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Santé – Page 2 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Santé


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    Violence conjugales : une hausse de 30 % pendant le confinement. On n’oublie rien !

    08 Juin 2020

    Nous avons demandé à une camarade avocate de témoigner sur la question du traitement par la justice des violences conjugales pendant le confinement mais aussi sur la situation des demandeuses d’asile, et sur ses inquiétudes pour après… Nous y sommes…

    Ne faiblissons pas et organisons-nous. La lutte continue !

    Interview sur les violences conjuguales by mattoulinianov

    Violence conjugales : une hausse de 30 % pendant le confinement On n’oublie rien ! Nous avons demandé à une camarade avocate de témoigner sur la question du traitement par la justice des violences conjugales pendant le confinement mais aussi sur la situation des demandeuses d’asile, et sur ses inquiétudes pour après…


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    L’Amérique Latine nouveau centre de la pandémie

    31 Mai 2020

    L’épidémie de coronavirus a fait plus de 40 000 mort-e-s en Amérique du Sud et aux Caraïbes depuis son commencement selon les derniers décomptes, plaçant l’Amérique Latine comme nouvel épicentre de l’épidémie du Covid-19. Certaines mesures obtenue par la lutte dès les débuts de la crise, comme la mise en place de minimas sociaux, ont aidé à ralentir un peu la propagation de l’épidémie, permettant aux classes populaires d’être un peu moins exposés. Mais jamais elles n’ont été réellement suffisantes, et sans aucunes réponses conséquentes face aux problèmes sanitaires et sociaux des quartiers populaires, ce sont une fois de plus celles et ceux d’en bas qui vont souffrir et être les premières et premier concerné-e-s par les pertes dû au virus. »

    « Avec plus de 25 000 mort-e-s et au moins 400 000 cas confirmés, le Brésil est de loin le pays le plus touché dans la région et en passe de devenir le plus touché au monde. Le Chili a enregistré lundi un nouveau record de contaminations avec 4895 nouvelles infections en 24 heures, l’Argentine voit les chiffres augmenter de manière très inquiétante de jour en jour depuis que l’épidémie touche les quartiers les plus défavorisés. Avec plus de 100 000 contaminations, le Pérou est le deuxième pays le plus touché du continent, le gouvernement traînant à mettre en place des mesures sociales pour les classes populaires, des foyers de contaminations se sont développés partout dans le pays et comme ailleurs la faim les a obligées à sortir malgré la quarantaine.

    Comme l’on pouvait le pressentir, la situation empire de manière vive et violente et déjà, alors que le continent paraît encore loin d’atteindre le supposé « pique épidémique » qui laisserait entrevoir la vague descendante, les différents systèmes de santé publique sont déjà dans l’incapacité d’absorber les besoins en ventilateurs et lits de réanimation. Dans les quartiers populaires la faim se fait omniprésente, pour les classes populaires les possibilités d’y faire face s’amenuisent à mesure que se durcissent les décisions gouvernementales. La répression se met en place et s’abat sur celles et ceux qui se révoltent pour exiger de vraies décisions et politiques sociales. Au Chili des émeutes ont explosé dans plusieurs quartiers, des habitantes et habitants exigeant le minimum vitale, comment rester chez soi quand l’on a rien à manger? « Nos vies comptent »

    La réponse, c’est une répression violente, qui fait écho à celles qui ont marqué l’énorme mouvement social de la fin d’année dernière, le pays est toujours dans un climat extrêmement tendu et la gestion de la pandémie par le gouvernement patriarcal, raciste et assassin de Piñera ne fait qu’accentuer les tensions sociales. À Buenos Aires, capital de l’Argentine, la situation empire un peu plus chaque jour dans les quartiers populaires qui représente environ 10 Millions des habitantes et d’habitants de la mégalopole, on craint une contamination qui pourrait s’étendre à prêt de 70% de la population.

    Les « Villas » (bidonvilles) sont les plus touchées, dû à la surpopulation et aux conditions sanitaires notamment le manque, voir l’absence, d’eau courante. Les péronistes au pouvoir ont fait le choix de la ségrégation en déclenchant un plan d’isolement total pour les quartiers où s’étendrait fortement le virus. La « Villa Azul » fait depuis ce début de semaine office de test en la matière, des militaires sont placé-e-s à toutes les entrées/sorties empêchant tout mouvement. Depuis le début de l’épidémie, les militantes et militants des organisations populaires font face et se retrouvent exposé-e-s au tout premier plan, en grande partie pour assurer le maintien des comedor, les cantines populaires, et déjà beaucoup d’entre elles et eux sont touchés par le covid. Deux en sont décédé-e-s, Ramona militante de « La garganta Poderosa » et Agustin Navarro de l’organisation « Barrios de Pie ». « Non à la militarisation dans les quartiers populaires et des bidonvilles! Nous voulons à manger pour une quarantaine sans faim! Des tests et une vigilance sanitaire! Non à la militarisation! De la nourriture et de l’eau potable! »

    Au Pérou les infirmières et les infirmiers déplorent une catastrophe digne de film d’horreur, les patient-e-s mourant dans les couloirs des hôpitaux sans possibilités de les prendre en charge tant les hôpitaux sont dépassés par les événements. Le Brésil subit de plein fouet les affres du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, résolu à tout faire pour empêcher la mise en place de politiques de protection sociales et sanitaires conséquentes sous couvert de « protection économique », traînant le pays au second rang mondial en terme de contamination. Le ministre de la santé a démissionné, dénonçant les tentatives d’intimidations visant à le forcer lui et son ministère à reconnaître la chloroquine et l’hydroxychloroquine comme étant des traitements sûr face au virus. La semaine passée le Brésil, avec plus de 1100 décès en moyenne a été le pays à déplorer le plus grand nombre de mort-e-s par jours, dans un pays où près de 40% des lits de réanimations se trouvent dans des cliniques privées, les hôpitaux publiques sont bien incapables d’encaisser le choc. L’aide d’urgence de 600 R$ (100€ – Un peu moins de la moitié du salaire minimum) que doit débloquer le gouvernement pour les travailleuses et travailleurs informel-le-s pourrait concerner au plus fort de la crise jusqu’à 59% de la population. « #LuiJamais »

    Dans ce contexte, ce ne sont pas moins de 27 demandes de destitution contre Bolsonaro qui ont été déposées devant le parlement par l’opposition, malgré tout il n’est pas pour autant en péril, et au contraire c’est plutôt le soutien dont il bénéficie chez les militaires faisant partie intégrantes de son gouvernement qui est à surveiller, faisant planer l’ombre d’un coup d’état. Les grandes puissances impérialistes comme à leur habitudes tournent le dos aux pays du Sud et la situation économique que connaissent les pays Latino-Américain dépend en partie de l’attitude et des politiques de ceux-ci, impactant la détérioration des systèmes de santé et le manque de moyen pour mettre en place des politiques publiques. Dans ce contexte nous, communistes libertaires, nous devons mettre en avant les luttes de nos camarades afin de les rendre encore plus visibles, la solidarité internationaliste est aujourd’hui comme hier primordiale et a crucialement besoin de se faire concrète. L’UCL par le biais de la commission des relations internationales ne cessent d’accentuer et de renforcer ses liens avec les différentes organisations sociales et politiques de notre camp. « Racisme et terrorisme d’État dans les favelas »



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    « Ségur de la santé » : la socialisation/autogestion, remède radical

    30 Mai 2020

    Loin de l’appel d’Emmanuel Macron à «se réinventer», on peut dire par avance que le Ségur de la santé n’inventera pas grand-chose. Toujours cette vieille méthode politicienne qui consiste à annoncer une «grande concertation nationale»… tout en en fixant par avance les résultats! Ceux-ci se situeront dans le droit fil du «monde d’avant» : peu d’investissements, mais la poursuite de la casse néolibérale de notre système de santé. Il est temps de se le réapproprier et de le placer hors de la loi du marché.

    Le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé que la concertation organisée au ministère de la Santé, avenue de Ségur, sera axée sur quatre «piliers» d’une future réforme de l’hôpital public.

    1) La hausse des salaires

    Les salaires de l’hôpital public français sont parmi les plus faibles des pays occidentaux. Le gouvernement annonce que l’objectif est d’atteindre un niveau de rémunération équivalent «à la moyenne européenne». Il est attendu de pied ferme, car cela fait des mois que les syndicats et le Collectif inter-urgences réclament en ce sens, et que le gouvernement les balade sans vergogne.

    2) Une logique de financement toujours révoltante

    Le gouvernement annonce qu’il veut réduire la part de «tarification à l’activité». Mais le problème, c’est bien la contradiction ce type de financement avec une logique de service public. Le Collectif inter-hôpitaux réclame son abandon pur et simple : «la règle doit être le juste soin pour le malade au moindre coût et non la recherche du tarif rentable pour l’établissement». Cela suppose «une augmentation du budget hospitalier (Ondam) d’au moins 4%».

    3) Une augmentation du temps de travail

    La crise du coronavirus ne leur a-t-elle donc rien appris? Olivier Véran parle de «remise en question de certains carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage». Pousser les salarié·es déjà épuisé·es au surmenage en agitant la carotte des «heures sup’», c’est surtout une façon de ne pas recruter. La fédération SUD-Santé-Sociaux évalue qu’il manque 100.000 personnes à l’hôpital public. Ce sous-effectif ne sera pas compensé par la «télémédecine» que le gouvernement, toujours à ses fantasmes high-tech, présente comme une solution.

    4) Pas de solution au manque de lits

    Pour finir le gouvernement souhaite davantage d’intégration et de coopération entre hôpital, médecine de ville et secteur médico-social, mais ne fait aucune promesse sur la réouverture de lits, dont le manque s’est fait cruellement sentir durant la crise du coronavirus. Il reste muet sur le secteur hospitalier privé, qui accapare un tiers du «marché» des patients, et absorbe une partie des financements publics au détriment de l’hôpital public.

    Une solution : la socialisation sous le contrôle des soignantes et des soignants

    L’intérêt de la population, des soignantes et des soignants, exige une logique radicalement inverse à celle du «Ségur de la santé». C’est une révolution du système de santé dont nous avons besoin, par la socialisation intégrale, et l’autogestion. Cela suppose que l’ensemble du système hospitalier, public comme privé, soit retiré des mains de l’État et des groupes financiers, et unifié. Le système de santé doit être déclaré «bien commun» ou «propriété sociale», et jouir d’un financement assuré intégralement par la Sécurité sociale, donc par la cotisation sociale.

    Il sortira ainsi à la fois du budget de l’État et de la loi du marché. Placé sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs, il renouera pleinement avec l’esprit du service public, et pourra être redéployé dans les territoires, avec des effectifs et des moyens au niveau des besoins.

    Cette logique ni étatiste ni capitaliste, c’est celle du communisme libertaire.

    Union communiste libertaire, 29 mai 2020


    Applaudir c’est bien, se battre ensemble c’est mieux

    Manifestation hebdomadaire de soutien aux revendications des soignantes et des soignants, devant l’hôpital Robert-Debré, à Paris 19e. Photos Clotilde (UCL 93-Centre)



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    Réouverture partielle de La Mauvaise Réputation

    21 Mai 2020

    Pas question de faire n’importe quoi pour nous-mêmes, alors que nous dénonçons la décision du gouvernement d’un redémarrage économique et d’une réouverture des écoles « quoi qu’il en coûte ». Nous avons donc décidé d’entamer très progressivement notre déconfinement de façon à le maîtriser. Pas question évidemment d’organiser des débats publics à la librairie avant l’été, ni même pour l’heure de nous réunir physiquement à nombreux dans nos locaux.

    Pour autant, afin de réenclencher une socialisation politique minimale que la distanciation physique et les communications exclusivement numériques ont mise à mal, nous allons rouvrir la Mauvaise Réputation au public. Cela nous semble d’autant plus important que pendant que la possibilité d’agir de la population est toujours fortement contrainte, le pouvoir comme les patrons continuent de défendre leurs intérêts en avançant mesures de régression sociales après mesures de régression démocratiques. Nous avons besoin de recréer des espaces de rencontre et de discussion pour envisager comment ne pas subir ces attaques, et les combattre.

    Pour ce faire, nous partons de ce que nous sommes capables de mettre en œuvre afin d’assurer la sécurité sanitaire de toutes et tous. Et ainsi, ne pas participer à la circulation du Covid-19. La librairie sera donc ouverte les samedis 23 et 30 mai sur une plage horaire réduite. Seulement de 16 h à 18 h. Pour nous toutes et tous, nous limiterons à cinq le nombre maximum de personnes présentes simultanément dans les lieux. L’espace en sous-sol ne sera pas ouvert au public, car mal aéré.

    Il sera exigé de porter un masque à l’intérieur et de se laver les mains à l’entrée. Du gel hydroalcoolique sera mis à disposition et nous tenterons dans ma mesure de nos possibilités de fournir un masque aux personnes qui n’auraient pas pu s’en équiper. Le bar ne sera pas ouvert pour le moment. Cependant, pour que le lieu reste un tant soit peu convivial, nous continuerons à servir du café qu’il sera possible de consommer à l’extérieur de la librairie.

    Là aussi, nous vous demanderons de prendre garde à respecter une distance d’un mètre et si possible de porter un masque. Enfin, toujours à l’extérieur, nous souhaitons limiter le nombre de personnes stationnant en même temps devant la librairie. En espérant donc vous retrouver très bientôt, malgré les lourdes contraintes qui pèsent sur nous toutes et tous.


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    Métallurgie : Changeons d’air, socialisons Luxfer !

    19 Mai 2020

    L’usine Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme) était, jusqu’à sa fermeture en mai 2019, la seule dans l’Union européenne à produire des bouteilles d’oxygène médical. Malgré la crise sanitaire et le long combat des salariés contre la fermeture du site, l’État refuse toujours de nationaliser l’entreprise. Face aux appétits capitalistes et à l’incurie des pouvoirs publics, la socialisation de ­l’entreprise sous contrôle des travailleurs est une nécessité.

    Malgré le refus gouvernemental de réquisitionner Luxfer, Axel Peronczyk, délégué CGT de l’usine, ne désarme pas : « Pour nous la lutte continue. Elle ne s’est jamais arrêtée depuis l’annonce de la fermeture de l’usine en novembre 2018. On ne lâchera pas l’affaire, on tient à cette usine et à un savoir-faire unique qui nous rendait fier. J’espère que ces refus seront les derniers. ».

    Réputées pour leur légèreté et leur résistance, on retrouve ces bouteilles d’oxygène dans les ambulances, les camions de pompiers, les hôpitaux ou encore dans les maisons de retraite dans le cadre de l’assistance respiratoire et de l’oxygénothérapie. C’est un produit de première nécessité pour le secteur médical, particulièrement en situation de pandémie.

    Une pénurie serait catastrophique. Cela ne semble toutefois pas émouvoir le gouvernement, qui ferme la porte à toute possibilité d’une reprise sous capitaux publics, alors que les savoir-faire humains et techniques sont encore là. C’est ce même gouvernement, à travers le ministère du Travail, qui décida en 2019 de valider le motif économique prétexté par la direction pour fermer l’usine, passant outre les avis de l’Inspection du travail et de la Direction générale du travail.

    Un cas d’école sur l’irrationalité capitaliste

    Le cas de l’usine de Gerzat illustre, à lui seul, l’irrationnalité du système capitaliste et l’impasse dans laquelle il nous mène. Fleuron du groupe Luxfer – qui en avait fait l’acquisition en 2007 –, réputé pour la qualité de ses produits et l’existence d’un centre de recherche, le site de Gerzat était particulièrement rentable au point d’être la deuxième usine la plus profitable du groupe, avec une année 2017 record en termes de bénéfices (+55%). Cela n’a toutefois pas suffit pour rassasier les appétits des actionnaires du groupe Luxfer, représentants de fonds d’investissement gérant plusieurs centaines de milliards d’actifs.

    Axel Peronczyk résume ainsi les motifs de la fermeture de l’usine : « Le groupe Luxfer est en situation de quasi monopole sur le marché de la bouteille de gaz en aluminium. Sa stratégie pour faire encore plus de profit a été de prendre à la gorge tout le marché en créant une pénurie sur les produits haut de gamme afin de forcer les clients [pour la plupart liés à l’État…] à se réorienter vers ses produits bas de gamme à base d’acier, moins chers à fabriquer. Luxfer a alors monté de 12 % le prix de ces produits, afin d’augmenter encore ses marges. ».

    Un cas typique d’abus de position dominante, en théorie interdit, mais dans les faits inévitable : la formation de monopoles privés est inhérente à la logique capitaliste d’accumulation et de concentration des richesses. Elle se fait au détriment des salarié·s, du personnel médical et des patientes et patients – les bouteilles en acier ont une moindre durée de vie et peuvent dégrader le gaz contenu.

    Derrière la fermeture du site, de sombres calculs de l’actionnaire pour augmenter ses marges, au détriment de la qualité, et en abusant de sa position dominante sur le marché.

    Un projet de coopérative ouvrière

    Depuis bientôt deux ans, les ex-salarié·es n’ont pas ménagé leur peine pour maintenir l’activité et les emplois. Ils ont d’abord tenté de convaincre la direction de l’entreprise en jouant sur son terrain – chiffres et expertises à ­l’appui – pour lui démontrer qu’il était trois fois plus rentable d’investir dans la formation du personnel et dans de nouvelles productions l’argent qu’elle comptait dépenser pour fermer l’usine. Puis ils ont cherché un repreneur, sans succès, la plupart des repreneurs potentiels n’ayant pas l’envie ni les moyens d’affronter le géant Luxfer.

    Puis 55 ouvriers, beaucoup moins frileux, ont monté un projet de société coopérative. Chacun aurait mis de sa poche et le reste du capital nécessaire aurait été apporté par certaines collectivités locales et par le fond ­d’investissement de l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet était toutefois ardu puisque Luxfer leur interdisait de vendre sur 93% des marchés de la bouteille de gaz…

    Pour condamner définitivement tout projet de reprise, par un concurrent ou par les salarié·es, Luxfer a décidé, en janvier 2020, de casser l’outil de travail. C’était sans compter sur la combativité des ouvrières et ouvriers qui ont monté des barricades devant l’usine pour empêcher cette destruction (illégale) et pour empêcher, au passage, le déversement sauvage de milliers de litres d’huile industrielle qui auraient menacé la nappe phréatique…

    L’usine a été occupée pendant cinquante-trois jours, jusqu’au confinement du 17 mars. Les clés ont alors été remises par les salarié·es à la préfecture du Puy-de-Dôme qui a promis de « protéger » le site pendant cette période.

    La nationalisation, oui mais…

    Mais remettre les clés ne voulait pas dire déposer les armes. Les ex-salarié·es se battent aujour­d’hui pour que l’État nationalise l’usine et fasse redémarrer la production. C’est, de leur point de vue, le moyen le plus sûr pour « reprendre l’usine des mains de Luxfer » selon Axel Peronczyk. Et ils ne veulent surtout pas entendre parler pas de nationalisation temporaire, le temps d’injecter de l’argent public dans l’usine avant de la remettre entre les mains du secteur privé, comme cela arrive généralement avec les nationalisations !

    L’ensemble des structures syndicales de la CGT (fédération, confédération, unions interprofessionnelles) appuient les « Luxfer » pour faire avancer leur dossier de nationalisation définitive auprès du gouvernement. La gauche réformiste (LFI, PCF, PS) appuie cette demande à l’Assemblée nationale, avec parfois des accents protectionnistes et souverainistes.

    La nationalisation de l’usine aurait l’avantage de maintenir une production indispensable au système de santé. Mais elle ne saurait suffire. La nationalisation, ce n’est bien souvent que la propriété étatique, avec la continuité d’une gouvernance et d’un management capitalistes. L’exigence démocratique, c’est la socialisation, qui impliquerait que l’entreprise soit déclarée « bien commun » appartenant à la collectivité, et autogérée par les travailleuses et les travailleurs.

    Si on n’en arrive pas là, la reprise en main sous forme coopérative serait un premier pas, malgré les limites d’une telle expérience dans le cadre du marché. Elle appuierait l’idée d’un socialisme autogestionnaire organisant le travail sur des bases nouvelles, sans État-patron, en cohérence avec les besoins de la population. D’autant que l’utilité de la production n’est pas à démontrer (contrairement à 1939 où l’usine fabriquait des… obus !). Parce que le redémarrage de la production est possible et parce qu’il faut en finir avec les dirigeants politiques et économiques qui jouent avec nos vies, socialisons l’entreprise Luxfer !

    Dadou (UCL Clermont-Ferrand)


    D’AUTRES GÂCHIS INDUSTRIELS

    Luxfer est sous les feux de la rampe, mais d’autres entreprises utiles pour lutter contre la maladie sont en voie de fermeture.

    • En 2018, le groupe Honeywell a fermé son usine de fabrication de masques située à Plaintel (Côtes-d’Armor). Le site employait 300 ouvrières et ouvriers en 2010, elle tournait alors à plein régime suite à la crise du virus H1N1. L’État s’est désengagé, l’usine a été rachetée par Honeywell qui a enchaîné les plans sociaux avant de détruire les lignes de production. Le conseil régional envisage aujourd’hui de relancer la production sous forme de coopérative en faisant appel aux anciens salarié·es.
    • La multinationale finlandaise UPM veut revendre son usine de papier journal de Chapelle-Darblay, au sud de Rouen. Cette usine pourrait très bien évoluer pour produire des masques. Trois jours de grève ont eu lieu en janvier par crainte de licenciements.
    • A Lyon, Famar, sous-traitant de l’industrie pharmaceutique, est la seule usine en France produisant de la Nivaquine (à base de chloroquine), donnée à certains patients atteints de Covid-19. Elle emploie 250 ouvrières et ouvriers. Suite à l’arrêt de commandes par Sanofi, Merck etc., le groupe Famar a vendu ses usines, une partie a été rachetée par Delpharm, mais pas l’usine lyonnaise, qui n’aura plus de production en juillet. Le Sénat étudie sa nationalisation.
    • L’usine de matériel médical Peters Surgical, à Bobigny, a fait grève en octobre contre le licenciement de 60 des 134 salarié·es. Elle tourne aujourd’hui à plein régime, mais sans garanties pour la suite.

    Grégoire (UCL Orléans)



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    Médicament : un bien commun

    17 Mai 2020

    Des salarié·es de l’industrie pharmaceutique, professionnel·les de la santé, ancien·nes chercheurs et chercheuses, journalistes, syndicalistes et militant·es politiques publient un manifeste pour faire du médicament un bien commun. Nous relayons cet appel dans lequel l’Union communiste libertaire se retrouve.

    « Nous affirmons :

    • La santé est un droit universel […].
    • L’accès aux médicaments est un droit de la personne fondé sur le droit inaliénable aux soins.
    • L’égalité d’accès aux médicaments est une condition indispensable à la jouissance du droit à la santé. […]
    • La nécessité de supprimer la notion de propriété privée et de monopole des droits de propriété intellectuelle sur les médicaments attribués par les brevets d’invention.
    • Vouloir rompre avec la logique de la rentabilité financière pour donner la primauté à la protection de la santé publique.
    • Le principe d’une santé publique et environnementale à l’échelle planétaire, la création d’un nouvel écosystème, la refondation des coopérations internationales et la mise en place d’une sécurité sociale à vocation universelle. »

    C’est ainsi que s’ouvre le manifeste de la campagne « Médicament : un bien commun », dont l’objectif prioritaire est l’abolition des brevets sur les médicaments. L’Union communiste libertaire se reconnait dans ce manifeste et encourage toutes et tous à signer le manifeste et à faire connaitre la campagne.

    Union communiste libertaire, le 11 mai 2020

    cc Rawpixel

    Manifeste POUR UNE APPROPRIATION SOCIALE DU MÉDICAMENT

    Nous affirmons :

    • La santé est un droit universel : les États, les pouvoirs publics, tous les acteurs agissant dans le domaine de la santé, doivent garantir un égal accès de toutes et tous aux soins et traitements de qualité.
    • L’accès aux médicaments est un droit de la personne fondé sur le droit inaliénable aux soins.
    • L’égalité d’accès aux médicaments est une condition indispensable à la jouissance du droit à la santé. En ce sens, le médicament est un bien commun de l’humanité, sous condition d’une appropriation collective et démocratique des peuples, dans chaque pays et à l’échelle planétaire.
    • La nécessité de supprimer la notion de propriété privée et de monopole des droits de propriété intellectuelle sur les médicaments attribués par les brevets d’invention.
    • Vouloir rompre avec la logique de la rentabilité financière pour donner la primauté à la protection de la santé publique.
    • Le principe d’une santé publique et environnementale à l’échelle planétaire, la création d’un nouvel écosystème, la refondation des coopérations internationales et la mise en place d’une sécurité sociale à vocation universelle

    Contexte : La production des médicaments, analysée comme une production de marchandises,ne répond pas aux besoins des populations :

    Le marché mondial du médicament représente un chiffre d’affaire dépassant les 1.000 milliards d’euros avec une rentabilité de 20%, le plus rentable du capitalisme, donnant aux industries pharmaceutiques un pouvoir considérable dans le secteur économique.Considérant le médicament comme un simple bien marchand, les industries pharmaceutiques dépensent plus en frais de commercialisation, marketing, lobbying qu’en recherche & développement (R&D) tout en justifiant les prix de vente par le coût de la R&D.

    Sous prétexte de traitements innovants, un jeu de dupes s’établit entre les gouvernants, les décideurs de la santé et les dirigeants des multinationales du médicament qui obtiennent que leur soient payées au prix fort des molécules au service médical parfois modeste. Ils ponctionnent ainsi partout dans le monde les systèmes de prévoyance et les fonds publics comme celui de la Sécurité Sociale en France. Au mépris de la santé publique,et dans un manque total de transparence, les groupes pharmaceutiques s’assurent ainsi une source de profits confortables, à la grande satisfaction des actionnaires.

    L’industrie pharmaceutique, propriétaire des brevets de molécules championnes de la profitabilité, les blockbusters, a exploité à son maximum cette politique pour dominer le marché, générant des milliards de dollars. Au point de saturer par des molécules équivalentes certains domaines thérapeutiques alors que d’autres fondamentaux sont délaissés.

    A la recherche de nouvelles stratégies, les Big Pharma externalisent d’une part leur recherche vers les laboratoires publics ou de petites sociétés, et d’autre part, se réorientent vers le développement de produits biologiques, plus difficiles à copier, leur permettant ainsi d’exiger des prix exorbitants. Ces nouvelles thérapeutiques ne pourront bénéficier qu’aux marchés solvables. Cette logique commerciale oriente la recherche de manière discriminée conduisant à l’arrêt des recherches dans plusieurs axes thérapeutiques essentiels.

    L’application du système juridique des brevets aux médicaments donne un pouvoir discrétionnaire aux multinationales pour fixer les prix de vente. Le médicament est soumis au droit commun des produits brevetables. Sous l’argument d’inciter l’investissement en R&D dans les secteurs privés, l’application du système juridique des brevets aux médicaments préserve les firmes pharmaceutiques de toute concurrence durant les 20 années d’exclusivité.

    Depuis les années 1980, à l’instigation des grandes entreprises pharmaceutiques, les droits de la propriété intellectuelle sur les médicaments ne cessent d’être renforcés. Ainsi, sous l’égide de l’OMC, les accords sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC – Marrakech, 1994) fixent un modèle d’exploitation agressif de la propriété intellectuelle à l’échelle internationale, aggravé par les dispositions ADPIC+.

    Enfin sous couvert de développement de thérapies géniques et via les partenariats public-privé, les entreprises privées ont obtenu l’exploitation des titres de propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche publique universitaire, leur permettant ainsi d’étendre la brevetabilité au domaine du vivant (Bay-Dole-Act aux États-Unis en 1980, en Europe au cours des années 1990). C’est souvent le cas des thérapies ciblées dans le traitement des cancers (en fonction des caractéristiques génétiques), dont les prix sont tellement faramineux que seules des populations étroites ayant les moyens financiers pourront en bénéficier.

    Le prix de vente des médicaments, les marges qui en sont issues, ne s’expliquent que par l’application des brevets et le monopole qui en découle. La principale conséquence est d’avoir rendu difficile voire impossible l’accès de populations entières aux médicaments.

    Ce que nous voulons :

    • L’accessibilité universelle aux soins de santé et aux médicaments. Les autorités publiques doivent garantir ce droit selon les critères d’égalité, de qualité et de sécurité, ce qui implique une politique publique de santé, des services publics et des budgets de recherche à la hauteur des besoins.
    • Refuser la marchandisation des soins de santé dont les médicaments pour que les objectifs de santé publique ne soient plus dominés par le consumérisme des produits pharmaceutiques. Les médicaments essentiels lorsqu’ils sont « disponibles,économiquement abordables, de bonne qualité et bien utilisés » permettent de répondre aux besoins prioritaires de la population en matière de santé.
    • Refuser l’utilisation de population comme cobayes humains, contre nourriture ou toute autre rétribution, pour l’expérimentation de nouvelles molécules.
    • La sortie des stratégies de l’industrie pharmaceutique qui ont pour objectif la profitabilité du capital et exercent de fortes pressions sur les politiques publiques de santé. Pour ce faire,doivent se mettre en place de nouveaux modèles de R&D, de production et de distribution de produits de qualité, contrôlés par les citoyens.
    • Libérer et promouvoir la recherche : L’organisation et les orientations de recherche fondamentale doivent être libres de toute contrainte et ne pas être assujetties aux visées financières des firmes pharmaceutiques. L’utilisation des résultats de la recherche et le développement des innovations pouvant conduire à des améliorations thérapeutiques doivent être définies en fonction des besoins de santé publique de la population mondiale,dans l’intérêt général et sous maitrise citoyenne. Les coopérations internationales doivent être encouragées et les financements publics fournis à la hauteur nécessaire. Les résultats,au fur et à mesure de nouvelles découvertes ou innovations, doivent être rendus publics afin que le fond de connaissances scientifiques du monde soit enrichi et les savoirs partagés.
    • Refonder la législation internationale en matière de propriété intellectuelle et industrielle appliquée aux médicaments, sur la base de la primauté de la santé publique.
      • Le système des brevets sur les médicaments doit être abrogé. Les dérogations obtenues par certains pays permettant de contourner les brevets (licence obligatoires), ont certes fait temporairement reculer les firmes aux exigences exorbitantes, mais sans régler le problème sur le fond et le long terme.
      • Dénoncer les Accords sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce (ADPIC) et les dispositions ADPIC+ qui font perdre toute latitude en matière de politique de santé publique aux pays en voie de développement, et limitent celle des pays développés potentiellement producteurs.
      • Revenir sur la directive Européenne 98/44 relative à la brevetabilité des séquences génétiques et des organismes contenant des entités brevetables.

    Nous proposons à tous les acteurs et usagers du secteur de la santé, à se mobiliser pour l’appropriation sociale et publique de la chaine du médicament.

    Il est nécessaire et urgent de faire valoir les valeurs de solidarité et d’universalité au fondement de nos systèmes de santé. Il faut donc arracher le pouvoir de décisions à une infime minorité d’humains, actionnaires et décisionnaires, pour obtenir une réponse réelle aux besoins de milliards d’humains.

    L’appel « Médicament : un bien commun », avril 2020.



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    Âgé·es et dépendant·es : ne les laissons pas mourir aux mains des charognards capitalistes

    15 Mai 2020

    Le fait que les personnes âgées soient plus susceptibles de contracter la maladie n’explique pas à lui seul le formidable taux de mortalité dans les EHPAD. La privatisation forcenée de l’État et les coupes budgétaires payées par les salarié·es et les résident·es sont également responsables de la dégradation de la qualité des soins et du manque de matériel et de personnels.

    L’épidémie de Covid-19 qui frappe le monde touche particulièrement les plus ancien·nes. Si au début les chiffres annoncés par le gouvernement ne concernaient que les hôpitaux, de nombreuses voix se sont élevées pour que le décompte concerne également les maisons de retraites. À ce jour ce sont plus de 8300 personnes qui sont mortes dans les EHPAD soit près de 1,5% de la population de ces établissements. La situation est différente selon les maisons de retraites et certaines ont été particulièrement touchées comme à Mougins où un tiers de résisdent·es sont mort.es du Covid-19 [1], où à Saint-Germain-en-Laye où les décès représentent un quart des résident.es [2]. Mais la situation est également dramatique dans beaucoup d’autres et ce malgré le travail acharné des personnels. Toutes ces personnes sont mortes éloignées de leurs proches du fait du confinement mais pas seulement. Et nombreuses sont les plaintes de familles.

    Une chape de plomb sur ces décès

    En effet, celles-ci ont souvent été prévenues tardivement et parfois indirectement par la presse. En réalité, c’est une chape de plomb qui a été posée sur ces maisons de retraites : des familles ont ainsi reçus des nouvelles mensongères sur leurs proches, via les maisons de retraites qui leur disaient que tout allaient bien alors qu’ielles étaient malades, sous respirateurs ou hospitalisé·es. Pire, lors des décès les causes de la mort n’ont pas toujours été révélées immédiatement aux proches.

    Les raisons de cette omerta tiennent à deux raisons : d’une part les Agences Régionales de Santé (ARS) qui sont les relais locaux du ministère de la santé et qui, dans une logique technocratique, ont demandé aux maisons de retraites de ne pas diffuser ces informations ; d’autre part, du côté de certains groupes privés, une logique de marketing, dans le cadre d’un marché concurrentiel où les résident·es et leur famille sont les « client·es » et où il s’agit de montrer une bonne image à tout prix en masquant volontairement ce qui ne va pas [3].

    Un nombre de décès qui interroge

    Autre interrogation : comment expliquer cette hécatombe ? L’argument de l’âge et de la fragilité du public concerné n’est pas suffisant. Dans de nombreuses maisons de retraites les salarié·es ont alerté très tôt les autorités sur le manque de matériel de protection ou de personnel pour organiser le confinement et les distances corporelles dans ces établissements. Certain·es ont même été licencié·es pour avoir donné l’alerte [4]. Là aussi, l’amateurisme des autorités publiques ou privées a été total et est sans aucun doute responsable de ce nombre élevé de décès.

    Les responsabilités devront être déterminées et les responsables devront rendre des comptes. Car, au-delà de l’épidémie de Covid-19, ce que met en lumière ce scandale c’est l’incurie qui règne dans ces établissements au détriment des personnes prises en charge et des salarié·es.

    Une privatisation organisée par l’État…

    Depuis 1997 l’État a organisé la privatisation rampante des maisons de retraite. D’abord, en créant un marché concurrentiel et en l’ouvrant à des entreprises privées à but lucratif. Ensuite, en fonctionnant dans une logique d’appel d’offre et en imposant des normes de management public (évaluation, performance, austérité) qui ont favorisé l’émergence et le développement des établissements privés à but lucratif au détriment des établissements publics comme ceux privés à but non lucratif [5] qui eux se trouvaient soumis à une logique de performance. De gros groupes privés ont ainsi une main croissante sur le marché des 7200 EPHAD et représente environ un tiers de ceux-ci. Le marché est juteux : ainsi pour un EHPAD, de 121 lits, privé à but lucratif du sud de la France le bénéfice annuel est de 400 000 euros avant impôt [3] ! Rien d’étonnant à ce que des fonds de pension investissent ce marché : cynisme absolu du capitalisme quand l’épargne retraite sert à exploité la dépendance âgée ! Et pendant que nous comptons nos mort·e·s les dirigeants des groupes privés s’installent dans les plus grandes fortunes de France [6].

    … Sur le dos des salarié·es et des résident·es

    Cette privatisation par un développement de l’offre privée lucrative et un développement d’une logique de performance dans les autres établissements a une double conséquence.

    D’une part, les conditions de travail sont déplorables : dans les EHPAD il y a trois fois plus d’accidents de travail déclarés que dans la moyenne nationale du fait de conditions de travail éprouvantes (horaires décalés, pression au rendement, sous-effectifs) dans un contexte de développement de contrats précaires (contrats aidés, intérim) pour un secteur qui embauche 87% de femmes, souvent des mères isolées [7]. D’autre part, sur les conditions d’accueil et de vie des personnes hébergées. Certains EHPAD n’ont un budget que de 4 euros par résident·e pour tous les repas de la journée [3], la pression au rendement conduit les salarié·es a devoir rationnaliser de manière industrielle le temps de toilette, de repas, etc. Ainsi ce personnel, n’a aucune marge de manœuvre pour établir avec les résidents du lien social, alors que ces personnes âgées sont de par un isolement relatif ou entier, dans un manque certain de relation affective. Enfin, cette privatisation mène près de la moitié des EHPAD, comme n’importe quel commerce, à mentir, à tromper ses « client·es » sur les tarifs ou les services dans une logique de pressurisation du « client·e » [8].

    Socialisation des EPHAD : pour un service public pour les personnes âgées dépendantes

    Ces données mettent en lumière la logique profondément mortifère du capitalisme. Les capitalistes, qu’ils agissent dans des groupes privés ou au service d’un État bourgeois, ne guettent que leurs profits. Et dans un contexte de vieillissement de la population ils trouvent le moyen de faire de l’argent sur le dos de personnes en fin de vie ou dépendantes ! Nul sens de la dignité ou de respect de la mort ou du grand âge chez ces charognards !

    Voilà pourquoi il est urgent d’en finir avec la privatisation de ces EHPAD, la logique d’austérité et de performance imposée par l’État. Nous devons réaliser la socialisation de ces établissements et le développement d’un service public du grand âge et de la dépendance, où les salarié·es, les résident·es et leur famille décideraient elleux-mêmes des moyens à mettre en œuvre pour satifaire les besoins essentiels de cette population fragile.

    De la même façon il est tout aussi urgent de développer un service public conséquent de l’aide à domicile pour tous et toutes celles et ceux qui souhaient et peuvent rester à domicile alors que dans ce secteur, géré par des grosses associations dans un cadre d’austérité budgétaire, les salaré·es sont soumis·es à une très forte précarité. Cet exemple montre encore une fois qu’il sera salutaire de nous débarasser de la prédation capitaliste.

    Les profits contre notre santé, quelque soit notre âge, ensemble contre le capital et solidaires face à la crise sanitaire !

    Groupe Toulouse et alentours de l’UCL le 2 mai 2020

    [1] Ehpad : les morts, les familles et le mur du silence, par Béatrice Jérôme, Lorraine de Foucher et Sofia Fischer pour Le Monde le 23 avril 2020

    [2] Des familles se battent face à des directions d’Ehpad muettes,par Mathilde Goanec pour Médiapart le 8 avril 2020

    [3] Maltraitance en maison de retraite : « Le business des seniors est impitoyable », par Marc Payet pur le Parisien le 26 février 2019

    [4] Deux infirmiers « virés » d’un Ehpad de Toulouse car ils réclamaient des masques, la police intervient, par Géraldine Jammet pour la Dépêche le 21 avril 2020

    [5] Le processus de privatisation du secteur des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, par Ilona Delouette et Laura Nirello dans le Journal de gestion et d’économie médicales 2016/7 (Vol. 34) le 1er mars 2017

    [6] Classement CHALLENGES des fortunes de France : les propriétaires d’exploitants EHPAD en bonne position, par EHPAD.com

    [7] Vieillesse en détresse dans les Ehpad, par Philippe Baqué pour le Monde Diplomatique en mai 2019

    [8] Une maison de retraite sur deux trompe ses clients, par Mathilde Golla pour le Figaro le 17 mars 2014


    Par Sylvain Anticapitalisme Santé

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    Industrie pharmaceutique : comment on peut la socialiser

    15 Mai 2020

    C’est une filière indispensable pour produire, en grande quantité, des tests de dépistage et une molécule qui donnerait des résultats contre le virus. Elle l’est également, hors contexte d’épidémie, pour produire des vaccins et des médicaments contre les maladies chroniques par exemple. La laisser entre les mains d’intérêts privés, c’est aller vers de nouvelles catastrophes.

    C’est parce que l’industrie pharmaceutique est soumise à la loi du profit que sa production a été délocalisée, notamment en Chine et Inde, afin de baisser les salaires et les conditions de contrôle sur les médicaments [1].

    L’Inde fournit 20 % de la demande mondiale. Or l’État indien a décidé, après avoir décelé six cas de coronavirus, de restreindre l’exportation de 26 médicaments (antibios, paracétamol, un antiviral…) pour sécuriser son approvisionnement [2]. Les chaînes d’approvisionnement en médicaments ont ainsi été considérablement complexifiées, la doctrine libérale de gestion des stocks à flux tendu n’arrangeant rien.

    Mais cela ne date pas de la pandémie. En une décennie, les ruptures de stock de médicaments en France ont été multipliées par 12 [3] : anti- infectieux, vaccins, traitements contre l’épilepsie ou Parkinson, anticancéreux, aujourd’hui craintes des malades chroniques dont les associations ont signé une tribune avec des scientifiques et des responsables CGT et Solidaires [4]. La relocalisation de la production de médicaments en France ou en Europe est aujourd’hui en débat. Mais tant que cette production restera soumise à la loi du profit, ça ne sera pas suffisant.

    Les entreprises françaises chercheront à maximiser leurs profits par d’autres biais que les délocalisations : en se concentrant sur les médicaments qui rapportent, en gérant les stocks en flux tendu, en changeant les formules pour déposer de nouveaux brevets [5], ou en faisant du lobbying pour que ce soient les traitements les plus onéreux qui soient remboursés et donc prescrits [6]. D’ores et déjà, Sanofi tire parti de la crise en annonçant l’externalisation de 6 de ses 11 sites européens (soit plus de 1.000 salarié·es en France et 3.000 en Europe), soit-disant pour mieux lutter contre les pénuries, en réalité pour se débarrasser des sites produisant les médicaments les moins lucratifs [7].

    Assoiffé de profit, le géant Sanofi enchaîne les plans de restructurations, notamment dans la recherche, où 2 500 postes ont été supprimés en dix ans. © Peter Sondermann

    Ce que signifie contrôle populaire

    Sortir cette industrie de la loi du marché en la socialisant est donc une question de santé publique. Socialiser, ça ne veut pas simplement dire la réquisitionner le temps de la crise : en effet, réorganiser une production largement délocalisée, ça ne va pas se faire du jour au lendemain.

    Socialiser, ça ne veut pas dire nationaliser, au sens où l’État deviendrait actionnaire majoritaire voire unique, mais où l’on resterait dans le cadre de la concurrence capitaliste, en s’imaginant que l’État aux commandes, « ça sera moins pire ». On voit bien où peut nous conduire le cas d’Air France que le gouvernement envisage de renationaliser parce que la compagnie est en difficulté… en annonçant qu’il la revendra une fois la crise passée – et sans doute après y avoir injecté moult argent public, ce qui veut dire socialiser les pertes et privatiser les profits !

    Socialiser, pour commencer ça veut dire exproprier les capitalistes qui possèdent les entreprises de la filière. Sans indemnités il va de soi. Ils ont suffisamment profité des bras et des cerveaux de leurs salarié·es, et vécu sur le dos de la Sécurité sociale. Mais socialiser, ça ne veut pas non plus dire une concurrence entre des entreprises autogérées, ce qui conduirait à coup sûr à des dérives similaires.

    L’organisation du travail serait de la responsabilité des travailleurs, mais la finalité de la recherche et de la production serait sous contrôle populaire, par le biais d’une planification démocratique. La population, à travers ses représentant·es (mandaté·es révocables et/ou tirées au sort, représentant·es d’associations de malades) déciderait, en concertation avec la filière socialisée, des priorités de la recherche et de la production. Une caisse d’investissement financée par la cotisation sociale, sur le modèle de la Sécu, dégagerait cette filière de la loi du profit [8]. L’utilité de chaque métier [9], de chaque site et de son éventuelle reconversion écologique pourrait ainsi être questionnée.

    Malgré le fait que Sanofi saborde son secteur recherche et a réalisé un bénéfice net de 2,8 milliards d’euros en 2019, le groupe touche 150 millions de Crédit impôt recherche par an. © Randy Monceaux

    Ne pas s’en tenir à cette filière

    Mais finalement, ce raisonnement, on peut l’appliquer à toutes les entreprises. Qu’on le veuille ou non, c’est indispensable. Toute l’économie est imbriquée : la pharmaceutique dépend de l’approvisionnement en matières premières [10], en machines, de la logistique, etc. Or la socialisation d’une partie de l’économie se solderait nécessairement par des mesures de rétorsion de la part des capitalistes : pénalités de l’Union Européenne ou barrières douanières, jusqu’à l’exemple d’un coup d’État comme au Chili en 1973. On pourrait imaginer le patronat des transports refusant de livrer les entreprises socialisées, ou bien celui la chimie refusant de livrer des consommables, en prétextant du désordre causé par la socialisation.

    Mais cette imbrication est également internationale. Certains médicaments nécessitent une collaborations entre pays, notamment quand un petit nombre de malades est concerné. Il faudra donc pousser à la socialisation au-delà les frontières, et briser la dépendance commune aux intérêts privés.

    Ne socialiser qu’une partie de l’économie n’est pas suffisamment cohérent. Mais dans le contexte d’une pandémie qui a ouvert les yeux à beaucoup de monde, on peut gagner une majorité d’idées sur la nécessité de socialiser le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique. Un objectif intermédiaire avant d’aller vers la socialisation générale des moyens de production.

    Grégoire (UCL Orléans)

    © François Terrier

    [1] Un tiers des médicaments produits en Inde sont non conformes (Le Monde, 11 janvier 2018).

    [2] « Covid-19 : l’Inde restreint l’exportation de 26 médicaments et API », Industriepharma.fr, 3 mars 2020.

    [3] « Coronavirus : la chaîne d’approvisionnement des médicaments remise en cause », RFI, 6 mars 2020.

    [4] « Pénurie de médicaments vitaux, tests et équipements : l’appel des personnalités ! », à retrouver sur le blog Mediapart de Pauline Ondeix, 7 avril 2020.

    [5] Comme cela s’est fait avec le Levothyrox en 2017, ce qui a conduit à une vague d’effets secondaires indésirables chez les malades.

    [6] Simon Gouin, « Lobbying : comment l’industrie pharmaceutique prend d’assaut les institutions européennes », Bastamag.net, 24 mai 2019.

    [7] « Le grand coup de bluff du groupe Sanofi », L’Humanité, 16 avril 2020.

    [8] Sur ce point, et dans ce cadre – socialisation d’un secteur industriel particulier en dehors de la révolution globale de l’économie et de la société que prône l’UCL – nos idées peuvent rejoindre celles de Bernard Friot, « La cotisation, levier d’émancipation », Le Monde diplomatique, février 2012.

    [9] On pense ici aux métiers parasites comme celui de représentant médical.

    [10] C’est par exemple l’approvisionnement insuffisant en réactifs qui limite aujourd’hui la production de tests de dépistage. « Les “réactifs” au cœur du manque de tests », Libération, 29 mars 2020.


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    Travail et Covid 19 – Travailler à La Poste

    13 Mai 2020

    ÉPISODE 8 TEMOIGNAGE TRAVAIL ET COVID 19 : TRAVAILLER A LA POSTE LE BOULOT ? A NOS CONDITIONS !

    Elles et ils travaillent en crèche, en supermarché, dans l’enseignement, comme agricultrice, aide à domicile, cheminot, postier ou en supermarché …
    Voici le huitème témoignage audio d’une série, où des travailleuses et travailleurs évoquent leur quotidien en temps de pandémie. C’est nous sommes qui sommes exposé-e-s et qui connaissons notre travail, nous pensons donc que c’est à nous de décider des conditions d’exercice ou de reprise de notre boulot. A l’Union communiste libertaire, nous sommes persuadé-e-s qu’il ne faut laisser la main aux patrons et à l’État sur nos vies. A notre avis ces témoignages audio illustrent cette nécessité ! Bonne écoute !

    ÉPISODE 8 TEMOIGNAGE TRAVAIL ET COVID 19 : TRAVAILLER A LA POSTE LE BOULOT ? A NOS CONDITIONS ! by mattoulinianov

    Elles et ils travaillent en crèche, en supermarché, dans l’enseignement, comme agricultrice, aide à domicile, cheminot, postier ou en supermarché … Voici le huitème témoignage audio d’une série, où des travailleuses et travailleurs évoquent leur quotidien en temps de pandémie.


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    Le confinement se doit d’être aussi pensé pour les femmes

    13 Mai 2020

    Au quotidien, nous, femmes, subissons des inégalités et des violences. Pour nombre d’entre nous, ce constat s’est fortement accentué avec le confinement. Celui-ci, tel qu’annoncé par le gouvernement ne fera qu’empirer cette situation car, même si certaines d’entre nous pourront reprendre leur travail, nous aurons à subir les injonctions à « rattraper le temps perdu » en travaillant encore d’avantage que d’habitude. Et pour les autres, qui resterons confinées dans les régions les plus touchées par le virus, aucune mesure n’est à l’horizon.

    Quasiment deux mois après le début du confinement, aucune des mesures d’urgence tant attendues, n’a vu le jour, pour soulager les femmes et en particulier les plus précaires, les plus entravées dans leurs droits et les plus éprouvées par les conséquences de ce confinement. Pourtant ces mesures avaient été demandées par les femmes elles-mêmes et notamment les actrices de terrain. Notamment en ce qui concerne le soutien aux secteurs employant majoritairement des femmes indispensables au fonctionnement de la société pendant le confinement (santé, éducation, entretien des locaux, vente etc.). Ainsi est demandé un accès facilité à l’IVG et la contraception, la garantie des droits sociaux et économiques, l’accès aux services sociaux et à la santé, des droits pour les migrantes. Dans toute autant d’urgence, assurer la sécurité des femmes victimes de violences et une aide d’urgence aux femmes prostituées est nécessaire.

    Non seulement l’ensemble des problématiques que nous soulevons n’a pas été abordé, mais les femmes, que le confinement précarise, violente, détruit, quand il ne les tue pas, sont renvoyées à des cadences infernales.

    Nous sommes mises en danger par la passivité des pouvoirs publics, alors même qu’elles que nous sommes sont les premières concernées.

    Être femme, c’est déjà être précaire. Mais, en temps de crise, cette précarité redouble. Précarité que nous devons également aux nombreuses mesures d’austérité prises ces dernières années : loi travail, chômage, retraite etc.

    Il est aujourd’hui indispensable de :

    1. Soutenir les secteurs employant majoritairement des femmes et tous les métiers dits « de première ligne ».
    2. Garantir l’autonomie économique et les droits sociaux des femmes.
    3. Fournir des solutions permettant une réelle conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle durant le confinement. Cela jusqu’à la reprise normale de l’école et des modes d’accueil collectif de la petite enfance pour toutes et tous : permettre aux mères de famille qui le souhaitent de pouvoir conserver le chômage partiel après le 2 juin et de bénéficier d’aides complémentaires.
    4. Garantir la sécurité des femmes victimes de violences conjugales : éviction du domicile du conjoint violent, création d’emplois destinés à l’accompagnement des femmes victimes de violence etc.
    5. Soutenir les femmes en situation monoparentale.
    6. Soutenir toutes les personnes trans : Violences intrafamiliales, isolement, précarité, problèmes d’accès aux traitements, report d’opérations etc.?
    7. Soutenir l’accès des femmes à la santé et à leurs droits sexuels et reproductifs : IVG et contraceptions, santé mentale et physique.
    8. Garantir les droits des femmes migrantes (avec ou sans papiers) et de leurs enfants.
    9. Assurer la protection des femmes prostituées.

    Commission Antipatriarcat de l’UCL, le 9 mai 2020


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