International

  • L’autogestion : une pratique qui existe, pour changer la société ?

    20 Avr 2015

    Proposer un cycle sur l’autogestion, pourquoi ?

    Parce qu’il nous semble que de nombreuses expériences autogestionnaires existent, portées par des collectifs de personnes soucieuses d’expérimenter des relations humaines basées sur l’entraide, la démocratie directe, la responsabilité, la liberté. Pour autant, ces expériences peuvent exister sans nécessairement viser un changement global de société.

    Tenter de mieux définir la notion d’autogestion, en partant d’une réflexion collective issue de ces différentes expériences peut nous aider à affiner notre propre conception de l’autogestion, à travers des questionnements pratiques immédiats.

    Partager nos pratiques, voir comment peuvent se vivre des basculements politiques, en fonction des contextes, pour parcourir une question : L’expérimentation de rapports sociaux différents, à travers les pratiques d’autogestion, peut-elle amener vers des pratiques autogestionnaires, vécues comme outils et chemin de lutte, dans quelles conditions ?

    Dans un moment où le capitalisme nous fait chèrement payer sa crise, où la réaction et le fascisme ont le vent en poupe, il est important d’explorer les voies pouvant mener vers un indispensable changement social sur des bases émancipatrices.

    Les temps d’échange que nous proposons vont s’appuyer sur des vidéos et des intervenant-e-s pour témoigner d’expériences récentes, issues des champs économiques, sociaux et politiques.

    • Vendredi 1er mai à la Mauvaise Réputation (20 rue Terral)
      • Après la manifestation nous nous retrouverons à la Librairie « La Mauvaise Réputation » pour un repas partagé dans une ambiance musicale.
      • à 14h : « L’autogestion une pratique qui existe »

        Table ronde pour échanger sur les conceptions et les pratiques de l’autogestion avec différents collectifs et organisations la pratiquant et/ou s’en réclamant.

    • Cycle sur l’autogestion, suite du programme :
      • Jeudi 7 mai 19h : L’autogestion, une pratique pour se libérer de l’exploitation économique ?

        L’intervention d’un membre de l’imprimerie SCOPIE (anciennement imprimerie 34) qui fonctionne à Toulouse sur des bases égalitaires et autogestionnaires, viendra nourrir des pistes de réponses à cette question. Il nous parlera des réussites, des intérêts mais aussi des difficultés et des limites de l’expérience vécue hier avec la coopérative Imprimerie 34, qui a compté jusqu’à 30 coopérateurs/coopératrices et aujourd’hui avec Scopie.

      • Un court métrage sur une coopérative de coopératives au Venezuela (« Cecosesola », La coopérative de Barquisimeto, 15 min, 2009, Utopias Projet) et un autre sur une usine récupérée par des travailleuses et travailleurs en Argentine (« IMPA Usine récupérée, cité culturelle », 18 min,2009, Collectif Documental Semillas) participeront à enrichir nos réflexions.

    • Mercredi 13 mai 19h : L’autogestion, une pratique émancipatrice pour les femmes ?

      Projection de « ¿Vos, cόmo trabajàs? »- L’autogestion au féminin 51min, 2011, L. Nabonnand et E. Simon [vostfr] suivie d’un débat.
      Ce documentaire aborde la question spécifique des ouvrières dans le mouvement de récupération des usines en Argentine suite à la crise économique de 2001. Il permet d’aborder les questions d’émancipation des femmes dans un processus autogestionnaire, ses avancées comme ses limites dans le cadre d’une société patriarcale …

    • Samedi 23 mai 17 h 30 :
      • Soirée de clôture du cycle sur l’autogestion avec projection/débat + concert
      • Projection du documentaire « L’autogestion, une révolution économique » suivie d’une discussion. 1h25, 2014, Collectif Documental Semillas

        Ce documentaire suit l’expérience de la FASINPAT, une usine de production de céramique récupérée en Argentine. Les travailleurs et travailleuses de la FASINPAT et quelques intellectuels-les nous expliquent concrètement la mise en place et l’organisation de leur pratique de l’autogestion. Un documentaire passionnant par les questions qu’il pose et les perspectives qu’il ouvre.

  • Les condamnations de Can Vies enflamment le quartier de Sants (Barcelone)

    02 Avr 2015

    Un rassemblement de soutien aux condamné-e-s a réuni jeudi 26 mars 2015, des centaines de personnes dans le quartier de Sants

    Can Vies est un centre social autonome du quartier de Sants de Barcelone de plus de treize ans. C’est un lieu pour la construction d’un projet collectif sans subventions et sans tutelles, ce qui démontre que l’auto-organisation est possible, tout comme la création d’alternatives réelles.

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    Une douzaine de personnes impliquées dans les manifestations de soutien à Can Vies ont été condamnées au cours de ces trois derniers mois à des peines allant de six mois à quatre ans de prison.

    Les juges sont sans pitié avec les personnes arrêtées lors des manifestations de protestation contre l’expulsion de Can Vies. Sur les plus de 80 détenu-e-s, une quinzaine ont été jugé-e-s pour l’instant, et la plupart d’entre eux/elles ont été condamné-e-s à des peines allant de six mois à près de quatre ans de prison. Les cas de détention provisoire, le fait que des condamnations soient basées uniquement sur des témoignages de policiers, ainsi que la sévérité des peines menant certain-e-s des accusé-e-s à être incarcéré-e-s, ont enflammé le quartier de Sants, qui a pris la rue ce jeudi 26 Mars 2015 pour protester contre ce qu’ils et elles considèrent comme une répression politique qui vise à « effrayer et punir le quartier ». « Ils veulent nous mettre en prison, parce que l’on défend les quartiers » dénonçait l’en-tête de la bannière.

    Le juge et les procureurs ont toujours favorisé la version de la police au détriment de celle de la défense, même lorsqu’il y avait plusieurs témoins qui ne faisaient pas partie de la manifestation. Un autre élément qui revient dans la plupart des procès est que beaucoup de ceux/celles qui sont impliqué-e-s sont jeunes et ne sont pas des repris de justice, mais ils/elles affrontent tout de même des double peines ou des peines aggravées maintenant.

    Le quartier de Sants s’est révolté après une série de telles condamnations, dont celles de trois jeunes condamnés à trois ans et six mois, reposant sur des témoignages de la police difficiles à croire. La seule preuve contre eux est le témoignage de cinq « Mossos » (la police autonome catalane). Les agents ont déclaré, et le juge l’a estimé prouvé, que les jeunes ont lancé des bouteilles de bière contre des fourgons anti-émeute depuis la toiture de l’immeuble où deux d’entre eux vivaient. A l’inverse, un voisin témoigne qu’aucune bouteille n’est partie du bâtiment et le juge a reconnu qu’il n’a pas pu être déterminé si les fourgonnettes ont subi d’éventuels dégâts. En outre, comme l’a démontré la défense, la terrasse où ils étaient censés être, ne donne même pas directement sur la rue. Le procureur n’a pas envisagé que les témoignages de la police puissent être faux, mais a demandé qu’une procédure soit ouverte contre les deux témoins de la défense comme auteurs d’un délit de faux témoignages.

    Une autre personne a été condamnée à deux ans de prison pour « violence contre l’autorité » parce que deux « Mossos » l’accusent d’avoir jeté une pierre sur un fourgon de police. La défense avait présenté jusqu’à sept témoins qui prétendent que la personne arrêtée par les « Mossos » n’avait pas jeté de pierre.

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    Histoire de Can Vies

    Le 26 mai 2014, Can Vies a été évacué par la police autonome catalane (Mossos d’esquadra), et le jour même la destruction du bâtiment a commencé. Cela a provoqué une forte réaction de voisins et voisines et a abouti à plusieurs actions violentes, telles que la combustion de la pelle utilisée pour démolir le bâtiment. Plusieurs manifestations ont fini avec des conteneurs en feu. La réaction de la police a déclenché une forte solidarité des autres quartiers de Barcelone et d’autres villes, et le 28 mai, un ensemble de manifestations ont été organisées conjointement dans différentes villes à travers l’Espagne. Plus de 80 personnes ont été arrêtées et poursuivies cette journée du 28 mai et les jours suivants (à partir d’enregistrements vidéo et de presque 300 identifications de policiers). Deux personnes ont passé plus de 20 jours de prison préventive avant d’être libérées. Les procureurs ont demandé pour certain-e-s entre deux et cinq ans et dix mois de prison principalement pour violences contre l’autorité, vandalisme et désordre public.

    Parallèlement aux procédures judiciaires des détenu-e-s cette semaine de mai, trois plaintes ont été déposées pour agression de la police contre les manifestant-e-s. « Deux d’entre elles ont été acceptées : une pour atteinte à l’intégrité morale et physique de quatre jeunes battus durement par les agents ; et une autre pour agression à l’intérieur d’un bâtiment, » dit l’avocat.

    La troisième plainte a été rejetée par le juge malgré la lourdeur de l’agression, visible sur une photo montrant un agent des Mossos frappant au niveau de l’oreille un jeune à vélo. Le juge a estimé que l’action policière était justifiée parce que le jeune a désobéi aux agents.

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    Le samedi 31 mai 2014, l’assemblée du centre social lance un nouvel appel pour reconstruire de nouveau l’espace occupé. Pour mener à bien cette reconstruction, de nombreux soutiens ont été reçus, dépassant les attentes des organisateurs-trices. La destruction de Can Vies s’est arrêtée grâce à cette solidarité.

    Le 20 Février 2015, le conseil municipal a scellé Can Vies. La police a interrompu les travaux de reconstruction du bâtiment, partiellement démoli après la tentative d’expulsion de mai.

    Sources :

  • L’affaire Pandora ou le terrorisme d’état espagnol

    05 Fév 2015

    Voici un article paru le 31 janvier sur indymédia Barcelone
    http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/493938/index.php

    Une camarade nous l’a traduit, en voici la version française :

    Le juge Javier Gómez Bermúdez signe la liberté conditionnelle avec un dépôt de 3.000€ pour chacune des sept personnes enfermées dans les prisons à Madrid.

    Elles ont été arrêtées le 16 Décembre et sont restées en prison jusqu’au 30 Janvier. Elles ont passé un mois et demi derrière les barreaux après que la police catalane a pris d’assaut leurs maisons suite à une macro-operation appelée Pandora, qui selon l’État visait au démantèlement d’une prétendue organisation de « terrorisme anarchiste ». Leur libération immédiate, confirmée par des sources judiciaires, s’est faite le même jour que la déclaration du ministère de la Police Autonome de la Catalogne dans la presse décrivant les accusations contre les détenus. Bien que la police catalane voulaient garder le secret de la procédure jusqu’au prochain 22 Février, le juge a soudainement changé d’avis et a refusé de prolonger la recherche en donnant fin à l’emprisonnement des 7 personnes.

    Il est prévu qu’elles puissent quitter les cellules des prisons de Estremera, Soto del Real, Aranjuez et Valdemoro, toutes situées à la périphérie de Madrid, vendredi après-midi. Les preuves de soutien à ces jeunes n’ont pas cessé depuis Décembre. Le jour des raids et arrestations, une manifestation de plus de 3000 personnes a défilé dans les rues de Gràcia. Et, en plein Noël plus de 1500 personnes ont manifesté dans le centre-ville et du Paseig de Gràcia derrière une banderole qui disait : « Les terroristes sont ceux qui nous condamnent à une vie de misère, pas ceux qui se rebellent contre celle-ci ».

    La CNT- AIT avait déjà appelé à un rassemblement dans le courant du mois de janvier puis à nouveau le vendredi 30 janvier à 10h devant le consulat espagnol à Montpellier à ce sujet. Leur tract est joint à cet article.

    Cet article publié sur Contra Info donne quelques éléments sur les accusations à leur encontre, et rappelle que, malgré la libération des 7 camarades, ces accusations restent toujours en place et que des mesures de contrôle judiciaire strictes vont être appliquées. Enfin, deux camardes restent détenu-e-s en prison préventive :

  • CRISES, analyses libertaires – comprendre pour lutter

    21 Sep 2014

    L’objectif de cet ouvrage est de proposer une analyse de la crise et de ses conséquences qui soit accessible à toutes et tous pour permettre à chacun-e se doter d’outils pour décrypter le discours dominant sans se laisser embobiner. Nous pensons que donner une lecture libertaire de ce qui se passe par des personnes qui vivent aussi cette crise est très important pour encourager à réagir et lutter dans une perspective émancipatrice. Il nous semble aussi que s’intéresser à ces questions pose de fait l’urgence de rompre avec le capitalisme et soulève la nécessité révolutionnaire sur des bases libertaires.

    [gview file= »https://montpellier.unioncommunistelibertaire.org/wp-content/uploads/2015/12/crisesanalyseslibertaires.pdf »]

  • interview intégrale de Mohamed, militant révolutionnaire tunisien

    11 Juin 2013

    Nous avons rencontré Mohamed Amami, militant révolutionnaire tunisien, réfugié politique en France depuis 2006. En rupture avec le trotskisme depuis plusieurs années, il se déclare indépendant et partisan de la démocratie directe. Il fait la navette entre la France et son pays d’origine, dans le but de renforcer le mouvement révolutionnaire ; il participe à la construction d’ une nouvelle organisation en réseau basée sur des conceptions anti centralistes et anti hiérarchiques : les organisations libertaires tunisiennes sont inclues dans ce processus de construction. Mohamed cherche également à monter une radio libre sur Sidi Bouzid. Nous avons saisi cette opportunité d’avoir des informations récentes sur la Tunisie.

    IAL : Quelle est la situation actuelle en Tunisie au niveau économique et social ?

    Mohamed Amami : chaque jour il est répété que l’économie tunisienne est dans une situation catastrophique, que l’endettement oblige à sans cesse emprunter. Mais la réalité ce n’est pas cela. Le gouvernement parle des pertes occasionnées par les jours de sit-in et les actions de blocage du phosphate, il parle d’une perte de 8 milliards de dinars par jour seulement pour le phosphate. Cela montre que l’économie est riche et fertile. En plus du phosphate, on parle d’importantes réserves de pétrole cachées jusqu’à présent mais mises au grand jour par des chercheurs. Il y a également les céréales, les vins, les agrumes, les dates etc. Donc la Tunisie est très riche mais son peuple est pauvre parce que le pillage est énorme.

    IAL :Peux-tu nous parler des avancées et des stagnations de l’après-révolution ?

    M.A : Nous ne sommes pas dans l’après révolution, on commence véritablement la révolution. Le processus révolutionnaire vient de commencer. On parle toujours de post révolution, mais il y a eu une insurrection de quelques jours qui a obligé le régime à se restaurer en jetant Ben Ali et sa famille. Mais on essaie de restaurer ce régime avec d’autres forces qui ont longtemps été dans l’opposition mais aussi avec une partie des pro Ben Ali qui n’étaient pas au premier rang. Donc aujourd’hui on n’a rien fait de la révolution, les mobilisations continuent dans les régions et les secteurs avancés de la révolution pour atteindre une situation vraiment révolutionnaire et renverser le régime.

    IAL : Quelles sont les régions les plus en pointe, plutôt dans les villes, les campagnes ?

    M.A : Il y a en fait 2 Tunisie. La Tunisie côtière reconnue comme avancée, moderne et la Tunisie de l’intérieur, déshéritée très, pauvre, ce sont des régions oubliées.

    Gafza est la première région à avoir entamé la rébellion, c’est la région la plus riche de la Tunisie avec son bassin minier mais c’est la région la plus déshéritée avec par exemple un taux de chômage chez les jeunes à plus de 40%. Tout prêt de la région de Gafza, il y a la région de Sidi Bouzid. Il y a également la région de Kasserine, de le Kef etc. Il y a plein de régions qui sont loin du pouvoir, qui sont conçues comme lieu de ressources, qui sont pillées et délaissées. C’est pour cela que la rébellion a commencé dans ces régions puis s’est propagée dans les autres régions soit disant plus privilégiées comme Souss où la pauvreté existe également car il n’y a que les grands qui en profitent. Il y a aussi des secteurs dans les grandes villes qui se solidarisent avec ces régions comme par exemple la ceinture de misère à Tunis, les citées populaires.

    IAL : Quelles analyse as-tu de la situation actuelle, du processus révolutionnaire ?

    M.A : généralement le processus révolutionnaire a imposé au pouvoir une liberté d’expression et une liberté de s’organiser. Mais cette liberté profite aussi aux partis qui étaient jusque là des partis d’opposition légalistes, démocratiques. Ces partis essaient de réduire les revendications et les aspirations du peuple à cette liberté d’expression et de s’organiser. Et donc à contribuer au maintien du pouvoir, à leur liberté à eux (les partis). C’est cette conception d’opposition qui règne autour des partis de gauche comme de droite. Le processus révolutionnaire essaie de briser ce monopole de politisation. Il y a par exemple à l ‘heure où nous parlons et depuis presque un mois deux villages de Sidi Bouzid qui bloquent le train de phosphate, l’empêchant d’acheminer le phosphate de Gafza au lieu de traitement du phosphate. Il y a aussi à Gafza et dans le bassin minier des mobilisations chaque jour. Il y a à Siliana et à Kasserine des manifestations. Les mobilisations et le processus de radicalisation s’opposent à cette politisation et avancent malgré beaucoup d’entraves : essentiellement les appareils bureaucratiques comme celui de l’UG.T.T qui essaient de freiner, de contenir et contrôler les mobilisations pour les laisser dans les normes de conciliation et négociation et il y a aussi l’attitude des partis qui ne s’insèrent pas dans les mobilisations des régions, ils sont dans une attitude de soutien extérieur et de donner des conseils du type « il ne faut pas la violence, il ne faut pas être trop dur, il faut être démocrate, conciliateur etc ».

    IAL : C’est la même chose pour la gauche radicale, pour les partis qui se revendiquent révolutionnaires ?

    M.A : exactement c’est la gauche qui se revendique révolutionnaire qui a maintenant une conception de la révolution bourgeoise et démocratique. Car pour eux la révolution n’est pas une révolution sociale, c’est une révolution démocratique. Pour eux, il faut faire un régime consensuel, de toutes les forces nationales pour affronter la crise, la pauvreté, pour le développement du pays, pour avoir une place dans les institution internationales digne de la Tunisie et pour faire évoluer les conventions internationales et faire reculer ainsi l’impérialisme. Pour le reste, pour le social ils essaient d’avancer quelques revendications du type « il faut chercher des solutions pour l’emploi, pour les régions qui ne sont pas assez développées etc. ». Voilà leur programme social.

    IAL : Justement quelles est ton analyse des barrages et des freins à la révolution notamment par rapport au processus électoral ?

    M.A : Le premier barrage est un barrage subjectif, la révolution n’a pas de programme, n’a pas de stratégie. Les forces objectivement révolutionnaires, celles qui s’investissent dans le processus n’ont pas de conceptions stratégiques sur les tâches à exécuter pour arriver à une situation de révolution et à démanteler les structures de l’état. Les partis démocratiques, de gauche, dits révolutionnaire etc. ont un autre programme : s’insérer dans le processus de transition démocratique. Ça c’est un processus négocié avec l’armée, la police de Ben Ali et avec l’opposition de droite telle Ennahda, le CPR c’est à dire avec les islamistes et les libéraux. Il y a un consensus depuis le deuxième sit-in de Kasbah  qui était : on va installer un processus de démocratisation de l’état, on défend l’état (car pour eux si on démantèle l’état c’est le vide, le chaos) en le renouvelant, on le restaure en le démocratisant pour élargir sa base sociale et politique.

    Ça c’est le grand frein. L’U.G.T.T est la principale force politique (car la centrale tunisienne n’est pas vraiment un simple syndicat qui revendique du social, elle est depuis toujours une organisation politisée et presque un parti ouvrier). Cette centrale a joué un grand rôle pour freiner le processus révolutionnaire en rassemblant tous les politique s de droite, de gauche, des libéraux des islamistes en acceptant le processus transitoire démocratique.

    IAL : D’ailleurs peux-tu nous faire un retour sur les élections qui ont eu lieu ?

    M.A : Oui. Dans ce contexte là on a opté pour la Constituante. Les forces impérialistes, surtout les États-Unis et la France avaient des alliés dans ces partis. Ces forces se sont présentés comme « sponsor » de la révolution et ont essayé d’injecter cette idée de processus démocratique transitoire qui s’est réalisé à travers des élections centralisées , préparées par un comité formé pour préparer la loi électorale exceptionnelle. Cette loi là a exclu de fait tous les révolutionnaires, les indépendants tous ceux qui étaient à la tête des mobilisations dans les régions, dans les secteurs avancés du peuple. C’était des élections sur des listes, tout le monde ne peut pas monter des listes. Tout a été contrôlé, c’était une démocratie « goutte à goutte » où à chaque moment on injecte une petite tranche de démocratie adaptée à la situation du régime. De toute façon en Tunisie ceux qui sont toujours à la tête du processus révolutionnaire sont es gens autonomes, indépendants puisque les partis étaient à la marge de la révolution, à côté. Ils demandaient à Ben Ali une marge pour contribuer, pour participer et ne concevaient pas qu’on puisse virer Ben Ali en 2011. Pour conclure, les élections du 23 octobre 2011 ont fait un grand barrage contre la révolution, et ont essayé de désorienter la révolution vers la restauration du régime, grâce aux alliés au sein de l’opposition qui ont joué un grand rôle. Elles ont été faites sous le contrôle absolu et imminent de l’armée pour superviser et garantir cette transition.

    I.A.L : Peux-tu nous parler du niveau d’auto-organisation du peuple lors de la révolution et par la suite ?

    M.A : les révolutionnaires, les gens qui s’attaquaient aux symboles du pouvoir, aux postes de police, aux délégations du gouvernorat dans les régions étaient obligés de se défendre, de s’auto-organiser en comité de défense. D’abord il y a eu donc l’émergence de ces structures auto-organisées. Ces structures là après, quand elles ont eu la possibilité de libérer pas mal de régions, la police ne passait plus dans ces régions et ont commencé à gérer les villes et les villages en pratiquant la solidarité, l’aide aux gens, d’aider les paysans dans leurs travaux. Ils ont fait des comités pour nettoyer les rues, car il n’y avait plus de conseils municipaux. Cette autogestion des villes et villages était dans la première période où les partis étaient quasi absents. Les syndicats locaux régionaux des secteurs avancés étaient bien implantés et ont bien contribué au processus révolutionnaire. La direction de la centrale U.G.T.T s’est affaibli à ce moment là, surtout que son secrétaire général était jusqu’à la dernière minute avec Ben Ali et a essayé de le sauver. Tout ça a poussé les syndicalistes à être indépendants vis à vis de leur appareil et ont contribué à cette auto-organisation. Mais après si ça dure, il faut théoriser ça c’est à dire il faut arriver à tirer des leçons, il faut arriver à lier les régions entre elles, il faut essayer de centraliser l’idée et de la propager dans tout le pays. Cette tentative a été faite en avril, mai 2011 mais tous les partis de l’extrême gauche se sont investis pour la casser. Il y avait un congrès pour essayer de constituer une fédération de ces structures auto-organisées mais les partis d’extrême gauche ont cassé ça carrément, ils ont essayé de dominer ce processus car pour eux c’est inconcevable qu’il y ait des structures indépendantes de leurs partis. Et donc malheureusement ces structures auto-organisées se sont évanouies petit à petit. Mais là les islamistes entrent avec leur argent du Qatar, de l’Arabie Saoudite essaient de corrompre quelques structures, d’en monter d’autres artificiellement et de les mettre en position de défense de leurs partis pour monopoliser le pouvoir. Et maintenant on voit ce qu’on appelle les ligues de défense de la révolution qui sont des milices de défense islamistes qui essaient de briser les mobilisations dans les rues.

    I.A.L : Est-ce qu’il y a eu des réactions en opposition à cela et pour au contraire aller vers des idées autogestionnaires et de démocratie directe ou on est un peu dans le creux ?

    M.A : Pour l’instant l’idée circule, des petits groupes se forment autour, justement dans notre projet organisationnel. Nous essayons de rétablir cette idée et de la propager au sein des mobilisations et surtout des occupations en cours dans la région de Sidi Bouzid, Gafza, Souss etc. On essaie d’acculer les militants de gauche qui se sont entre temps liés à leur appareil mais qui sont dans les mobilisations à refaire renaître ces structures (ato-organisées) et à les propager et les fédérer.

    I.A.L : Pour résumer on peut dire que les partis ont été hors du processus, quand ils y sont entrés ça a été pour le freiner ou le contrôler. Là il y a des tentatives de reconstruire ces velléités d’organisation à la base qui ont été cassés. C’est ça ?

    M.A : Oui.

    I.A.L : Tout à l’heure tu as parlé de syndicat dans les villes , y-a-t-il des syndicats qui se sont dé-fédérés de l’U.G.T.T, y-a-t-il des structures qui ont émané en dehors de l’U.G.T.T ?

    M.A : Pour l’instant une seule fédération s’est constituée hors de l’U.G.T.T, c’est une fédération des universitaires. Elle est autonome, essaie de trouver sa place mais lors des luttes c’est toujours l’U.G.T.T qui conclut les conventions avec l’État. Et donc eux ils sont à la marge car l’U.G.T.T est très forte : 750 000 adhérents et plus l’U.G.TT est présente jusque dans toutes les petites villes, les plus petits villages. C’est pour ça que lutter contre cet appareil est primordial pour attirer des syndicalistes qui sont radicaux mais ligotés par leur propre direction.

    I.A.L : Et cette fédération est un héritage de la révolution ?

    M.A : Oui.

    I.A.L : Peux tu nous parler de la place des femmes et du mouvement féministe actuellement.

    M.A : En règle générale, la femme prend une place importante dans les mobilisations, mais il y a toujours un décalage entre la place des femmes et le résultat, car elles finissent toujours par être mises dans une position régressive. Elles faisaient parti des franges les plus radicales au sein de la révolution, les trois composantes les plus radicales étant les jeunes, les femmes, et les habitant-es des régions les plus déshéritées. Mais comme à chaque fois qu’elles militent pour une situation meilleure, on finit par se retrouver dans une situation pire. Le capitalisme se saisissant de la religion musulmane pour contrecarrer les aspirations d’émancipation que revendiquent toutes les franges sociales (jeunes, femmes, marginaux….). Actuellement, il y aun courant qui commence à se voir un peu, que l’on appel le courant moderniste. Ce sont des réformistes qui étaient prêts du régime de Ben Ali, car il représentait un rempart à l’islamisation de la société tunisienne, et sont bien obligées de se rattacher au mouvement révolutionnaire pour défendre et développer les droits des femmes.

    I.A.L : Il n’y a pas encore d’organisation spécifiquement féministe radicale en Tunisie ?

    M.A : Il y a une ONG qui s’appelle « Les femmes démocrates » qui lutte pour l’émancipation de la femme, mais elle reste une organisation libérale. Pour elles, la question de la femmes est indépendante de la question économique et sociale. Il y a en revanche deux partis maoïstes qui ont construit des structures spécifiquement de femmes qui sont plus radicales sur les questions économiques et sociales bien entendue, mais sur la question féministe spécifique, elles sont moins en avance que les libérales.

    I.A.L : Concernant le rôle des mouvements de chômeurs sur la révolution ?

    M.A : Pour ce qui est de l’Union des Diplômés Chômeurs, les prémices ont commencé aux alentours de 2004, avec des étudiant-es qui ont essayé d’organiser la jeunesse en sortie d’étude qui se sont majoritairement trouvés au chômage par le biais de mobilisations, plutôt petites et symboliques dans plusieurs régions périphériques du pays jusqu’à ce que le processus révolutionnaire prenne de l’ampleur. Ils ont donc essayé d’être « à la tête » du mouvement, ils ont fait partie des premiers réprimés et massacrés par l’état. Ils ont tenté d’organiser des coordinations dans les différentes régions, et l’organisation s’est surtout construite au cours de la révolution et joue un rôle plus important que les partis dans la radicalisation du mouvement.

    I.A.L : Concernant les conséquences de l’arrivée des islamistes au pouvoir ?

    M.A : Il faut savoir déjà que les islamistes d’Ennhada étaient, jusqu’à la veille de la chute de Ben Ali, ils essayaient de négocier avec lui une contribution au gouvernement et n’avaient pas de problème à lui donner un autre mandat pour la présidence. Les états unis ont jusqu’à présent un bureau spécial pour gérer le courant des frères islamistes puisqu’ils sont en cohésion avec la politique de ces derniers dans la région et ils essayent de prendre place dans la construction du Grand et Moyen Orient. Ils avaient donc des pourparlers depuis au moins 2006 avec les américains, qui souhaitent virer les dictateurs en place pour mettre en place un autre pouvoir, au travers du Qatar, afin de trouver une solution pour participer au pouvoir, avant même que les mobilisations se mettent en place. De là, l’islamisation était un fait voulu par, non seulement l’Europe et les U.S.A, les régimes du golf et aussi une partie du régime de Ben Ali, quitte à donner la direction aux islamistes, il s’agissait pour eux de garder leurs privilèges, ce qui explique qu’actuellement, l’ancien gouvernement de Ben Ali est toujours dans les instances de décisions. On nous dit donc que c’est un parti qui n’est pas obscurantiste mais « juste » conservateur, et ce n’est pas vrai. Ils ont entamé un pouvoir d’islamisation par en bas, par exemple la police a pour mission de réguler la consommation d’alcool dans les rues, la mixité, et d’islamiser petit à petit la société. Ils sont aussi engagés dans un processus de rédaction de la constitution, ils essaient d’imposer, puisqu’ils sont majoritaires au sein de la constituante, leur vision islamiste de la société, et depuis deux ans, la rédaction de cette constitution n’avance pas et c’est un véritable harcèlement, ils n’hésitent pas à utiliser des milices afin de contrôler la population, verrouillant toute possibilité de mouvement. Actuellement, les femmes se voilent même par peur, bien que n’étant pas forcément islamistes.

    I.A.L : Ce sont les fameuses ligues de défense de la révolution ?

    M.A : C’est l’une des composantes, il y en a trois en vérité, il y a aussi les milices du parti au pouvoir et les milices islamistes, qui par moment sont en conflit mais se rejoignent assez généralement.

    I.A.L : Est ce que tu penses qu’il y aura une islamisation de la société ou, au contraire, la population se rendra compte qu’ils ne sont pas une alternative pour une vie meilleure ?

    M.A : Il y a deux choses, mais c’est politique. Ils travaillent sur le plan politique et moral. Même les gens qui prennent conscience qu’ils ne présentent rien de nouveau par rapport à Ben Ali et qu’ils sont des libéraux comme son prédécesseur, ils se laissent avoir par le travail des prédicateurs qui font passer le fait qu’ils ne sont pas islamisés, par un travail au quotidien auprès des gens. Car même si l’on pense que leur travail n’est pas bon, on peut croire que d’autres islamistes se présentant plus radicaux, pourraient apporter des solutions.

    I.A.L : Et comment vois-tu la suite du mouvement ?

    M.A : En règle générale, je ne suis pas très optimiste. Avec la pression impérialiste et le pétro dollar qui est mis en place, il n’y a pas de solidarité non plus au niveau international, et on a jamais vu de révolution qui ait pu réussir sans une prise de conscience globale, internationale. Ce que nous avons besoin c’est d’une force internationale et pas seulement nationale. Je vois donc que l’internationalisme et la solidarité chez les capitalistes sont très importantes mais beaucoup moins chez les forces révolutionnaires. Même si nous allons continuer à lutter, nous espérons que la situation va nous permettre de déboucher vers d’autres volontés concernant le nord de la Méditerranée, car nous pensons que si la révolution touche le nord méditerranéen et que de véritables solidarités se mettent en place, nous serons d’autant plus forts, et les capitalistes seront obligés de lâcher un peu de terrain par chez nous.

    I.A.L : Et concernant la solidarité qui pourrait se jouer au niveau du nord de l’Afrique ?

    M.A : Malheureusement au Maghreb il n’y à qu’en Tunisie où il se passe une révolution. En Algérie et au Maroc, les mouvements ont été étouffés et contenus. Donc il n’y a pas de réelles solidarités entre les révolutionnaires et le peuple, la coordination se fait surtout au niveau des régimes. Il y a le cas de l’Égypte par contre, où la solidarité était magnifique, mais depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes, la solidarité a été brisée et c’est encore une fois les pouvoirs en place qui prennent cet ascendant sur nous, donc nos liens ont redressé. Nous craignons aussi le pire venant de la part de la Libye, entre les armes et les islamistes, nous sommes isolés, il y a plus de méfiance que de solidarité. A chaque fois que les islamistes arrivent au pouvoir, c’est toujours la guerre de tous contre tous, c’est l’un de leurs principes.

    I.A.L : Peux tu nous parler du paysage du mouvement révolutionnaire et libertaire en particulier ?

    M.A : A la marge des institutions de gauche et du front populaire (nationaliste), il y avait des autonomes qui ont refusé cette alliance. Il y a même des militant-es qui ont essayé d’être dans des coordinations de ce front pour influencer de l’intérieur les militant-es de ces structures. Mais il y a eu des petits groupes qui se sont formés autour de ce que nous appelons le Coordination Révolutionnaire composée d’anarchistes, de communistes libertaires et aussi de personnes qui s’identifient juste autour des précédents autogestionnaire en prenant cela comme modèle. Il y a l’organisation Désobéissance qui est une organisation anarchiste aussi, ainsi qu’un petit groupe de syndicalistes libertaires, et tous ces petits groupes essaient de collaborer ensemble (par le biais de communiqués par exemple), mais ils sont faibles numériquement et n’ont pas vraiment de visibilité ni de stabilité, ils sont en construction. Et nous, nous essayons de construire une organisation fédéraliste et coordonnée mais avec une autonomie des moyens en essayant de se doter d’une réelle stratégie pour la Tunisie.

    I.A.L : Tu nous as parlé d’un projet de radio à Sidi Bouzid, si tu souhaites en parler …

    M.A : Pour le moment, on a surtout besoin de matériels et de savoir faire. Nous souhaitons en effet monter une radio libre pour émettre nos idées à Sidi Bouzid. Il y à une réelle nécessité, car nous essayons tous d’avoir un outil d’expression autonome qui ne dépende ni des partis, ni du pouvoir, ni des organismes classiques.

    I.A.L : Souhaites tu dire un dernier mot ?

    M.A : Même si les difficultés sont énormes et qu’il est actuellement très compliqué de faire un travail révolutionnaire organisé, nous voulons préserver notre autonomie. Actuellement, la Tunisie est un souk, les partis, les organisations, ils ont tous des bailleurs de fond derrière eux, et nous, nous allons devoir affronter tout ça, mais nous avons le courage et nous n’avons pas d’autres choix.

    I.A.L : Merci beaucoup Mohamed.

    Propos recueillis le 15 mai 2013 par Gilles et Valérian (groupe de Montpellier)

    [gview file= »https://montpellier.unioncommunistelibertaire.org/wp-content/uploads/2015/12/interview_mohamed_dans_son_integralite.pdf »]

    Par @@_Xavier_@@ International
  • Ici comme ailleurs, refusons toutes les politiques de rigueur !

    19 Nov 2012

    La CGA , AL et l’Union locale de la CNT Vignolles se sont constituées depuis maintenant quelques mois en collectif libertaire contre la crise à Montpellier. A ce titre, nous avons déjà mis en œuvre des débats, des actions et développé du matériel commun.

    Nous avons renouvelé ce travail en appelant à un débat le 13 novembre au soir qui a réuni une cinquantaine de personnes, et à rejoindre la manifestation intersyndicale du 14 novembre 2012.

    Notre appel unitaire faisait le constat que dans de nombreux pays d’Europe, les populations se mobilisaient contre les politiques d’austérité et la dégradation de leurs conditions de vie. Notre volonté était, qu’en France aussi, nous puissions nous opposer dès maintenant aux politiques de rigueur, aux coupes dans les dépenses publiques, aux attaques contre les droits du travail et les droits sociaux, ainsi qu’à tous les licenciements ! Nos objectifs étaient de marquer notre solidarité avec les grèves générales d’Espagne, du Portugal et de Grèce, mais aussi d’affirmer notre soutien face à la répression que rencontrent les mouvements sociaux dans ces pays. Enfin, nous entendions également pointer la nécessité, ici aussi, de construire des rapports de force contre les politiques d’austérité.

    • Un débat avec des camarades de la CGT Espagnole une veille de grève générale dans leur pays

      Nous savons que la situation économique et sociale en Espagne est catastrophique : 25% de chômeurs dont 53% chez les jeunes, beaucoup de gens sans revenu dépendant de familles n’ayant elles-mêmes plus aucun revenu, 400 000 personnes ont été expulsées de leur logement. Les lois sur le travail facilitent les licenciements, diminuent les pensions de retraite. L’état garantit le remboursement des banques mais pas de l’aide sociale ! Pour nos camarades, le système de fonctionnement des syndicats majoritaires espagnols est corrompu et s’ajoute à une dépréciation totale de la politique et des politiciens. Ainsi, ce sont les patrons qui profitent de cette situation. Ouvriers dans le secteur de l’automobile, ils ne pouvaient que souligner le fait qu’une entreprise comme Volkswagen ne paie plus de taxes sur les 150 000 heures supplémentaires qu’elle impose et ne paie pas non plus d’impôts.

      La grève générale du 29 mars dernier a réuni des centaines de milliers de personnes à travers toute l’Espagne et a malheureusement donné lieu à beaucoup de répression (Voir le communiqué des Relations Internationales de la CGA du 4 mai 2012 « Solidarité avec Laura Gomez »). Cependant la mobilisation s’amplifie notamment autour du mouvement du 15 mai (voir l’article sur ce sujet dans le IAL n°88). Ils gardent l’espoir que les mouvements de lutte se développent chez eux comme dans toute l’Europe mais ils se faisaient peu d’illusions sur la grève générale du 14 novembre. Pour eux, cette grève appelée par la CES n’est pas leur grève. Convoquée par des centrales qui œuvrent contre les travailleurs qu’ils sont sensés défendre, elle peut aussi être contre productive et démobilisatrice. Pour exemple, l’UGT a signé un accord qui entérine le le licenciement de 1600 personnes dans les transports aériens. Dans son optique co-gestionnaire, elle œuvre à faire appliquer les réformes sur le travail tout en appelant à référendum sur la réduction des retraites et les réformes du travail. Malgré tout, ils pensent qu’il faut faire cette grève, que les ouvriers et les ouvrières vont profiter de cette situation pour s’opposer aux réformes en cours. Leur rôle sera de créer partout des assemblées pour que ces mêmes ouvriers puissent s’exprimer et pointer la nécessité de s’organiser pour construire une réelle grève générale illimitée. Le capitalisme a, selon eux, changé de visage il y a déjà quelques temps. Nos grand-parents étaient face à un capitalisme qui construisait des usines et exploitait les ouvriers. Après guerre, les capitalistes ont investi dans les usines des autres. Aujourd’hui, à but spéculatif, ils s’extorquent entre eux et appauvrissent la population européenne. Avec les privations, ils récupèrent le système public alors que ce dernier est le produit des travailleurs. La délocalisation des entreprises fait chuter le coût du travail et génère un appauvrissement des ouvriers dont la seule richesse est la compétence. En diminuant le nombre d’ouvriers et en les appauvrissant, on diminue leurs compétences. Pour eux, la construction de solidarités internationales et l’organisation des travailleurs à cette échelle est importante et mise en œuvre dès que possible. Ce fut le cas lorsque l’entreprise de sanitaires Roca a voulu d’une part délocaliser les emplois espagnols et d’autre part dégrader les conditions de travail des ouvriers marocains. N’ayant pas la force à eux seuls d’appeler à la grève générale illimitée, leur but est d’essayer de faire comprendre aux travailleurs l’intérêt de l’auto-organisation et de la lutte pour que cesse leur exploitation. Les ouvriers ne sont pas conscients de la situation dans laquelle ils sont enfoncés. Le développement des revendications intermédiaires telles que la hausse des salaires, l’amélioration des conditions de travail, la diminution de la journée de travail, sont importantes car elles peuvent les amener à cette conscience. Mais au-delà de ça le rôle du syndicat est d’armer idéologiquement les travailleurs et travailleuses en popularisant la nécessité de rompre avec les capitalisme et l’État pour construire l’ anarchisme et le communisme libertaire à partir de pratiques quotidiennes.

    • Une manifestation

      A Montpellier, environ 1 500 personnes ont défilé du Peyrou à la Comédie en passant par le consulat d’Espagne. Compte tenu du contexte, on peut considérer que ce n’était pas si mal. La presse relaie le chiffre de manifestants sur tout le territoire et en Europe. L’appel national comme l’appel de l’intersyndicale montpellieraine était sans surprise.

      Notre cortège d’une centaine de personnes a été très animé. « En France, en Grèce, en Espagne ou ailleurs, solidarité de tous les exploités contre l’austérité » est un des slogans qui a rythmé le défilé.Derrière la banderole commune « Partout en Europe contre l’austérité. Grève générale », nous avons défendu nos axes de mobilisation sur la solidarité entre les peuples en lutte contre l’austérité et la répression.

    Nous continuons à penser que c’est en construisant dès maintenant un mouvement interprofessionnel, en se mobilisant massivement ensemble contre les licenciements, la fléxibilisation du travail, la diminution des droits sociaux et toutes les politiques d’austérité, et en renforçant la solidarité entre tou-te-s les exploité-e-s à l’échelle de l’Europe, que nous pourrons établir un réel rapport de force et lutter pour de meilleures conditions de vie et faire avancer l’idée d’un nécessaire changement révolutionnaire.

    Par @@_Xavier_@@ International
  • Partout en Europe, luttons contre les politiques d’austérité

    12 Nov 2012

    Espagne, Portugal, Italie,…
    Manifestons notre soutien aux populations qui se mobilisent contre les politiques d’austérité et la dégradation de leurs conditions de vie, et qui font face à la répression !
    … et en France aussi
    Rassemblons-nous dès maintenant ici aussi pour nous opposer aux politiques de rigueur, aux coupes dans les dépenses publiques, aux attaques contre les droits du travail et les droits sociaux, ainsi qu’à tous les licenciements.

    • Mardi 13 novembre à 19h Conférence débat en compagnie d’un militant de la cgt espagnole, espace Martin Luther King, 27 Boulevard Louis Blanc
    • Mercredi 14 novembre, 14h30, Manifestation de soutien aux peuples en lutte, départ du Peyrou

    Solidarité avec les mobilisations contre l’austérité en Europe

    Les plans d’austérité, qu’ils soient imposés en échange de prêts par le FMI, la BCE et la Commission européenne comme en Grèce ou au Portugal, ou directement par le gouvernement comme en Espagne et en Italie, ont entraîné une dégradation des conditions de vie insupportable pour les populations, avec une explosion du chômage et de la pauvreté, une attaque contre les droits du travail et les droits sociaux, une baisse des salaires et l’augmentation des impôts directs, des problèmes graves d’accès aux soins, au logement… Certains salaires ne sont plus versés, les chômeurs ne perçoivent presque rien et la durée d’indemnisation est de plus en plus plus courte, les retraites ont été revues à la baisse.

    Ces politiques de rigueur, présentées comme nécessaires pour combler les dettes des États, organisent un transfert toujours plus important des richesses depuis les populations vers les classes possédantes et dirigeantes.

    En ce moment, face à ce vol organisé, les travailleur-se-s, les précaires, les chômeur-se-s, les retraité-e-s se mobilisent en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Italie. Une grève générale est annoncée en Espagne et au Portugal pour le 14 novembre. Exprimons à cette occasion notre soutien dans la rue à tous les peuples en lutte, et commençons dès maintenant à nous organiser pour une riposte sociale.

    Ici comme ailleurs refusons toutes les politiques de rigueur

    En France aussi, la crise s’installe. Partout, les plans de licenciements s’enchaînent, des sites industriels ferment. Les entreprises et les établissements publics dégraissent en ne renouvelant pas les CDD et en stoppant l’embauche d’intérimaires. La croissance économique est au point mort, le chômage et la pauvreté augmentent, et nous nous confrontons aux problèmes d’accès aux soins, au logement.

    Pendant ce temps, les gouvernements européens veulent ratifier un nouveau traité pour imposer systématiquement des politiques de rigueur. Partout en Europe, on prévoit de nouvelles mesures d’austérité qui renforceront la spirale austérité-récession.

    Le gouvernement a déjà annoncé d’importantes restrictions des dépenses publiques, des cadeaux au patronat à travers des mesures d’exonération dont la charge sera répartie sur le reste de la population via la TVA, et également des impôts supplémentaires pour le reste de la population. Et il y aura probablement encore de nouvelles attaques, au nom de la compétitivité des entreprises et du redressement économique.

    Partout, les logiques capitalistes imposent la réduction des coûts du travail et la diminution de la redistribution des richesses au sein de la population, enrichissant les classes les plus hautes, détentrices des capitaux et des entreprises.

    C’est en construisant dès maintenant un mouvement interprofessionnel, en se mobilisant massivement ensemble contre les licenciements, la flexibilisation du travail, la diminution des droits sociaux et toutes les politiques d’austérité, et en renforçant la solidarité entre tou-te-s les exploité-e-s à l’échelle de l’Europe, que nous pourrons établir un réel rapport de force et lutter pour de meilleures conditions de vie.

    Contre la répression et la criminalisation des mouvements sociaux

    En Espagne, la répression des dernières manifestations fin septembre a été très violente, avec des charges policières brutales, matraquages, et tirs de balles en caoutchouc. 64 personnes ont été blessées, et 35 arrêtées et poursuivies pour attentat contre les institutions de l’État.

    En Grèce également, tout mouvement de contestation sociale est fortement réprimé. Les forces anti-émeutes interviennent, matraquent, tirent des gaz irritants, et procèdent à des interpellations de groupe face à la résistance. En Italie, les dernières manifs lycéennes ont aussi fait face à la violence policière.

    La répression poursuit plusieurs objectifs :

    • démobiliser les personnes en lutte en montrant la force du pouvoir en place,
    • diviser les acteurs du mouvement qui adopteraient des attitudes différentes face aux violences policières,
    • discréditer et criminaliser les mouvements politiques et sociaux en les présentant comme des troubles à l’ordre public.

    Manifestons une solidarité sans faille face à la répression et à la manipulation des mouvements sociaux et exigeons l’arrêt des poursuites judiciaires ainsi que la libération de toutes les personnes interpellées.

    [gview file= »https://montpellier.unioncommunistelibertaire.org/wp-content/uploads/2015/12/14_novembre_tract.pdf »]

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme International
  • G20 – Anti G20 0 – 0 à l’issue du temps réglementaire

    08 Jan 2012

    Ni les vingt chefs des États les plus riches de la planète, ni les opposants au sommet n’ont particulièrement brillé à l’occasion de la tenue du G20 en France.

    Côté chefs d’État, malgré la prétention de faire du G20 un outil de gouvernance mondiale, peu de décisions majeures ont été prises. Si tous sont d’accord sur la fonction qu’ils donnent aux décisions qu’ils prennent, à savoir favoriser l’expansion et la stabilité du capitalisme, aucun ne souhaite trop lâcher sur ses intérêts propres dans la concurrence que se mènent les différentes grandes zones économiques. Aucune solution capitaliste miraculeuse non plus à sortir du chapeau pour faire face à la crise économique et financière.

    Pour sauver les apparences, à défaut de mesures, quelques engagements ont été présentés au monde. Celui de favoriser l’augmentation de la demande intérieure du marché chinois pour booster la croissance mondiale. Également de créer une taxe sur les transactions financières pour générer des recettes face à la crise de la dette ; et de s’attaquer aux paradis fiscaux. Finalement pas beaucoup plus que les engagements non tenus du G20 de Londres au début de la crise. Sauf peut-être dans les coulisses, où le lâchage de Berlusconi et Papandréou par leurs pairs a conduit à la chute de deux gouvernements dans les jours qui suivirent le sommet.

    Côté anti-G20, malgré la crise que traverse le système capitaliste, dont la crise des dettes souveraines n’est qu’un des aspects, les mobilisations n’ont pas été fortes. Moins de 10.000 personnes ont manifesté le 1er novembre à Nice, quelques rassemblements clairsemés ont eu lieu le même jour dans quelques villes comme Nantes ou Montpellier. Pour l’essentiel, les énergies se sont concentrées à organiser le déplacement des militant-es vers Nice, laissant de côté l’activité politique en amont en direction de la population. Là où des collectifs locaux se sont mis en place pour faire ce travail, comme à Montpellier, la proposition de faire une campagne locale au lieu de se déplacer au contre sommet n’a que peu pris, restant confinée à des réseaux militants trop faibles pour avoir un impact important.

    Sur le fond, alors que le capitalisme est en crise, que les gouvernements multiplient les mauvais coups pour garantir les privilèges des classes dominantes, la seule proposition émanant du contre sommet est la création par Attac d’un collectif national pour un audit citoyen de la dette. On est bien loin encore d’une contestation du capitalisme dans sa globalité.

    Il faudra donc probablement attendre les prolongations ou les tirs aux buts pour qu’en France, à l’instar d’autres pays européens comme la Grèce ou le Portugal, les travailleurs et plus largement la population relèvent la tête face aux attaques de nos gouvernants.

    Stéphane – Montpellier

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme International
  • Le printemps maghrébin : des aspirations communes de tous les peuples

    20 Mar 2011

    Depuis l’immolation de M. Bouazizi le 17/12/2010, les mouvements de contestation du pouvoir en place au Maghreb et au proche Orient n’arrêtent pas de s’étendre.
    Des manifestations massives ont lieu en Libye, en Algérie, au Maroc, mais aussi en Iran, au Soudan, au Yemen, au Bahreïn, à Djibouti. Les dictateurs Ben Ali et Moubarak ont fui devant la pression du peuple, les libyens tentent de faire tomber le colonel Kadhafi. Des luttes sociales ont existé dans plusieurs de ces pays sans parvenir à l’ampleur de celles qui sont en cours aujourd’hui.

    Les dynamiques développées surprennent et font peur aux dominant-e-s car cette fois, l’hostilité contre les régimes est globale et ne concerne pas seulement le départ des dictateurs mais aussi des revendications sociales liées à la répartition des richesses. Une grande partie de la population se bat pour réclamer plus de liberté et de justice sociale.
    Ces dynamiques ne rentrent pas dans le cadre d’une idéologie/politique nationale, religieuse ou démocratique. Les manifestant-e-s attaquent des symboles du régime (édifices ou multinationales), se mettent en grève mais surtout dans la plupart des cas, les révoltes n’ont pas de chefs. Des nouveaux réseaux d’entraide et d’auto-organisation collective se développent.

    Des États complices pour maintenir une exploitation identique

    Pendant ce temps, les États-Unis et l’Union Européenne tentent de camoufler leur politique de soutien aux dictateurs. La plupart des armes antiémeute et des munitions employées par les forces des régimes pour tuer et réprimer proviennent des entreprises européennes ou américaines. L’Égypte est le pays du Maghreb le plus aidé militairement par les USA.

    Depuis 20 ans, les grandes puissances jouent les marchands d’armes avec les dictateurs. La complicité des États, leur responsabilité et leur cynisme est montrés au grand jour. Ils sont eux aussi responsables des massacres des populations civiles effectués avec le matériel militaire qu’ils ont fourni.
    Alors que les politicien-ne-s de l’Europe se déclarent solidaires des insurgé-e-s, ils n’arrêtent pas de faire des calculs « humanitaires » pour les immigré-e-s provenant des pays en révolution. Les frontières européennes restent fermées et militarisées. Les migrant-e-s sont enfermés dans des camps. La droite s’est lancée dans une pré-campagne électorale aux relents d’extrême-droite en criant à l’invasion de vagues d’immigrés.

    Tout est fait pour faire en sorte que les révoltes ne « tournent » pas mal pour les intérêts des États et des entreprises multinationales. La colère de la rue et la lutte pour de meilleures conditions de vie sont vite transformées par les médias en revendications pour des élections libres dans le cadre du modèle social-démocrate et la démocratie, (avec des leaders, des réformes constitutionnelles) mais pas de changement de gestion du pouvoir politique et économique.

    C’est aussi dans ce sens que l’armée se présente comme porteuse de reformes et garante de la transition démocratique. Sans nier les mouvements de fraternisation qui ont émergé, nous ne pouvons nous fier à l’armée parce qu’elle tue, torture et sert les intérêts nationalistes des puissants au détriment des civils.

    La théorie du choc des civilisations tant vantée par les États occidentaux est mise à mal. Sans nier les risques fondamentalistes religieux, les tunisiens et les égyptiens ont montré clairement leur refus d’un système dictatorial, qu’il soit laïc ou islamiste. La nation arabe apparaît comme une fiction entretenue par l’Occident pour faire croire à l’axe du mal.

    Des tentatives de changement par des actions d’auto-organisation et des grèves

    Dans les médias, le discours affirment que c’est une transition démocratique qui est avant tout demandée, pas une révolution sociale même si le système d’exploitation économique est contesté par une partie des manifestants. Tout reste à faire pour que de véritables changements sociaux émergent. L’exemple de la Tunisie illustre cette difficulté. Le premier ministre sous la pression du peuple a quitté le gouvernement pour être remplacé par un homme de 80 ans ministre sous Bourguiba.

    Les impasses sont communes ici et là-bas car les démocraties parlementaires ne changeront pas le fond du problème. Elles représentent une façade juridique qui produit un écran de fumée.

    On ne peut que constater une similitude dans l’exercice ordinaire du pouvoir entre nos fausses démocraties et les systèmes autocratiques :

    • une classe privilégiée défend ses propres intérêts
    • des réseaux clientélistes existent
    • la classe politique œuvre en toute impunité face à une justice mise au pas
    • le personnel politique reste au pouvoir tant qu’il le peut

    Nous ne devons pas baisser les bras devant le désespoir politique, le capitalisme et les dernières défaites lors du mouvement des retraites car les peuples en lutte nous donnent à voir des formes d’auto-organisation sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. En Égypte, les 24 000 salarié-e-s de la principale usine du pays ont obtenu par la grève une hausse de salaire de 25%, des comités populaires de quartier ont été montés pour se défendre contre les milices armées du pouvoir en Tunisie et en Egypte, des réquisitions de logements ont eu lieu. Sous la pression, l’État Algérien a annoncé des mesures sociales, le roi du Maroc aussi. Au Barhein des prisonniers politiques ont été libérés.

    Les chefs ont peur. Le poids du nombre des manifestants pour faire pression et faire basculer les choses nous rappelle que lutter et se révolter constitue l’arme principale des peuples partout dans le monde et réhabilite l’idée mise à mal en Occident que descendre dans la rue peut représenter une force unique.

    Contre le pouvoir ici et là-bas, Solidarité internationale / la soif commune de justice et de liberté

    Malgré les morts, malgré la répression et quelle que soit la suite à venir, ce qui se passe dans ces pays est réjouissant. Les révolté-e-s nous montrent que leur lutte renverse l’ordre établi, blesse la machine étatique et inquiète la finance mondiale.

    Face à la féroce répression et aux projets des grandes puissances, la solidarité des exploité-e-s et la lutte commune au-delà des frontières est de plus en plus nécessaire. Ces révoltes feront partie de l’histoire de peuples, de ceux et celles qui sont en bas ; ces révoltes sont aussi les nôtres.

    En Tunisie, en Égypte, en Europe et partout dans le monde, les exploité-e-s n’ont pas d’autre alternative que de lutter pour s’émanciper des oppressions étatiques, économiques et religieuses.

    Groupe Un Autre Futur
    de la Coordination des Groupes Anarchistes

    [gview file= »https://montpellier.unioncommunistelibertaire.org/wp-content/uploads/2015/12/tract_uaf_-__20110319.pdf »]

    Par @@_Xavier_@@ Anticapitalisme International
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