Yoann Isambert, du secrétariat international de la CNT, est décédé, le 2 avril, à l’âge de 31 ans.
Avec un drapeau CNT, Yoann avait défilé, le 11 janvier à Paris, dans le pôle rouge et noir de la grande manifestation de soutien à la gauche kurde. Il était également un membre actif de l’association Sulidarità, qui vient en aide aux prisonniers politiques corses et à leurs familles.
L’Union communiste libertaire s’associe à la peine éprouvée par ses proches, ses ami·es et camarades. Nous reproduisons le courrier d’adieu publié par son Syndicat des travailleurs de l’éducation de Seine-Saint-Denis (CNT-STE 93).
YOANN, TU SERAS TOUJOURS À NOS CÔTÉS
Le jeudi 2 avril, notre camarade, Yoann Isambert est mort. Sa disparition soudaine nous plonge toutes et tous dans un immense chagrin. La douleur est à la hauteur de l’être formidable qu’était Yoann. Toutes nos pensées vont bien sûr d’abord à sa compagne, à sa famille, ses ami·e·s. Leur tristesse est inimaginable et nous les soutiendrons du mieux que nous le pourrons face à toutes les épreuves qui seront à traverser. Nous nous faisons aussi leur relais pour demander à chacun et chacune d’être attentif·ve à leur intimité. Soutenir, sans être intrusif·ve. Sans nul doute, Yoann, avec la pudeur qui le caractérisait, aurait su trouver cet équilibre.
Nous pensons aussi à ses élèves et ses collègues. Yoann était enseignant d’histoire-géographie au collège Les Mousseaux de Villepinte. Nous savons qu’il va y laisser un immense vide tant son investissement auprès des élèves et dans la vie du collège y était important. Le syndicat CNT éducation se tient au côté des collègues et nous leur apporterons aussi tout le soutien nécessaire. Yoann aimait son travail et ses élèves. Sa combativité était sans faille dans la lutte pour une école réellement émancipatrice, non autoritaire et égalitaire.
Son engagement syndical au sein de la CNT était un élément essentiel dans la vie de Yoann. Notre syndicat, mais également toute notre confédération perd un très grand militant. Un être tellement riche de connaissances, curieux, critique, doux, à l’écoute. Toutes ces qualités faisaient qu’il était un ciment entre nous. Il a marqué nombre de nouvelles et nouveaux adhérent·e·s par son accueil chaleureux. Et même s’il refusait d’être un modèle, il est certain que nous sommes nombreux·euses à avoir été inspiré·e·s par lui. Yoann apportait une intelligence, une réflexion, un calme, une qualité d’échange, un humour, une rage contre l’injustice, une justesse d’analyse, une joie de vivre. Il était là, toujours présent, ne laissait jamais sa place pour faire vivre l’autogestion au quotidien, y compris dans les tâches des « petites mains ». Même si nous, ses camarades du STE93, sommes toutes et tous dévasté·e·s par sa perte, nous n’oublions pas l’ensemble des camarades de la CNT qui pleurent déjà son absence.
Sans compromissions, Yoann avait à coeur de chercher les points de convergences, d’apaiser les conflits, de créer l’unité. Yoann voulait en découdre radicalement avec le capitalisme, source de tant d’injustice et d’inégalité sociale. Et ses combats étaient résolument internationaux. Yoann était engagé dans de nombreuses luttes d’autodétermination des peuples. Son action était si grande qu’il est impossible ici de toutes les évoquer. Nous pensons donc aussi très chaleureusement à nos camarades kanaks car Yoann a toujours été à leur côté dans leur légitime lutte pour se défaire du colonialisme français. Nous pensons aussi aux camarades kurdes auprès de qui Yoann faisait vivre sa solidarité internationale. Nous savons que pour vous aussi, sa perte est immense et votre chagrin incommensurable.
Un combat était primordial pour Yoann : celui pour la libération des prisonnier·ère·s politiques corses et basques. C’est au travers de ces combats qu’il a rencontré des militant·e·s de la CNT et qu’il a fini par nous rejoindre. Mais il n’a jamais oublié, ou mis de côté ses engagements historiques. Au contraire, il a toujours cherché à les faire vivre. De nombreux·euses adhérent·e·s de la CNT étaient d’ailleurs fier·e·s d’avoir pu participer, à leur mesure, mais grâce à Yoann, à la marche parisienne de décembre 2017 pour la fin du régime d’exception dont sont victimes les prisonnier·ère·s basques.
La CNT éducation, en accord avec la compagne de Yoann, vous propose de poursuivre ces combats essentiels qu’il menait, en participant à une cagnotte en ligne dont l’intégralité du montant sera reversée, à parts égales, entre le Comité de solidarité avec le peuple basque (CSPB) et l’association Solidarità pour les prisonniers corses.
www.lepotsolidaire.fr/pot/n90jiyvs-PourYoann_faire-vivre-ses-combats
Merci Yoann de nous avoir permis de te connaître.
Ta personne toute entière nous portera dans les combats que nous mènerons. Camarade, tu seras toujours à nos côtés !