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Anarchisme – Page 2 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Anarchisme


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    Abstention aux municipales : les élu·es ne représentent qu’elleux-mêmes

    05 Juil 2020

    Les municipales ont encore une fois fait la démonstration de l’impasse de l’électoralisme. Près de 60% des électrices et électeurs ne se sont pas présenté·es aux urnes, un record sous le régime de la Ve République. Cela n’empêche pas les élu·es de continuer à se prétendre légitimes. Si nous nous réjouissons de voir certaines villes, bastions de la droite conservatrice et réactionnaire, passer à l’alternance, nous ne nous faisons guère d’illusions sur les politiques qui y seront menées. L’écologie cosmétique et au rabais, annoncée par les divers programmes est bien trop en dessous des changements nécessaires pour faire face au désastre qui s’annonce. Et la mascarade que représentent ces élections ne saura pas résister longtemps à la crise économique qui ne fait que commencer.

    Nous n’en pouvons plus de ce système électoral

    L’une des leçons à retenir de ce scrutin est l’essoufflement de la démocratie représentative. Aucune élection ne se passe sans battre un nouveau record d’abstention. Si le résultat du premier tour des municipales pouvait s’expliquer en partie par la crainte, légitime, d’une accélération de la pandémie du SARS-COV2, les gesticulations du gouvernement n’ont pas suffi à rassurer les votant·es pour le deuxième tour.

    La pandémie n’est clairement pas la seule fautive de ce désintérêt pour un système qui ne consiste qu’à déposséder les personnes de leur capacité à décider par et pour elles-mêmes. La classe dirigeante nous donne en spectacle sa dramatique ignorance et son insupportable corruption et provoque le dégoût d’au moins 60% des électeur·rices. Le message est clair : les aspirations de démocratie directe et de justice sociale portées depuis longtemps et remise au premier plan par le mouvement des Gilets Jaunes et plus récemment par le mouvement contre les violences policières et le racisme d’État ne sont et ne seront absolument pas satisfaites par le système électoral. Les conquêtes sociales s’obtiennent par les luttes et non par les urnes.

    Le capitalisme vert reste le capitalisme

    La pseudo-victoire d’Europe Écologie Les Verts et du Parti socialiste aux municipales ne sera pas à la hauteur des catastrophes écologiques et sociales qui s’annoncent. L’expérience de Grenoble, gagnée par EELV en 2014, n’est guère réjouissante pour les classes populaires. La politique de la ville s’est surtout orientée vers les classes moyennes aisées et la bourgeoisie, laissant sur le carreau les plus opprimé·es. Les coupes budgétaires se sont poursuivies et, malgré quelques mesures cosmétiques pour faire plaisir aux habitant·es du centre-ville, aucune mesure concrète n’est venue réellement aider les personnes qui en ont le plus besoin.

    Sans un changement radical de système, où les personnes concernées sont directement impliquées dans les prises de décisions, l’aménagement du capitalisme pour le rendre éco-compatible se fera sur le dos des « premier·ères de corvée » et ne servira que celles et ceux qui en profitent déjà.

    Changeons la société pas ses dirigeant·es

    Pour que les enjeux écologiques et sociaux soient réellement pris en compte, surtout dans cette période de grande instabilité, il faut que les premières et premiers concerné·es soient en capacité de décider.

    L’organisation d’assemblées populaires décisionnaires à l’échelle d’un quartier ou d’une commune permettrait d’impliquer directement les habitant·es dans leur vie au quotidien. À une échelle plus grande, intercommunale ou d’une ville, les décisions prises par ces assemblées pourraient être débattues par des conseils de personnes mandatées par elles. Ces mandaté·es auraient pour seul rôle de transmettre ces décisions.

    À l’échelle d’une région ou d’un département, des coordinations pourraient être mises en place pour assurer les moyens de subsistances nécessaires pour l’ensemble des habitant·es : de quoi se loger en réquisitionnant les logements vides, de quoi se nourrir en ne produisant que ce qui est nécessaire, etc.

    Et à l’échelle d’un pays, une fédération de régions autonomes pourrait assurer ces moyens de subsistance en partageant et acheminant les richesses produites d’un bout à l’autre du territoire vers celles qui en ont besoin.

    À chacune de ces échelles, les personnes chargées de prendre les décisions auraient un mandat révocable à tout instant par les assemblées populaires qui les mandatent, empêchant les tentatives de corruption ou d’accaparement du pouvoir.

    C’est ce que propose le communisme libertaire, un projet révolutionnaire où celles et ceux qui prennent les décisions sont directement concerné·es par celles-ci et où chacun et chacune s’impliquerait selon ses moyens et recevra sa part selon ses besoins.

    Contre l’électoralisme et les dirigeant·es qui ne servent qu’elles et eux mêmes, révolution sociale et libertaire

    Union communiste libertaire, le 4 juillet 2020



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    Solidarité avec la lutte du peuple nord-américain !

    09 Juin 2020

    « La coordination des organisations proches ou faisant partie du réseau Anarkismo tient à montrer toute sa solidarité au peuple Nord-Américain en lutte. Nous condamnons le meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis, marquant un acte raciste de plus au sein de la première puissance impérialiste mondiale. »

    Cet acte vient s’ajouter aux innombrables meurtres dans la population noire aux États-Unis, qui ont été perpétrés depuis l’époque de l’esclavage et n’ont pas cessé jusqu’à ce jour. Sous l’administration Obama, des dizaines de meurtres de jeunes femmes et de jeunes homme noires ont rappelé les événements similaires des années 1950 et 1960. La réponse a été une éruption rapide du mouvement noir dans tout le pays, de la même manière qu’en ce moment même se déroulent de vastes manifestations qui montrent que la population en a assez de la violence et de l’impunité policière.

    Le quartier général de la police à Minneapolis a été incendié par les manifestantes et les manifestants et plusieurs véhicules ont été attaqués, des actions directes sont menées dans plusieurs villes avec des affrontements avec la police, Trump a même donné l’ordre à l’armée de descendre dans la rue. Le racisme, élément structurel de la société capitaliste, en particulier dans la société américaine, est malheureusement intact, mais la résistance et la lutte des Noir·es et des pauvres du nord l’est aussi.

    Trump accuse aussi les anarchistes et militant–es antifascistes d’être les instigatrices et instigateurs des émeutes. Ce mouvement est un mouvement de révolte populaire, les dizaines de milliers de personnes qui participent ne sont pas ou ne se revendiquent pas appartenir à un courant politique, mais comme toujours les sphères du pouvoir tentent de trouver des responsable à accuser, pour ne pas mettre en cause les questions structurelles et conclure que l’État raciste, patriarcal et capitaliste qui opprime et tue les classes populaires est bien le seul instigateur des révoltes.

    Le racisme sera enterré en même temps que le capitalisme.

    Tout notre soutien et notre solidarité au peuple américain qui lutte contre la violence et les exactions de la police.

    Nous adressons aussi tout notre soutien à nos camarades anarchistes nord-américain·es!

    VIVE CELLES ET CEUX QUI LUTTENT!

    Signataires :

    ☆ Coordenação Anarquista Brasileira – CAB (BRÉSIL)
    ☆ Alternativa Libertaria – AL/fdca (ITALIE)
    ☆ Federación Anarquista Uruguaya – FAU (URUGUAY)
    ☆ Federación Anarquista Rosario – FAR (ARGENTINE)
    ☆ Organización Anarquista de Córdoba – OAC (ARGENTINE)
    ☆ Federación Anarquista Santiago – FAS (CHILI)
    ☆ Grupo Libertario Vía Libre (COLOMBIE)
    ☆ Union Communiste Libertaire (FRANCE)
    ☆ Embat – Organización Anarquista (CATALOGNE)
    ☆ Die Plattform – Anarchakommunistische Organisation (ALLEMAGNE)
    ☆ Devrimci Anarşist Faaliyet – DAF (TURQUIE)
    ☆ Organization Socialiste Libertaire – OSL (SUISSE)
    ☆ Libertaere Aktion (SUISSE)
    ☆ Melbourne Anarchist Communist Group – MACG (AUSTRALIE)
    ☆ Aotearoa Workers Solidarity Movement – AWSM (Aotearoa / NOUVELLE ZÉLANDE)
    ☆ Anarchist Unión of Afghanistan and Iran – AUAI (IRAN & AFGHANISTAN)
    ☆ Manifesto (GRÈCE)
    ☆ Zabalaza Anarchist Communist Front – ZACF (AFRIQUE DU SUD)



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    Pandémie, crise : les classes populaires sont toujours en lutte

    02 Mai 2020

    Les 17 organisations anarchistes/communistes libertaires ayant conjointement produit l’analyse de conjoncture d’avril et la campagne de soutien au Rojava, ont décidé d’écrire un document d’analyse pour le 1er Mai. Si en ce jour historique, nous ne pourrons pas être dans les rues comme nous le souhaiterions, la lutte ne s’arrête pas pour autant.

    Le 1er mai devrait être un symbole de solidarité internationale, de solidarité qui ne se limite pas aux cadres de l’État national qui correspond toujours aux intérêts des minorités privilégiées du pays. Parmi les millions de travailleurs et travailleuses qui portent le joug de l’esclavage, il y a une unité d’intérêt, indépendamment de leur langue et du statut sous lequel ils et elles sont né.es. Mais entre les exploiteurs et les exploité.es d’un même pays, il y a une guerre ininterrompue qui ne peut être résolue par aucun principe d’autorité et qui est enracinée dans les intérêts contradictoires des différentes classes. Tout nationalisme est un déguisement idéologique des faits réels : il peut à un moment donné entraîner les grandes masses populaires vers ses représentants menteurs, mais il n’a jamais pu abolir la réalité brutale des choses dans ce monde. (Rudolf Rocker, 1936)

    1. Situation mondiale

    La pandémie du Covid-19 éclate à un moment d’affaiblissement certain de la dernière période de la mondialisation, avec de forts dysfonctionnements des mécanismes de la finance, de gestion et de communication du système capitaliste, une remise en cause générale des critères de gestion gouvernementale, et une crise d’hégémonie impérialiste avec des tensions croissantes entre les grands blocs géostratégiques. 

    A l’approche de la crise sanitaire, dans certaines régions du monde, de grands mouvements populaires s’affirmaient contre le système et remettaient en cause la gestion politique par les blocs de la classe dominante dans chaque formation sociale ainsi que leurs stratégies opérationnelles. La crise sanitaire a frappé de plein fouet le système de domination. Étant un facteur externe au fonctionnement du système mondial cela révèle les faiblesses et les déficiences structurelles, stratégiques et fonctionnelles prévisibles du capitalisme mondialisé et accélère la dégradation de la gouvernance d’État.

    C’est pourquoi, dans différents pays, on a vu comment les gouvernements, à l’instar de celui de la Grande-Bretagne et des États-Unis, sont revenus sur leur plan initial : permettre l’expansion de la contagion et des décès en masse, afin d’obtenir une immunité de groupe dans la population. Cette stratégie, ainsi que la dégradation des systèmes de santé publique et les durs coups portés aux secteurs les plus défavorisés, auraient pu devenir un véritable massacre social. En y renonçant, on peut considérer que les bourgeoisies britannique et américaine, ont marqué un recul politique face à ce qui aurait pu provoquer un certain degré de troubles sociaux.

    Ainsi, la crise sanitaire agit comme un facteur qui expose et renforce les faiblesses, les déséquilibres et les facteurs d’effondrement du système et constitue en même temps une innovation systémique possible, un nouveau facteur central de dysfonctionnement et de blocage. En bref, la pandémie approfondit un cycle de crises économiques et sociales qui étaient déjà sur le point d’éclater, ce qui influe sur les stratégie des blocs dominants dans leur gestion de la crise sanitaire et de sa sortie.

    La capacité des différents blocs géostratégiques à faire face à la situation et à surmonter ce moment – qui peut conduire à la paralysie de l’économie mondiale – semble être différente. En effet, l’accélération de la confrontation entre la Chine et les États-Unis et la configuration des rapports de force au sein du nouveau cycle peuvent mener à une attaque sans précédent, sur toute la planète, contre les conditions de vie des classes populaires, contre leurs droits sociaux et politiques, contre tous les éléments d’émancipation qui ont été conquis et renforcés, ou du moins préservés et maintenus, au cours de la dernière période historique. 

    Les interventions visant à débloquer et à relancer l’économie mondiale impliquent une énorme mobilisation de ressources financières qui générera des dettes, des politiques d’austérité, de nouvelles offensives contre le service public et une tentative stratégique d’accroître l’exploitation, le contrôle et la domination contre les classes populaires. 

    Il convient de noter que le marché mondial est clairement touché par cette crise économique (tant sur le plan matériel qu’idéologique) et nous ne devrions pas être surpris par la régionalisation économique des différents États et puissances. Malgré cela, nous devons considérer que la mondialisation continuera à être un facteur important de l’économie mondiale et que la radicalisation de l’exploitation sera un élément décisif de sa configuration dans le prochain cycle. À l’échelle de la planète, le niveau d’endettement est plus de deux fois supérieur à la production mondiale. Cette crise pourrait également servir à liquéfier ou à différer les dettes, ou remodeler le grand casino financier international.

    1.1 – La situation européenne

    En ce qui concerne le continent européen, on aperçoit de la part de l’Eurogroupe une tentative même partielle, d’alléger la rigueur budgétaire par un accroissement de la dette, en socialisant les coûts (en déplafonnant les dépenses de santé et celles plus directement liées à l’urgence COVID19) et par des interventions pour soutenir les économies nationales dans le but afin d’atténuer les effets de la crise économique déclenchée par la crise sanitaire. Cet intervention reste bien entendu, par le cadre capitaliste qu’elle se doit de protéger.

    Il faudra contrecarrer l’attaque prévisible contre les conditions de vie, les salaires et les revenus des classes populaires, ainsi que la mise en place de modèles politiques de contrôle, d’encadrement et de restriction des espaces et des modèles d’action des appareils d’État et des appareils de commandement capitalistes. Il sera également nécessaire de contrer les dérives autoritaires et le contrôle social qui progressent dangereusement à la suite de l’urgence sanitaire et qui réduisent la portée de l’action sociale et des revendications. 

    1.2 – La situation en Turquie

    Comme dans le monde entier, la Turquie est en train de vivre une crise majeure en raison de l’apparition du coronavirus, à cause de la gestion capitaliste et des mauvaises politiques de l’État. Dans cette période, où tous les domaines de la vie sociale sont touchés, la « lutte » contre l’épidémie menée par l’État consiste à prendre des mesures en faveur des franges les plus privilégiées de la population tandis qu’elle ignore celles et ceux qui sont le plus à risque et opprimé-e-s par cette épidémie.

    En raison de la fermeture des entreprises, du confinement et de l’arrêt des activités économiques, des centaines de milliers, voire des millions de personnes sont licenciées, ou condamnées à mourir de faim à cause des « congés sans soldes ».

    La plupart des travailleur-se-s des marchés et de la grande distribution qui continuent à travailler pendant le processus épidémique et les travailleur-se-s de la santé sur qui pèsent une charge considérable pendant cette période et qui font directement face à la maladie, ne disposent pas d’équipements de protection médicale suffisant.

    Une fois de plus, les pouvoirs politiques et économiques ne se soucient pas de savoir si les franges de la société qu’ils ont appauvries seront en mesure de répondre, ne serait-ce qu’à leurs besoins les plus fondamentaux. Les campagnes menées par l’État pour donner l’impression de se soucier des pauvres se font sur le dos de ces mêmes populations puisqu’elles sont financées par les impôts prélevés pendant des années auparavant. Bien entendu, les mesures de charité mise en place ne répondent pas aux besoins réels : elle vise simplement à maintenir les populations dans cette situation de dépendance, plutôt qu’à tenter d’éliminer les injustices économiques.

    Dans de telles conditions, face à un État tentaculaire et ignorant des réalités de la situation, l’auto-organisation des populations locales se met en route, sous le nom de « réseaux de solidarité », pour répondre aux besoins vitaux durant la crise du coronavirus et combattre la politique du gouvernement.

    1.3 – La situation en Amérique Latine

    L’Amérique latine vit une situation particulière. Les pays qui étaient déjà en situation de crise économique avant (comme l’Argentine), de révoltes sociales comme le Chili, ou d’autres où de nouveaux gouvernements de droite ont été récemment inaugurés, comme l’Uruguay, ont tous des caractéristiques communes. Exemples : l’augmentation de la précarité, les licenciements, la question de l’assurance chômage et la faim qui frappe une partie importante de la population.

    Le Pérou et l’Argentine sont soumis à une quarantaine totale et à une militarisation de la vie sociale, tout comme le Chili et le Paraguay où des couvre-feux sont mis en places. En Uruguay, l’isolement social est appliqué, bien qu’il n’y ait pas de quarantaine obligatoire et qu’il soit prévu de reprendre peu à peu l’activité économique.

    Au Brésil, la situation se complique chaque jour un peu plus. Nous nous trouvons dans un scénario dans lequel, d’une part, les conditions de vie deviennent de plus en plus précaires, avec un chômage en hausse, un coût de la vie qui augmente et des milliers de travailleur-ses informel-les et autonomes qui ne peuvent pas garantir leur subsistance quotidienne, et d’autre part, un gouvernement qui agit pour assouplir les mesures d’isolement social et mettre la vie de milliers de travailleur-se-s en danger. L’argument est que l’économie ne peut pas s’arrêter, comme dans plusieurs pays de la région. 

    La formule est simple. Sans une politique de revenu minimum qui garantisse réellement les moyens de subsistance des chômeur-se-s, des travailleur-se-s du secteur informel et des travailleur-se-s indépendant-e-s afin que chacun-e puisse rester dans l’isolement social, Bolsonaro garantit les conditions dans lesquelles les classes populaires doivent choisir entre risquer leur santé ou souffrir de la faim. Ainsi, il se soustrait de toute responsabilité et s’attaque aux gouverneurs qui défendent la quarantaine comme mesure pour empêcher un effondrement du Système de santé publique et crée le scénario parfait pour poursuivre son projet conservateur ultra-libéral. Dans la lutte pour le pouvoir entre ceux qui sont au sommet, Bolsonaro promeut le chaos et la crise comme une technique de gouvernement. Pour lui, la santé et la garantie des droits ne comptent pas, même un peu, tout comme un effondrement du système de santé publique ne compte pas. Il n’agit pas pour éviter une crise sanitaire, sociale ou économique, il la favorise pour mieux gouverner et imposer un projet ultra-libéral, patriarcal, conservateur et raciste.

     D’une manière générale, cette crise a fait place à des mesures populistes des différents gouvernements, mais presque tous appliquent une forte politique très à droite en matière de répression et de contrôle social. En général, les profits des entreprises ne sont pas touchés et de plus, des mesures sont proposées qui permettent à la bourgeoisie de « réactiver » l’économie dans la logique néolibérale. La dette extérieure des pays d’Amérique latine risque d’augmenter, et il faut ajouter à cela la baisse du prix international du pétrole qui frappe plusieurs pays de la région, dont le Venezuela, l’Équateur, la Colombie, le Mexique, le Brésil, etc. Certains de ces pays ont déjà vu leur secteur pétrolier sérieusement démantelé ou connaissent divers types de difficultés.

    Nous pourrions voir dans un avenir proche une baisse des prix de certaines matières premières, en particulier dans les zones du capitalisme dépendant, tandis que d’autres matières, comme les céréales pourraient augmenter fortement. Cela aura un impact négatif sur les économies latino-américaines et la crise retombera sur les classes populaires.

    D’autre part, les États-Unis, qui ont de graves problèmes internes avec cette crise, ne veulent pas perdre le contrôle de leur « arrière-cour » et cherchent à générer et à maintenir une certaine instabilité politique, économique et sociale dans la région afin de maintenir la cohésion et le contrôle social. Bien entendu, cela sert également plusieurs gouvernements locaux, pour la plupart alignés sur les États-Unis.

    1.4 – Les pays asiatiques comme exemples des tentatives de contrôles social de masse

    Il est aussi important d’observer ce qui se passe en Asie, principalement dans le cas de la Chine et de la Corée du Sud, où des mécanismes de contrôle social extrêmes, basés sur la technologie, sont appliqués. Ces sociétés sont devenues d’immenses panoptiques dans lesquelles la surveillance est efficace et constante et où on cherche à imposer la discipline sociale à grande échelle. Ce modèle de contrôle social semble être « exporté » dans le monde sous l’argument de vente « nous savons comment contenir la pandémie ». En réalité, c’est une recette pour contenir les populations. 

    1.5 – La situation des Femmes

    Cette crise sanitaire a également un impact profond sur les femmes, en particulier dans les milieux populaires. Les mesures de confinement ont augmenté la violence domestique et les féminicides. Dans le même temps, l’exploitation du travail des femmes a été exacerbée, à la fois dans la sphère domestique (travail domestique non rémunéré : tâches ménagères et travail de soin et d’attention aux proches) et dans la sphère salariée puisque les femmes constituent la majorité des travailleur-se-s dans les secteurs désormais reconnus comme essentiels durant la crise (santé, social, grande distribution, agroalimentaire…) .

    Le grand nombre de licenciements et la flexibilisation du travail ont rendu encore plus précaires les faibles revenus des femmes dans le monde du travail. Une large part des foyers monoparentaux avec une femme à leur tête sont pauvres, compte tenu des faibles possibilités pour générer des revenus par un travail rémunéré et les aides sociales peu élevées, ce qui est exacerbé par le travail domestique et la charge mentale qui l’accompagne. Il faut garder à l’esprit que si en Amérique latine, un grand nombre de femmes et d’enfants participent à des initiatives communautaires telles que les soupes/cantines populaires ou les réseaux d’approvisionnement populaires, c’est parce que cela reflète cette grave situation. La crise du capitalisme verra la nécessité de renforcer d’autres espaces de domination. 

    Les prochains mois seront cruciaux pour analyser les impacts causés par l’approfondissement des violences patriarcales dans tous les domaines.

    En conclusion, nous pouvons dire que l’offensive généralisée est déjà en cours. Si des éléments de socialisation des pertes se confirment (en visant à nous faire payer la crise), la crise ne pourra pas être régulée ou contenue et la sortie sera au contraire faite de mesures denses et brutales. Néanmoins, l’offensive se prépare et avec elle se configurent une possible réponse organisée de notre camp et nous pouvons envisager une recrudescence des luttes sociales. Beaucoup de chose dépendent de la manière dont le noyau des classes dominantes va analyser la situation et ce qu’elle comporte de risque pour le système capitaliste avec les possibilités de révoltes social qui s’annoncent. 

    2. Les gauches

    Dans ce cadre prospectif, il faut envisager la complexité du moment pour la gauche et les possibilités d’un certain retour, soit réformiste, soit d’intention révolutionnaire, ou du moins conséquemment radicale. Mais sans aucun doute, des possibilités peuvent être ouvertes pour le développement d’une pratique militante combative et émancipatrice au niveau social et une critique radicale du système.

    Sans caricaturer, les forces dominantes dans le spectre qu’on nomme encore de gauche sont social-libérales / « progressistes ». Cela ne signifie pas qu’elles sont simplement des forces directes de cadrage et d’intervention au service du capital. Elles ont une marge de manœuvre tactique (ou de courte durée) combinée à un rôle subordonné, avec une soumission stratégique aux mouvements des classes dominantes. 

    Ces forces savent que si elles s’attachent en permanence à maintenir une intégration au sein de l’appareil d’État, au sein des centres de pouvoir, y compris par la présence dans un gouvernement même s’il est subordonné à la droite, elles peuvent disparaître ou rester en marge du spectre politique. C’est le dilemme de la social-démocratie européenne et des progressistes latino-américains, par exemple. C’est pourquoi elles sont en constante accommodation entre leur subordination stratégique et une sensibilité courte mais obligatoire aux mouvements sociaux et à l’action des différentes forces qui dépassent le social-libéralisme et le progressisme, y compris celles qui représentent un projet de type plus réformiste, étant donné qu’elles entendent maintenir leur électorat.

    Un autre élément central des rapports de force en Europe est l’évolution générale de la gauche réformiste, qui était déjà en crise ou du moins en déséquilibre, avant l’apparition du coronavirus. Ces forces, qui vont de Jeremy Corbyn du parti travailliste au Royaume-Uni à Pablo Iglesias du parti Podemos en Espagne, sont marquées par leur fondement commun étatiste et de gouvernement, sur les plans culturel, politique et stratégique. Elles ont une conception politique qui considère les moyens d’actions concentrés dans l’appareil d’État et les possibilités d’action électorale publique comme les éléments centraux du contre-pouvoir face aux blocs dominants. Avant même la crise du Covid19, une tendance à leur neutralisation, leur absorption et leur désintégration par les noyaux du social-libéralisme était déjà évidente.

    Entre autres choses, ces gauches ont montré qu’elles n’étaient ni capables ni réellement intéressées à s’opposer aux différentes formations d’extrême droite et à leur acceptation sociale grandissante, même pas d’un point de vue culturel. Ce n’est pas une nouveauté et l’on sait que le fascisme a historiquement été un outil du capitalisme pour se perpétuer dans les moments de crise. Sans parler des propositions d’opposition au néolibéralisme, pour ne pas dire révolutionnaires, complètement oubliées du terrain de jeu, sauf en de rares occasions. Il nous appartient de reconstruire cet espace, tant sur le plan politique que social.

    3. Éléments de résistance

    Dans la situation actuelle, le camp de la résistance est complexe et a de très fortes contradictions internes et des racines sociales, culturelles et politiques différentes. Ce domaine intègre une résistance populaire diffuse, et qui est aussi confrontée à une importante désorganisation dans plusieurs secteurs. L’absence de collectif favorise la peur ou la résignation face aux pressions de la hiérarchie et au risque de perdre son emploi ou son revenu. Les garanties sanitaires, l’arrêt des activités non essentielles et bien d’autres avancées pour nous et nos collègues ont été gagnées grâce à notre organisation dans nos syndicats et associations de lutte. Cette résistance prend aussi parfois forme dans des organisations populaires nouvellement constituées, et dans des processus de revitalisation d’organisations de traditions antérieures. Le champ de la résistance intègre des courants et des forces venant d’horizons très différents de ce que l’on pourrait appeler une dynamique libertaire, fondée sur la prééminence de l’action politique de masse.

    Le champ de résistance qui jouxte la gauche réformiste – avec toutes les ambiguïtés que cela implique – comprend des courants et des organisations à matrice étatique dont l’orientation de lutte (parfois avec une base démocratique autogérée et auto-émancipatrice) est tactique, fragile et susceptible d’évoluer vers l’autoritarisme.

    Nous sommes une force de lutte dans l’archipel des résistances et nous sommes, en même temps, une force de proposition importante du pouvoir populaire, de l’autogestion et de la démocratie directe. C’est-à-dire du processus politique d’avancement permanent vers le communisme/socialisme libertaire. Dans cette situation, où nous convergeons avec d’autres forces en lutte, nous cherchons la construction et la dynamisation des processus de travail politique toujours depuis les bases sociales populaires, à partir de leurs pratiques, de leurs revendications et de leurs aspirations.

    C’est dans nos organisations populaires et par notre capacité à lutter que nous encourageons tout ce qui accumule de l’indépendance et de l’autonomie pour notre classe. C’est à partir de ces organisations que nous construisons une force émancipatrice et que nous promouvons un pouvoir populaire qui échappe aux appareils et aux stratégies de type gouvernemental et capitaliste.

    4. Axes de réponse

    -

     Promouvoir et renforcer les espaces de solidarité et d’entraide des classes populaires du niveau du quartier aux espaces internationaux, pour rompre avec la logique selon laquelle l’Etat nous protégera et pour générer l’organisation populaire.

    -

     Rétablir et renforcer les alliances stratégiques et les luttes avec d’autres organisations politiques et sociales. Notamment avec l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme alternatif et les mouvements pour le logement, pour les services publics (santé, éducation, services sociaux), antiraciste, féministe, les droits des migrant-e-s, écologiste etc.

    -

     Préparer, avec ces organisations, des plans de choc en faveur des classes populaires et des plans de lutte de masse pour la sortie du confinement. En attendant, encourager des actions qui vont des manifestations aux fenêtres jusqu’aux grèves de loyer ou autres. Défendre les espaces permettant l’action politique et l’auto-organisation contre les dérives autoritaires et liberticides menées à la suite de l’urgence sanitaire.

    -

     Demander des conditions maximales de protection au travail, notamment dans les secteurs de la santé, de l’alimentation, des transports et des services publics, etc, et dans le cas contraire saisir l’inspection du travail ou faire grève.

    -

     Contrecarrer les discours du pouvoir en critiquant ses décisions erronées ou celles qui sont contraires aux libertés, aux droits sociaux et à la vie, ainsi que les coupes dans les services publics (notamment en matière de santé) qui nous rendent plus vulnérables au virus et augmentent sa mortalité.

    -

     Affronter le discours de haine des forces d’extrême droite, qui cherchent à diviser les classes populaires par des mécanismes de manipulation de masse.

    -

     Remettre en cause le développement productiviste, la dévastation écologique, la maltraitance des animaux et l’agriculture intensive et industrielle. En bref, le système capitaliste.

    -

     Généraliser le droit de retrait en cas de danger sur le lieu de travail, le recours au droit de grève si nécessaire.

    -

     Socialisation de l’industrie pharmaceutique et du système de santé et de tous les services essentiels.

    -

     Que la production sous le contrôle des travailleurs et des travailleuses soit à nouveau un horizon politique.

    -

     Renforcer la coordination, le débat et le travail commun de l’anarchisme organisé au niveau politique, et par notre insertion sociale, renforcer le syndicalisme de classe et d’autres projets révolutionnaires au niveau international.

    Les classes populaires sont toujours en lutte !
    Face aux politiques d’austérités, construisons le pouvoir populaire !
    Pour le socialisme, la vie et la liberté !
    Arriba las y los que luchan !
    Vivent celles et ceux qui luttent !

    Organisations signataires :

    • Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)
    • Coordination anarchiste brésilienne (CAB, Brésil)
    • Fédération anarchiste uruguayenne (FAU, Uruguay)
    • Fédération anarchiste de Rosario (FAR, Argentine)
    • Organisation anarchiste de Cordoba (OAC, Argentine)
    • Fédération anarchiste de Santiago (FAS, Chili)
    • Groupe Libertario Via libre (Colombie)
    • Union communiste libertaire (France)
    • Embat (Organisation anarchiste de Catalogne)
    • Alternativa Libertaria/Fédération des communistes anarchistes (AL/FDCA, Italie)
    • Organisation socialiste libertaire (OSL, Suisse)
    • Action révolutionnaire anarchiste (DAF, Turquie)
    • Worker Solidarity Mouvement (WSM, Irlande)
    • Die Plattform (Allemagne)
    • Libertäre Aktion (LA, Suisse)
    • Aotearoa Workers Solidarity Movement (AWSM, Nouvelle-Zélande)
    • Melbourne Anarchist-Communist Group (MACG, Melbourne, Australie)


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    Brésil : Notre conception du féminisme dans la perspective de l’anarchisme organisé

    19 Avr 2020

    Face au scénario actuel (et, il convient de le dire, un scénario qui apporte des conditions de vie et d’existence jusqu’alors inimaginables pour la plupart d’entre nous), nous ne pouvons pas ne pas débattre de la manière dont les femmes qui constituent les secteurs les plus vulnérables de la société ont ressenti beaucoup plus violemment les restrictions imposées par ce contexte de pandémie.

    Les inégalités sociales, les oppressions qui ont fondé l’État brésilien et les violations constamment déclenchées contre le peuple ont historiquement eu un impact particulier sur les femmes. Après tout, ce sont elles qui constituent de manière significative la base de la pyramide d’exploitation de la force de travail ; ce sont elles qui détiennent les salaires les plus bas ; ce sont elles qui représentent dans leur grande majorité le corps des travailleuses domestiques ; ce sont elles qui occupe la place de chefs de famille où le géniteur non seulement ne se rend pas présent mais abandonne aussi financièrement et émotionnellement sa femme et ses fils et filles ; Ce sont elles qui sont en majorité en première ligne lors des premiers contacts qui se produisent en arrivant dans les services de santé ; ce sont aussi celles qui risquent le plus de mourir dans l’isolement de leur foyer, car elles partagent dans la résidence l’espace avec un partenaire agresseur, conséquence cruelle des structures machistes dans lesquelles nous sommes créés.

    Outre ces réalités, nous avons encore la misère, le chômage, le désespoir et tant de conditions de vie défavorables aux recommandations pour se protéger de la contamination par COVID-19. Il existe de nombreuses poches de pauvreté au Brésil. Le manque d’eau est une réalité dans de nombreux foyers. L’isolement (si recommandé par les autorités sanitaires) est quelque chose d’impossible pour beaucoup de ces travailleuses, en particulier celles qui travaillent comme domestiques. Ce n’est pas pour rien que nous avons récemment appris le décès d’une femme de ménage, qui avait continuée à travailler chez ses employeurs qui étaient en quarantaine. Il convient de mentionner : pouvez-vous deviner la couleur et la classe de cette bonne qui a été victime des privilèges de ces employeurs ? La crise de la pandémie a de la couleur, du genre et de la classe ! Nous devons exiger que nos droits soient respectés et nous devons continuer à nous battre pour une vie digne !

    C’est dans ce sens que nous, femmes de la Coordination Anarchiste Brésilienne, publions ce texte de réflexion qui se propose de présenter notre conception du féminisme. Notre combat est pour une société libre de toute forme d’oppression et d’exploitation. Nous n’acceptons donc en aucune façon de fermer les yeux ou de ralentir, même dans le contexte d’une pandémie, nos analyses, qui pointent vers la lutte contre le racisme, contre le machisme et le patriarcat, contre l’État et son projet génocidaire et contre le Capital dans sa logique de mort au peuple et de protection des patrons. Que nos débats ne s’arrêtent pas, tout comme notre lutte et notre résistance se poursuivent jour après jour ! Pour le pouvoir populaire ! Les femmes sont des résistantes dans la lutte pour une vie digne !

    Coordenação anarquista brasileira

    Extrait d’une traduction : Retrouvez ici l’intégralité de l’article



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    Livestream international anarcho-communiste

    08 Avr 2020

    Samedi 11 avril à 21h, ne ratez pas le livestream international anarcho-communiste !

    On y parlera de la crise sanitaire du COVID19 à travers le monde, des réponses étatiques, et de notre analyse.

    Y participerons des membre de Solidaridad (Chili), Acción Socialista Libertaria (Argentine), Black Rose Anarchist Federation (USA), Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du sud), Workers Solidarity Movement (Irlande), Anarchist Federation (Angleterre) et de l’Union Communiste Libertaire (France).

    ► Vous pourrez suivre le live en direct sur la chaîne youtube de nos camarades états-uniens de de Black Rose Anarchist Federation / Federacion Anarquista Rosa Negra : https://www.youtube.com/channel/UCfxMtG99e7ZGNUxAVaxcJmg

    ► Pour voir l’annonce du live sur leur site : https://blackrosefed.org/livestream/



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    Changeons le système, pas le climat !

    12 Mar 2020

    « CHANGEONS LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT ! »

    C’est le mot d’ordre de cette marche pour le climat dont nous sommes soutiens. Pour nous, voilà ce qu’il faut changer dans le système actuel

    Sortir du capitalisme. Une écologie conséquente est nécessairement anticapitaliste. Le productivisme capitaliste aujourd’hui, est une fuite en avant morbide qui nous précipite vers la catastrophe climatique et vers la destruction des écosystèmes. La croissance capitaliste dépend du pillage des ressources naturelles et d’énergies polluantes et toxiques, qui menacent des populations entières. Ce n’est qu’en sortant de ce système de croissance économique que nous pourrons dépasser la crise écologique actuelle.

    Contre l’État. La fonction de l’État est d’être le gestionnaire de cette économie capitaliste. Il ne saurait constituer un appui pour empêcher ces destructions écologiques. L’État national défend avant tout le principe d’une croissance de l’économie nationale. Il s’inscrit, par définition, dans une logique anti-écologique, malgré certains discours de façade, promouvant un « capitalisme vert ». Il est aujourd’hui impossible de s’adresser au personnel politique pour en appeler à une « responsabilité écologique », car l’enjeu de la croissance économique, que défend celui-ci, et l’enjeu écologique, sont clairement incompatibles. En outre, dans le pire des cas, on pourrait voir apparaître une nouvelle forme d’écologisme tronqué, étatique et autoritaire, c’est-à-dire une forme d’éco-fascisme, qui limiterait les libertés publiques, sans remettre en cause fondamentalement le productivisme.

    Contre les oppressions. Une écologie conséquente sera également nécessairement anti-patriarcale et anti-raciste, car c’est une même logique productiviste qui assigne les femmes aux tâches de reproduction, qui assigne les périphéries à des spécialisations destructrices (délocalisation de nos activités les plus polluantes), et qui détruit l’environnement terrestre.

    La lutte écologique se doit d’être anticapitaliste, anti-étatiste, anti-patriarcale et anti-raciste !


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    Les retraites, un morceau de solidarité qui échappe au capitalisme

    13 Jan 2020

    Au bistrot avec un lapin, une merlette, des vautours… Un BD-Tract de l’Union communiste libertaire distribué massivement dans les manifestations du 9 janvier 2020. Succès garanti.

    A utiliser avec, au verso, des explications développées par le tract « Décidons pour nous-mêmes ! »



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    Communiqué de soutien aux mobilisations du peuple catalan

    03 Nov 2019

    De nouveau le peuple de Catalogne est descendu dans les rues. Le même peuple qui, il y a deux ans était sorti défendre la convocation à un référendum populaire pour l’indépendance. L’État espagnol lui avait répondu par la répression. La réponse populaire quant à elle a été la grève générale convoquée par l’Intersyndical-CSC et IAC et suivie par la CGT, la CNT et Solidarité Ouvrière, avec le soutien d’EMBAT et d’autres organisations du camp anarchiste, qui ont émis à ce moment une déclaration claire et très lucide sur le processus et la lutte en cours.

    Deux ans plus tard, l’État espagnol condamne les principaux responsables du gouvernement bourgeois Catalan. Cet acte a mobilisé l’ensemble du peuple Catalan contre le gouvernement de la Monarchie Constitutionnelle espagnole qui a répondu, encore une fois, par une féroce répression de la main de la police catalane, les Mossos de Esquadra [1], connu pour leur brutalité. La sentence envers les 12 politiciens catalans marque un tournant dans la répression judiciaire applicable de manière générale,car ils sont condamnés pour acte de « sédition » ce qui peut englober n’importe quelles manifestations publiques, et par conséquent c’est dans toute la Catalogne et dans toute l’Espagne- qu’un régime autoritaire qui vise à contenir la contestation sociale se met en place. C’est pour cela qu’une véritable situation de désobéissance populaire s’est développée, et que les rues ont été massivement investies par le peuple.

    Le problème ne se limite pas qu’à l’indépendance de la Catalogne. C’est la constitution de 1978 et le pacte de Moncloa, qui ont créé un ordre politique, juridique et économique qui a laissé intacts les principaux ressorts de la dictature franquiste et qui a garanti l’impunité des génocidaires, avec l’appui favorable de la gauche électorale. Les mobilisations de ces derniers jours remettent sur le devant de la scène les revendications liées au travail, celles pour une meilleure éducation, pour une meilleure santé, celles contre les expulsions des logements, et toutes les revendications populaires récemment soutenues. Elles démontrent l’exaspération du peuple face à autant de dépossession et de mépris envers les revendications populaires de la part de ceux d’en haut, et en particulier de l’Etat espagnol -mais aussi de la bourgeoisie catalane-. A ces revendications et ces mobilisations, ils répondent par la répression, comme celle que nous vivons ces derniers jours en Amérique Latine.

    Dans le cadre de cette lutte, nos camarades d’EMBAT (Orgnisation politique spécifique de Catalogne), de la CGT catalane, de la CNT et de Solidaridad Obrera sont au premier plan, et impulsent les mobilisations, en y mettant au centre les thématiques sociales et populaires. Et en promouvant le développement d’organisations populaires fortes ainsi que la mobilisation de celles et ceux d’en bas. Tout notre soutien va aux camarades anarchistes, anarcho-syndicalistes et libertaires organisé.e.s de Catalogne !

    Cette même Catalogne qui a joué un rôle de premier plan dans la glorieuse révolution espagnole et qui l’a élargie à d’autres régions de ce territoire au pas de la colonne Durruti, est aujourd’hui bien vivante et répond présente !

    Toute notre solidarité et notre soutien au peuple catalan et à tous les peuples qui résistent aux abus d’où qu’ils viennent, et qui luttent pour une autre société.

    Pour la construction du pouvoir populaire !

    Pour le socialisme et pour la liberté !

    Vive celles et ceux qui luttent !


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    Les anarchistes du Chili s’expriment sur l’explosion sociale

    03 Nov 2019

    Face à l’explosion sociale dans la région Chilienne, la Fédération Anarchiste de Santiago déclare :

    1- Les failles du modèle néo-libéral se montrent chaque fois plus grandes, la situation a dépassé de toute part le gouvernement et s’est étendue en région. Maintenant, ce n’est plus seulement à Santiago qu’ont lieu les protestations dans la rue, mais dans tous les territoires de la région du Chili que s’est levée et organisée la lutte. La volonté de notre classe grandit de jour en jour, même si tout est fait pour l’empêcher, nous sommes à chaque fois plus nombreux.ses dans cet acte historique. Le couvre feu est constamment défié dans tous les coins du pays, avec des manifestations massives de colère, les peuples continuent leur digne lutte.

    2-La réponse du gouvernement a été d’intensifier sa répression sauvage, plus de dix milles militaires se baladent dans nos quartiers et avenues en déchaînant le terrorisme d’État. Des tanks et des hélicoptères de combat sont promenés dans les rues et dans le ciel dans le but de terroriser le peuple.

    Ce déploiement de flics et de militaires a violemment frappé les peuples en luttes, ce sont déjà plus de 1700 détenu.es, plus de 250 blessée.e.s graves et plus de 15 personnes tué.e.s pour lesquels l’État prétend cacher sa responsabilité et tente de cacher leurs noms, des centaines de personnes disparues, un nombre incalculable de torturé.e.s et toujours plus de cas de violences sexuelles apparaissent. Toutes les violences et les assassinats sont de la responsabilité directe de l’État, et tout spécialement du gouvernement qui a rendu la voie libre à ses sbires, qui n’ont pas hésité une seule seconde à tirer sur la classe opprimée.

    3- Nous alertons les peuples en lutte face à la stratégie de communication de l’État, développée par le gouvernement avec la complicité de la presse bourgeoise, laquelle ne cherche qu’à détourner les regards du conflit social, installant l’idée que c’est un conflit de sécurité, dans lequel la priorité est de rétablir l’ordre bourgeois à travers un grand « pacte social » sans rendre leurs droits aux peuples. De longues heures d’images tendancieuses et de prises d’opinions complices apparaissent à la tv, appels du gouvernement à « l’esprit nationaliste » pour faire face à cette crise, les médias bourgeois et le gouvernement gèrent la période comme une catastrophe naturelle, mais nous savons que c’est la catastrophe du capitalisme et du patriarcat, et nous luttons pour nous en libérer ainsi que de tout celleux qui le soutiennent.

    Nous voulons aussi souligner, que les appels à marcher avec le maillot de la sélection Chilienne de football et à développer un esprit nationaliste, sont la même stratégie utilisée quelques années en arrière par l’extrême droite brésilienne, qui avait utilisé le massif mécontentement social comme tremplin politique pour arriver au pouvoir. Nous appelons à visualiser cette situation et à ne pas renforcer le fascisme.

    4- Nous rejetons l’opportunisme des partis politiques qui prétendent représenter les peuples en lutte, vous ne représentez que vos intérêts mesquins, ne cherchant qu’à arriver au pouvoir en utilisant le sang versé par la classe des opprimé.e.s comme stratégie d’opportuniste et de parasites. Vous n’avez pas votre place dans nos quartiers, nos assemblées et manifestations, pas de place dans le monde nouveau que nous sommes en train de créer, vous ne faites que représenter tout ce que nous sommes en train de jeter aux oubliettes de l’Histoire.

    5- Nous appelons à poursuivre les mobilisations, à continuer la lutte dans les territoires et dans les rues. Il est extrêmement nécessaire de mettre en place des assemblées territoriales en développant des pratiques pré-figuratives autogérées, depuis une position de classe, écologiste et antipatriarcale, pour que l’auto-organisation des opprimé.e.s puissent offrir des réponses et des solutions tant aux problématiques immédiates comme sur le long terme. Nous devons commencer à créer des communautés organisées et un contrôle territorial, qui nous permettent d’avancer vers notre émancipation totale, ce qui doit être notre priorité et non pas de trouver une sortie institutionnelle à la crise comme veut le faire l’assemblée constituante ou toutes les autres choses qui permettent de donner de l’air à la démocratie bourgeoise.

    6- Pour finir, il devient nécessaire de générer une base revendicative coordonnée entre les différents secteurs en lutte, qui représente la diversité des corps, peuples et territoires ainsi que leurs problématiques. Pour la même raison il est très important de réussir à détruire les piliers de ce modèle, il devient nécessaire de mettre fin au code de l’eau et aux AFP, et d’un autre côté d’améliorer les conditions de vies immédiates de notre classe, en abaissant le nombre d’heures de travail, socialisant le système de transport, augmentant le salaire minimum, en mettant fin à la sous-traitance et en revendiquant le droit à un logement et un habitat digne, en légalisant l’avortement et en permettant un accès digne aux soins, en supprimant toutes les dettes éducatives (CAE, Fond Solidaire), en baissant les prix des services basiques (eau, électricité, gaz) et en paralysant tous les projets extractivistes. Il faut arrêter l’agenda législatif de la bourgeoisie qui entérine toujours plus le néo-libéralisme, nous exigeons donc le retrait du décret TPP-11, de la loi d’Intégration Sociale, la loi des Glaciers, du Contrôle d’identité de la jeunesse, de la réforme des retraites, réformes des taxes et le projet de route de l’eau, dans le même but il est indispensable d’abroger la loi des « classes sécurisées », la loi anti-terroriste, le statut jeunes travailleurs, la loi Migrants, la loi sur les réserves de cuivre et le code du travail. Pour terminer nous exigeons la libération de tou.te.s les prisonnier.re.s politiques, la suspension de l’état d’urgence et du couvre feu, le retrait de tous les militaires et des flics des rues, la fin des violences politiques sexuelles et l’arrêt de l’utilisation de la loi de sécurité intérieure de l’État. Tout cela doit être impulsé par une grève générale et une mobilisation constante dans les rues.

    Militaires, hors de nos rues !
    Grève générale !
    Enracinons l’Anarchisme !
    Construisons la Communauté Organisée !
    Vive la lutte des peuples !
    FÉDÉRATION ANARCHISTE DE SANTIAGO



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    Grèce : Exarcheai, le quartier qui fait peur au bourgeois

    21 Sep 2019

    Le gouvernement de droite qui a succédé à Syriza a décidé d’en finir avec ce célèbre quartier d’Athènes, haut lieu de l’anarchisme et symbole de la résistance populaire.

    En 2015, le parti Syriza, qui se présente comme une alternative de gauche à la politique austéritaire imposée par la Troïka  [1], faisait campagne avec le slogan «  L’espoir vient  ». Si cet espoir est bien parvenu à amener Alexis Tsipras au pouvoir, il a vite été douché. En quelques mois, la coalition issue de la gauche radicale et d’une partie du mouvement social s’est métamorphosée pour appliquer au mieux les directives européennes voire les anticiper. La politique économique menée par Syriza ne s’est finalement pas démarquée de celles de ses prédécesseurs du Pasok (PS grec) ou de Nouvelle Démocratie (ND, droite).

    Il n’est donc pas étonnant qu’en juillet, lors des élections législatives, Syriza ait été renversée par Nouvelle Démocratie, avec à sa tête Kiriakos Mitsotakis. Ce dernier s’est fait élire sur la base d’un programme très à droite, notamment sur les questions de «  sécurité  ».

    L’une de ses promesses de campagne phares était l’augmentation massive du recrutement de policiers, avec 1 500 postes supplémentaires. La rhétorique sécuritaire fonctionne d’autant mieux en Grèce que le pays constitue ces dernières années la principale porte d’entrée dans l’espace Schengen pour les personnes qui n’ont pas la chance d’obtenir un visa. Depuis 2015 en particulier, le pays est confronté à une sévère crise de l’accueil. À titre d’exemple, plus de 630 000 personnes sont passées par la seule île de Lesbos. Face à cette situation, les autres pays européens ont refusé d’accueillir plus de monde ou ont carrément cherché à fermer leurs frontières et à criminaliser l’entrée irrégulière sur leur territoire.

    En Grèce, un formidable élan de solidarité populaire a accompagné l’action des ONG pour permettre un accueil le plus digne possible. Mais la droite et l’écrasante majorité des médias dominants jouent depuis des années un jeu dangereux en assimilant la criminalité, notamment le trafic de drogue, aux migrants et aux réfugié·es. Fait symptomatique  : le ministère de la Politique migratoire a été absorbé par l’équivalent du ministère de l’Intérieur grec, déléguant symboliquement l’accueil des migrantes et migrants à la police. Les contrôles aux frontières et dans les grandes villes se sont renforcés et l’État cherche à accélérer le renvoi des migrantes et des migrants vers la Turquie, au mépris de tout respect pour les droits humains. La droite a également annulé un décret qui permettait l’accès à la sécurité sociale pour les migrants et migrantes.

    L’autoritarisme comme solution au clientélisme ?

    Nouvelle Démocratie domine la vie politique grecque depuis des décennies, en alternance avec le Pasok. Avant l’arrivée au pouvoir de Syriza en 2015, ces deux partis-institutions ce sont largement servis de l’appareil d’État pour placer leurs lieutenants respectifs à des postes stratégiques (et grassement payés) et pour récompenser leurs fidèles soutiens, notamment au sein du patronat. Le jeu consiste à hurler au scandale quand on est dans l’opposition et à reproduire le même schéma une fois au pouvoir. A peine un mois après son arrivée au pouvoir, ND a démis Vassiliki Thanou, ancienne conseillère d’Alexis Tsipras, de ses fonctions de présidente de la commission de la concurrence. Mais le meilleur reste à venir  : Nouvelle Démocratie entend «  dépolitiser la haute fonction publique  » (sic) en interdisant l’accès à une autorité administrative indépendante à quiconque aura occupé un emploi dans un cabinet ministériel ou une fonction politique. Reste à voir si cela s’appliquera également à ses propres soutiens.

    Dans le même temps, Mitsotakis fait la promotion d’une réforme institutionnelle qui vise à renforcer le pouvoir du Premier ministre (au détriment des autres ministres et du Parlement).

    Dans l’éducation également, on retrouve cette même volonté de contrôle avec une réforme qui propose d’évaluer les enseignantes et les enseignants tout au long de leur carrière. Les universités, en particulier, constituent des contre-pouvoirs bien trop gênants pour ce nouveau gouvernement. L’ouverture de l’enseignement supérieur à la concurrence et au privé relève de la même logique  : déshabiller et contrôler le secteur public de l’éducation pour ouvrir de nouveaux marchés juteux pour les capitalistes.

    Pays à vendre

    Mitsotakis a surfé sur le mécontentement populaire généré par dix ans d’austérité drastique. Syriza se vantait d’avoir rétabli l’équilibre financier du pays et d’être même en excédent budgétaire, mais à quel prix  ? Les taxes et les impôts se sont multipliés, alors que les salaires stagnent ou régressent. La droite n’avait donc qu’à cueillir le fruit. Elle s’offre le luxe en juillet de réduire la taxe foncière en faisant l’unanimité sur l’échiquier politique. Cette taxe, très impopulaire dans un pays où près des trois quarts de la population est propriétaire, était devenue le symbole de la crise.

    En revanche, le programme libéral que prépare Mitsotakis est clair et est fait pour durer  : diminution des taxes sur les entreprises, multiplication des partenariats public-privé (pour la rénovation du port du Pirée notamment), loi permettant au patronat de licencier sans motiver sa décision et sans prévenir le ou la salarié·e… Les taxes sur les dividendes devraient également être réduites de moitié. Et ce n’est probablement pas la Troïka qui verra des choses à redire à cette politique, même si elle continue de veiller au grain.

    Enfin, pour compléter le tableau, le premier décret du nouveau gouvernement a consisté, en deux lignes, à supprimer la brigade antifraude du fisc grec (SDOE). Créée il y a vingt-quatre ans pour combattre l’évasion fiscale (environ 30 milliards d’euros par an jusqu’à récemment), cette brigade appartient désormais au passé. Comme première décision politique, difficile de faire plus clair sur ses ambitions.

    L’épineux dossier anarchiste

    La Grèce est l’un des pays au monde où le mouvement anarchiste est le plus fort. En effet, les luttes étudiantes des années 2000 et surtout le soulèvement de décembre 2008, après l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos (15 ans) par un policier, ont énormément contribué au développement de l’anarchisme dans ce pays.

    Depuis 2015, un groupe s’est particulièrement fait connaître sous le nom de Rouvikonas («  Rubicon  ») en multipliant les actions de solidarité et d’entraide, de participations à des manifestations de rue ou d’actions directes contre des institutions étatiques, des représentations étrangères (le consulat français a été pris pour cible à plusieurs reprises) ou des représentants du capitalisme en Grèce. Basé sur l’automédia, le groupe pratique une forme d’action directe qui se veut radicale et accessible. Le discours est volontairement simple, les cibles sont souvent consensuelles (siège du patronat, ministère de la Défense, Banque nationale) et les actions sont revendiquées au grand jour.

    Nouvelle Démocratie entend résoudre le problème en transformant la loi pour que de telles actions du groupe tombent sous le coup de la législation antiterroriste et que l’ensemble des membres puissent être tenus responsables de toutes les actions commises au nom du groupe, y compris celles où ils et elles ne sont pas présentes. Les plus exposés d’entre elles et eux encourent en ce moment des peines de plusieurs années de prison pour des faits qui relèvent normalement, d’un point de vue juridique, du simple vandalisme.

    La bataille d’Exarcheia

    Rouvikonas fait partie de la myriade de collectifs anarchistes qui font vivre le quartier d’Exarcheia à Athènes. L’État grec estime que ce dernier abrite 23 occupations, dont 11 lieux de collectifs anarchistes et anti-autoritaires. Les 12 autres abritent des migrant·es et des réfugié·es, qui seraient à la rue sans l’action des militant·es. Sans compter les lieux légaux (sièges de maisons d’édition, coopératives tenues par des militant·es…) qui existent également dans les environs, et le parc autogéré de Navarinou, érigé depuis dix ans en lieu et place d’un projet de parking.

    Mais pour la droite, le quartier d’Exarcheia, c’est avant tout la drogue et la violence, protégées par «  l’asilo  » universitaire. Depuis l’insurrection étudiante de 1973, les universités sont un sanctuaire quasiment interdit à la police. Nouvelle Démocratie entend abolir cette loi pour pouvoir aller chercher les manifestantes et manifestants qui s’y réfugient et s’y préparent lors d’affrontements avec la police. À Exarcheia, la fameuse faculté de Polytechnique figure explicitement parmi la short-list des lieux à mettre au pas pour le nouveau gouvernement. Au mois d’août, la police a réalisé pas moins de quatre descentes dans le quartier, prétextant des opérations antidrogue.

    Derrière ça, l’objectif est bien de «  nettoyer  » ce quartier central pour le préparer à la gentrification et au marché de la location touristique sur lequel lorgnent tous les promoteurs immobiliers. Comme le dit bien Katerina Papakosta, députée ND devenue vice-ministre de la Police dans le gouvernement Tsipras en 2018, l’enjeu est de «  faire d’Exarcheia la Montmartre  » grecque. Vider «  pacifiquement  » les lieux rebelles, puis effacer les graffitis qui décorent les murs, «  verdir  » le quartier, rénover les bâtiments et en faire disparaître l’empreinte libertaire qui l’a façonné le quartier depuis des décennies en tenant la police, l’État et les mafias en respect.

    Le gouvernement met ainsi la pression sur tous les pans de la société, et en particulier sur celles et ceux qui résistent le plus. Mais le mouvement social grec n’est pas mort et les camarades fourbissent leurs armes en attendant les batailles à venir. Alors que nous mettons sous presse, une violente attaque policière a visé quatre squats d’Exarcheia, dont deux où étaient logées 143 exilé·es, amené·es dans un centre en vue de contrôler leur situation. Trois autres personnes ont été interpellées. La solidarité internationale aura un rôle important à jouer pour soutenir la résistance à Exarcheia.

    Gio (UCL Le Mans), le 26 août 2019

    Action de soutien du groupe UCL Fougères

    [1] En échange d’un prêt de refinancement de l’Etat après la «  crise de la dette  » de 2009, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international ont pris la main sur la politique économique et sociale du pays, imposant l’austérité au mépris des prétentions démocratiques.

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