoir injecté moult argent public, ce qui veut dire socialiser les pertes et privatiser les profits !

    Socialiser, pour commencer ça veut dire exproprier les capitalistes qui possèdent les entreprises de la filière. Sans indemnités il va de soi. Ils ont suffisamment profité des bras et des cerveaux de leurs salarié·es, et vécu sur le dos de la Sécurité sociale. Mais socialiser, ça ne veut pas non plus dire une concurrence entre des entreprises autogérées, ce qui conduirait à coup sûr à des dérives similaires.

    L’organisation du travail serait de la responsabilité des travailleurs, mais la finalité de la recherche et de la production serait sous contrôle populaire, par le biais d’une planification démocratique. La population, à travers ses représentant·es (mandaté·es révocables et/ou tirées au sort, représentant·es d’associations de malades) déciderait, en concertation avec la filière socialisée, des priorités de la recherche et de la production. Une caisse d’investissement financée par la cotisation sociale, sur le modèle de la Sécu, dégagerait cette filière de la loi du profit [8]. L’utilité de chaque métier [9], de chaque site et de son éventuelle reconversion écologique pourrait ainsi être questionnée.

    Malgré le fait que Sanofi saborde son secteur recherche et a réalisé un bénéfice net de 2,8 milliards d’euros en 2019, le groupe touche 150 millions de Crédit impôt recherche par an. © Randy Monceaux

    Ne pas s’en tenir à cette filière

    Mais finalement, ce raisonnement, on peut l’appliquer à toutes les entreprises. Qu’on le veuille ou non, c’est indispensable. Toute l’économie est imbriquée : la pharmaceutique dépend de l’approvisionnement en matières premières [10], en machines, de la logistique, etc. Or la socialisation d’une partie de l’économie se solderait nécessairement par des mesures de rétorsion de la part des capitalistes : pénalités de l’Union Européenne ou barrières douanières, jusqu’à l’exemple d’un coup d’État comme au Chili en 1973. On pourrait imaginer le patronat des transports refusant de livrer les entreprises socialisées, ou bien celui la chimie refusant de livrer des consommables, en prétextant du désordre causé par la socialisation.

    Mais cette imbrication est également internationale. Certains médicaments nécessitent une collaborations entre pays, notamment quand un petit nombre de malades est concerné. Il faudra donc pousser à la socialisation au-delà les frontières, et briser la dépendance commune aux intérêts privés.

    Ne socialiser qu’une partie de l’économie n’est pas suffisamment cohérent. Mais dans le contexte d’une pandémie qui a ouvert les yeux à beaucoup de monde, on peut gagner une majorité d’idées sur la nécessité de socialiser le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique. Un objectif intermédiaire avant d’aller vers la socialisation générale des moyens de production.

    Grégoire (UCL Orléans)

    © François Terrier

    [1] Un tiers des médicaments produits en Inde sont non conformes (Le Monde, 11 janvier 2018).

    [2] « Covid-19 : l’Inde restreint l’exportation de 26 médicaments et API », Industriepharma.fr, 3 mars 2020.

    [3] « Coronavirus : la chaîne d’approvisionnement des médicaments remise en cause », RFI, 6 mars 2020.

    [4] « Pénurie de médicaments vitaux, tests et équipements : l’appel des personnalités ! », à retrouver sur le blog Mediapart de Pauline Ondeix, 7 avril 2020.

    [5] Comme cela s’est fait avec le Levothyrox en 2017, ce qui a conduit à une vague d’effets secondaires indésirables chez les malades.

    [6] Simon Gouin, « Lobbying : comment l’industrie pharmaceutique prend d’assaut les institutions européennes », Bastamag.net, 24 mai 2019.

    [7] « Le grand coup de bluff du groupe Sanofi », L’Humanité, 16 avril 2020.

    [8] Sur ce point, et dans ce cadre – socialisation d’un secteur industriel particulier en dehors de la révolution globale de l’économie et de la société que prône l’UCL – nos idées peuvent rejoindre celles de Bernard Friot, « La cotisation, levier d’émancipation », Le Monde diplomatique, février 2012.

    [9] On pense ici aux métiers parasites comme celui de représentant médical.

    [10] C’est par exemple l’approvisionnement insuffisant en réactifs qui limite aujourd’hui la production de tests de dépistage. « Les “réactifs” au cœur du manque de tests », Libération, 29 mars 2020.


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    Distribution des masques : à chacun·e selon ses besoins !

    12 Mai 2020

    Décidément, le déconfinement sera tout autant inégalitaire que le confinement : le port du masque va être rendu obligatoire dans bien des cas, mais les masques, eux, ne seront pas gratuits. Ils vont même lourdement grever le budget des familles modestes. C’est encore la sacro-sainte loi du marché qui va prévaloir ! Pour l’UCL, cela démontre une fois de plus la nécessité d’une socialisation de la production du matériel médical et de prévention, et sa distribution gratuite et régulée, en fonction des besoins de chacune et de chacun.

    Plusieurs villes comme Paris, Nice, Bordeaux ou encore Lyon veulent imposer le port du masque dans tout l’espace public. En région parisienne, ce sera 135 euros d’amende pour non-port du masque dans les transports en commun.

    Or un masque devrait coûter entre 3 et 5 euros, nous annonce-t-on pour les masques en tissu. Ceux en papier devraient être vendu aux alentours de 1 euro. Chaque masque ne peut être porté que pendant quatre heures d’affilée. Et il est recommandé de jeter les masques en tissu au bout de 5 à 10 lavages. Ceci représente un coût supplémentaire pour nombre de précaires qui déjà n’arrivaient pas à finir le mois. Il faudra acheter des masques pour soi, des masques pour les enfants. Et pour les migrant·es, les sans domicile fixe, qu’en sera-t-il ?

    Un entretien compliqué

    Au-delà de ce coût, il sera question aussi du lavage. L’Afnor et l’ANSM préconisent un lavage en machine de trente minutes à 60°C, suivi d’un séchage rapide et d’un repassage vapeur à 120°C. Autant dire que cela suppose de disposer d’une machine, d’un sèche-linge et d’un fer à repasser. Et pourtant nombreuses et nombreux sont ceux qui n’ont ni les moyens ni l’espace pour disposer de la panoplie complète.

    Pour les précaires, les SDF ou les migrant·es, se protéger sera complexe. On peut craindre que les masques soient portés à plusieurs reprises sans être lavés. Moins pour se protéger du virus que pour éviter une amende. Pourtant l’INRS nous dit que le risque d’infection respiratoire est plus important lorsqu’on porte un masque en tissu que lorsque l’on porte un masque chirurgical. Au-delà du coronavirus, ce sont des germes, champignons et autres virus qui vont se développer dans des masques.

    cc Coburn Dukehart

    La loi de la jungle

    Certaines collectivités territoriales ont promis des distributions de masques gratuits, mais se sont heurtées à la dure réalité : les capacités productives du pays ont été tellement réduites à force de délocalisations et de fermetures de site, comme celui de Plaintel (Côtes-d’Armor) que cet équipement basique et de première nécessité est devenu excessivement difficile à trouver.

    C’est la foire d’empoigne sur le marché mondial et même la concurrence entre l’État et les collectivités locales ! Le marché noir explose. Des convois se font braquer, comme celui de 200.000 masques destinés à plusieurs communes franciliennes, le 7 mai en Espagne.

    Pour l’UCL, le meilleur remède à la loi de la jungle, c’est la socialisation sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs, et la relocalisation, dans ce cadre, des capacités productives sans lesquelles toute autonomie est illusoire. Et le seul remède à la loi du fric, c’est la distribution, gratuite et régulée, à la population.

    De chacun·e selon ses moyens, à chacun·e selon ses besoin !

    Union communiste libertaire, le 9 mai 2020



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    Une carte des colères au travail en temps de pandémie

    01 Mai 2020

    Construire une vue d’ensemble des colères et des résistances dans le monde du travail depuis le début de la pandémie du Covid-19 : voilà l’objectif premier de cette carte interactive en ligne. Pensée et alimentée, au départ, par le travail de quelques-un.es, cette carte se veut désormais participative, elle appartient donc à toutes celles et ceux pour qui elle est utile. Elle a vocation à être appropriée par le plus grand nombre et c’est pour cela, qu’en l’état, elle ne saurait prétendre à l’exhaustivité.

    Si vous constatez qu’un conflit dont vous avez connaissance n’y figure pas, n’hésitez pas à l’enrichir par vous-mêmes. Une équipe de modérateurs et de modératrices validera les publications au fur et à mesure, afin de s’assurer qu’elles ne mettent pas en danger des équipes syndicales ou des collectifs de travail face à leur direction.

    Une caisse de résonance des luttes du monde du travail face au Covid-19

    Durant cette crise sanitaire, tout le monde a entendu parler des secteurs essentiels comme la santé ou la grande distribution, où les travailleurs et travailleuses ont été envoyé·es « en première ligne », sans protection ni tests. On a aussi beaucoup parlé des grosses entreprises comme Amazon – condamnée en justice – ou de secteurs clés comme la construction, l’automobile ou encore l’aéronautique. Soit parce que les entreprises ont cherché à maintenir à tout prix leurs activités, soit parce qu’au contraire elles se sont momentanément arrêtées.


    Cliquer pour accéder à la carte interactive


    Des inquiétudes, parfois des résistances, ont surgi de manière spontanée et diffuse. Pour avoir une vue d’ensemble de ce qu’on pourrait qualifier de « mouvement social », il a fallu scruter la presse locale, qui a rendu compte de grèves et débrayages inattendus – les papeteries Allard ou Saverglass –, et la presse spécialisée, pour des portraits, des enquêtes ou des reportages. Grâce à cette carte des colères au travail, on peut embrasser ce phénomène à une large échelle.

    Et quel meilleur jour pour rendre ce nouvel outil public que le 1er mai, journée internationale des luttes des travailleuses et des travailleurs ? Alors que nous sommes encore officiellement confiné·es et que la liberté de manifester dans la rue est restreinte, c’est la première fois en France, depuis 1945, qu’il n’y aura pas de défilés syndicaux pour le 1er mai. Publier cette carte aujourd’hui est aussi une manière de faire vivre cette date symbolique dans ces conditions particulières.

    Préparer le jour d’après !

    Enfin, cette carte a pour objectif de visibiliser les résistances d’aujourd’hui, qui alimenteront celles de demain. Elle s’inscrit dans un ensemble d’initiatives et de réponses formulées par celles et ceux d’en bas face à la crise sanitaire et aux choix désastreux qui sont faits par l’exécutif et le patronat. Il s’agit de penser dès maintenant un plan plus global de riposte face à la situation, notamment en vue de préparer l’immédiat « déconfinement » et les crises économique, sociale, alimentaire et évidemment sanitaire qui se profilent.


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    Locataires solidaires, nous suspendons notre loyer !

    01 Mai 2020

    De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu. Face à ça, une action collective est proposée par cet appel : suspendre son loyer. Un appel soutenu par l’Union communiste libertaire (UCL).

    De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu : dispositifs de chômage partiel qui ne compensent pas la diminution du salaire, absence totale de revenus pour beaucoup de travailleurs parmi les plus précaires ou du secteur informel…, risque de licenciements économiques accru, difficultés et retards d’accès au chômage technique ou à l’assurance maladie…

    Le confinement représente aussi une charge financière supplémentaire : hausse de la charge alimentaire (plus de cantines scolaires ou d’entreprise, de tickets restaurant,…) d’eau et d’électricité ; et va fragiliser de nombreux locataires du parc HLM et du marché privé.

    En Allemagne, un moratoire des loyers pour une période de 3 mois est instauré pour les locataires en difficulté, avec un délai de paiement s’étendant jusqu’à septembre 2022. À Lisbonne, ainsi qu’à Barcelone, les maires ont gelé le paiement des loyers dans leur parc HLM jusqu’en juin. Le paiement des prêts immobiliers est suspendu dans toute l’Espagne, les locataires Suisses peuvent suspendre sans sanction leur loyer pendant 3 mois, les gouvernements Canadiens et Anglais versent une aide aux locataires …

    En France, où les loyers n’ont jamais été aussi chers et sont parmi les plus élevés d’Europe, le Gouvernement n’agit pas, hormis le report de 2 mois de la fin de la trêve hivernale, des expulsions et des coupures d’énergie, et la suspension quelques semaines des procédures d’expulsion pour les impayés de l’état d’urgence. Il prend le risque inconsidéré de provoquer des procédures d’expulsion massives et d’ajouter à l’angoisse générée par l’épidémie celle des locataires en difficulté économique. Le Gouvernement ne répond pas aux associations qui l’alertent sur la nécessité d’un moratoire des loyers.

    C’est pourquoi, nous, signataires, décidons de suspendre le paiement de notre loyer durant l’épidémie, par solidarité avec les locataires en difficulté et pour la mise en place d’un moratoire pendant la pandémie et ses suites.


    Pour rejoindre et soutenir l’appel : https://www.loyersuspendu.org


    Pour les locataires du parc HLM et du secteur privé qui veulent rejoindre ce mouvement :

    • dans un premier temps, suspendre au plus vite le prélèvement bancaire automatique ;
    • dans un second temps, si le gouvernement reste sourd à la détresse des locataires en difficulté, d’ici la prochaine échéance, suspendre le loyer en s’assurant auparavant de ne pas se mettre plus en difficulté.

    Nous demandons que le gouvernement :

    • Prononce un moratoire des loyers pour les locataires en difficulté
    • Suspende toute sanction à l’encontre des locataires (actes d’huissier, rejet de prélèvement, suspension du bail en cas d’échéancier)
    • Prévoit un budget à la hauteur des besoins pour apurer la dette des locataires et accédant.e.s en difficulté
    • Organise très rapidement une baisse des loyers, l’augmentation des APL, l’arrêt des expulsions, la réalisation massive de vrais logements sociaux.
    • Nous demandons aux communes, départements et intercommunalités à la tête d’un organisme HLM, et à l’ensemble des bailleurs, de ne prendre aucune sanction à l’égard des locataires solidaires et de leurs locataires en difficulté du fait de la pandémie.


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    Que penser de la crise pétrolière, et autres nouvelles économiques

    30 Avr 2020

    Cette note a été réalisée par le groupe de travail Économie de l’UCL, visant à synthétiser les données essentielles sur la situation économique que nous traversons avec la crise du coronavirus. Elle est aussi sourcée et factuelle que possible, et vise à mettre en lien les principales données sur la conjoncture économique avec des analyses politiques et sociales plus générales. Elle a néanmoins été réalisée par des militants qui ne sont pas des professionnels de l’économie. n’hésitez pas à signaler toute erreur au groupe de travail.

    État de la production et de l’emploi

    Le point de conjoncture de l’INSEE en date du 23 avril nous apprend que l’économie française fonctionne à niveau de 35 % inférieur à la situation ordinaire. Sur la seule sphère marchande, la perte est estimée à – 41 %, et même à – 49 % en excluant les loyers. Si l’on resserre la focale sur l’agriculture, la perte d’activité s’accentuerait légèrement : –13 % contre –10 % il y a deux semaines. À l’inverse, dans l’industrie et la construction, la réouverture des entreprises atténue légèrement la perte d’activité : –39 % contre –43 % dans l’industrie –79 % contre –88 % dans la construction.

    L’activité partielle est de mise pour 10 millions de salariés, et les embauches sont en baisse de 22.6%. Les conséquences pour les comptes de la sécurité sociale sont désastreuses : le déficit prévisionnel « optimiste » table sur 41 milliards d’euros, en partant du principe que les reports de cotisations patronales seront payées d’ici décembre 2020. Or, le gouvernement travaille déjà a son annulations pour certains secteurs… [1]

    La consommation des ménages serait quant à elle inférieure de 33 % à sa normale. On remarque que l’agitation médiatique, la communication et les mesures gouvernementales qui encouragent la reprise ont peu d’effet sur la production et la demande. La relance de la production sera longue et dresser des perspectives sur le long terme est compliqué. Pour l’ensemble des secteurs, l’INSEE dénombre 80% de patrons pessimistes, chiffres qui dépassent ceux de la crise de 2008. [2]

    Du côté du pétrole, les conséquences d’un épisode de tensions entre pays producteurs notamment entre la Russie et l’Arabie Saoudite se font encore sentir. Le 12 Avril, 23 pays producteurs (Opep +) ont certes trouvé un accord pour limiter leur production, malgré les tensions entre Ryad et Moscou : 10 millions de barils de moins seraient produits chaque jour. Mais cet accord ne prendra effet que le 1er mai. Du reste, on peut penser que cette diminution pourtant importante ne suffira pas à rééquilibrer le marché. [3] [4]



    Situation de la sphère financière

    Cette semaine, on a beaucoup glosé sur le prix du baril de pétrole [5], qui est devenu négatif à New York le lundi 20 avril. Ce petit événement n’indique en réalité pas grand-chose de positif ni, en réalité, grand-chose d’intéressant. Bien sûr, il est symptomatique de la chute brutale de la production économique en général, qui a beaucoup diminué la demande de pétrole. Cela se traduit par des réserves excessivement élevées, au point que les capacités de stockage sont saturées : les propriétaires cherchent donc à se débarrasser de leurs réserves, quitte à vendre à perte. [6]

    Il ne faut cependant pas exagérer l’importance de l’événement. D’une part, ce prix concerne surtout les États-Unis et le Canada, parce qu’il prend pour référence le « West Texas intermediate » (WTI), une forme de pétrole brut exploitée en Amérique du Nord, et non le « Brent » qui fait référence en Europe. [7] Or, le Brent « sert de base tarifaire aux deux tiers de la production mondiale  [8] et se maintient à un prix qui gravite autour d’une vingtaine de dollars pour chaque baril, avec une tendance à la baisse. Par ailleurs, les prix du WTI sont rapidement remontés après le plancher de lundi. [9]

    En clair, ce qu’il faut retenir, ce n’est pas cet éphémère prix négatif mais la diminution générale des prix du pétrole à moyen-terme, qui est une mauvaise nouvelle : cette baisse marque le caractère irrésolu des conflits diplomatiques entre pays vendeurs et acheteurs de pétrole et la crise économique extrêmement grave que nous traversons. L’impact de cette baisse sur les prix de l’essence à la pompe est assez limité : le coût du carburant est grandement déterminé par la réglementation des autorités et par le niveau des taxes sur lesquelles l’État s’engraisse… [10] Quant aux effets écologiques, ils restent assez incertains : l’instabilité du marché pétrolier peut avoir tendance à décourager les investissements dans ce secteur, mais des prix durablement faibles du pétrole réduisent la compétitivité des énergies renouvelables. [11] [12] Après la crise, il est donc tout à fait probable que la reprise économique soit extrêmement consommatrice de pétrole faute de mesures politiques favorables à une transition énergétique ambitieuse.

    La chute des prix du pétrole a pesé sur les cotations boursières générales, à Wall Street comme en Europe. Le CAC 40 a ainsi continué à fluctuer lourdement cette semaine [13], se maintenant globalement au niveau du dernier mois écoulé. [14]

    L’indicateur du « climat des affaires » fourni par l’INSEE a connu ce dernier mois un écroulement jamais vu depuis sa création, passant de 94 points en mars à 61,7 points en avril. A titre de comparaison, au plus fort de la crise économique qui a suivi la crise des subprimes, une valeur plancher de 68,8 points avait été atteinte en mars 2009. Cet indicateur est construit à partir de plusieurs données collectées dans une enquête qualitative mensuelle et vise à représenter la confiance des patrons dans l’avenir de l’économie L’INSEE souligne néanmoins que la situation exceptionnelle a pu rendre la collecte des données moins précise que d’habitude. [15]

    Mesures de politique économique

    Les premières tentatives de déconfinement en Asie se soldent par un retour à la case départ (Japon, Singapour). Par ailleurs, l’absence de réaction appropriée au Brésil et dans une moindre mesure aux Etats-Unis commence à avoir des effets désastreux sur l’ensemble des deux pays. Tout semble indiquer que seul un traitement définitif permettrait de mettre fin à la pandémie.

    Jeudi 23 avril, une nouvelle réunion des instances européennes se solde par un nouvel échec à mettre en place le mécanisme d’une dette européenne réclamée par les pays du « Sud » dont la France. Cet échec démontre la fragilité de l’Union et fait courir le risque que les États les moins solides empruntent à des taux prohibitifs, ce qui provoquerait une tension insupportable sur l’Euro.

    En parallèle d’un déconfinement progressif, l’Autriche et certains landër (régions) allemands ont mis en place un pont aérien pour faire venir des travailleurs saisonniers roumains alors que les frontières sont fermées. La mesure a provoqué des bousculades aux aéroports, propices à la contamination des prétendants au voyage. L’État fédéral (ou les landër) prennent en charge non seulement le billet d’avion mais aussi l’hôtel pour la mise en quarantaine des ouvriers agricoles roumains ! Ne serait-il pas plus logique d’offrir des conditions de travail acceptables par des autrichiens ?

    En France, le recours massif au chômage partiel et aux arrêts maladie (qui concernent plus de dix millions de salariés), ajouté au surcroît de dépenses médicales et combiné à la promesse d’une récession sans précédent entraînera un déficit inédit de la Sécurité Sociale : 41 milliards d’euros, dans une hypothèse « favorable » selon le ministre de l’économie. [16] Les dernières mesures votées par la droite au Parlement (déplafonnement de la défiscalisation des heures supplémentaires…), et celles déjà prises par le gouvernement n’arrangent en rien la situation. Celui-ci a beaucoup de mal à dissimuler que la date du début du déconfinement et de la réouverture des écoles donnée pour le 11 Mai se fait prioritairement pour l’économie et non pour devant le recul de l’épidémie, qui lui se fait difficilement sentir.

    En parallèle, les plans de soutien envers certains secteurs se précisent (tourisme et hôtellerie, aérien…). Pour Air-France, le gouvernement débloque 7 milliards d’aides sans monter au capital et le gouvernement hollandais devrait ajouter 3 milliards de soutien à KLM. Des propositions de décalage des vacances d’été, ou d’allongement de la durée du travail serait à l’étude, sans plus de précisions. Ces secteurs, qui représentent des millions d’emplois sont à l’arrêt à 80 voire 95%. Les conséquences sociales et économiques de la crise en cours pourraient être catastrophiques pour tous les travailleurs qui dépendent de ces secteurs, et ravager socialement des agglomérations entières, comme Toulouse. [17]

    Dans les mobilisations engagées autour de l’usine de bouteilles d’oxygène Luxfer, le gouvernement reste muet alors que le projet de SCOP (coopérative) est très avancé. En revanche, Macron opère un revirement inattendu en promettant un soutien via des commandes massives à la réouverture de l’usine de masques de Plaintel. L’usine est cependant à l’arrêt depuis plus longtemps.

    On peut noter au passage que dans d’autres secteurs, la mise en place de mesures « d’urgence » par le gouvernement s’avère être un échec. Il en est ainsi pour l’agriculture où, comme dans d’autres pays européens, le secteur dépend de la main d’œuvre immigrée : la mise en place de la plateforme de volontaires par le gouvernement, malgré le succès des inscriptions (300000 personnes) [18], ne semble pas bien fonctionner (seulement 15000 travailleurs placés). Si les raisons de ce décalage ne sont pas encore connues, on peut penser que cette initiative s’est construite largement en dehors des demandes des agriculteurs sur le terrain, sur un constat bureaucratique grossier et le soutien des chefs d’industrie du secteur (FNSEA), très loin de l’organisation réelle dans les champs. Par ailleurs, les inspecteurs du travail s’inquiètent des conséquences sur des personnes mal préparées dans ce secteur où les conditions de travail sont très dégradées. [19]

    Par ailleurs, même les concertations avec le patronat de grands groupes pour aider à l’économie de crise se révèlent complètement insuffisantes : seulement une cinquantaine de salariés de PSA seraient concernés pour le montage de respirateurs selon une source interne, et les possibilités d’utiliser réellement ces respirateurs sont hypothétiques. [20]

    Après plus d’un mois en crise, un constat s’impose : le gouvernement se retrouve incapable, politiquement, de remettre en cause son dogme libéral, et d’imposer de manière sérieuse et efficace les mesures nécessaires pour répondre efficacement aux besoins sanitaires et économiques : planification, réquisitions, nationalisations et nationalisations d’ampleur ne sont visiblement pas au programme… Pire, il continue à prendre les dispositions qui pourraient amener à terme à un écroulement des systèmes de protection sociale déjà affaiblis.

    D’une manière globale, la crise sanitaire du Covid-19 ne fera qu’exacerber les conditions préexistantes d’inégalité partout où elle frappe. A plus ou moins brève échéance, certains s’attendent à des soulèvements voire à des révolutions. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) a d’ailleurs averti que la crise menaçait 1,25 milliards de personnes de « licenciements, pertes d’activité et de revenus » . [21] Or, la plupart d’entre eux étaient déjà pauvres…

    Groupe de travail Économie de l’UCL, 27 avril 2020

    [1] https://www.challenges.fr/entreprise/sante-et-pharmacie/coronavirus-le-deficit-de-la-securite-sociale-atteindra-le-niveau-abyssal-de-41-milliards-d-euros_706733

    [2] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4481458?sommaire=4473296

    [3] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4481458?sommaire=4473296

    [4] https://www.lepoint.fr/economie/les-pays-exportateurs-de-petrole-decident-d-une-baisse-historique-de-la-production-12-04-2020-2371141_28.php

    [5] https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/21/aux-etats-unis-les-prix-negatifs-du-petrole-balayent-la-strategie-energetique-de-trump_6037258_3234.html

    [6] https://www.20minutes.fr/economie/2764671-20200421-coronavirus-baisse-extraordinaire-ca-veut-dire-quoi-petrole-americain-cours-nul-negatif

    [7] https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-prix-du-petrole-peut-etre-negatif-mais-ce-nest-pas-une-bonne-nouvelle_fr_5e9ef35ac5b6a486d07f5047

    [8] https://www.lejdd.fr/Economie/prix-negatif-du-baril-de-petrole-pourquoi-il-sagit-dun-trompe-loeil-3963438

    [9] https://www.ouest-france.fr/economie/energie/petrole/petrole-le-brut-americain-se-redresse-peu-peu-apres-son-plongeon-historique-6814284

    [10] http://www.francesoir.fr/societe-economie/covid19-le-prix-du-baril-est-devenu-negatif-quelles-consequences-pour-le-prix-du

    [11] https://www.franceculture.fr/emissions/radiographies-du-coronavirus/le-petrole-moins-cest-cher-plus-ca-nous-coute

    [12] http://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200421.OBS27791/prix-negatifs-du-baril-americain-de-petrole-4-questions-sur-un-plongeon-historique.html

    [13] https://www.tradingsat.com/cac-40-FR0003500008/actualites/cac-40-le-cac-40-succombe-au-chaos-sur-le-marche-petrolier-910375.html

    [14] https://www.boursorama.com/bourse/indices/cours/1rPCAC/

    [15] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3532408?sommaire=3530678

    [16] https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/23/la-crise-due-au-coronavirus-fait-exploser-le-deficit-de-la-securite-sociale_6037512_3234.html

    [17] https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/coronavirus-premiers-chiffres-crise-economique-liee-au-confinement-haute-garonne-1813404.html

    [18] https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/coronavirus-en-bourgogne-franche-comte-des-volontaires-par-milliers-pour-aider-nos-paysans-1587563281

    [19] https://www.bastamag.net/contrat-saisonnier-agricole-condition-de-travail-SMIC-pesticides-TMS-covid19-coronavirus ?

    [20] https://www.lunion.fr/id146727/article/2020-04-23/les-respirateurs-fabriques-en-urgence-en-france-non-adaptes-au-covid-19-le

    [21] https://www.lefigaro.fr/social/coronavirus-1-25-milliard-de-travailleurs-courent-un-risque-de-licenciement-ou-de-reduction-de-salaire-selon-l-oit-20200407


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    L’indécence d’Amazon, et autres nouvelles économiques

    25 Avr 2020

    Cette note a été réalisée par le Groupe de Travail Économie de l’UCL, visant à synthétiser les données essentielles sur la situation économique que nous traversons avec la crise du coronavirus. Elle est aussi sourcée et factuelle que possible, et vise à mettre en lien les principales données sur la conjoncture économique avec des analyses politiques et sociales plus générales. Elle a néanmoins été réalisée par des militants qui ne sont pas des professionnels de l’économie. n’hésitez pas à signaler toute erreur au groupe de travail.

    État de la production et de l’emploi

    Entre le 29 mars et le 4 avril, plus de 105 000 demandes d’inscription au chômage ont été recensées, soit + 7,3% par rapport à la même période l’année dernière. Deux semaines plus tôt, c’était + 31,4% d’inscriptions à pole emploi par rapport à la même période il y a un an Concernant le chômage partiel, il a encore augmenté et concerne dorénavant 9 millions de personnes en France. Aujourd’hui, un salarié sur deux est payé par l’État provisoirement. Le nombre d’entreprises ayant demandé le chômage partiel s’élève maintenant à 700.000, soit plus d’une entreprise sur deux. Aux USA, c’est 22 millions de chômeurs en plus en 4 semaines. Pour le mois de mars, le nombre de créations d’entreprises est en forte baisse tous secteurs confondus, mais c’est dans l’hébergement et la restauration qu’on constate la plus lourde chute. Dans le secteur de l’information et de la communication, la baisse est plus modérée mais pas moins réelle. Selon l’INSEE, « les secteurs qui contribuent le plus fortement à la diminution de l’ensemble des créations [d’entreprises] sont le commerce (contribution de –5,1 points)*, les services aux ménages (–3,9 points) et la construction (–3,4 points) ».

    Du coté du patronat, la situation de confinement n’est pas tenable du point de vue de la pérennité des profits. C’est pourquoi on peut lire dans la presse bourgeoise des appels à la reprise, quitte à mettre en jeu explicitement la vie des travailleuses et travailleurs. Un exemple éloquent dans une chronique d’Eric Le Boucher, directeur de la rédaction du supplément magazine des Échos : « Cela signifie qu’on doit en revenir à la stratégie de l’immunité collective et accepter les morts qui vont avec. On va régler la vitesse de sortie pour en limiter le nombre, tester pour repérer les Covid-plus et les Covid-moins, distribuer des masques, mais pas trop (il faut que les gens attrapent la maladie), enfreindre les libertés en traçant les malades repérés » Sans commentaire.

    Macron, dans son allocution, a lui aussi encouragé la reprise avant le 11 mai : « Quand la sécurité des travailleurs et des entrepreneurs est bien garantie, ils doivent pouvoir produire ». Sauf que l’État et le patronat sont incapable de nous fournir cela, et pourtant des entreprises reprennent déjà le travail. Mais ce n’est pas une fatalité : après à une décision de justice (faisant suite à la plainte déposée par SUD) imposant l’arrêt de la livraison de produits non-essentiels, Amazon à décidé de fermer ses entrepôts en France. La firme fait ainsi pression en faisant du chantage à l’emploi bien que, comme nous allons le voir, elle ne soit pas à plaindre… 

    Situation de la sphère financière

    A Wall Street, les grandes firmes du numérique (et notamment les fameuses « GAFAM » : Google, Apple, Facbeook, Amazon, Microsoft) battent des records historiques de capitalisation. Ce n’est pas très difficile à comprendre, puisque les mesures de confinement ont fortement accru la fréquentation d’Internet et les abonnements à divers services comme Netflix. Le Nasdaq, principal indice de Wall Street consacré essentiellement aux entreprises du secteur informatique, a connu le meilleur mois de son histoire et « probablement la meilleure performance mensuelle pour un indice US ». (par parenthèse, Amazon se gave depuis plusieurs semaines, ce qui se reflète dans les cours boursiers et dans la fortune de son PDG, Jeff Bezos, dont la fortune déjà scandaleuse a augmenté de 24 milliards de dollars ces quatre derniers mois. Cela rend les jérémiades d’Amazon France suite aux récentes décisions de justice d’autant plus indécentes…) Le Nasdaq est un indice intéressant à plus d’un titre : historiquement, il a été le tout premier marché à fonctionner de manière électronique, et ce dès sa fondation en 1971. Il s’agit également de la seconde bourse la plus importante des États-Unis (derrière le New York Stock Exchange, NYSE), et la quatrième à échelle du monde. Elle s’est imposée en faisant exploser de nombreuses start-up informatiques, mais au prix de krachs importants comme l’éclatement de la bulle internet en 2000. Aujourd’hui, on y trouve les GAFAM et de nombreuses entreprises comme Tesla, Texas Intstruments, Starbucks, Netflix, eBay, etc. Cet indice est donc un symbole et un indicateur central du capitalisme financier le plus high-tech. Il en concentre les ambitions et les innovations mais aussi les tares les plus délétères. Rappelons néanmoins que malgré l’euphorie du dernier mois écoulé, le Nasdaq est loin d’avoir retrouvé son niveau du 18 février dernier, où il culminait à une cotation inédite de plus de 9700 points, contre 8500 aujourd’hui.

    Mais, parce qu’il y a un mais, tous les marchés américains et mondiaux ne se portent pas aussi bien, loin de là. Et c’est ce qu’il y a d’intéressant dans l’évolution des marchés financiers ces dernières semaines : contrairement à 2008 ou à des krachs antérieurs, la cause immédiate de la crise en cours n’est pas d’abord financière mais est explicable par l’arrêt d’une grande partie de la production économique mondiale. Or, cet arrêt est très inégal selon les secteurs : le bâtiment a connu une chute spectaculaire, de même que l’automobile ou le pétrole. Cet inégal ralentissement de la production se reflète dans les cours boursiers : l’indice Dow Jones, le plus vieil indice de Wall Street et du monde entier, est calculé pour refléter les tendances générales de la finance américaine, avec une bien plus grande variété de secteurs qu’au Nasdaq. Or, cet indice ne se relève que très timidement de l’effondrement des cours des mois de février et mars. Il a même légèrement diminué cette semaine. La tendance est la même du côté du CAC40, qui perd aussi quelques points cette semaine malgré une brusque remontée le 17 avril, explicable notamment par la timide reprise américaine. En un mot comme en cent : nous sommes encore loin d’en avoir terminé.

    Mesures de politique économique

    Le FMI prévoit la pire récession mondiale depuis 1929 (-3 % du PIB mondial). Au niveau international, l’annonce de la suspension d’une partie de la dette des pays les plus pauvres (de l’ordre de 14 milliards de dollars) ne peut être interprété comme un signe de solidarité Nord/Sud. En effet, celle-ci reste provisoire, partielle, et n’a pour but que de préserver en partie les économies exportatrices, notamment en Afrique. De plus, le nouveau prêt du FMI (11 milliards de dollars) est une goutte d’eau au regard des besoins réels des populations de ces pays, et sera sans aucun doute assorti d’exigences de privatisation dont cette organisation a le secret. La proposition consistant à annuler purement et simplement la dette africaine pourrait sembler plus généreuse. Mais elle doit se comprendre comme une course de fond contre l’activisme de la Chine en Afrique. Il ne faut pas oublier qu’en général, les pays « en développement » payent leurs crédits très cher, au point qu’il n’est guère coûteux d’en annuler le capital in fine, surtout en échange de nouveaux crédits pour relancer les exportations françaises… Cette principale mesure se déroule en parallèle de l’annonce, par l’administration Trump, d’un arrêt des financements accordés à l’Organisation mondiale de la Santé, accélérant ainsi la déliquescence des instances internationales et permettant à la Chine d’y renforcer son leadership.

    Par ailleurs, certains pays se déconfinent progressivement (Iran), alors que les signaux d’une régression de la pandémie se font attendre et que les prémices d’une deuxième vague épidémique en Asie du Sud-Est se multiplient. Ces déconfinements, on le devine, sont des tentatives de sauvegarder la production davantage que l’état sanitaire de la population. Dans les pays les plus pauvres, le prolétariat souffre néanmoins énormément des mesures de confinement drastiques, qui se passent bien souvent sans mise en place de systèmes de ravitaillement ou de logistique adéquats, par manque de moyens. Globalement, très peu de gouvernements, voire aucun, n’adoptent des mesures capable de réorienter significativement la répartition des richesses ou le système économique vers un fonctionnement plus « vertueux », bien au contraire.

    Lundi, Macron a annoncé de premières mesures de déconfinement à partir du 11 Mai, notamment par la reprise des écoles. On se doute que cette décision est prise avant tout pour pouvoir renvoyer les travailleurs au boulot. Mercredi 15, le gouvernement a annoncé une série de mesures : renforcement à hauteur de 110 Milliards du plan d’urgence, qui comprend l’extension du fond de solidarité pour les entrepreneurs, le financement du chômage partiel, les dépenses exceptionnelles de santé, mais aussi une possibilité de prise de parts dans des entreprises « vitales ». Par contre, aucune réquisition ou nationalisation n’a encore été annoncé alors que des entreprises pourrait être remise en marche pour les besoins sanitaires (Luxfer, Honeywell). Si le gouvernement affirme publiquement que les entreprises ne doivent pas verser de dividendes pour prétendre aux aides, il semble que cela relève du pur affichage médiatique : de nombreuses firmes ignorent purement et simplement les consignes. Enfin le paiement du chômage partiel reste problématique puisque l’entreprise doit avancer le salaire avant d’être remboursée. Ces annonces se sont doublées de promesses de primes pour les soignants (de 500 à 1500 euros), les fonctionnaires (jusqu’à 1000 euros), ainsi que des mesures destinées aux plus précaires (bénéficiaires du RSA et minima sociaux). Il va sans dire que ces annonces sont faibles, largement en-deçà des exigences des travailleurs et travailleuses de la santé depuis plus d’un an et de ce que requiert la situation sociale. On peut imaginer qu’elles seront davantage de l’ordre de la communication que véritablement effectives, sans oublier qu’elle s’accompagneront sans doute de mesures autoritaires et pro-capitalistes, comme des congés contraints et des allongements de la durée de travail.

    Pour vérifier les sources de la présente note, voir le PDF :


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    L’économie féministe : apprenons avec les agricultrices

    21 Avr 2020

    La Sempreviva Organização Feminista a mis en ligne une vidéo sur l’économie féministe, nous vous la partageons volontiers:

    https://www.youtube.com/watch?v=avtIayPkDnc

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