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Communiqués UCL – Page 10 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Communiqués UCL


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    Disparition de Yoann Isambert, du secrétariat international de la CNT

    06 Avr 2020

    Yoann Isambert, du secrétariat international de la CNT, est décédé, le 2 avril, à l’âge de 31 ans.

    Avec un drapeau CNT, Yoann avait défilé, le 11 janvier à Paris, dans le pôle rouge et noir de la grande manifestation de soutien à la gauche kurde. Il était également un membre actif de l’association Sulidarità, qui vient en aide aux prisonniers politiques corses et à leurs familles.

    L’Union communiste libertaire s’associe à la peine éprouvée par ses proches, ses ami·es et camarades. Nous reproduisons le courrier d’adieu publié par son Syndicat des travailleurs de l’éducation de Seine-Saint-Denis (CNT-STE 93).


    YOANN, TU SERAS TOUJOURS À NOS CÔTÉS

    Le jeudi 2 avril, notre camarade, Yoann Isambert est mort. Sa disparition soudaine nous plonge toutes et tous dans un immense chagrin. La douleur est à la hauteur de l’être formidable qu’était Yoann. Toutes nos pensées vont bien sûr d’abord à sa compagne, à sa famille, ses ami·e·s. Leur tristesse est inimaginable et nous les soutiendrons du mieux que nous le pourrons face à toutes les épreuves qui seront à traverser. Nous nous faisons aussi leur relais pour demander à chacun et chacune d’être attentif·ve à leur intimité. Soutenir, sans être intrusif·ve. Sans nul doute, Yoann, avec la pudeur qui le caractérisait, aurait su trouver cet équilibre.

    Nous pensons aussi à ses élèves et ses collègues. Yoann était enseignant d’histoire-géographie au collège Les Mousseaux de Villepinte. Nous savons qu’il va y laisser un immense vide tant son investissement auprès des élèves et dans la vie du collège y était important. Le syndicat CNT éducation se tient au côté des collègues et nous leur apporterons aussi tout le soutien nécessaire. Yoann aimait son travail et ses élèves. Sa combativité était sans faille dans la lutte pour une école réellement émancipatrice, non autoritaire et égalitaire.

    Son engagement syndical au sein de la CNT était un élément essentiel dans la vie de Yoann. Notre syndicat, mais également toute notre confédération perd un très grand militant. Un être tellement riche de connaissances, curieux, critique, doux, à l’écoute. Toutes ces qualités faisaient qu’il était un ciment entre nous. Il a marqué nombre de nouvelles et nouveaux adhérent·e·s par son accueil chaleureux. Et même s’il refusait d’être un modèle, il est certain que nous sommes nombreux·euses à avoir été inspiré·e·s par lui. Yoann apportait une intelligence, une réflexion, un calme, une qualité d’échange, un humour, une rage contre l’injustice, une justesse d’analyse, une joie de vivre. Il était là, toujours présent, ne laissait jamais sa place pour faire vivre l’autogestion au quotidien, y compris dans les tâches des « petites mains ». Même si nous, ses camarades du STE93, sommes toutes et tous dévasté·e·s par sa perte, nous n’oublions pas l’ensemble des camarades de la CNT qui pleurent déjà son absence.

    Sans compromissions, Yoann avait à coeur de chercher les points de convergences, d’apaiser les conflits, de créer l’unité. Yoann voulait en découdre radicalement avec le capitalisme, source de tant d’injustice et d’inégalité sociale. Et ses combats étaient résolument internationaux. Yoann était engagé dans de nombreuses luttes d’autodétermination des peuples. Son action était si grande qu’il est impossible ici de toutes les évoquer. Nous pensons donc aussi très chaleureusement à nos camarades kanaks car Yoann a toujours été à leur côté dans leur légitime lutte pour se défaire du colonialisme français. Nous pensons aussi aux camarades kurdes auprès de qui Yoann faisait vivre sa solidarité internationale. Nous savons que pour vous aussi, sa perte est immense et votre chagrin incommensurable.

    Un combat était primordial pour Yoann : celui pour la libération des prisonnier·ère·s politiques corses et basques. C’est au travers de ces combats qu’il a rencontré des militant·e·s de la CNT et qu’il a fini par nous rejoindre. Mais il n’a jamais oublié, ou mis de côté ses engagements historiques. Au contraire, il a toujours cherché à les faire vivre. De nombreux·euses adhérent·e·s de la CNT étaient d’ailleurs fier·e·s d’avoir pu participer, à leur mesure, mais grâce à Yoann, à la marche parisienne de décembre 2017 pour la fin du régime d’exception dont sont victimes les prisonnier·ère·s basques.

    La CNT éducation, en accord avec la compagne de Yoann, vous propose de poursuivre ces combats essentiels qu’il menait, en participant à une cagnotte en ligne dont l’intégralité du montant sera reversée, à parts égales, entre le Comité de solidarité avec le peuple basque (CSPB) et l’association Solidarità pour les prisonniers corses.

    www.lepotsolidaire.fr/pot/n90jiyvs-PourYoann_faire-vivre-ses-combats

    Merci Yoann de nous avoir permis de te connaître.

    Ta personne toute entière nous portera dans les combats que nous mènerons. Camarade, tu seras toujours à nos côtés !


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    Transports bondés en pleine épidémie : vive le capitalisme

    04 Avr 2020

    On observe ces derniers journée une grosse affluence dans les transports en commun, notamment en région parisienne. La reprise de l’activité dans les entreprises va participer à propager le virus. Qui va trinquer ? Les travailleuses et les travailleurs, bien sûr.

    Depuis quelques jours, on peut observer des bus, des métros et des RER bondés, alors qu’ils étaient presque vides il y a une semaine à peine. Rien d’étonnant à cela ! Alors que seuls les boulots absolument essentiels devraient continuer de tourner, de nombreuses boîtes ont repris leur activité comme si de rien n’était. Sauf qu’entre temps, les entreprises de transport ont baissé leur trafic, pour diminuer le nombre d’employé·es sur le terrain. Le résultat ne s’est pas fait attendre : aux heures de pointe, il est impossible de respecter les gestes barrières dans les transports, et le virus y circule donc. Mais tous ces gens qui sont dans les rames, ce ne sont pas les cadres qui donnent des ordres depuis leur ordinateur personnel. Ce ne sont pas les actionnaires des grosses entreprises qui sont confinés dans une de leurs propriétés secondaires à la campagne ou à la mer. Ce sont les personnes qui sont obligées d’aller bosser pour payer le loyer et les courses. Ceux et celles qui habitent loin du boulot, et dont les deux ou trois heures quotidiennes de transports en commun étaient déjà pénibles et deviennent dangereuses. À n’en pas douter, ce sont ces travailleuses et ces travailleurs-là qui vont continuer à tomber malades, malgré un confinement qui fait tout pour faire passer les profits avant notre santé. Pour le gouvernement des patrons, le capitalisme doit continuer sa marche mortifère coûte que coûte. Il faut dès à présent fournir massivement à toute la population des masques pour se protéger, il faut tester tout le monde, et surtout arrêter les activités non essentielles.

    Union Communiste Libertaire, le 4 avril 2020


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    Alternative libertaire d’avril est gratuit en PDF !

    03 Avr 2020

    Cher·es ami·es et camarades

    Ce mois-ci, pour la première fois depuis près de trente ans, Alternative libertaire ne paraît pas au format papier. 

    En raison du coronavirus, notre imprimeur a stoppé ses machines, et nous n’avons aucune garantie de distribution en kiosques. 

    Nous avons pourtant bouclé ce numéro et en assurons la distribution la plus large possible au format numérique.

    Vous pouvez le lire gratuitement, en PDF, accessible sur cette page web.

    Les abonnements seront prolongés d’un mois pour toutes et tous les abonnés.

    Au sommaire

    Pas mal de Covid-19 évidemment, avec de l’analyse économique (sur la crise financière qui vient), de la réflexion écologique (sur les causes et les conséquences de la pandémie), de l’action syndicale (dans les raffineries de pétrole, chez Amazon), de la stratégie révolutionnaire (la crise déstabilise l’État et le capitalisme)…

    Mais il y a également d’autres sujets dans les rubriques Antipatriarcat (sur les discriminations des femmes handicapées), Numérique (sur le contrôle social promis par les safe city), Antifascisme (sur les résultats du RN aux municipales), International (sur l’autodétermination des peuples), Histoire (sur l’anarchiste Gustav Landauer et la Révolution allemande) et Culture (sur le socialisme sauvage et Rirette Maîtrejean).

    Enfin, vous y trouverez le programme (évolutif) des Journées d’été rouge et noir, du 25 juillet au 1er août 2020. Si vous voulez y venir, l’inscription est ouverte aux abonné·es du mensuel Alternative libertaire.

    À l’avenir

    Si vous souhaitez vous tenir informé·es de ce que dit et fait la fédération, il faut vous inscrire volontairement à sa newsletter hebdomadaire, en vous rendant ici.

    Si vous voulez vous abonner à Alternative libertaire, vous pouvez le faire ici.

    Enfin, si vous voulez soutenir davantage le courant communiste libertaire ou adhérer à l’UCL, c’est par ici.

    Par Sylvain Communiqués UCL Santé

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    Confinement, entre mépris de classe et racisme d’Etat

    02 Avr 2020

    Depuis le début du confinement, un véritable mépris de classe s’affiche partout. Dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans les déclarations des hommes politiques, les responsables semblent tout désignés : Les habitant·es des quartiers populaires.

    C’est dans ces quartiers que les contrôles sont plus intenses : 10% des verbalisations et des mises en garde à vue concernent la Seine-Saint-Denis pour la première journée de confinement [1]. Les zones de contrôle sont « ciblées » d’après la police, nombreux sont les signalements des racistes et de multiples agressions policières envers des personnes racisées lors des contrôles ont d’ores et déjà été signalées. La validité ou non du motif de déplacement laissé à l’appréciation de la police tend à favoriser les inégalités de traitement du non confinement entre les quartiers favorisés ou populaires.

    Si les médias semblent faire preuve d’une certaine bienveillance vis-à-vis des personnes appartenant à la classe moyenne et à la bourgeoisie, il n’en est rien concernant les personnes vivant dans la précarité. Comme toujours, et de manière encore plus visible dans la période, ce sont les personnes racisé·es et habitant.es des quartiers populaires sur lesquels s’abattent le plus la répression. Si les contrôles, amendes et violences policières étaient déjà la norme avant l’apparition de la pandémie, désormais, le coronavirus donne une justification de plus à ces pratiques, poussant le vice jusqu’à placer en garde à vue des personnes sur simple suspicion de défiance et augmentant encore plus les risques sanitaires pour les personnes enfermées.

    Le romantisme du confinement, un privilège de classe

    Si le confinement se vit sans trop de difficulté pour les plus aisé·es, ayant pu quitter leurs appartements pour des résidences secondaires (transportant potentiellement le virus à des endroits où il n’était pas encore), c’est une tout autre affaire pour celleux qui vivaient déjà dans la précarité. En effet, comment ne pas s’émouvoir de la vie enfermée pour des familles vivant à plusieurs dans des logements insalubres et/ou de petites tailles, sans balcon ni jardin, quand d’autres nous expliquent la « chance » que peut représenter une telle période pour faire le point sur leur vie ?

    Ainsi, il n’est pas étonnant de croiser des personnes dans les rues. L’État, par ses injonctions contradictoires, ne fait que renforcer cet état de fait. D’un côté, on impose le confinement et de l’autre, le gouvernement multiplie les appels à ne pas stopper l’activité économique et encourage à maintenir la production dans des secteurs non essentiels en période de crise. Dans les quartiers populaires, parmi les populations issues de l’immigration et de la colonisation, nombreux·euses sont les travailleur·euses précaires, smicard·es, qui continuent de travailler et de mettre leur santé et celle de leurs familles en danger, sacrifié·es sur l’autel du capitalisme (sans oublier ceux ou celles qui ont été mis au chômage et qui vont perdre une partie de leur revenu dégradant encore plus les conditions d’existences).

    Les boucs émissaires changent, mais la logique reste la même.

    Si nous avons pu observer une explosion du racisme anti-asiatique dans les premiers temps de la crise, c’est aujourd’hui toutes les personnes considérées comme extérieures au consensus national et républicain qui sont touchées par ces logiques. L’État inscrit sa gestion de l’épidémie dans les quartiers « de reconquête républicaine » dans une logique postcoloniale. En effet, l’actualité nous renvoie à des épisodes de l’histoire coloniale où les populations « indigènes » étaient considérées comme « indisciplinées » et pour qui le confinement était plus sévère. Aussi, médias et personnalités politiques, de la LREM à l’extrême-droite construisent et diffusent un discours qui vise à culpabiliser et à désigner comme responsables une partie de la population, racisée et appartenant aux classes populaires, décrite comme « indisciplinée » et « inconsciente ». Pour eux, il s’agit d’opposer les populations racisées – suspectées de répandre le virus – aux « vrais français·es » susceptibles d’être contaminé·es, malades ou en deuil. Cette rhétorique est d’autant plus abjecte qu’elle cherche à déshumaniser une partie de la population en niant la réalité de leur vécu durant cette crise, et au passage la réalité des difficultés sanitaires encore plus criantes des hôpitaux de certaines villes pauvres, comme en Seine-Saint-Denis.

    Des violences policières toujours plus fortes

    La multiplication des pratiques coercitives, des discours guerriers et de retour à l’ordre (voir les déclarations du préfet Lallement [2]) sont un prétexte à davantage de répressions et ouvrent la voie à l’arbitraire et aux violences policières sur des personnes lors des contrôles d’attestation dans nos quartiers. Cette violence raciste sert à masquer les manquements du pouvoir, tant du point de vue de l’échec des politiques urbaines et antisociales passées, que sa gestion catastrophique de la crise sanitaire. C’est aussi dans un contexte de tensions anciennes et d’une certaine défiance des populations envers un pouvoir et une police qui les méprisent, les excluent et les brutalisent depuis des années, que les violences policières s’exacerbent. Cette situation ne fait que mettre encore plus en lumière les faillites successives de l’État et des communes avant cela.

    Alors que nous connaissons une crise sanitaire inédite et violente, l’UCL dénonce la double peine subie par les populations des quartiers populaires : aux risques encourus pour leur santé, s’ajoute les violences de classe, sexiste et raciste, accompagné d’un discours idéologique méprisant et disciplinaire. Aucune situation, même exceptionnelle, ne justifiera la répression et la désignation d’une catégorie de la population, en raison de sa classe ou de ses origines, comme responsables. Face à cela, ne nous trompons pas d’ennemis, seule l’auto-organisation et la solidarité entre précaires nous permettront de nous en sortir, que ce soit face à la répression ou à l’isolement.

    Pour rappel : pour combattre les violences policières, les vidéos permettent de témoigner. L’application « Urgence Violences Policières » permet notamment d’enregistrer ces vidéos sur un serveur afin de conserver des preuves. 24 mars : à la suite d’une mise à jour sur notre appli vous devez supprimer l’ancienne version et installer la nouvelle version d’UVP

    Union communiste libertaire, le 28 mars 2020


    [1] https://www.20minutes.fr/societe/2744839-20200320-coronavirus-policiers-gendarmes-encore-mal-faire-respecter-confinement

    http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/coronavirus-en-seine-saint-denis-un-nombre-record-d-amendes-police-et-justice-durcissent-le-ton-19-03-2020-8284008.php

    [2] http://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-je-vais-faire-comprendre-assez-vite-les-consignes-previent-didier-lallement-17-03-2020-8282037.php


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    Face à l’illusion patriotique, organisons la solidarité populaire

    01 Avr 2020

    « Nous sommes en guerre ». Macron a répété plusieurs fois cette phrase, lors de son allocution le 16 Mars dernier, celle où il annonçait le confinement sanitaire qui nous concerne toutes et tous. Ce leitmotiv a depuis été repris par l’ensemble du gouvernement et les journalistes les plus zélés. Dans un contexte particulièrement anxiogène, chacun·e est appelé·e officiellement à contribuer à « l’effort », à « faire des sacrifices ». Pour l’instant, ce que nous pouvons observer dans cette injonction patriotique, c’est que les efforts sont pour le moins à deux vitesses.

    Alors que les révélations sur l’impréparation du gouvernement, ses décisions aberrantes s’enchaînent, les premières mesures de crises semblent loin des préoccupations sanitaires : injonctions contradictoires (pas de balade au parc, mais tou·te·s au travail !), destructions des droits sociaux contre protections du grand Capital, fuite des classes privilégiées contre pressurisation des quartiers populaires. Même en période de crise, la classe politique au pouvoir ne renonce pas à la doxa néolibérale, pourtant largement responsable de l’état de faiblesse du système sanitaire actuel. Il appelle dans le même temps à l’« unité nationale », au « civisme ». Avec un seul mot d’ordre, comme à la guerre : les pauvres au front, les riches à la maison !

    Sur le terrain, on peut déjà voir les effets sociaux des mesures de confinements : alors que les classes les plus privilégiées ont pu s’enfuir dans leurs résidences secondaires, ou sont priées par les autorités « de ne pas partir en week-end » , ce sont les plus précaires qui subissent les pressions policières dans leur quartier et la pression financière de devoir continuer à travailler, notamment pour ravitailler les populations les plus riches, et ce sans aucune contrepartie. Pour preuve, près de 100.000 amendes ont été dressées en une semaine , et les premières garde à vue pour « mise en danger d’autrui » ont été effectuées, notamment dans le département populaire de Seine-Saint-Denis.

    Dans cette ambiance délétère, certains éditorialistes, partis politiques et faiseurs d’opinions dessinent le discours du « mauvais confiné » : qui sort trop souvent, qui refuse de faire sa part en travaillant, qui ose contester les mesures. La gauche parlementaire se tait, ou presque ; la droite de plus en plus extrême – Christian Estrosi , maire de Nice, en fer de lance- n’a pas tardé à appliquer dans la rue les techniques apprises dans le contrôle des manifestations : couvre-feu, drone pour surveiller les rues. Les nationalistes xénophobes du RN et leurs amis se frottent les mains. Alors que pendant des décennies, les bourgeois ont défendu « l’inévitable » mondialisation capitaliste, aujourd’hui, les égoïsmes nationaux reprennent le dessus dans la panique. Chaque État ferme sa frontière (aux gens, pas aux marchandises bien entendu) garde son matériel médical, tente d’acheter des brevets, bloque le matériel destiné à d’autres….

    Bien qu’ils sachent pertinemment que les populations les plus précaires et les minorités ne sont en rien responsables de la situation, Marine Le Pen et ses alliés s’agitent toujours plus fort, pour qu’on renforce les mesures contre « les étrangers » et « la racaille ». Il ne faut surtout pas rester passif face aux lendemains autoritaires qui s’annoncent.

    Pandémie mondiale ? Solidarité locale et internationale !

    Aujourd’hui, comme pour près de deux milliards de personnes, le confinement paraît être la solution de recours face à l’épidémie que nos gouvernements et leurs politiques ont contribué indirectement à amplifier.

    Néanmoins, il est primordial de développer les solidarités concrètes en cette période de crise. Tout aussi important, il faut continuer à communiquer, diffuser des positions anti-autoritaires au plus grand nombre , que ce soit par le biais des réseaux sociaux, autant que dans la rue d’une manière ou une autre. Soyons convaincu·es que c’est par l’expression démocratique, l’inventivité populaire que nous traverserons cette période, certainement pas par la répression.

    Faisons en sorte de rester vigilant-es , dans nos quartiers comme dans nos lieux de travail, pour ne pas laisser les plus fragiles – sans papiers, sans abris, jeunes, précaires – à la merci des patrons et des flics.

    Face à la propagande sécuritaire et nationaliste, opposons un discours solidaire et internationaliste. Continuons à diffuser les messages de nos camarades d’autres pays, informons sur l’ampleur mondiale des résistances. Cette crise prouve clairement que les travailleuses et travailleurs du monde entier ont plus en commun face à leurs élites que la prétendue « unité nationale ». Essayons au mieux d’appliquer concrètement cette solidarité internationale, en bas de chez nous auprès des migrant·es et des travailleuses et travailleurs étranger·ères, et de manière générale dans nos messages et les actions de soutien que nous pouvons mener. Face à la menace du virus et à l’autoritarisme, il est important de développer nos liens entre organisations et groupes révolutionnaires : préparons les bases de la riposte !

    Union communiste libertaire, le 2 avril 2020


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    IVG et contraception : un casse-tête pour de nombreuses femmes

    01 Avr 2020

    L’épidémie de Covid-19 et le confinement pourraient avoir des graves conséquences pour les femmes. En effet, la mobilisation des hôpitaux pour traiter les patient.es en état grave et les difficultés d’accès déjà en temps normal à la contraception et à l’IVG vont faire peser sur un grand nombre de femmes une pression supplémentaire dans cette période de crise sanitaire.

    Services et structures fermées par manque de moyen de protection

    L’accès à l’IVG risque de devenir compliqué pour de nombreuses femmes. Bien que considéré comme un soin urgent (notamment à cause des délais – 12 semaines de grossesse et 14 semaines d’aménorrhée en France), de nombreuses structures pratiquant l’avortement hors hôpital ont fermé leurs portes, fautes de soignant.e.s ou de matériel en nombre suffisant tels les masques et gels hydroalcooliques. Du côté des hôpitaux, les créneaux réservés aux IVG dans les blocs opératoires ont par endroits été purement et simplement supprimés, ce qui enlève donc la possibilité d’avorter sous anesthésie générale. Là où l’accès à l’IVG était déjà compliqué du fait du manque de professionnels ou de structures de proximité, avorter va devenir un vrai casse-tête.

    Le secret menacé par le confinement

    Par ailleurs, pour celles demandant le secret, notamment les mineures, les relais leur permettant de les couvrir en temps normal (amie, infirmière scolaire par exemple) sont plus compliqués à mobiliser dans une période d’interdiction de sortie. En effet, comment une mineure enceinte (ou une majeure désirant avorter contre l’avis de son partenaire ou sans lui dire) va-t-elle expliquer à sa famille (ou au partenaire) qu’elle doit impérativement sortir sans en donner la raison ? Par ailleurs, pour les mineures, il existe toujours un délai de réflexion de 48 h (et donc deux rendez-vous au minimum), ainsi que la présence obligatoire d’un.e majeur.e (qui n’est pas nécessairement un parent). De nombreux médecins ont demandé une suppression de ces obligations afin de faciliter l’accès à l’IVG pour ce public particulier mais également l’allongement des délais pour toutes (égale au temps que durera le confinement). La réponse du parlement a été claire : on déroge au code du travail pour privilégier les entreprises et les actionnaires, mais pas question d’aménager les procédures ni les délais pour les femmes désirant avorter !

    Les déplacements limités impactent les IVG hors délais

    Pourtant pour celles qui se trouvent d’ores et déjà en délai dépassé, la possibilité d’avorter à l’étranger (notamment aux Pays-Bas et en Espagne où les délais légaux sont plus importants, respectivement 22 et 24 semaines d’aménorrhée) devient difficile sans véhicule personnel. En effet, les lignes de car, très utilisées du fait de leur faible coût, ne fonctionnent plus ou affichent complet. L’accès aux trains et aux avions sont fortement restreints et trop chers pour bon nombre de femmes. Pour celles pouvant s’y rendre en voiture, les conditions de laisser-passer sont drastiques (il faut la dérogation de sortie avec la date de rendez-vous à la clinique écrite dessus, un courrier de la clinique précisant que c’est une intervention médicale non déplaçable, la pièce d’identité, et enfin ne présenter aucun symptôme de COVID-19, sous peine d’être obligée de faire demi-tour).

    Plus d’ordonnance pour la pilule contraceptive

    Pour ce qui est de la contraception, les femmes qui avaient une ordonnance de pilule la voient prolonger automatiquement pour une durée de 3 mois. Reste à voir si les pharmacies joueront le jeu et ne pinailleront pas comme certaines le font déjà quand il s’agit de délivrer la pilule d’urgence gratuitement à des mineures. Pour celles qui n’ont pas de moyen de contraception et comptaient en mettre un en place, cela est toujours possible. Cependant beaucoup de praticiens refusent de nouveaux rendez-vous et beaucoup de structures ont fermé ou ont fortement réduit leurs horaires et leur activité.

    Union communiste libertaire, le 1er avril 2020


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    Chloroquine : quand communication médiatique et sciences font mauvais ménage

    31 Mar 2020

    Depuis quelques jours on voit un emballement médiatique autour de la chloroquine, présentée comme un remède miracle par le Pr Didier Raoult. En réalité, on n’en sait rien (et lui non plus) : l’étude scientifique véritable pour déterminer son efficience est encore en cours. Mais un bon plan com’ aura attiré l’attention sur son labo, semé le trouble dans une population déboussolée, et jusque chez certains politiciens.

    La chloroquine c’est quoi ? Il s’agit d’un médicament contre le paludisme, connu depuis longtemps, pas trop cher (1 euro le comprimé), et produit en grande quantité. Il est fréquent, quand de nouvelles maladies apparaissent, de tester en laboratoire tous les médicaments déjà existants pour voir si par hasard ils ne fonctionneraient pas, c’est ce qu’on appelle le repositionnement.

    Pour autant, ce médicament a de nombreux effets secondaires [1] et, parmi les plus problématiques, de possibles troubles cardio-vasculaires. Il ne doit donc pas être pris sans raison, et peut être dangereux pour des personnes présentant d’autres maladies.

    Une étude très discutable

    Fin février, une étude chinoise montre des résultats prometteurs de la chloroquine contre le Covid-19 in vitro, c’est-à-dire en éprouvette. Cependant, ça n’est pas parce qu’un produit marche in vitro, qu’il marchera in vivo, c’est-à-dire sur des êtres vivants.

    Cela n’empêche pas le Pr Raoult de sortir fin février une vidéo, Fin de partie, où il affirme que la guerre contre l’épidémie est d’ores et déjà réglée. Il est ainsi intégré dans le Conseil scientifique de suivi nommé par Macron, mais préfère être « à côté ». Il s’exprime vigoureusement contre le confinement, qu’il qualifie de « moyen-âgeux » [2], ce qui n’est sans doute pas étranger à la première annonce de Macron, du jeudi 12 mars, de se contenter de fermer les écoles.

    Disons que Macron a trouvé une caution scientifique à sa décision politique de ne pas confiner pour maintenir l’économie, quitte à exposer la majeure partie de la population. Rappelons qu’à ce moment, d’autres scientifiques modélisaient que la stratégie de laisser-faire, en vue d’atteindre l’immunité de groupe le plus vite possible, pouvait se solder par 300.000 à 500.000 morts [3]. Le confinement ne remet pas en cause l’idée d’atteindre l’immunité de groupe mais, en étalant les courbes dans le temps, permet d’amoindrir considérablement le bilan humain en limitant la surcharge des hôpitaux.

    Au final, le Pr Raoult conduit une étude en urgence, dans des conditions ne respectant pas du tout l’éthique scientifique, afin de faire croire que la chloroquine marcherait sur des patient·es. L’étude a été vivement critiquée [4] : les cas les plus problématiques traités par chloroquine ont été retirés des résultats (y compris un décès), il n’y a eu que 20 patient·es traité·es, elle est parue dans un journal dont l’éditeur est auteur de l’article, etc. L’Inserm écrit ainsi sur son site que sa « validité méthodologique est controversée » [5].

    La nouvelle étude publiée le 27 mars semble être du même tonneau [6].

    Entre-temps, des files de personnes se sont formées devant le labo du Pr Raoult pour se voir administrer de la chloroquine. Des personnes qui n’étaient pas malades ont en conséquence sans doute été contaminées dans ces files d’attente. Et en Afrique, la chloroquine est également prise d’assaut [7], ce qui réduit d’autant les stocks pour les personnes dont on est sûr qu’elles en ont besoin.

    Il s’agissait donc d’un plan de communication bien orchestré dans la période de doute et d’angoisse actuelle. Avec des conséquences, jusqu’ici relativement limitées mais qui auraient pu être graves s’il avait conduit au non-confinement par exemple.

    A Marseille, fin mars, les marins pompiers étaient contraints de réguler la foule venue faire la queue devant l’IHU du Pr Raoult, en quête du médicament miracle.

    Mais alors on fait quoi ?

    Une étude européenne [8] incluant 3.200 patients, dont 800 en France, coordonnée par l’Inserm, a été lancée le 23 mars, pour tester 4 molécules. Il n’y a en effet pas que la chloroquine qui suscite l’espoir, mais les autres médicaments n’ont pas bénéficié d’un plan de communication médiatique. Les résultats seront connus dans quinze jours.

    Une étude a également été lancée aux États-Unis [9]. On pourra reconnaitre un intérêt au plan com du Pr Raoult : il a permis à la chloroquine d’être incluse dans cette étude.

    Par ailleurs, depuis lundi 23 mars, le Haut conseil de la santé publique recommande l’utilisation, dans les cas graves [10]. Donc son utilisation est d’ores et déjà possible.

    Y a-t-il un complot autour de la chloroquine ?

    Le Pr Raoult est en conflit ouvert avec Yves Lévy, ancien PDG de l’Inserm et mari d’Agnès Buzyn. Il n’en faut pas plus à certains soit pour y voir un complot, parfois sur fond de relents antisémites, soit pour prendre fait et cause pour Raoult. C’est le cas de Trump, qui considère la chloroquine comme un « don du ciel » [11], ce qui a conduit un homme en Arizona à décéder après avoir ingéré du phosphate de chloroquine, initialement destiné au nettoyage de son aquarium.

    Mais c’est également le cas par exemple de Mélenchon, qui juge que « Didier Raoult est trop mal aimé par les belles personnes pour ne pas éveiller l’intérêt » [12]. On retrouve là le vieil adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Cependant, Mélenchon oublie un peu vite que le Pr Raoult a été très soutenu par Macron, qui a « ordonné qu’on l’écoute » aux scientifiques [13].

    L’épisode ne peut donc pas se résumer à un conflit d’égos. Le fond du problème, c’est bien la validité des études scientifiques passées (celle de Raoult) et à venir.

    Il est fort probable qu’après le plan com du Pr Didier Raoult, d’autres chercheurs, des labos privés ou publics, se présenteront comme les sauveurs de l’humanité.

    Qu’en conclure ?

    Nous aurons droit à d’autres épisodes de ce type. Des chercheurs, des labos privés ou publics, vont se présenter comme les sauveurs de l’humanité. Il n’y a pas d’enjeu d’argent avec la chloroquine, juste un enjeu de notoriété. Mais on peut être sûr que, dans les mois qui viennent, des labos privés vont nous présenter des résultats très prometteurs sur des molécules, afin de lever de l’argent ou de faire monter leur cours en Bourse. Et des politiciens vont à coup sûr se ruer sur ces polémiques pour se positionner sur l’échiquier, ou pour justifier des décisions politiques sous couvert de « neutralité de la science ».

    Il nous faut donc nous informer, comprendre les enjeux, ne pas laisser quelques sauveurs suprêmes, qu’ils soient politiciens ou scientifiques, décider à notre place. Pour ce qui est de la chloroquine, nous saurons d’ici une semaine si elle est efficace ou pas, sur la base d’une véritable étude scientifique. D’ici, là elle est déjà utilisée pour les cas les plus sévères.

    Union communiste libertaire, le 30 mars 2020


    QUI EST LE PROFESSEUR DIDIER RAOULT ?

    Rappelons en premier lieu que le Pr Raoult n’est pas le visionnaire ou le sympathique gourou décrit dans les médias. Les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche ont durement bataillé pour dénoncer les conditions de travail dans le laboratoire qu’il dirige, l’Urmite [14], et le fait qu’un cas de harcèlement sexuel ait été couvert en interne [15]. Cette affaire s’était soldée par la révocation du chercheur harceleur et par le retrait du soutien scientifique du CNRS [16] et de l’Inserm [17] à ce labo. À aucun moment le Pr Raoult n’a pris de mesures contre ces faits graves et en plaisanta même ouvertement lors de l’inauguration des nouveaux locaux du labo en se proposant d’« installer un distributeur de préservatifs » [18] à l’entrée.

    [1] Paul Turban, « Coronavirus : quels sont les effets secondaires de la chloroquine ? », RTL, 23 mars 2020.

    [2] « France : “Je ne participe plus au Conseil scientifique réuni autour d’E. Macron” (Didier Raoult) », i24News, 26 mars 2020.

    [3] Hervé Morin et Sandrine Cabut, « Coronavirus : l’immunité de groupe, un pari risqué », Le Monde, 16 mars 2020.

    [4] Nicolas Martin, « Chloroquine : le protocole Raoult », France Culture, 24 mars 2020.

    [5] Inserm, « “Fake news” et désinformation autour du coronavirus SARS-CoV2 », 23 mars 2020.

    [6] « Coronavirus et hydroxychloroquine : le professeur Raoult publie une nouvelle étude, aussitôt critiquée », Le Monde avec l’AFP, 28 mars 2020

    [7] Anna Sylvestre-Treiner, « Contre le Covid-19, la chloroquine prise d’assaut en Afrique », Courrier international, 23 mars 2020

    [8] Inserm, « Lancement d’un essai clinique européen contre le Covid-19 », 22 mars 2020.

    [9] « Chloroquine et Covid-19, où en est-on ? », Charentelibre.fr le 29 mars 2020

    [10] Irène Lacamp, « Covid-19 : L’hydroxychloroquine autorisée à l’hôpital pour le traitement des formes graves uniquement », Sciences et Avenir, 24 mars 2020

    [11] « Coronavirus : la chloroquine, un “don du ciel”, selon Donald Trump », LCI, 24 mars 2020.

    [12] « Jean-Luc Mélenchon prend la défense du professeur Didier Raoult, face aux “belles personnes” », BFMTV, 27 mars 2020.

    [13] Lana Muller, « Emmanuel Macron, “déboussolé”, a appelé Didier Raoult : ce qu’ils se sont dit au téléphone », Voici, 26 mars 2020.

    [14] Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes.

    [15] « Implication de la CGT dans la défense du personnel d’un laboratoire marseillais », CGT-SNTRS le 20 novembre 2017.

    [16] Centre national de la recherche scientifique.

    [17] Institut national de la santé et de la recherche médicale.

    [18] Benoît Gilles, « Didier Raoult inaugure son IHU Méditerranée Infection sur un mode défensif », Marsactu, 28 mars 2018.



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    L’Amérique Latine, entre mesures drastiques et sourde oreille

    29 Mar 2020

    L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud sont tiraillées, entre d’un côté des quarantaines et de l’autre des gouvernements sceptiques qui refusent d’admettre la gravité de la situation. Ces derniers souhaitent préserver leur économie au détriment des plus pauvres. Les quarantaines sont faites sans mise en place de politique sociales d’ampleur qui puisse répondre à toutes celles et ceux qui, faisant partie de l’économie parallèle et vivant de l’argent gagné au jour le jour ne pourront survivre sans mettre un pied dehors.

    Néo-libéralisme et gauche populiste, une ligne commune met à l’écart de vraies mesures sociales. Les cas les plus marquants médiatiquement sont ceux du Chili de Piñera et surtout du Brésil de Bolsonaro.

    Dans ces pays, les frontières ont été partiellement fermées. Les gouvernements continuent de jouer la montre et ne prennent des décisions qui ne bénéficient qu’aux élites. Au Brésil, bon nombre de dirigeant.e.s de la classe politique sont à contre sens du président, qui malgré tout s’entête et continue les déclarations tentant de faire passer la pandémie pour une fausse crise. Bolsonaro préfère prendre des mesures de sauvegarde des entreprises, leur permettant de licencier sans contrainte « de manière temporelle » le temps que passe la crise et laissant penser que le covid-19 n’est pas plus dangereux qu’un gros rhume… Le ministre de la santé prévenant même qu’à ce rythme, les hôpitaux seront en crise total dès le mois d’avril. Dans les deux cas, nos camarades anarchistes organisé.e.s, de la CAB [1] et de la FAS [2] ont vivement critiqué.e.s ces fausses mesures et appellent à se mobiliser. Iels pointent, le capitalisme comme responsable et affirment que la grève générale, arme légitime de notre classe est la seule chose à même de nous défendre et de nous protéger.

    En Bolivie, quarantaine et fermeture des frontières ont été décrétées. Dans la foulée, le gouvernement putschiste en profite pour annoncer dès maintenant le report, sans date, des élections qui devaient se tenir en mai. Les dérives de la sur-militarisations du pays depuis le coup d’État était déjà d’une extrême violence. Nous craignons que la quarantaine, proposée sans réforme sociale pour l’appuyer, ne soit une excuse de plus pour légitimer la répression sanglante des populations indigènes et des quartiers périphériques.

    Au Pérou, quarantaine et couvre-feu ont aussi été décrétés, et là encore ce sont en grande partie les militaires placés dans les rues pour faire appliquer les mesures. La Colombie est elle entrée en confinement obligatoire depuis le mardi 25 mars, même si les frontières étaient elles, déjà fermées, notamment avec le Venezuela où la quarantaine était déjà en place. Le pays, déchiré par la lutte pour le pouvoir entre Maduro et Guaido depuis la tentative de coup d’État, craint une catastrophe sanitaire à très courte échéance tant les services publics et hospitalier sont dans un état désastreux. 80% des établissements hospitalier n’ont pas d’eau courante plus de deux fois par semaine.

    L’État uruguayen, premier pays du continent a avoir fermé ses frontières et les écoles, n’a toujours pas décrété de quarantaine obligatoire. Il y est vivement conseillé de rester chez soi et de ne sortir qu’en cas de nécessité. Les entreprises commencent à se mettre à l’arrêt mais en profitent pour procéder à des licenciements. Il est aussi à craindre, d’un point de vue tant sanitaire que social, pour la vie des habitant.e.s les plus pauvres, retranché.e.s dans les quartiers périphériques, si rien n’est mis en place pour assurer un revenu minimum à toutes et tous.

    L’Argentine, après avoir fermée ses frontières aux pays à risques a rapidement fermé les frontières terrestres et maritimes ainsi que les écoles. L’annonce de la quarantaine, même si elle était attendue sur place, s’est faite très rapidement par un discours du président Alberto Fernandez jeudi 19 mars en fin de journée avec effet immédiat dès minuit, laissant très peu de temps pour s’organiser. Encore une fois, c’est à grand renfort de militaires et de toutes les forces de police qu’on entend mettre en œuvre cette décision. Dés le lundi suivant, on compta plus de 8800 arrestations dans tout le pays…

    Malgré tout, les organisations sociales argentines arrivent à imposer un rapport de force et un revenu universel est en train d’être discuté. Cependant, celui-ci ne sera absolument pas suffisant pour vivre dignement. En effet on parle de 10 000 pesos/mois (155€). Le salaire minimum mensuel étant de 18000 pesos (262€) étant déjà à l a limite du seuil de pauvreté. Nos camarades de la FOB Autonoma participent aux discussions par le biais d’un front de lutte inter-organisation, rappelant que la quarantaine ne doit pas être romantisée. Elle peut être un risque pour les plus précaires qui n’ont déjà pas de quoi manger, tout comme pour la sécurité des femmes face aux violences qu’elles subissent. Les militant.e.s de la FAR [3] actif.ve.s aussi, rappellent l’importance de la solidarité et de l’entraide au sein de notre classe dans ces moments difficiles.

    L’Amérique Centrale subit elle aussi les affres de ces dirigeant.e.s

    Le président mexicain tient toujours son cap malgré les critiques. Le plan de « saine distance », prévue du 23 mars au 19 avril, et qui invite les mexicain.e.s à rester confiné ou à maintenir 1m50 de distance entre les personnes à l’extérieur reste la seule vraie mesure mise en place. A contrario et après avoir détecté 17 cas de Covid-19 sur son territoire, le Guatemala a décidé d’un arrêt partiel de la production industrielle du pays afin de contenir la pandémie. « Avec la Chambre d’industrie, nous sommes convenus d’une fermeture volontaire des industries non essentielles du pays pour une période de huit jours » déclare Alejandro Giammattei. Ce qui ne nous indique pas quelles mesures sont mises en place pour protéger les salaires des travailleuses et des travailleurs, pas plus que pour celles et ceux privé·es d’emplois ou pour celles et ceux en dehors du salariat formel. L’ancien révolutionnaire sandiniste Ortega, dirigeant controversé du Nicaragua ne croit pas en la gravité de la situation. Il organise toujours des rassemblements publics et ne prend aucune mesure. Il vient tout de même d’en appeler à Cuba, pour demander l’envoi d’une « brigade de médecin spécialistes », ce qui nous laisse espérer un changement de cap…

    Le Honduras et le Salvador ont mis en place des fermetures de frontières et imposé la quarantaine. Au Panama pour le moment c’est un couvre-feu qui a été décrété. Tandis que le Costa Rica en appelle à la quarantaine et a fait fermer tous les lieux publics non nécessaires.

    Nos vies valent plus que leurs profits, et pourtant, ce sont encore une fois ce sont toutes celles et ceux d’en bas, qui partout dans le monde subissent le plus violemment la crise. Notre classe à qui l’on voudrait tenter de demander de redoubler d’effort pour l’arrêter. C’est tout le capitalisme qui est en crise, tout un système qui montre une fois de plus ses faiblesses mais qui, de surcroit, a l’indécence de nous pointer du doigt comme responsable.

    La quarantaine, actuellement, si elle est le meilleur rempart face à la propagation du Covid-19, n’est malheureusement pas une possibilité pour toutes et tous. Les politiques répressives misent en placent partout dans le monde le montrent bien, celles et ceux qui trinquent ce ne sont pas les bourgeois.e.s et les premier.ère.s ciblés par la répression sont comme toujours les habitant·e·s des quartiers populaires.

    Nous devons partout créer des réseaux de solidarité et d’entraide concrète dans la mesure du possible. Imposons avec nos collègues le droit de cesser le travail pour stopper l’épidémie. Organisons nous-mêmes cette production. Revendiquons qu’un revenu digne soit assuré pour tou.te.s partout. Exigeons que les moyens nécessaire soient apportés aux services de santés et que les personnelles soignant.e.s soit protégé.e.s !

    Union communiste libertaire

    [1] CAB : Coordination anarchiste brésilienne.

    [2] FAS :Fédération anarchiste de Santiago, Chili,

    [3] FAR : Fédération Anarchiste de Rosario, Argentine.


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    Violences domestiques : La galère pour celles qui restent à la maison

    27 Mar 2020

    Qu’elles continuent de travailler ou qu’elles soient à la maison, les femmes sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie mais aussi les premières victimes de la crise sanitaire actuelle.

    L’inégale répartition des tâches ne va pas se résoudre du fait du confinement. Rappelons-le, les femmes assurent une large majorité des tâches domestiques et des soins aux enfants, y compris quand elles sont en couple. Dans le cas où les deux parents sont en télétravail, on imagine aisément comment peuvent se répartir les tâches dans les couples où elles sont déjà prises en charge par les femmes le reste du temps ! Les retours de beaucoup d’enseignant.es sont formels : ce sont majoritairement les mères qui les contactent, leur posent des questions et font le suivi des devoirs. S’ajoute à cela la prise en charge des tâches domestiques qui ne laisse pas beaucoup de temps au télétravail pour celles qui peuvent y prétendre !

    Par ailleurs les familles monoparentales (avec 82 % de femmes à leur tête) sont les premières touchées par la pauvreté, et donc nombreuses à occuper des logements insalubres, trop exigus (par rapport à la composition de la famille) et peu équipés pour faire face aux besoins numériques.

    Le risque d’une explosion des violences à l’égard des femmes…

    Le confinement généralisé représente un risque supplémentaire pour celles qui vivent des violences au sein du couple.

    Les associations spécialisées, qui accompagnent les femmes victimes de violences, ont tiré la sonnette d’alarme dès l’annonce du confinement. L’absence d’instant de répit que représentaient les plages horaires de travail à l’extérieur des victimes et/ou des agresseurs, la vie commune en continu, vont mathématiquement augmenter le nombre d’actes de violences (qu’elles soient psychologiques, physiques ou sexuelles). Dans un contexte d’isolement total, où le maître mot est de ne pas sortir (et surtout pas avec les enfants), sans possibilité de se cacher pour appeler les associations, n° verts ou la police, la vigilance et l’intervention du voisinage sont cruciales. Plus que jamais l’éviction du domicile du conjoint violent doit être la règle pour protéger les femmes mais également les enfants, considérés aujourd’hui non plus comme témoins mais également comme covictimes.

    Plus que jamais les agents de police et de gendarmerie se doivent d’être réactifs quand ils sont appelés pour des cas de violences conjugales, en particulier dans cette période où se réfugier chez un.e proche s’avère difficile voire impossible.

    Par ailleurs les réseaux sociaux fourmillent de témoignages de femmes ayant un ex-conjoint violent : beaucoup se voient menacées de dépôt de plainte si elles refusent de confier leur(s) enfant(s) à un ex qui ne peut les accueillir ou les transporter dans des conditions de sécurité et d’hygiène appropriés. Certaines d’entre elles se voient bombardées de messages, d’appels et de mails afin qu’elles dérogent à la règle de non sortie des enfants, y compris quand le père continue de travailler et risque donc de contaminer les enfants. Cette période est donc un moment difficile pour ces femmes dont les ex profitent de la situation pour mettre la pression et tenter de les maintenir sous emprise.

    … et à l’égard des enfants et des jeunes

    Les violences parentales risquent également d’exploser pendant la période de confinement. Pour beaucoup d’enfants, le temps scolaire est un moment pour respirer en échappant, même de manière temporaire, aux violences. Les fermetures d’écoles signifient donc pour des milliers d’enfants d’être enfermés en permanence, pendant plusieurs semaines, avec des adultes agresseurs. De la même manière, la fermeture des internats et de nombreuses résidences universitaires qui peuvent être un refuge pour des jeunes en rupture familiale (du fait de parents violents, toxiques…) est un véritable enfer. Il en va de même pour de nombreux.ses jeunes LGBTQI qui se voient contraint.e.s de retourner dans leur famille n’acceptant pas leur identité ou leur orientation sexuelle. Le retour auprès de la famille représente des risques de violences sont également très forts.

    Les services PJJ (acronyme à expliquer en note de bas de page) et ASE (idem) sont en train de craquer devant le manque de moyens et de personnels pour accueillir et suivre des jeunes déjà fragilisé.es confiné.es en permanence. Ils et elles redoutent les tensions entre ces jeunes mais aussi une augmentation des suicides chez celles et ceux en situation de précarité et de détresse.

    Pour les mineur·es isolé·es, qu’ils soient dans des foyers ou dans des logements diffus, le manque de moyens est là aussi criant. Dans certains foyers les repas collectifs ne sont plus assurés ; ils et elles doivent se débrouiller pour trouver à manger à l’extérieur alors que les lieux de restauration sont fermés.

    Si le confinement est nécessaire au ralentissement de la propagation de l’épidémie, il ne peut se faire sans mesures spécifiques à l’attention des femmes victimes des violences patriarcales et des jeunes en détresse. Partout où c’est possible, soyons vigilent.es et solidaires pour que cette période de confinement ne soit pas insupportable pour celles et ceux déjà oppressés et violentés.

    Union communiste libertaire, le 27 mars 2020



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    Covid-19 : Les travailleuses en première ligne

    27 Mar 2020

    Qu’elles continuent de travailler ou qu’elles soient à la maison, les femmes sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie mais aussi les premières victimes de la crise sanitaire actuelle.

    La crise met en lumière le rôle essentiel de certains secteurs d’activités (santé, éducation, petite enfance, métiers du soin, agro-alimentaire et distribution, nettoyage, travail social, transports et livraison…). Or ce sont des femmes, le plus souvent mal payées et précarisées, qui majoritairement travaillent dans la plupart de ces secteurs.

    Avec cette crise la population redécouvre les professions utiles socialement, celles dont on ne peut se passer et qui répondent aux besoins essentiels de toutes et tous.

    Les soignantes donnent sans compter

    Les femmes, majoritaires dans la santé, sont en première ligne parmi les personnels soignants des hôpitaux, mais aussi dans les EHPAD, les IME, les ESAT. Mal payées (les aide-soignantes touchent le SMIC en début de carrière, les infirmières 1700 € brut), dénigrées et matraquées quand elles se sont mobilisées pour l’amélioration du service public et de leurs conditions de travail et de rémunération, elles ne comptent pas leurs heures aujourd’hui renonçant à leurs congés et à leur vie de famille. Le gouvernement, qui ne cesse de répéter à quel point nous devons leur être reconnaissant.e.s, ne parle toutefois pas de revalorisation salariale ni de recruter massivement du personnel pourtant essentiel.

    Assistantes maternelles En mars 2019, revêtues du « gilet rose », elles se battaient pour faire reconnaître leurs droits. Elles jouent un rôle essentiel. cc Arthur/UCL Gironde

    Les proffes assurent le lien social

    Dans l’éducation nationale, les personnels (majoritairement féminins également, notamment dans le 1er degré) répondent présents non seulement en assurant la continuité pédagogique mais également en contactant les familles qui n’ont pas accès au numérique. Elles et ils prennent des nouvelles régulièrement des élèves, les soutiennent dans les devoirs, répondent aux questions des élèves et de leurs familles tout au long de la journée, voire le soir et le week-end. Chose que semble ignorer Blanquer qui commence à communiquer sur un écourtement des grandes vacances. Les personnels administratifs, les AED, AP et AVS assurent aussi un lien avec les familles, notamment celles les plus en difficulté dans le suivi de leurs enfants.

    Les caissières répondent présentes

    Dans la grande distribution, les salarié.e.s (majoritairement des femmes là aussi) sont sommé.e.s de répondre présent.e.s pour remplir les rayons et travailler aux caisses, le plus souvent sans matériel adapté permettant de respecter les mesures barrière.

    Le nettoyage quant à lui continue d’être assuré dans les bureaux (le plus souvent vides !), les gares, les hôpitaux, les hôtels etc. par des salariées précarisées (les temps partiels sont la norme dans le secteur). Mal payées et dans un secteur peu syndiqué, elles ont donc des moyens limités en terme d’action collective et de connaissance de ses droits.

    Caissières de supermarchés Le ravitaillement de la population, c’est aussi elles !

    La double-peine pour les femmes

    Dans tous ces secteurs, les travailleuses font face à une double peine. Non seulement elles doivent continuer à travailler, au risque d’être contaminées et de contaminer leur famille mais également les usager.ères ou client.e.s, faute de protection adaptée et de consignes d’hygiène claires. Mais elles galèrent également dans la gestion de la garde de leurs propres enfants en raison des horaires atypiques et encore plus quand elles sont en situation de famille monoparentale.

    Les travailleuses ne paieront pas la crise

    On peut le dire dès maintenant : il est hors de question que les travailleuses paient cette crise. Ni par un retour massif des femmes à la maison, ni par l’assouplissement du code du travail. Nos luttes collectives devront être à la hauteur de ce retour de bâton du patriarcat !

    Union communiste libertaire, le 25 mars 2020

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