Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the the-events-calendar domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the mpc domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the widgetize-pages-light domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OrangeIdea_Popular_Posts_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/oi_popular_posts.php on line 34

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OrangeIdea_Latest_Posts_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/oi_latest_posts.php on line 34

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OrangeIdea_Latest_Posts_Simple_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/oi_latest_posts_simple.php on line 34

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OrangeIdea_Recent_Posts_Comments_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/oi_recent_posts_comments.php on line 32

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OI_Instagram_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/oi_instagram_widget.php on line 33

Deprecated: Methods with the same name as their class will not be constructors in a future version of PHP; OrangeIdea_Twitter_Widget has a deprecated constructor in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga/framework/widgets/twitter/oi_twitter_widget.php on line 33
International – Page 6 – Union Communiste Libertaire Montpellier
Notice: La fonction WP_Scripts::localize a été appelée de façon incorrecte. Le paramètre $l10n doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script(). Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

Notice: La fonction WP_Scripts::localize a été appelée de façon incorrecte. Le paramètre $l10n doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script(). Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

Notice: La fonction WP_Scripts::localize a été appelée de façon incorrecte. Le paramètre $l10n doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script(). Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114

International


  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Chloroquine : quand communication médiatique et sciences font mauvais ménage

    31 Mar 2020

    Depuis quelques jours on voit un emballement médiatique autour de la chloroquine, présentée comme un remède miracle par le Pr Didier Raoult. En réalité, on n’en sait rien (et lui non plus) : l’étude scientifique véritable pour déterminer son efficience est encore en cours. Mais un bon plan com’ aura attiré l’attention sur son labo, semé le trouble dans une population déboussolée, et jusque chez certains politiciens.

    La chloroquine c’est quoi ? Il s’agit d’un médicament contre le paludisme, connu depuis longtemps, pas trop cher (1 euro le comprimé), et produit en grande quantité. Il est fréquent, quand de nouvelles maladies apparaissent, de tester en laboratoire tous les médicaments déjà existants pour voir si par hasard ils ne fonctionneraient pas, c’est ce qu’on appelle le repositionnement.

    Pour autant, ce médicament a de nombreux effets secondaires [1] et, parmi les plus problématiques, de possibles troubles cardio-vasculaires. Il ne doit donc pas être pris sans raison, et peut être dangereux pour des personnes présentant d’autres maladies.

    Une étude très discutable

    Fin février, une étude chinoise montre des résultats prometteurs de la chloroquine contre le Covid-19 in vitro, c’est-à-dire en éprouvette. Cependant, ça n’est pas parce qu’un produit marche in vitro, qu’il marchera in vivo, c’est-à-dire sur des êtres vivants.

    Cela n’empêche pas le Pr Raoult de sortir fin février une vidéo, Fin de partie, où il affirme que la guerre contre l’épidémie est d’ores et déjà réglée. Il est ainsi intégré dans le Conseil scientifique de suivi nommé par Macron, mais préfère être « à côté ». Il s’exprime vigoureusement contre le confinement, qu’il qualifie de « moyen-âgeux » [2], ce qui n’est sans doute pas étranger à la première annonce de Macron, du jeudi 12 mars, de se contenter de fermer les écoles.

    Disons que Macron a trouvé une caution scientifique à sa décision politique de ne pas confiner pour maintenir l’économie, quitte à exposer la majeure partie de la population. Rappelons qu’à ce moment, d’autres scientifiques modélisaient que la stratégie de laisser-faire, en vue d’atteindre l’immunité de groupe le plus vite possible, pouvait se solder par 300.000 à 500.000 morts [3]. Le confinement ne remet pas en cause l’idée d’atteindre l’immunité de groupe mais, en étalant les courbes dans le temps, permet d’amoindrir considérablement le bilan humain en limitant la surcharge des hôpitaux.

    Au final, le Pr Raoult conduit une étude en urgence, dans des conditions ne respectant pas du tout l’éthique scientifique, afin de faire croire que la chloroquine marcherait sur des patient·es. L’étude a été vivement critiquée [4] : les cas les plus problématiques traités par chloroquine ont été retirés des résultats (y compris un décès), il n’y a eu que 20 patient·es traité·es, elle est parue dans un journal dont l’éditeur est auteur de l’article, etc. L’Inserm écrit ainsi sur son site que sa « validité méthodologique est controversée » [5].

    La nouvelle étude publiée le 27 mars semble être du même tonneau [6].

    Entre-temps, des files de personnes se sont formées devant le labo du Pr Raoult pour se voir administrer de la chloroquine. Des personnes qui n’étaient pas malades ont en conséquence sans doute été contaminées dans ces files d’attente. Et en Afrique, la chloroquine est également prise d’assaut [7], ce qui réduit d’autant les stocks pour les personnes dont on est sûr qu’elles en ont besoin.

    Il s’agissait donc d’un plan de communication bien orchestré dans la période de doute et d’angoisse actuelle. Avec des conséquences, jusqu’ici relativement limitées mais qui auraient pu être graves s’il avait conduit au non-confinement par exemple.

    A Marseille, fin mars, les marins pompiers étaient contraints de réguler la foule venue faire la queue devant l’IHU du Pr Raoult, en quête du médicament miracle.

    Mais alors on fait quoi ?

    Une étude européenne [8] incluant 3.200 patients, dont 800 en France, coordonnée par l’Inserm, a été lancée le 23 mars, pour tester 4 molécules. Il n’y a en effet pas que la chloroquine qui suscite l’espoir, mais les autres médicaments n’ont pas bénéficié d’un plan de communication médiatique. Les résultats seront connus dans quinze jours.

    Une étude a également été lancée aux États-Unis [9]. On pourra reconnaitre un intérêt au plan com du Pr Raoult : il a permis à la chloroquine d’être incluse dans cette étude.

    Par ailleurs, depuis lundi 23 mars, le Haut conseil de la santé publique recommande l’utilisation, dans les cas graves [10]. Donc son utilisation est d’ores et déjà possible.

    Y a-t-il un complot autour de la chloroquine ?

    Le Pr Raoult est en conflit ouvert avec Yves Lévy, ancien PDG de l’Inserm et mari d’Agnès Buzyn. Il n’en faut pas plus à certains soit pour y voir un complot, parfois sur fond de relents antisémites, soit pour prendre fait et cause pour Raoult. C’est le cas de Trump, qui considère la chloroquine comme un « don du ciel » [11], ce qui a conduit un homme en Arizona à décéder après avoir ingéré du phosphate de chloroquine, initialement destiné au nettoyage de son aquarium.

    Mais c’est également le cas par exemple de Mélenchon, qui juge que « Didier Raoult est trop mal aimé par les belles personnes pour ne pas éveiller l’intérêt » [12]. On retrouve là le vieil adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Cependant, Mélenchon oublie un peu vite que le Pr Raoult a été très soutenu par Macron, qui a « ordonné qu’on l’écoute » aux scientifiques [13].

    L’épisode ne peut donc pas se résumer à un conflit d’égos. Le fond du problème, c’est bien la validité des études scientifiques passées (celle de Raoult) et à venir.

    Il est fort probable qu’après le plan com du Pr Didier Raoult, d’autres chercheurs, des labos privés ou publics, se présenteront comme les sauveurs de l’humanité.

    Qu’en conclure ?

    Nous aurons droit à d’autres épisodes de ce type. Des chercheurs, des labos privés ou publics, vont se présenter comme les sauveurs de l’humanité. Il n’y a pas d’enjeu d’argent avec la chloroquine, juste un enjeu de notoriété. Mais on peut être sûr que, dans les mois qui viennent, des labos privés vont nous présenter des résultats très prometteurs sur des molécules, afin de lever de l’argent ou de faire monter leur cours en Bourse. Et des politiciens vont à coup sûr se ruer sur ces polémiques pour se positionner sur l’échiquier, ou pour justifier des décisions politiques sous couvert de « neutralité de la science ».

    Il nous faut donc nous informer, comprendre les enjeux, ne pas laisser quelques sauveurs suprêmes, qu’ils soient politiciens ou scientifiques, décider à notre place. Pour ce qui est de la chloroquine, nous saurons d’ici une semaine si elle est efficace ou pas, sur la base d’une véritable étude scientifique. D’ici, là elle est déjà utilisée pour les cas les plus sévères.

    Union communiste libertaire, le 30 mars 2020


    QUI EST LE PROFESSEUR DIDIER RAOULT ?

    Rappelons en premier lieu que le Pr Raoult n’est pas le visionnaire ou le sympathique gourou décrit dans les médias. Les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche ont durement bataillé pour dénoncer les conditions de travail dans le laboratoire qu’il dirige, l’Urmite [14], et le fait qu’un cas de harcèlement sexuel ait été couvert en interne [15]. Cette affaire s’était soldée par la révocation du chercheur harceleur et par le retrait du soutien scientifique du CNRS [16] et de l’Inserm [17] à ce labo. À aucun moment le Pr Raoult n’a pris de mesures contre ces faits graves et en plaisanta même ouvertement lors de l’inauguration des nouveaux locaux du labo en se proposant d’« installer un distributeur de préservatifs » [18] à l’entrée.

    [1] Paul Turban, « Coronavirus : quels sont les effets secondaires de la chloroquine ? », RTL, 23 mars 2020.

    [2] « France : “Je ne participe plus au Conseil scientifique réuni autour d’E. Macron” (Didier Raoult) », i24News, 26 mars 2020.

    [3] Hervé Morin et Sandrine Cabut, « Coronavirus : l’immunité de groupe, un pari risqué », Le Monde, 16 mars 2020.

    [4] Nicolas Martin, « Chloroquine : le protocole Raoult », France Culture, 24 mars 2020.

    [5] Inserm, « “Fake news” et désinformation autour du coronavirus SARS-CoV2 », 23 mars 2020.

    [6] « Coronavirus et hydroxychloroquine : le professeur Raoult publie une nouvelle étude, aussitôt critiquée », Le Monde avec l’AFP, 28 mars 2020

    [7] Anna Sylvestre-Treiner, « Contre le Covid-19, la chloroquine prise d’assaut en Afrique », Courrier international, 23 mars 2020

    [8] Inserm, « Lancement d’un essai clinique européen contre le Covid-19 », 22 mars 2020.

    [9] « Chloroquine et Covid-19, où en est-on ? », Charentelibre.fr le 29 mars 2020

    [10] Irène Lacamp, « Covid-19 : L’hydroxychloroquine autorisée à l’hôpital pour le traitement des formes graves uniquement », Sciences et Avenir, 24 mars 2020

    [11] « Coronavirus : la chloroquine, un “don du ciel”, selon Donald Trump », LCI, 24 mars 2020.

    [12] « Jean-Luc Mélenchon prend la défense du professeur Didier Raoult, face aux “belles personnes” », BFMTV, 27 mars 2020.

    [13] Lana Muller, « Emmanuel Macron, “déboussolé”, a appelé Didier Raoult : ce qu’ils se sont dit au téléphone », Voici, 26 mars 2020.

    [14] Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes.

    [15] « Implication de la CGT dans la défense du personnel d’un laboratoire marseillais », CGT-SNTRS le 20 novembre 2017.

    [16] Centre national de la recherche scientifique.

    [17] Institut national de la santé et de la recherche médicale.

    [18] Benoît Gilles, « Didier Raoult inaugure son IHU Méditerranée Infection sur un mode défensif », Marsactu, 28 mars 2018.



  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    L’Amérique Latine, entre mesures drastiques et sourde oreille

    29 Mar 2020

    L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud sont tiraillées, entre d’un côté des quarantaines et de l’autre des gouvernements sceptiques qui refusent d’admettre la gravité de la situation. Ces derniers souhaitent préserver leur économie au détriment des plus pauvres. Les quarantaines sont faites sans mise en place de politique sociales d’ampleur qui puisse répondre à toutes celles et ceux qui, faisant partie de l’économie parallèle et vivant de l’argent gagné au jour le jour ne pourront survivre sans mettre un pied dehors.

    Néo-libéralisme et gauche populiste, une ligne commune met à l’écart de vraies mesures sociales. Les cas les plus marquants médiatiquement sont ceux du Chili de Piñera et surtout du Brésil de Bolsonaro.

    Dans ces pays, les frontières ont été partiellement fermées. Les gouvernements continuent de jouer la montre et ne prennent des décisions qui ne bénéficient qu’aux élites. Au Brésil, bon nombre de dirigeant.e.s de la classe politique sont à contre sens du président, qui malgré tout s’entête et continue les déclarations tentant de faire passer la pandémie pour une fausse crise. Bolsonaro préfère prendre des mesures de sauvegarde des entreprises, leur permettant de licencier sans contrainte « de manière temporelle » le temps que passe la crise et laissant penser que le covid-19 n’est pas plus dangereux qu’un gros rhume… Le ministre de la santé prévenant même qu’à ce rythme, les hôpitaux seront en crise total dès le mois d’avril. Dans les deux cas, nos camarades anarchistes organisé.e.s, de la CAB [1] et de la FAS [2] ont vivement critiqué.e.s ces fausses mesures et appellent à se mobiliser. Iels pointent, le capitalisme comme responsable et affirment que la grève générale, arme légitime de notre classe est la seule chose à même de nous défendre et de nous protéger.

    En Bolivie, quarantaine et fermeture des frontières ont été décrétées. Dans la foulée, le gouvernement putschiste en profite pour annoncer dès maintenant le report, sans date, des élections qui devaient se tenir en mai. Les dérives de la sur-militarisations du pays depuis le coup d’État était déjà d’une extrême violence. Nous craignons que la quarantaine, proposée sans réforme sociale pour l’appuyer, ne soit une excuse de plus pour légitimer la répression sanglante des populations indigènes et des quartiers périphériques.

    Au Pérou, quarantaine et couvre-feu ont aussi été décrétés, et là encore ce sont en grande partie les militaires placés dans les rues pour faire appliquer les mesures. La Colombie est elle entrée en confinement obligatoire depuis le mardi 25 mars, même si les frontières étaient elles, déjà fermées, notamment avec le Venezuela où la quarantaine était déjà en place. Le pays, déchiré par la lutte pour le pouvoir entre Maduro et Guaido depuis la tentative de coup d’État, craint une catastrophe sanitaire à très courte échéance tant les services publics et hospitalier sont dans un état désastreux. 80% des établissements hospitalier n’ont pas d’eau courante plus de deux fois par semaine.

    L’État uruguayen, premier pays du continent a avoir fermé ses frontières et les écoles, n’a toujours pas décrété de quarantaine obligatoire. Il y est vivement conseillé de rester chez soi et de ne sortir qu’en cas de nécessité. Les entreprises commencent à se mettre à l’arrêt mais en profitent pour procéder à des licenciements. Il est aussi à craindre, d’un point de vue tant sanitaire que social, pour la vie des habitant.e.s les plus pauvres, retranché.e.s dans les quartiers périphériques, si rien n’est mis en place pour assurer un revenu minimum à toutes et tous.

    L’Argentine, après avoir fermée ses frontières aux pays à risques a rapidement fermé les frontières terrestres et maritimes ainsi que les écoles. L’annonce de la quarantaine, même si elle était attendue sur place, s’est faite très rapidement par un discours du président Alberto Fernandez jeudi 19 mars en fin de journée avec effet immédiat dès minuit, laissant très peu de temps pour s’organiser. Encore une fois, c’est à grand renfort de militaires et de toutes les forces de police qu’on entend mettre en œuvre cette décision. Dés le lundi suivant, on compta plus de 8800 arrestations dans tout le pays…

    Malgré tout, les organisations sociales argentines arrivent à imposer un rapport de force et un revenu universel est en train d’être discuté. Cependant, celui-ci ne sera absolument pas suffisant pour vivre dignement. En effet on parle de 10 000 pesos/mois (155€). Le salaire minimum mensuel étant de 18000 pesos (262€) étant déjà à l a limite du seuil de pauvreté. Nos camarades de la FOB Autonoma participent aux discussions par le biais d’un front de lutte inter-organisation, rappelant que la quarantaine ne doit pas être romantisée. Elle peut être un risque pour les plus précaires qui n’ont déjà pas de quoi manger, tout comme pour la sécurité des femmes face aux violences qu’elles subissent. Les militant.e.s de la FAR [3] actif.ve.s aussi, rappellent l’importance de la solidarité et de l’entraide au sein de notre classe dans ces moments difficiles.

    L’Amérique Centrale subit elle aussi les affres de ces dirigeant.e.s

    Le président mexicain tient toujours son cap malgré les critiques. Le plan de « saine distance », prévue du 23 mars au 19 avril, et qui invite les mexicain.e.s à rester confiné ou à maintenir 1m50 de distance entre les personnes à l’extérieur reste la seule vraie mesure mise en place. A contrario et après avoir détecté 17 cas de Covid-19 sur son territoire, le Guatemala a décidé d’un arrêt partiel de la production industrielle du pays afin de contenir la pandémie. « Avec la Chambre d’industrie, nous sommes convenus d’une fermeture volontaire des industries non essentielles du pays pour une période de huit jours » déclare Alejandro Giammattei. Ce qui ne nous indique pas quelles mesures sont mises en place pour protéger les salaires des travailleuses et des travailleurs, pas plus que pour celles et ceux privé·es d’emplois ou pour celles et ceux en dehors du salariat formel. L’ancien révolutionnaire sandiniste Ortega, dirigeant controversé du Nicaragua ne croit pas en la gravité de la situation. Il organise toujours des rassemblements publics et ne prend aucune mesure. Il vient tout de même d’en appeler à Cuba, pour demander l’envoi d’une « brigade de médecin spécialistes », ce qui nous laisse espérer un changement de cap…

    Le Honduras et le Salvador ont mis en place des fermetures de frontières et imposé la quarantaine. Au Panama pour le moment c’est un couvre-feu qui a été décrété. Tandis que le Costa Rica en appelle à la quarantaine et a fait fermer tous les lieux publics non nécessaires.

    Nos vies valent plus que leurs profits, et pourtant, ce sont encore une fois ce sont toutes celles et ceux d’en bas, qui partout dans le monde subissent le plus violemment la crise. Notre classe à qui l’on voudrait tenter de demander de redoubler d’effort pour l’arrêter. C’est tout le capitalisme qui est en crise, tout un système qui montre une fois de plus ses faiblesses mais qui, de surcroit, a l’indécence de nous pointer du doigt comme responsable.

    La quarantaine, actuellement, si elle est le meilleur rempart face à la propagation du Covid-19, n’est malheureusement pas une possibilité pour toutes et tous. Les politiques répressives misent en placent partout dans le monde le montrent bien, celles et ceux qui trinquent ce ne sont pas les bourgeois.e.s et les premier.ère.s ciblés par la répression sont comme toujours les habitant·e·s des quartiers populaires.

    Nous devons partout créer des réseaux de solidarité et d’entraide concrète dans la mesure du possible. Imposons avec nos collègues le droit de cesser le travail pour stopper l’épidémie. Organisons nous-mêmes cette production. Revendiquons qu’un revenu digne soit assuré pour tou.te.s partout. Exigeons que les moyens nécessaire soient apportés aux services de santés et que les personnelles soignant.e.s soit protégé.e.s !

    Union communiste libertaire

    [1] CAB : Coordination anarchiste brésilienne.

    [2] FAS :Fédération anarchiste de Santiago, Chili,

    [3] FAR : Fédération Anarchiste de Rosario, Argentine.


  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Une crise d’ampleur internationale : le responsable, c’est le capitalisme !

    24 Mar 2020

    En trois mois, le coronavirus s’est étendu à près de 170 pays, au total plus de 200 000 cas de Covid-19 ont été confirmés ainsi que 9 000 décès selon l’OMS. À l’origine de cette crise sanitaire, c’est bien le capitalisme qui est en cause et notamment l’industrie de la viande qui, en plus des conditions sanitaires dégradées, induit des déforestations. Ces dernières détruisent l’habitat d’animaux vecteurs de maladies. Ces facteurs favorisent ainsi l’entrée en contact des virus avec les populations humaines. L’organisation actuelle de l’économie et des échanges a accéléré la propagation du virus à l’échelle mondiale. La concurrence et la course au profit entre capitalistes ont retardé et limitent les mesures sanitaires dans de nombreux pays. Et les conséquences de cette pandémie seront encore plus dramatiques dans les régions dominées économiquement.

    Une crise sanitaire et économique internationale

    En Amérique Latine, l’Uruguay a pris les premières mesures face au virus dès vendredi dernier (13 mars) en décrétant la fermeture de toutes ses frontières. 80 cas sont recensés sur les 3,4 millions d’habitant.es, une quarantaine a été établie, des contrôles policiers sont annoncés. Les écoles sont fermées et les entreprises font peu à peu de même tout en mettant en place des recommandations de sécurité…

    En Argentine depuis le premier cas confirmé il y a moins de 2 semaines, la pandémie s’est étendue à un peu moins de 100 cas recensés. Les écoles sont fermées depuis lundi, une quarantaine obligatoire vient d’être décrétée, du vendredi 20 mars jusqu’au 1er avril. Annoncée le jeudi au soir et à effet direct dès minuit, la population a eu très peu de temps pour se préparer. Un déploiement massif des forces de polices du pays laisse craindre un déchainement de violence policière dans les quartiers populaires et surtout dans les villas (bidonvilles). Les sorties sont autorisées pour acheter à manger dans les supermarchés qui continuent de fonctionner, pour aller à la pharmacie et pour aider des personnes vulnérables.

    L’enjeu de la protection des travailleurs.ses, du paiement de leur salaire ainsi que de la fermeture des entreprises se pose, est-ce que les salarié.es seront contraint.es de travailler au mépris de leur vie comme en Europe ? Des millions de travailleurs.ses de l’économie populaire sont en dehors du salariat formel, et ne seront pas protégé.es. Quid alors de ces millions de personnes qui ne vont pas pouvoir survivre sans sortir pour travailler ? À cause d’un accès à l’eau très préoccupant, une crise d’ampleur est redoutée. Alors que l’Argentine vivait déjà une épidémie de dengue, concentrée principalement dans les bidonvilles où se développent les moustiques en raison des conditions d’insalubrités élevées. Cette épidémie inquiétait moins le gouvernement ne touchant de fait que les plus pauvres.

    Le Brésil encaisse aussi de plein fouet l’irresponsabilité de son président d’extrême droite, freinant toutes les mesures sous prétexte que la pandémie serait plutôt due à une « hystérie collective ». Malgré tout, le pays commence tardivement à suivre ses homologues latino-américains et décrète aujourd’hui la fermeture de toutes ses frontières terrestres et l’interdiction d’entrée aux personnes venant de certains pays européens et asiatiques. Au Chili aussi, les mesures de la classe politique visent d’abord à protéger les profits plutôt que la population.

    En Afrique où le premier cas de Covid-19 est apparu en Égypte en février, on se prépare au pire. Pour le moment on parle d’environ 640 cas répartis dans 33 pays, mais les soignant.e.s préviennent que trop peu de tests ont été faits et que les chiffres sont sûrement en dessous de la réalité. Le continent africain subit d’autant plus la crise à cause de l’attitude et des politiques coloniales visant à rendre et garder dépendante toute une partie de son économie, les mesures prises par les pays européens et les États-Unis en termes par exemple d’échanges commerciaux ont donc d’autant plus d’impact. Au niveau sanitaire le constat est aussi alarmant, avec beaucoup de zones dans lesquelles il sera très difficile, voire impossible, de mettre en place ne serait-ce que les mesures de base visant à ralentir la propagation.

    Résistances et organisation de celles et ceux d’en bas

    Au Mexique pour l’instant le gouvernement tente d’empêcher une mise en place rapide des mesures nécessaires. Les communautés Zapatistes ont elles décidé de mesures d’urgences « Considérant l’irresponsabilité frivole et le manque de sérieux des mauvais gouvernements et de la classe politique dans sa totalité, qui utilisent un problème humanitaire pour s’attaquer mutuellement, au lieu de prendre les mesures nécessaires pour affronter ce danger qui menace la vie sans distinction […] ainsi que l’absence d’un véritable plan pour affronter la menace… » [1] L’alerte rouge est donc déclarée dans les « caracoles », qui seront fermés jusqu’à nouvel ordre.

    Les USA subissant les affres de Donald Trump, n’échappent pas à une tentative de minimiser l’ampleur du risque. Des mesures de quarantaines ont tout de même débuté et la solidarité et la résistance s’organisent, avec notamment un appel à une grève des loyers qui commence à prendre un peu d’ampleur. Là-bas aussi vu la lenteur à y répondre, la crise risque de faire des ravages, d’autant plus que le système de santé ultra-libéral n’autorisera pas les classes populaires à se soigner correctement et recevoir les soins nécessaires.

    Alors que le confinement est total en Italie, pays qui compte le plus grand nombre de morts, les entreprises qui n’étaient pas absolument nécessaires pour enrayer l’épidémie ont continué à produire jusqu’à ce dimanche 22 mars. C’est parce que les grèves se sont multipliés que le gouvernement a été contraint de suspendre (jusqu’au 3 avril pour l’instant) toutes les activités non-essentielles. Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui ont imposé les mesures nécessaires aux capitalistes et à l’État. Au Portugal, le gouvernement de gauche prend les devants en suspendant totalement le droit de grève.

    Partout, la crise sanitaire est extrêmement préoccupante pour celles et ceux d’en bas. Les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous mettent en danger pour leurs profits quand eux se mettent à l’abri, ne prennent pas de mesures sociales, voire remettent en cause nos droits sociaux pour tenter coûte que coûte de nous renvoyer au travail, ou nous empêcher purement et simplement de le quitter. La solution ne viendra que de nos solidarités et de notre auto-organisation pour résister. Il faut continuer à rester en contact, échanger sur nos expériences et nos résistances pour faire vivre notre internationalisme.

    Union Communiste Libertaire, le 22 mars 2020

    [1] https://lavoiedujaguar.net/Face-au-coronavirus-l-EZLN-ferme-les-caracoles-et-appelle-a-ne-pas-abandonner


  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    La force des femmes change le monde

    09 Mar 2020

    Il y a cent ans, le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint-Pétersbourg (Russie) se mettaient en grève, manifestaient pour réclamer du pain et la paix et initiaient ainsi un mouvement révolutionnaire historique. Aujourd’hui, dans plus de 50 pays les femmes participent à un mouvement de grève internationale.

    Nous, les femmes dans le monde, nous nous organisons en une épreuve de force et en un cri commun : la grève internationale des femmes. Nous nous arrêtons. Nous faisons grève, Nous mettons en pratique le monde dans lequel nous désirons vivre  » [1].

    En 2017, l’appel international #NosotrasParamos (#On­arrêtetoutes) en Argentine lance la première grève internationale des femmes suite au féminicide d’une jeune fille de 16 ans Lucià Perez, violée et assassinée.

    La lutte féministe est internationaleEn faisant la grève internationale le 8 mars, du travail salarié et domestique, les femmes permettent de rendre visible, de dénoncer et d’affronter la violence sociale économique et politique qui ne se réduit pas à une question privée ou domestique  [2].

    Dès 2018, des millions de femmes ont fait grève à travers le monde  : en Espagne (cinq à six millions dans les rues), en Argentine, au Chili, en Pologne, et dans plus de 50 pays, elles étaient des centaines de milliers.

    En 2019, la grève féministe gagne encore du terrain et touche tous les continents  [3]. En Espagne un millier de rendez-vous ont été planifiés pour revendiquer la fin des violences sexistes et l’égalité salariale. En Italie, 50 000 manifestantes à Rome et plusieurs milliers à Milan, Naples, Gênes, Bologne ou Palerme se sont regroupées. L’association Non una di Meno  [4] appelait à une grève féministe le 8 mars pour lutter contre toutes les violences et discriminations (famille, travail, rue, hôpitaux, écoles…), mais aussi la liberté des femmes dans un contexte d’attaques contre l’avortement et de retour aux valeurs de la famille.

    Pour la première fois, les Belges ont été appelées à une grève totale à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes  : grève du travail salarié, du soin, de la consommation et des études. Le mouvement des femmes constitue le moteur des mouvements sociaux partout dans le monde  : partout le mouvement des femmes se lève, fait masse et fait front.

    Violences et avortement : des sujets déterminants

    Si les grèves internationales des femmes sont nées en Argentine puis dans toute l’Amérique latine, de la lutte contre les féminicides, elles se sont rapidement étendues à d’autres continents et d’autres thématiques  : aux États-Unis (Women’s March et #MeToo), en Islande (grève pour l’égalité salariale), en Espagne et en Pologne (droit à l’avortement), en Italie (Non Una di Meno).

    Les récentes attaques contres l’avortement (fermetures des centres d’interruption volontaire de grossesse, coupe budgétaire des plannings familiaux, offensive médiatique des anti-IVG) en font un enjeu majeur de cette grève.

    Une situation internationale qui résonne en FranceUn an après #MeToo, les marches organisées en France à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ont rassemblé 50 000 personnes sur l’ensemble du territoire  [5].

    En 2019, les mobilisations entamées dès le mois de juillet contre les féminicides et la date du 28 septembre pour le droit à l’avortement, ont préparé les mobilisations historiques du 23 novembre où 150 000 personnes sont descendues dans la rue sur tout le territoire.

    La lutte contre la loi El Khomri et les Nuits debout ont été de formidables accélérateurs politiques pour le féminisme. De nombreux collectifs féministes, des femmes syndicalistes ont alors élaboré des analyses, des axes de revendications et du matériel spécifique à l’exploitation et à l’oppression des femmes, lutte contre la paupérisation des femmes, refus des temps partiels imposés, charges mentales liées au travail domestique, harcèlement au travail et analyse portée au sujet des secteurs dit «  féminins  » particulièrement touchés par la précarité.

    Le soulèvement des femmes dans le mouvement des gilets jaunes est aussi un révélateur de cette dynamique. Une plate-forme revendicative féministe est née de ces mobilisations dès la première assemblée des assemblées de Commercy, dénonçant les inégalités de salaires, temps partiels imposés, réclamant des aides aux situations de handicap, la nécessité de crèches sur les lieux de travail, la fin de l’impunité sur les violences.

    Aujourd’hui, le mouvement contre la réforme des retraites ne fait que confirmer ce mouvement d’ampleur et a mis en exergue l’instrumentalisation gouvernementale du travail des femmes. Cette réforme leur nuit, en effet, gravement  : baisse des pensions de réversion et baisse des pensions généralisées pour les femmes, suppression de la majoration de la durée d’assurance, etc.

    La bataille contre la réforme des retraites est devenue une bataille féministe dénonçant la double exploitation des femmes  : sous-payées et précarisées, c’est pourtant sur elles que repose la vie des cellules familiales. Partout en France, des mobilisations se préparent. Rejoignant l’appel du collectif #Onarrêtetoutes pour la grève féministe, avec ou sans appels spécifiques en fonction des réalités locales ou des secteurs, les femmes se mobilisent.

    À Rennes, une manifestation axée sur la grève du travail du dimanche (soin, vente, aide à la personne…) et domestique semble se dessiner. À Brest et à Montpellier, c’est une inter-organisations très large qui met en place cette mobilisation, avec une reprise du texte national élaboré par #Onarrêtetoutes, complété avec les attentes locales.

    Quand les femmes se lèvent, le peuple avance

    En lien direct avec la lutte contre le projet de réforme des retraites, un autre appel national réunissant des syndicats et des collectifs féministes appellent le 8 mars à une «  Marche des grandes gagnantes  », reprenant finalement bon nombre des axes revendicatifs proposés par le collectif #Onarrêtetoutes.

    Cette grève féministe du 8 mars participe à créer les contre-pouvoirs féministes indispensables à l’émergence d’une société égalitaire et solidaire, débarrassée du système patriarcal, de l’État et de ses relais institutionnels, du capitalisme et du racisme.

    Anne (UCL Montpellier) Louise (UCL Saint-Denis)

    [1] Appel à la grève internationale des femmes le 8 mars 2017 (Argentine).

    [2] « Collectif Ni Una Menos », Contre-temps, 18 janvier 2018.

    [3] « 8 mars : la grève des femmes dans le monde », Rapports de force, 9 mars 2019.

    [4] Non una di meno (pas une de plus) : mouvement italien né en 2015 et inspiré du mouvement argentin Ni una menos.

    [5] « #NousToutes : Une marée violette contre les violences sexuelles et sexistes », Rapports de force, 26 novembre 2018.



  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Inde : Une épuration ethnique qui ne dit pas son nom

    19 Fév 2020

    Un cinquième de la population indienne dans la rue (250 millions), des universités attaquées par des milices fascistes à la solde du BJP, la mise en péril volontaire des Indiens et Indiennes de religion musulmane, le Citizenship Amendment Act (CAA) vise à « ré-indianiser » un pays dont toute l’histoire brille pourtant de la cohabitation de ses diversités. Modi va plus loin qu’aucun autre pays aux mains de l’extrême droite.

    Il y a un an exactement, Modi, le sinistre Premier ministre indien avait déjà mis le pays dans la rue quand il s’est attaqué aux droits syndicaux (lire AL de février 2019). Depuis décembre des mouvements de protestation éclatent de partout pour empêcher que la dernière infâmie du Bharatiya Janata Party (BJP) ne se réalise et prive de leurs droits les ressortissants musulmanes de trois états indiens et ne poursuive le travail d’humiliation de cette communauté, qui représente 14 % du pays.

    En décembre 2019, le gouvernement indien a amendé le CAA, une loi précédente de 1955 facilitant l’accès à la citoyenneté indienne aux immigré·es afghans, pakistanais, bangladeshi, pourvu qu’ils soient hindous, jain, chrétiens, sikhs…Tout sauf musulmans. Cette loi s’adosse au National Registry of Citizens (registre national de citoyenneté, NRC) mis en place en Assam (Nord-est du pays) en 1951 et récemment réactivée visant à recenser les citoyens d’origine indienne pour les distinguer des immigré·es venus des États voisins.

    Il s’agit maintenant de priver de droits toute une population. Terre de forte immigration, l’Assam a développé un nationalisme agressif ciblant Bengalis et Bengladeshi musulmanes et musulmans principalement. Massivement sans papiers, évidemment surexploités dans les plantations de thé assamais, ils ne connaissent d’autre foyer que l’Inde. Deux mille d’entre ceux que le secrétaire général du BJP appelle des «  termites  », ont déjà été assassiné·es par l’Assam Movement. Ce sont déjà 1,9 millions de personnes qui tombent sous le coup de ces dispositions dans le seul Assam. C’est-à-dire autant de personnes menacées de devenir apatrides et d’être dirigées vers des camps de détention proprement horrifiques, et ce, indéfiniment puisqu’il n’existe aucun accord de rapatriement avec le Bangladesh.

    Le CAA crée le périlleux précédent d’une citoyenneté fondée sur l’appartenance religieuse. Avec le NRC, Modi veut expérimenter un instrument d’hindouisation massive, applicable ailleurs dans le pays et dont le projet est déjà prévu.

    Arme d’hindouisation massive

    Selon son habituelle stratégie, le passage en force législatif s’additionne toujours d’actions d’intimidation par milices fascistes interposées. Ainsi, l’université Nehru de Delhi a-t-elle été attaquée par des nervis d’un syndicat étudiant Rashtriya Swayamsevak Sangh (organisation patriotique nationale, RSS) issu du BJP et faisant une trentaine de blessé·es. Ainsi, le nombre de lynchages est-il en forte progression depuis l’arrivée de Modi au pouvoir. Tacitement encouragés et systématiquement impunis, ils visent, outre les musulmans, les intouchables et les minorités ethniques. Ainsi la suspension il y a un mois du statut spécifique du Cachemire, majoritairement musulman et sa mise sous blackout médiatique.

    On sait la vigueur du mouvement social indien, sa capacité à mobiliser en nombres impressionnants. Les États du Kerala, Bengale, Penjab ont déjà décrété qu’ils n’appliqueraient pas le CAA. Groupes de femmes aux rond-points, manifs à répétition, organisations Dalits (intouchables, hors castes) solidaires des musulmans de Delhi, blocages, actions syndicales… Mais aussi  : une répression féroce, l’attaque de l’université musulmane de Delhi par la police, vingt morts, plusieurs milliers d’arrestations, des biens saisis… À l’heure de mettre sous presse, le mouvement n’a pas cessé de s’étendre et de s’enraciner… Curieusement, les exemples que citent les journaux indiens pour encourager à tenir sont, le Chili et… la France en lutte  : «  ne pas céder aux offres réformistes mais se battre  ».

    Cuervo (UCL Marseille)



  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Vérité, justice et révolution, le 11 janvier à Paris avec la gauche kurde

    30 Déc 2019

    Le 11 janvier 2020, à Paris, l’UCL répondra à l’appel du mouvement des femmes kurdes à une grande manifestation pour exiger du gouvernement français qu’il fasse toute la lumière sur le triple assassinat, en 2013, des trois militantes révolutionnaires Fidan Doğan, Sakîne Cansiz et Leyla Saylemez.

    Depuis plusieurs années, des milliers de personnes, essentiellement issues de la diaspora kurde, convergent ainsi sur Paris depuis toute la France, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse… Elles marchent pour obtenir la vérité et la justice sur le triple assassinat de 2013. Elles marchent pour rappeler qu’un peuple est en lutte pour la liberté et la dignité. Et que cette lutte s’est traduite, au Kurdistan syrien, par une expérience révolutionnaire, fédéraliste, antipatriarcale et démocratique qui a impressionné le monde entier.

    Pour un grand rendez-vous internationaliste

    À l’occasion de cette grande manifestation, le mouvement social français exprime généralement sa solidarité, mais trop modestement, la limitant à quelques minces délégations syndicales et politiques.

    Nous pensons qu’il faut faire plus et mieux.

    L’UCL plaide pour que cette manifestation annuelle, au côté de la diaspora kurde, devienne l’occasion un grand rendez-vous militant et populaire sur des bases internationalistes, féministes, anticolonialistes et révolutionnaires.

    Nous appelons donc les organisations françaises et belges traditionnellement présentes à faire preuve de davantage de volontarisme pour mobiliser en solidarité avec la gauche kurde.

    C’est ce que fera l’UCL qui, de son côté, s’efforcera de constituer un fort contingent rouge et noir dans la manifestation.


    L’événement FB « pôle rouge et noir dans la manif du 11 janvier »


    Sept ans d’impunité

    Rappelons les faits : mercredi 9 janvier 2013, les militantes kurdes Fidan Doğan, Sakîne Cansiz et Leyla Saylemez étaient froidement exécutées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan, rue La Fayette, à Paris. L’enquête a fait apparaître que l’assassin, Ömer Güney, un militant d’extrême droite, était connecté aux services secrets turcs. Les investigations ne sont pas allées plus loin. La raison d’État a prévalu : Paris n’a pas voulu se fâcher avec Ankara. Que vaut la vie de trois révolutionnaires kurdes ? Malgré une enquête bouclée en mai 2015, la date d’ouverture du procès a été ajournée jusqu’à ce qu’Ömer Güney, gravement malade, meure en prison fin 2016.

    Depuis, le gouvernement français, sans doute en quête de contrats et d’un renforcement de l’Otan, a donné de nouveaux gages d’amitié à l’État turc, en réprimant la gauche kurde en exil sur son territoire. En juin 2019, celle-ci a été visée par des perquisitions, et les avoirs de deux de ses responsables ont été gelés par les autorités françaises sous prétexte d’« antiterrorisme ». Le jour même, le ministre français des Affaires étrangères, en visite à Ankara, était publiquement remercié par son homologue turc.

    • Contre l’hypocrisie impérialiste, qu’elle soit française, russe ou états-unienne,
    • contre les tyrans d’Ankara, de Damas, de Bagdad ou de Téhéran,
    • pour la liberté des peuples opprimés de Palestine, du Kurdistan, de Tchétchénie et d’ailleurs,
    • pour la vérité et la justice,
    • pour une révolution fédéraliste, sociale, antipatriarcale et égalitaire,

    nous convions tout le mouvement libertaire belge, français et au-delà :

    Rendez-vous le 11 janvier 2020, à 10h30,
    à Paris, gare du Nord,
    dans le pôle rouge et noir de la manifestation.


    MANIFESTATION DU 12 JANVIER 2019

    Reportage : World aroud me Photos



  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Il n’y a pas d’antisémitisme tolérable

    30 Déc 2019

    Commentant les résultats électoraux britanniques, Jean-Luc Mélenchon s’est récemment distingué par des remarques à caractère antisémite. Pour l’Union communiste libertaire, il n’y a pas d’antisémitisme tolérable.

    Dans un billet de son blog du 13 décembre décryptant l’échec du labour aux élections législatives du Royaume-Uni, Jean-Luc Mélenchon s’est fendu de deux remarques à caractère antisémite. Antisémite, son texte l’est à plusieurs niveaux : déjà parce qu’il récuse les accusations d’antisémitisme à l’égard de certain-es militant-es du Labour (voir encadré) et la responsabilité de Jeremy Corbyn à cet égard pourtant basées sur des faits documentés et sourcés, ne serait-ce qu’à travers les accointances de Corbyn avec des antisémites notoires (Stephen Sizer, Paul Eisen, etc).

    Ensuite parce qu’il convoque un vocabulaire et un imaginaire propre à l’antisémitisme en s’attaquant au CRIF, qu’il présente comme des faiseurs d’ukases (décrets impériaux russes) devant lesquels il faudrait s’agenouiller : cette image rhétorique présente le CRIF (un cartel d’organisations communautaires) comme une organisation toute-puissante, ce qui est le propre de la rhétorique antisémite/complotiste, c’est-à-dire faire des juifs (ou toute autre communauté) des personnes contrôlant les institutions. Rappelons à M. Mélenchon qu’on peut être opposé à la politique du CRIF et/ou de l’Etat d’Israël sans tomber dans l’antisémitisme pour la dénoncer, qui plus est dans un contexte national où les actes haineux à l’encontre de la communauté juive se multiplient. Nous, communistes libertaires, nous opposons à toute forme d’antisémitisme d’où qu’il vienne : de droite, comme de gauche !

    Pour aller plus loin, lire l’analyse exhaustive de nos camarades de Memorial 98.

    Union communiste libertaire, le 27 décembre 2019


    Depuis l’arrivée de Corbyn à la direction du parti en septembre 2015 et jusqu’en mars 2018, 300 signalements de propos antisémites voire négationnistes (sur un total de 600.000 adhérent-es) émanant de militant-es ont été portés à l’attention de la commission de discipline du parti. La réaction de la direction du Labour s’est aussi traduite par une politique active 673 plaintes pour antisémitisme sur la période mars 2018 à janvier 2019 et a donné lieu à 96 suspensions immédiates et 211 enquêtes amenant au final à 12 exclusions (chiffre de juin 2019). Par ailleurs des documents internes au parti, fuités récemment dans la presse font état de 130 cas d’antisémitisme non résolus après plusieurs mois de procédure.


  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    L’Iran brûle et la gauche mondiale regarde ailleurs

    02 Déc 2019

    Alors que très peu d’informations nous parviennent depuis la fermeture d’Internet en Iran par la République Islamique en place, des camarades iranien-ne-s en exil font un appel à la « gauche mondiale » pour qu’elle se fasse le porte-voix de la révolte du peuple iranien contre le régime théocratique qu’elles et ils subissent depuis 40 ans. Nous sommes signataires de cet appel, aux côtés d’universitaires et de révolutionnaires du monde entier, pour n’oublier aucun des peuples qui se battent actuellement pour leur liberté à travers le monde et pour faire vivre jusqu’ici cet esprit de révolte »

    Notre monde est en feu. Non seulement les forêts mais aussi les villes brûlent à travers le monde. Les conflits sociaux de toutes sortes éclatent, répandant leurs flammes partout sur la planète. Algérie, Chili, Equateur, Haïti, Hong-Kong, Irak, Rojava, Liban, Soudan, complétez la liste. Dans ce contexte global de luttes contre l’enfer social du capitalisme néolibéral et financiarisé, un autre soulèvement de masse a démarré, depuis le 15 novembre 2019, en Iran.

    Il a fallu l’étincelle du triplement du prix des carburants pour que des dizaines de milliers d’Iraniens et d’Iraniennes, de plus de 100 localités à travers tout le monde, sortent dans la rue pour protester. Bien sûr, ce n’est pas en soi le prix des carburants qui a généré un soulèvement partagée aussi largement dans le pays et aussi massivement. Plutôt, c’est l’accumulation de trente ans d’un régime autoritaire qui s’appuie sur des principes néolibéraux et qui a fini par plonger des millions de personnes dans la pauvreté, le chômage, l’extrême précarité, les privant des conditions de base de vie (éducation, soins, alimentation et logement).

    Exactement de la même manière qu’une augmentation de 30 pesos sur les tarifs du métro a fait éclater la rage trop longtemps contenue au Chili, le prix du carburant en Iran a été l’étincelle du soulèvement récent en Iran (et c’est la même chose pour la taxe Whatsapp au Liban, l’annulation des subventions sur les carburants en Equateur etc). Comme l’exprime bien une affiche chilienne, « ce n’est pas une question de 30 pesos, c’est une question de 30 ans de néolibéralisme ».

    Depuis vendredi, le peuple en Iran a courageusement affronté le personnel lourdement armé des Corps des Gardes de la Révolution Islamique du régime, ainsi que les voyous des milices armées en civil (connus sous le nom de Basij) qui dépendent économiquement de ce même régime. Le peuple avait toute légitimité et tout le droit pour se défendre contre la violence d’État systématique, pour construire des barricades dans les rues, bloquer les autoroutes et occuper les rond-points et les places publiques. Les oublié-es et les invisibles de l’Iran se sont rendus visibles aux yeux du monde en mettant le feu. Le feu est à tout ces gens ce qu’est le gilet jaune pour les prolétaires et la population marginalisée et délaissée en France. Tout deux sont une voix pour les sans-voix.

    Tandis que la BBC en persan et consorts, y compris les forces réactionnaire loyales au régime, prétendent dicter au peuple la doctrine libérale de la « manifestation civile et pacifique », la jeunesse iranienne a bien compris le fait qu’ « un peuple ne triomphe pas sans haine » et que « la force matérielle doit être renversée par la force matérielle », qu’elle a le droit légitime de se défendre contre la violence d’État qui vise le meurtre systématique des citoyennes et citoyens.

    « Trop, c’est trop ! » est le message de celles et ceux du Sud [Global South] et même au-delà. Comme les étudiant-es l’ont chanté dans l’une des universités de Téhéran, « les gens en ont marre, assez de l’esclavage ». Comme nos sœurs et nos frères d’Irak et du Liban, le peuple iranien n’en peut plus et n’en veut plus de ce néolibéralisme autoritaire qui réduit leur vie à une existence quasi végétative, de cette corruption systématique inhérente au capitalisme de mafia et de l’impérialisme régional (sub-imperialism) de la République Islamique en Irak, au Liban, en Palestine, en Syrie, au Yémen et dans la région dans son ensemble. Il ne fait pas que s’opposer au triplement du prix des carburants mais bien à la République Islamique dans son ensemble. Aucun autre slogan, si bien chanté par nos camarades au Liban, ne peut mieux exprimer l’esprit des luttes dans la conjoncture actuelle : « Tous, ça veut dire tous ! » (كلن يعني كلن).

    La main de fer, voilà quelle a été la réponse de la classe dirigeante à cette radicale et concrète négation de tous les pouvoirs existants. La violence systématique employée par la République Islamique pour paralyser le soulèvement a été d’une intensité et d’une ampleur sans précédent dans l’histoire. Les autorités ont complètement fermé Internet depuis 4 jours, transformant le pays en une immense boite noire afin de pouvoir massacrer le peuple en toute tranquilité. Selon Amnesty International, des centaines de personnes ont été blessées, des milliers arrêtées et « au moins 106 manifestant-es dans 21 villes ont été tué-es », même si « le nombre total de morts pourrait être bien supérieur, avec des témoignages et des rapports évoquant le chiffre de 200 personnes tuées ».

    De nombreuses vidéos montrent que la police tire directement et volontairement vers les manifestant-es, en visant les têtes et les poitrines, comme cela a déjà été observé avant en Irak. C’est le cas en particulier dans les provinces kurdes et arabes dont les peuples, discriminés, sont une nouvelle fois en première ligne de ce soulèvement et en paient le prix le plus élevé.

    La République Islamique a, jusqu’à présent, réussi à atteindre ses objectifs. Ils ont profité de l’opportunité offerte par les sanctions étasuniennes pour réaliser leurs rêves néolibéraux, afin à la fois de combler le déficit actuel du budget et d’augmenter les opérations militaires dans la région. Pour ce faire, ils ont fermé Internet et en ont profité pour massacrer brutalement leurs opposant-es. Sur le plan international, il n’y a pas de couverture spécifique par les médias, pas de condamnation internationale de la répression d’État et très peu de solidarité de la gauche mondiale. En d’autres mots, le bain de sang se déroule en silence. Et les choses se déroulent ainsi parce que, là où les classes opprimées d’Iran et du Moyen-Orien n’ont aucune illusion sur le prétendu rôle « anti-impérialiste » de la République Islamique, beaucoup à gauche continuent à croire au vernis idéologique auto-proclamée du régime, qui se présente comme une force anti-impérialiste face aux Etats-Unis et à ses alliés dans la région.

    Nous, signataires du monde académique ou militant, invitons la gauche mondiale à briser son silence et à exprimer sa solidarité avec le peuple d’Iran et sa résistance. Selon nous, il est inutile de demander quoique ce soit à la République Islamique mais nous demandons que nos camarades du monde entier se positionnent, par tous les moyens possibles, comme les porte-voix des opprimé-es en Iran qui se retrouvent suffoqué-es par l’isolation forcée. Nous appelons également la gauche internationale à condamner les atrocités du régime contre son propre peuple. Finalement, nous nous tenons aux côtés des manifestant-es iranien-nes qui réclament leur dignité en refusant l’austérité, l’autoritarisme, la militarisation de la société, ainsi que toutes les autres formes de domination qui limitent leur autonomie et leur liberté.

    Traduit depuis l’anglais par la commission internationale de l’UCL

    Signataires :

    • Adrienne Bonnet (Comédienne/Metteure en scène) ;
    • Arnaud François ;
    • Amin Hosouri (Leftist militant, Germany) ;
    • Amir Kianpour ;
    • Dr. Angela Dimitrakaki (University of Edinburgh) ;
    • Antifascist Culture (Αντιφασιστικός Πολιτισμός, Greece) ;
    • Azadeh Shourmand (Feminist militant) ;
    • Dr. Barbara Umrath (Researcher, Germany) ;
    • Behnam Amini (York University, Canada) ;
    • Behrang Pourhosseini (ATER Chargé de Cours au Département de Philosophie, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis) ;
    • Bob Brecher (Professor of Moral Philosophy Director, Centre for Applied Philosophy, Politics & Ethics University of Brighton) ;
    • The Campaign to Defend Haft Tapeh Prisoners (Iran) ;
    • Catherine Malabou ;
    • Committee of Solidarity with Hong Kong (Independent, militant collective, Hong Kong) ;
    • Clint Burnham (Professor and Chair of Graduate Program Department of English Simon Fraser University) ;
    • Cinzia Arruzza ;
    • Dariush Arjmandi (Sweden) ;
    • David Harvey (Distingished Professor, The Graduate Center, The City University of New York) ;
    • Dinah Rajak (University of Sussex) ;
    • Dr Andrea Brock (Lecturer, University of Sussex) ;
    • Éric Alliez (Professor of Philosophy, Paris 8). ;
    • Éric Michaud (directeur d’études Ehess, Paris) ;
    • Etienne Balibar (Ancien Professeur à l’Université de Paris-Nanterre) ;
    • Gholam Khiabany (Gholam Khiabany) ;
    • Greg Albo (Professor York University, Toronto) ;
    • Homayon Iwani (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism”) ;
    • Hostis Journal ;
    • Ivana Bago (Independent Scholar, Zagreb) ;
    • Iman Ganji (Freie universität berlin) ;
    • Jacob Rogozinski (philosopher, professor at Strasbourg University) ;
    • Jaleh Jane Mansour ;
    • Kaveh Kermanshahi (Human rights activist) ;
    • Matthieu Renault (Associate Professor, University Paris 8) ;
    • Manjanigh Collective (Slingers, Germany) ;
    • Mehrdad Emami (Phd Candidate, Middle East Technical University, Turkey) ;
    • Mohadese Zare ;
    • Meredith Tax (writer, New York) ;
    • Nazanin Noori ;
    • Nicholas S.M. Matheou (Researcher at the Institute of Historical Research, University of London) ;
    • Jean-Christophe Goddard (Université de Toulouse Jean-Jaurès Coordinateur du Consortium Erasmus Mundus EuroPhilosophie) ;
    • Jean-Claude Bonne (directeur d’études École des Hautes Études en Sciences Sociales Paris) ;
    • Jeff Derksen ;
    • John Simoulidis (Assistant Professor, Department of Social Science, York University) ;
    • Jose Rosales (PhD candidate, Stony Brook University) ;
    • Judith Rodenbeck (Associate Professor Media & Cultural Studies University of California, Riverside) ;
    • Jules Falquet (Sociologist, feminist, Université de Paris) ;
    • Kamran Matin (Sussex University, International Relations Department) ;
    • Kanishka Goonewardena (Associate Professor, University of Toronto, Department of Geography and Planning) ;
    • Kollektiv aus Bremen (Germany) ;
    • Mahmoud Khalili (Ex-political prisoner and editorial member of the “Prison’s Dialogue”) ;
    • Mohammed Reza Nikfar ;
    • Mojdeh Arassi (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism”) ;
    • Michael Hardt ;
    • Mariana Silver (Artist) ;
    • Nantes Révolté (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Nara Cladera (Réseau syndical international de solidarité et de lutes) ;
    • Patricia Morton (Associate Professor, Media and Cultural Studies Department University of California, Riverside) ;
    • Plateforme d’enquêtes militants (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Plan C, Kurdistan Cluster (Independent Collective, London) ;
    • Peter Hallward (The author of ‘Damming the Flood’) ;
    • Peter Hudis (Professor of Philosophy, Oakton Community College, USA) ;
    • Prison’s Dialogue (An initiative of Iran’s exiled former political prisoners) ;
    • Raymond Bellour (Directeur de recherche honoraire au CNRS) ;
    • Rose-Anne Gush (Lecturer in Art Theory/Art History, University of Applied Arts, Vienna.) ;
    • Rouen dans la rue (Militant, Independent Collective, France) ;
    • Sabine Bitter ;
    • Sai Englert ;
    • Sasan Sedghinia (independent left Researcher) ;
    • Sama Khosravi Ooryad (Utrecht University) ;
    • Saman Aftabkaaran (independent researcher and militant) ;
    • Sanem Güvenç (Emily Carr University of Art and Design) ;
    • Sandro Chignola, Professeur (Università di Padova) ;
    • Saygın Salgırlı (University of British Columbia) ;
    • Sebastian Budgen ;
    • Sina Zekavat ;
    • Siavash Mahmoudi (Ex-political prisoner and editorial member of the “In Defence of Marxism” ;
    • SOAS Students Union ;
    • Stefan Kipfer (Associate Professor, Faculty of Environmental Studies, York University) ;
    • Tatiana Mellema (PhD student Art History UBC) ;
    • Dr. T’ai Smith (University of British Columbia) ;
    • Trevor Stark (Assistant Professor of Art History, Department of Art, University of Calgary) ;
    • Union communiste libertaire (France)


  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Des combattants francophones : « Le Rojava s’illustre par une incroyable résilience »

    25 Nov 2019

    Situation militaire, sanitaire, état d’esprit des populations, résilience des institutions démocratiques, stratégie du commandement des FDS… Ces militants engagés dans le Bataillon international de libération nous donnent leur point de vue sur la période d’incertitude que vit actuellement le Rojava.

    Au Kurdistan syrien, la situation politique a dramatiquement basculé depuis le mois d’octobre : offensive turque avec le feu vert états-unien, puis entrée en lice de l’armée russe et déploiement des troupes du régime de Damas. Un mois plus tard, l’Administration autonome du nord-est syrien vit une situation plus que précaire : outre le canton d’Afrîn, occupé depuis mars 2018, les villes frontalières de Tall Abyad et Serê Kaniyê sont tombées sous la coupe des supplétifs islamistes de l’armée turque. Et sur une bande de 5 kilomètres de profondeur sur la frontière syro-turque, la police militaire russe et l’armée turque patrouillent conjointement.Malgré tout, des accrochages armés se poursuivent dans certaines zones, comme Tell Tamer (Girê Xurma en kurde). Un groupe de camarades francophones impliqués dans ces combats, a répondu aux questions du mensuel Alternative libertaire. Tous agissent dans le cadre du Revolutionnary Antifascist Front (RAF), intégré au Bataillon international de libération (IFB) [1] des Forces démocratiques syriennes (FDS).

    Alternative libertaire : Bonjour camarades, salutations de France et de Belgique. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce nouveau regroupement, le Revolutionnary Antifascist Front ?

    Les francophones du RAF : Disons que nos trajectoires révolutionnaires itinérantes se sont croisées au bon endroit et au bon moment. Nous nous sommes retrouvés ensemble au sein du Bataillon international de libération, puis nos affinités personnelles et nos perspectives politiques communes ont logiquement donné naissance au RAF. Nous avons combattu ensemble lors de la bataille de Serê Kaniyê puis sur le front de Tell Tamer. Nous sommes beaucoup de militants autonomes, autant de communistes que d’anarchistes. Parmi les francophones, il y a de surcroît une certaine tendance post-situationniste, mais ici ça n’a guère d’importance pour nous. Notre présence au Rojava conduit nécessairement notre pensée politique à se restructurer.

    Le RAF a été fondé en novembre 2019, dans le cadre du Bataillon international de libération.

    Malgré que le front soit « gelé », des accrochages persistent au sud de Serê Kaniyê. Qui s’oppose à qui ? Quelle est l’attitude des Russes et des Turcs par rapport à cela ?

    Les francophones du RAF : Effectivement il y a une stabilisation de la situation militaire. Les combats continuent mais l’intensité est moindre. Ils opposent essentiellement les FDS à l’« Armée nationale syrienne », les supplétifs islamistes de l’armée turque, que cette dernière soutient avec des frappes aériennes et des tirs d’obus. Les soldats du régime de Damas font parfois mine d’appuyer les FDS à coups de tirs d’artillerie, plus pour la forme qu’autre chose. Nos opérations sont donc réduites, mais demeurent conséquentes. Hier soir encore, un de nos amis de l’IFB a été blessé lors d’un assaut. Pendant ce temps, Russes et Turcs construisent des bases militaires face à face, à quelques kilomètres les unes des autres.

    Les patrouilles turco-russes à nouveau caillassées au Rojava

    Les habitants du Rojava ont lancé des pierres sur la patrouille conjointe de l’armée turque et de la police militaire russe, ce vendredi matin à Girkê Legê.

    On a pu voir des images d’intifada le long de la frontière, avec des villageois caillassant les véhicules militaires turcs. Quel est le sentiment qui domine dans la population ?

    Les francophones du RAF : La population enrage de voir ces patrouilles sur les routes. C’est l’ultime affront de la part de l’État fasciste turc, qui décime la population et prétend ensuite venir vérifier qu’elle ne s’arme pas pour se défendre. La révolte des civils n’est d’ailleurs pas sans risques : il y a quelques jours, les blindés turcs ont tiré sur la foule et des journalistes dans le secteur de Kobanê. Le 18 novembre, dans la même zone, les blindés turcs mais aussi russes ont vu les civils leur lancer des cocktails Molotov.

    On observe également un certaine appréhension, majoritairement dans des villes comme Manbij, de voir le régime de Damas reprendre la main. L’hostilité est moindre à Hassakê, où il avait conservé le contrôle d’un quartier depuis son retrait en 2012.

    Les soldats du régime se comportent en cow-boys, refusent de payer les commerçants, et se mettent en scène comme les nouveaux sauveurs. Hélas, ces sauveurs s’enfuient plus rapidement qu’ils n’arrivent sur les champs de bataille. Il sont calamiteux, malgré leur puissance de feu supérieure à la nôtre. Avec des « amis » pareils, pas besoin d’ennemis.

    Le régime de Damas symbolise cette contradiction à laquelle tout révolutionnaire se confronte un jour : celle du compromis. Entre survie et anéantissement, les Kurdes ont fait le choix de la survie, et en tant qu’internationalistes, nous le comprenons malgré notre dégoût pour le clan Al Assad.

    Mais globalement, l’hostilité prédomine à l’égard du régime de Damas.

    D’une manière générale, il y a une assez bonne cohésion entre les groupes ethno-confessionnels, et particulièrement entre Kurdes et Assyriens. La propagande ennemie tente – en vain nous l’espérons – de présenter cette guerre comme la reconquête légitime des terres appartenant aux Arabes, et voudrait exacerber l’opposition entre Kurdes et Arabes. Heureusement cela ne prend pas, ou peu. Même si, évidemment, se dessine un début de guerre « religieuse » promue par l’État turc contre les Kurdes désignés comme « mécréants ». Ce discours raciste est appuyé par des attentats orchestré en collaboration étroite avec le MIT, les services secrets turcs, aussi bien au nord qu’au sud de la frontière.

    La police militaire russe s’est déployée le long de la frontière syro-turque. Agence Tass

    Et vis-à-vis des États-uniens qui stationnent autour des puits de pétrole, quel est le sentiment ?

    Les francophones du RAF : Devinez. Pour nous révolutionnaires, il n’y a aucune surprise par rapport à l’attitude utilitariste qu’ont eu les États-Unis avec le mouvement kurde. Le retrait du soutien américain n’a fait qu’accroître notre amertume quant au rôle de la « communauté internationale ». Pour la population civile en revanche, cela a été vécu comme une trahison, et presque une mise à mort, puisque Trump a littéralement abandonné les peuples du Rojava à une invasion certaine. Les blindés américains aussi ont eu droit à leur lot de pierres et de légumes pourris alors qu’ils partaient vers la frontière irakienne. Enfin, pour ce qui est du commandement général des FDS, on a parfois l’impression qu’il espère en vain une intervention salvatrice…



    L’Administration autonome du nord-est de la Syrie [2] à présent. Cela vous paraît-il pertinent de dire qu’elle comprend trois pôles de pouvoirs principaux : le Tev-Dem et les assemblées élues [3] ; le PYD [4] ; les FDS [5] ? Ces pôles ont-ils une stratégie commune vis-à-vis de Moscou et de Damas, ou bien y a-t-il des tiraillements ?

    Les francophones du RAF : Non cela ne nous semble pas si pertinent. Le PYD a peu à peu fondu en donnant naissance à de nouveaux partis plus petits et à des organisations locales, jusqu’à en partie se confondre avec le Tev-Dem. Nous observons avant tout deux pôles de pouvoir au sein de la société rojavi : un pôle militaire, avec les FDS, et un pôle civil et politique avec en tête la représentation diplomatique de Tev-Dem. Cette dernière s’acharne dramatiquement à compter sur le secours des États impérialistes depuis… l’invasion d’Afrîn. Une stratégie déplorable qui n’a de toute évidence guère porté ses fruits, et sur laquelle les FDS ont aligné leur propre stratégie, elle aussi déplorable. La représentation diplomatique du Tev-Dem est l’une des premières responsables de la débâcle actuelle.

    Damas et Moscou s’accordent pour priver progressivement le Rojava de l’autonomie qu’il avait pu gagner. En revanche on s’étonne de la passivité du régime de Damas face à l’agression turque contre « l’intégrité du territoire syrien », un thème pourtant redondant dans les discours d’Assad et des siens. Le régime serait plus offensif si la Russie lui promettait un soutien militaire probant, mais il semble que personne n’ose se mettre à dos Ankara.

    Des soldats turques et leurs supplétifs islamistes de l’ANS (arborant le drapeau de l’ASL), sur un bâtiment en ruine de Serê Kaniyê, le 23 octobre

    Les institutions du Tev-Dem tiennent-elles pour l’instant ?

    Les francophones du RAF : Elles tiennent, et ne faillissent pas. Sauf pour la diplomatie, on l’a compris. Pour le reste, elles continuent d’assurer avec brio l’organisation sociétale malgré la guerre en cours. C’est là une des forces du mouvement kurde : l’intelligence de l’adaptation aux situations les plus difficiles, la survie coûte que coûte. Hors des zones de combat, la vie des civils n’est pas altérée outre-mesure par la guerre. Les réfugié·es sont relogé·es avec une certaine rapidité, malgré leur nombre effarant (300 000 selon l’Administration autonome).

    La Turquie a bombardé plusieurs silos à grain, la station hydraulique qui assurait l’approvisionnement en eau de la moitié du canton de Cizîrê, l’hôpital de Serê Kaniyê, etc. Bref, la Turquie applique une logique de nettoyage ethnique. Et malgré cela, les services sanitaires tiennent bon ; les infirmiers et infirmières travaillent vingt-quatre heures d’affilée ; le Tev-Dem tente de palier au manque d’approvisionnement en eau en multipliant les convois de camions citernes ; les communes partagent des stocks de nourriture de première nécessité… Ce sont les individus qui tiennent avant tout, plus que les institutions.

    Malgré toutes les critiques que l’on peut faire au mouvement kurde, on ne peut pas ne pas admirer le dévouement de ses partisans pour trouver des solutions malgré l’accumulation des obstacles. Pour un territoire pauvre et en guerre, le Rojava s’illustre par une incroyable résilience.

    Abdulhamid El Mihbash et Bêrîvan Khalid, coprésidents de l’AANES, dénoncent sans relâche l’agression turque.

    Que dit le régime de Damas ? L’Armée arabe syrienne (AAS) [6] souhaite-t-elle absorber les FDS ? Quelle est l’atmosphère au sein des milices, à ce sujet ?

    Les francophones du RAF : Cette hypothèse a été émise par le commandement des FDS il y a quelques semaines, mais il s’agissait probablement d’un bluff pour accélérer le soutien militaire du régime de Damas, et peut-être dissuader l’Otan et les États-Unis de les abandonner totalement. Il n’en est à présent plus question et, très franchement on ne veut pas, personne ne veut qu’une telle fusion se fasse. Si cela devait effectivement arriver, ce serait l’existence même de l’Administration autonome qui cesserait, car sans ses propres forces d’autodéfense, le Rojava perdrait une grande partie de son identité révolutionnaire. Les milices YPG-YPJ s’illustrent pour beaucoup, précisément, par leur maturité éthique et politique. Elles sont parmi les initiatrices des transformations sociales. Amputer la révolution de ses organes vitaux lui serait fatal.

    Propos recueillis le 21 novembre 2019
    par Guillaume Davranche (UCL Montreuil)

    [1] « International Freedom Battalion announces new formation : Revolutionary AntiFascist Front », www.amwenglish.com, 17 novembre 2019.

    [2] L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) est le nouveau nom de la Fédération démocratique de Syrie du nord, adopté en septembre 2018, et englobant sept régions administratives : Cizîrê, Euphrate (Kobanê et Tall Abyad), Afrîn (occupée par l’armée turque), Raqqa, Tabqa, Manbij, Deir ez-Zor.

    [3] Le Mouvement pour une société démocratique (Tev-Dem), est la structure fédérant les organisations de base (comités locaux, communes) au Rojava depuis 2011.

    [4] Le Parti de l’union démocratique (PYD), organisation-sœur du PKK en Syrie, fondée en septembre 2003, a joué un rôle essentiel dans le processus révolutionnaire au Rojava. Les milices YPG-YPJ lui sont liées.

    [5] Les FDS incluent les YPG-YPJ, de nombreuses brigades arabes, dont plusieurs issues de l’Armée syrienne libre, le Conseil militaire syriaque, le Bataillon international de libération.

    [6] L’armée de terre de Damas porte officiellement ce nom ethnique.



  • Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/alternat/glmontpellier/wp-content/themes/uaf-cga-c/framework/post-format/format.php on line 11

    Face à l’explosion sociale dans la région…

    15 Nov 2019

    Face à l’explosion sociale dans la région chilienne, la Fédération anarchiste de Santiago déclare :

    1- La situation actuelle est incertaine, les peuples luttent encore, leur courage n’a été arrêté ni par les balles ni par les miettes jetées par la bourgeoisie. La classe opprimée continue de résister courageusement dans les rues de toute la région dominée par l’Etat chilien, c’est pourquoi nous lançons un appel à continuer les mobilisations dans tous nos espaces : dans la rue, dans les villages, dans les lycées, dans les affrontements, etc. Nonobstant ce qui précède, nous savons qu’il y aura un processus d’usure inhérent à tant de jours de lutte. C’est pourquoi il est extrêmement important de commencer à construire et à renforcer les Assemblées Territoriales, qui doivent dépasser la vision institutionnelle du « Conseil citoyen » (Cabildo Ciudadano) et non tourner autour d’une nouvelle constitution, mais en générant une “feuille de route du peuple”, où, selon la réflexion autonome et horizontale dans ces espaces de rassemblement, nous générons un cadre commun vindicatif de la classe opprimée, considérant les réalités locales et celles de plus grande échelle, afin de générer de nouveaux scénarios de lutte sur les territoires. D’autre part, générer une Communauté Organisée qui apporte des solutions aux problèmes les plus immédiats et quotidiens afin de renforcer le pouvoir d’autogestion qui va progressivement démanteler l’Etat sur nos territoires. Ce processus d’accumulation de forces est fondamental pour que cette explosion sociale ne soit pas seulement un moment de catharsis mais aussi le début d’un processus d’émancipation des peuples.

    2- La réponse du gouvernement a été d’annuler l’état d’urgence et la présence de l’armée dans les rues, mais la répression des forces spéciales – police militarisée – s’est intensifiée. La répression a coûté la vie à 25 personnes, il y a plus de 4 300 détenu-e-s, plus de 1 600 blessé-e-s, plus de 160 personnes ont perdu des yeux à la suite de la répression, 19 personnes ont été victimes d’abus sexuels, plus de 133 personnes ont été torturées, tout cela selon des données officielles qui, selon les organisations internationales, sont inférieures aux chiffres réels. Comme si cela ne suffisait pas, le directeur de l’Institut des droits de l’homme (INDH) a déclaré qu’il n’y avait pas de violations systématiques des droits humains, montrant précisément que toutes les agences étatiques protègent la violence contre les peuples en lutte.

    Nous appelons à la solidarité internationale, à la libération de tous les prisonnier-e-s et à la mémoire de nos mort-e-s.

    3- Les partis politiques et leur opportunisme caractéristique sont apparus au grand jour tout au long de ces journées, bien sûr leurs dirigeant-e-s ne sont pas dans la rue et n’ont pas subi de répression, mais ils ne se gênent pas à s’autoproclamer les “représentant-e-s du peuple et de ses revendications”. Ce mouvement n’a jamais eu besoin de vous et n’aura jamais besoin de vous à l’avenir, vous cherchez seulement à faire un pacte avec le gouvernement, ce sur le sang de nos frères et sœurs assassiné-e-s, vous cherchez seulement à oxygéner cette démocratie avec l’odeur des larmes, vous ne représenterez jamais nos intérêts puisque vous ne faites pas partie de la classe oppressée. Nous rejetons votre “nouveau pacte social” parce qu’il ne représente pas un changement radical pour les peuples, nous ne sommes pas prêts à transformer notre lutte en maquillage qui donnera un “visage plus humain” au système de domination qui nous refuse la vie.

    4- L’Assemblée constituante, pour sa part, a été un slogan qui a eu un grand écho dans notre classe, elle semble être une lampe magique qui, une fois frottée, résoudra tous nos problèmes en tant que classe. Une telle vision n’est qu’une illusion pour les peuples en lutte. C’est pourquoi il nous semble extrêmement important de susciter une attitude critique et d’alerter notre classe.

    Pour nous, l’assemblée constituante ne sert qu’à donner une solution institutionnelle au conflit, elle ne fonctionnera qu’en fonction des intérêts de l’oligarchie, car en tant que classe nous n’avons pas encore développé des organisations et des luttes solides qui peuvent guider dans le meilleur des cas ce processus. De ce fait, développer une assemblée constituante à court et moyen terme ne fait que laisser la destinée de ce mouvement à ceux qui nous oppriment, il n’y a aucune corrélation des forces nécessaires pour former nos intérêts de classe. La réalisation d’une assemblée constituante dans l’immédiat serait une grande tragédie pour les peuples en lutte, car ce serait enterrer la lutte de classe pendant de nombreuses années face à cette nouvelle constitution “démocratique, citoyenne et participative” qui ne vient qu’oxygéner cette démocratie pourrie et non briser les piliers du système de domination.

    D’autres, en revanche, ont compris le processus de l’Assemblée constituante comme un processus lent et à long terme, dans lequel l’accumulation des forces des conseils citoyens et des assemblées territoriales est dirigée vers le remaniement des piliers de l’État chilien. Nous nous distançons également de cette position, car pour nous, le processus d’accumulation des forces, qui est une tâche prioritaire, n’est pas de développer une Assemblée constituante, mais de générer le pouvoir autogestionnaire de la classe opprimée qui formule un nouveau contrat social sans aucun accord avec l’oligarchie et où les piliers du système de domination sont enfouis pour toujours : le patriarcat et le capitalisme, sa stratégie coloniale de domination et ses expressions : l’État-nation, le système genré et l’extractivisme. Nous ne reconstruirons pas l’État, nous ne croyons pas en une répression plus démocratique, nous ne contribuerons pas à la consolidation de la domination, qui sont les objectifs de la social-démocratie.

    Nous savons que la constitution politique lie et maintient les piliers institutionnels du néolibéralisme, lesquels doivent être transformés, mais ce n’est pas seulement une question juridico-politique, puisqu’il est impossible de négocier avec l’oligarchie sur les questions primordiales de la lutte des classes, ainsi que la propriété privée des terres et des eaux, conflits qui dépassent les cadres juridiques et politiques de la constitution. En ce sens, bien que ce cadre constitutionnel convenu soit maquetté, bien qu’il soit appelé plurinational, populaire et féministe et qu’il reconnaisse même la nature comme sujet de droits, les expressions de domination du patriarcat et du capitalisme ne sont pas modifiées. Notre plus grande tâche est donc d’obtenir une corrélation des forces favorables à la vie, où le programme dépasse les demandes sectorielles et où les assemblées territoriales embryonnaires puissent développer un contrôle territorial afin d’armer un nouveau monde.

    Cependant, cela ne signifie pas que l’anarchisme doive être soustrait des instances des assemblées, nous devons y être, nous devons nous battre pour que ces instances auto-convoquées ne servent pas de plate-forme pour des intérêts électoraux, nous devons fournir aux espaces des outils horizontaux et une autonomie dans la construction politique. Nous devons être là pour opposer les préceptes de la nouvelle société que nous voulons construire à l’idéologie dominante. Nous devons être là parce que nous sommes opprimé-e-s, parce que nous faisons partie des peuples en lutte. Nous devons être là parce que c’est une tâche prioritaire pour renforcer ces espaces, afin que, de cette façon, ensemble, ils puissent avancer vers l’auto-émancipation.

    5- Enfin, nous réaffirmons la nécessité, de continuer la lutte dans les rues et dans les territoires. De créer et renforcer les Assemblées Territoriales afin de générer la Communauté Organisée, qui progressera vers le contrôle territorial. De semer l’expérience autonome afin de récolter le pouvoir autonome.

    Poursuivons le combat !
    Grève générale !
    Enracinons l’anarchisme !
    Bâtissons une communauté organisée !
    Vive la lutte des peuples !
    Libération immédiate pour les prisonnier-e-s des manifestations !

    FÉDÉRATION ANARCHISTE DE SANTIAGO


1 3 4 5 6 7 8 9 12