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Communiqués UCL – Page 9 – Union Communiste Libertaire Montpellier
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Communiqués UCL


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    Pandémie, crise : les classes populaires sont toujours en lutte

    02 Mai 2020

    Les 17 organisations anarchistes/communistes libertaires ayant conjointement produit l’analyse de conjoncture d’avril et la campagne de soutien au Rojava, ont décidé d’écrire un document d’analyse pour le 1er Mai. Si en ce jour historique, nous ne pourrons pas être dans les rues comme nous le souhaiterions, la lutte ne s’arrête pas pour autant.

    Le 1er mai devrait être un symbole de solidarité internationale, de solidarité qui ne se limite pas aux cadres de l’État national qui correspond toujours aux intérêts des minorités privilégiées du pays. Parmi les millions de travailleurs et travailleuses qui portent le joug de l’esclavage, il y a une unité d’intérêt, indépendamment de leur langue et du statut sous lequel ils et elles sont né.es. Mais entre les exploiteurs et les exploité.es d’un même pays, il y a une guerre ininterrompue qui ne peut être résolue par aucun principe d’autorité et qui est enracinée dans les intérêts contradictoires des différentes classes. Tout nationalisme est un déguisement idéologique des faits réels : il peut à un moment donné entraîner les grandes masses populaires vers ses représentants menteurs, mais il n’a jamais pu abolir la réalité brutale des choses dans ce monde. (Rudolf Rocker, 1936)

    1. Situation mondiale

    La pandémie du Covid-19 éclate à un moment d’affaiblissement certain de la dernière période de la mondialisation, avec de forts dysfonctionnements des mécanismes de la finance, de gestion et de communication du système capitaliste, une remise en cause générale des critères de gestion gouvernementale, et une crise d’hégémonie impérialiste avec des tensions croissantes entre les grands blocs géostratégiques. 

    A l’approche de la crise sanitaire, dans certaines régions du monde, de grands mouvements populaires s’affirmaient contre le système et remettaient en cause la gestion politique par les blocs de la classe dominante dans chaque formation sociale ainsi que leurs stratégies opérationnelles. La crise sanitaire a frappé de plein fouet le système de domination. Étant un facteur externe au fonctionnement du système mondial cela révèle les faiblesses et les déficiences structurelles, stratégiques et fonctionnelles prévisibles du capitalisme mondialisé et accélère la dégradation de la gouvernance d’État.

    C’est pourquoi, dans différents pays, on a vu comment les gouvernements, à l’instar de celui de la Grande-Bretagne et des États-Unis, sont revenus sur leur plan initial : permettre l’expansion de la contagion et des décès en masse, afin d’obtenir une immunité de groupe dans la population. Cette stratégie, ainsi que la dégradation des systèmes de santé publique et les durs coups portés aux secteurs les plus défavorisés, auraient pu devenir un véritable massacre social. En y renonçant, on peut considérer que les bourgeoisies britannique et américaine, ont marqué un recul politique face à ce qui aurait pu provoquer un certain degré de troubles sociaux.

    Ainsi, la crise sanitaire agit comme un facteur qui expose et renforce les faiblesses, les déséquilibres et les facteurs d’effondrement du système et constitue en même temps une innovation systémique possible, un nouveau facteur central de dysfonctionnement et de blocage. En bref, la pandémie approfondit un cycle de crises économiques et sociales qui étaient déjà sur le point d’éclater, ce qui influe sur les stratégie des blocs dominants dans leur gestion de la crise sanitaire et de sa sortie.

    La capacité des différents blocs géostratégiques à faire face à la situation et à surmonter ce moment – qui peut conduire à la paralysie de l’économie mondiale – semble être différente. En effet, l’accélération de la confrontation entre la Chine et les États-Unis et la configuration des rapports de force au sein du nouveau cycle peuvent mener à une attaque sans précédent, sur toute la planète, contre les conditions de vie des classes populaires, contre leurs droits sociaux et politiques, contre tous les éléments d’émancipation qui ont été conquis et renforcés, ou du moins préservés et maintenus, au cours de la dernière période historique. 

    Les interventions visant à débloquer et à relancer l’économie mondiale impliquent une énorme mobilisation de ressources financières qui générera des dettes, des politiques d’austérité, de nouvelles offensives contre le service public et une tentative stratégique d’accroître l’exploitation, le contrôle et la domination contre les classes populaires. 

    Il convient de noter que le marché mondial est clairement touché par cette crise économique (tant sur le plan matériel qu’idéologique) et nous ne devrions pas être surpris par la régionalisation économique des différents États et puissances. Malgré cela, nous devons considérer que la mondialisation continuera à être un facteur important de l’économie mondiale et que la radicalisation de l’exploitation sera un élément décisif de sa configuration dans le prochain cycle. À l’échelle de la planète, le niveau d’endettement est plus de deux fois supérieur à la production mondiale. Cette crise pourrait également servir à liquéfier ou à différer les dettes, ou remodeler le grand casino financier international.

    1.1 – La situation européenne

    En ce qui concerne le continent européen, on aperçoit de la part de l’Eurogroupe une tentative même partielle, d’alléger la rigueur budgétaire par un accroissement de la dette, en socialisant les coûts (en déplafonnant les dépenses de santé et celles plus directement liées à l’urgence COVID19) et par des interventions pour soutenir les économies nationales dans le but afin d’atténuer les effets de la crise économique déclenchée par la crise sanitaire. Cet intervention reste bien entendu, par le cadre capitaliste qu’elle se doit de protéger.

    Il faudra contrecarrer l’attaque prévisible contre les conditions de vie, les salaires et les revenus des classes populaires, ainsi que la mise en place de modèles politiques de contrôle, d’encadrement et de restriction des espaces et des modèles d’action des appareils d’État et des appareils de commandement capitalistes. Il sera également nécessaire de contrer les dérives autoritaires et le contrôle social qui progressent dangereusement à la suite de l’urgence sanitaire et qui réduisent la portée de l’action sociale et des revendications. 

    1.2 – La situation en Turquie

    Comme dans le monde entier, la Turquie est en train de vivre une crise majeure en raison de l’apparition du coronavirus, à cause de la gestion capitaliste et des mauvaises politiques de l’État. Dans cette période, où tous les domaines de la vie sociale sont touchés, la « lutte » contre l’épidémie menée par l’État consiste à prendre des mesures en faveur des franges les plus privilégiées de la population tandis qu’elle ignore celles et ceux qui sont le plus à risque et opprimé-e-s par cette épidémie.

    En raison de la fermeture des entreprises, du confinement et de l’arrêt des activités économiques, des centaines de milliers, voire des millions de personnes sont licenciées, ou condamnées à mourir de faim à cause des « congés sans soldes ».

    La plupart des travailleur-se-s des marchés et de la grande distribution qui continuent à travailler pendant le processus épidémique et les travailleur-se-s de la santé sur qui pèsent une charge considérable pendant cette période et qui font directement face à la maladie, ne disposent pas d’équipements de protection médicale suffisant.

    Une fois de plus, les pouvoirs politiques et économiques ne se soucient pas de savoir si les franges de la société qu’ils ont appauvries seront en mesure de répondre, ne serait-ce qu’à leurs besoins les plus fondamentaux. Les campagnes menées par l’État pour donner l’impression de se soucier des pauvres se font sur le dos de ces mêmes populations puisqu’elles sont financées par les impôts prélevés pendant des années auparavant. Bien entendu, les mesures de charité mise en place ne répondent pas aux besoins réels : elle vise simplement à maintenir les populations dans cette situation de dépendance, plutôt qu’à tenter d’éliminer les injustices économiques.

    Dans de telles conditions, face à un État tentaculaire et ignorant des réalités de la situation, l’auto-organisation des populations locales se met en route, sous le nom de « réseaux de solidarité », pour répondre aux besoins vitaux durant la crise du coronavirus et combattre la politique du gouvernement.

    1.3 – La situation en Amérique Latine

    L’Amérique latine vit une situation particulière. Les pays qui étaient déjà en situation de crise économique avant (comme l’Argentine), de révoltes sociales comme le Chili, ou d’autres où de nouveaux gouvernements de droite ont été récemment inaugurés, comme l’Uruguay, ont tous des caractéristiques communes. Exemples : l’augmentation de la précarité, les licenciements, la question de l’assurance chômage et la faim qui frappe une partie importante de la population.

    Le Pérou et l’Argentine sont soumis à une quarantaine totale et à une militarisation de la vie sociale, tout comme le Chili et le Paraguay où des couvre-feux sont mis en places. En Uruguay, l’isolement social est appliqué, bien qu’il n’y ait pas de quarantaine obligatoire et qu’il soit prévu de reprendre peu à peu l’activité économique.

    Au Brésil, la situation se complique chaque jour un peu plus. Nous nous trouvons dans un scénario dans lequel, d’une part, les conditions de vie deviennent de plus en plus précaires, avec un chômage en hausse, un coût de la vie qui augmente et des milliers de travailleur-ses informel-les et autonomes qui ne peuvent pas garantir leur subsistance quotidienne, et d’autre part, un gouvernement qui agit pour assouplir les mesures d’isolement social et mettre la vie de milliers de travailleur-se-s en danger. L’argument est que l’économie ne peut pas s’arrêter, comme dans plusieurs pays de la région. 

    La formule est simple. Sans une politique de revenu minimum qui garantisse réellement les moyens de subsistance des chômeur-se-s, des travailleur-se-s du secteur informel et des travailleur-se-s indépendant-e-s afin que chacun-e puisse rester dans l’isolement social, Bolsonaro garantit les conditions dans lesquelles les classes populaires doivent choisir entre risquer leur santé ou souffrir de la faim. Ainsi, il se soustrait de toute responsabilité et s’attaque aux gouverneurs qui défendent la quarantaine comme mesure pour empêcher un effondrement du Système de santé publique et crée le scénario parfait pour poursuivre son projet conservateur ultra-libéral. Dans la lutte pour le pouvoir entre ceux qui sont au sommet, Bolsonaro promeut le chaos et la crise comme une technique de gouvernement. Pour lui, la santé et la garantie des droits ne comptent pas, même un peu, tout comme un effondrement du système de santé publique ne compte pas. Il n’agit pas pour éviter une crise sanitaire, sociale ou économique, il la favorise pour mieux gouverner et imposer un projet ultra-libéral, patriarcal, conservateur et raciste.

     D’une manière générale, cette crise a fait place à des mesures populistes des différents gouvernements, mais presque tous appliquent une forte politique très à droite en matière de répression et de contrôle social. En général, les profits des entreprises ne sont pas touchés et de plus, des mesures sont proposées qui permettent à la bourgeoisie de « réactiver » l’économie dans la logique néolibérale. La dette extérieure des pays d’Amérique latine risque d’augmenter, et il faut ajouter à cela la baisse du prix international du pétrole qui frappe plusieurs pays de la région, dont le Venezuela, l’Équateur, la Colombie, le Mexique, le Brésil, etc. Certains de ces pays ont déjà vu leur secteur pétrolier sérieusement démantelé ou connaissent divers types de difficultés.

    Nous pourrions voir dans un avenir proche une baisse des prix de certaines matières premières, en particulier dans les zones du capitalisme dépendant, tandis que d’autres matières, comme les céréales pourraient augmenter fortement. Cela aura un impact négatif sur les économies latino-américaines et la crise retombera sur les classes populaires.

    D’autre part, les États-Unis, qui ont de graves problèmes internes avec cette crise, ne veulent pas perdre le contrôle de leur « arrière-cour » et cherchent à générer et à maintenir une certaine instabilité politique, économique et sociale dans la région afin de maintenir la cohésion et le contrôle social. Bien entendu, cela sert également plusieurs gouvernements locaux, pour la plupart alignés sur les États-Unis.

    1.4 – Les pays asiatiques comme exemples des tentatives de contrôles social de masse

    Il est aussi important d’observer ce qui se passe en Asie, principalement dans le cas de la Chine et de la Corée du Sud, où des mécanismes de contrôle social extrêmes, basés sur la technologie, sont appliqués. Ces sociétés sont devenues d’immenses panoptiques dans lesquelles la surveillance est efficace et constante et où on cherche à imposer la discipline sociale à grande échelle. Ce modèle de contrôle social semble être « exporté » dans le monde sous l’argument de vente « nous savons comment contenir la pandémie ». En réalité, c’est une recette pour contenir les populations. 

    1.5 – La situation des Femmes

    Cette crise sanitaire a également un impact profond sur les femmes, en particulier dans les milieux populaires. Les mesures de confinement ont augmenté la violence domestique et les féminicides. Dans le même temps, l’exploitation du travail des femmes a été exacerbée, à la fois dans la sphère domestique (travail domestique non rémunéré : tâches ménagères et travail de soin et d’attention aux proches) et dans la sphère salariée puisque les femmes constituent la majorité des travailleur-se-s dans les secteurs désormais reconnus comme essentiels durant la crise (santé, social, grande distribution, agroalimentaire…) .

    Le grand nombre de licenciements et la flexibilisation du travail ont rendu encore plus précaires les faibles revenus des femmes dans le monde du travail. Une large part des foyers monoparentaux avec une femme à leur tête sont pauvres, compte tenu des faibles possibilités pour générer des revenus par un travail rémunéré et les aides sociales peu élevées, ce qui est exacerbé par le travail domestique et la charge mentale qui l’accompagne. Il faut garder à l’esprit que si en Amérique latine, un grand nombre de femmes et d’enfants participent à des initiatives communautaires telles que les soupes/cantines populaires ou les réseaux d’approvisionnement populaires, c’est parce que cela reflète cette grave situation. La crise du capitalisme verra la nécessité de renforcer d’autres espaces de domination. 

    Les prochains mois seront cruciaux pour analyser les impacts causés par l’approfondissement des violences patriarcales dans tous les domaines.

    En conclusion, nous pouvons dire que l’offensive généralisée est déjà en cours. Si des éléments de socialisation des pertes se confirment (en visant à nous faire payer la crise), la crise ne pourra pas être régulée ou contenue et la sortie sera au contraire faite de mesures denses et brutales. Néanmoins, l’offensive se prépare et avec elle se configurent une possible réponse organisée de notre camp et nous pouvons envisager une recrudescence des luttes sociales. Beaucoup de chose dépendent de la manière dont le noyau des classes dominantes va analyser la situation et ce qu’elle comporte de risque pour le système capitaliste avec les possibilités de révoltes social qui s’annoncent. 

    2. Les gauches

    Dans ce cadre prospectif, il faut envisager la complexité du moment pour la gauche et les possibilités d’un certain retour, soit réformiste, soit d’intention révolutionnaire, ou du moins conséquemment radicale. Mais sans aucun doute, des possibilités peuvent être ouvertes pour le développement d’une pratique militante combative et émancipatrice au niveau social et une critique radicale du système.

    Sans caricaturer, les forces dominantes dans le spectre qu’on nomme encore de gauche sont social-libérales / « progressistes ». Cela ne signifie pas qu’elles sont simplement des forces directes de cadrage et d’intervention au service du capital. Elles ont une marge de manœuvre tactique (ou de courte durée) combinée à un rôle subordonné, avec une soumission stratégique aux mouvements des classes dominantes. 

    Ces forces savent que si elles s’attachent en permanence à maintenir une intégration au sein de l’appareil d’État, au sein des centres de pouvoir, y compris par la présence dans un gouvernement même s’il est subordonné à la droite, elles peuvent disparaître ou rester en marge du spectre politique. C’est le dilemme de la social-démocratie européenne et des progressistes latino-américains, par exemple. C’est pourquoi elles sont en constante accommodation entre leur subordination stratégique et une sensibilité courte mais obligatoire aux mouvements sociaux et à l’action des différentes forces qui dépassent le social-libéralisme et le progressisme, y compris celles qui représentent un projet de type plus réformiste, étant donné qu’elles entendent maintenir leur électorat.

    Un autre élément central des rapports de force en Europe est l’évolution générale de la gauche réformiste, qui était déjà en crise ou du moins en déséquilibre, avant l’apparition du coronavirus. Ces forces, qui vont de Jeremy Corbyn du parti travailliste au Royaume-Uni à Pablo Iglesias du parti Podemos en Espagne, sont marquées par leur fondement commun étatiste et de gouvernement, sur les plans culturel, politique et stratégique. Elles ont une conception politique qui considère les moyens d’actions concentrés dans l’appareil d’État et les possibilités d’action électorale publique comme les éléments centraux du contre-pouvoir face aux blocs dominants. Avant même la crise du Covid19, une tendance à leur neutralisation, leur absorption et leur désintégration par les noyaux du social-libéralisme était déjà évidente.

    Entre autres choses, ces gauches ont montré qu’elles n’étaient ni capables ni réellement intéressées à s’opposer aux différentes formations d’extrême droite et à leur acceptation sociale grandissante, même pas d’un point de vue culturel. Ce n’est pas une nouveauté et l’on sait que le fascisme a historiquement été un outil du capitalisme pour se perpétuer dans les moments de crise. Sans parler des propositions d’opposition au néolibéralisme, pour ne pas dire révolutionnaires, complètement oubliées du terrain de jeu, sauf en de rares occasions. Il nous appartient de reconstruire cet espace, tant sur le plan politique que social.

    3. Éléments de résistance

    Dans la situation actuelle, le camp de la résistance est complexe et a de très fortes contradictions internes et des racines sociales, culturelles et politiques différentes. Ce domaine intègre une résistance populaire diffuse, et qui est aussi confrontée à une importante désorganisation dans plusieurs secteurs. L’absence de collectif favorise la peur ou la résignation face aux pressions de la hiérarchie et au risque de perdre son emploi ou son revenu. Les garanties sanitaires, l’arrêt des activités non essentielles et bien d’autres avancées pour nous et nos collègues ont été gagnées grâce à notre organisation dans nos syndicats et associations de lutte. Cette résistance prend aussi parfois forme dans des organisations populaires nouvellement constituées, et dans des processus de revitalisation d’organisations de traditions antérieures. Le champ de la résistance intègre des courants et des forces venant d’horizons très différents de ce que l’on pourrait appeler une dynamique libertaire, fondée sur la prééminence de l’action politique de masse.

    Le champ de résistance qui jouxte la gauche réformiste – avec toutes les ambiguïtés que cela implique – comprend des courants et des organisations à matrice étatique dont l’orientation de lutte (parfois avec une base démocratique autogérée et auto-émancipatrice) est tactique, fragile et susceptible d’évoluer vers l’autoritarisme.

    Nous sommes une force de lutte dans l’archipel des résistances et nous sommes, en même temps, une force de proposition importante du pouvoir populaire, de l’autogestion et de la démocratie directe. C’est-à-dire du processus politique d’avancement permanent vers le communisme/socialisme libertaire. Dans cette situation, où nous convergeons avec d’autres forces en lutte, nous cherchons la construction et la dynamisation des processus de travail politique toujours depuis les bases sociales populaires, à partir de leurs pratiques, de leurs revendications et de leurs aspirations.

    C’est dans nos organisations populaires et par notre capacité à lutter que nous encourageons tout ce qui accumule de l’indépendance et de l’autonomie pour notre classe. C’est à partir de ces organisations que nous construisons une force émancipatrice et que nous promouvons un pouvoir populaire qui échappe aux appareils et aux stratégies de type gouvernemental et capitaliste.

    4. Axes de réponse

    -

     Promouvoir et renforcer les espaces de solidarité et d’entraide des classes populaires du niveau du quartier aux espaces internationaux, pour rompre avec la logique selon laquelle l’Etat nous protégera et pour générer l’organisation populaire.

    -

     Rétablir et renforcer les alliances stratégiques et les luttes avec d’autres organisations politiques et sociales. Notamment avec l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme alternatif et les mouvements pour le logement, pour les services publics (santé, éducation, services sociaux), antiraciste, féministe, les droits des migrant-e-s, écologiste etc.

    -

     Préparer, avec ces organisations, des plans de choc en faveur des classes populaires et des plans de lutte de masse pour la sortie du confinement. En attendant, encourager des actions qui vont des manifestations aux fenêtres jusqu’aux grèves de loyer ou autres. Défendre les espaces permettant l’action politique et l’auto-organisation contre les dérives autoritaires et liberticides menées à la suite de l’urgence sanitaire.

    -

     Demander des conditions maximales de protection au travail, notamment dans les secteurs de la santé, de l’alimentation, des transports et des services publics, etc, et dans le cas contraire saisir l’inspection du travail ou faire grève.

    -

     Contrecarrer les discours du pouvoir en critiquant ses décisions erronées ou celles qui sont contraires aux libertés, aux droits sociaux et à la vie, ainsi que les coupes dans les services publics (notamment en matière de santé) qui nous rendent plus vulnérables au virus et augmentent sa mortalité.

    -

     Affronter le discours de haine des forces d’extrême droite, qui cherchent à diviser les classes populaires par des mécanismes de manipulation de masse.

    -

     Remettre en cause le développement productiviste, la dévastation écologique, la maltraitance des animaux et l’agriculture intensive et industrielle. En bref, le système capitaliste.

    -

     Généraliser le droit de retrait en cas de danger sur le lieu de travail, le recours au droit de grève si nécessaire.

    -

     Socialisation de l’industrie pharmaceutique et du système de santé et de tous les services essentiels.

    -

     Que la production sous le contrôle des travailleurs et des travailleuses soit à nouveau un horizon politique.

    -

     Renforcer la coordination, le débat et le travail commun de l’anarchisme organisé au niveau politique, et par notre insertion sociale, renforcer le syndicalisme de classe et d’autres projets révolutionnaires au niveau international.

    Les classes populaires sont toujours en lutte !
    Face aux politiques d’austérités, construisons le pouvoir populaire !
    Pour le socialisme, la vie et la liberté !
    Arriba las y los que luchan !
    Vivent celles et ceux qui luttent !

    Organisations signataires :

    • Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)
    • Coordination anarchiste brésilienne (CAB, Brésil)
    • Fédération anarchiste uruguayenne (FAU, Uruguay)
    • Fédération anarchiste de Rosario (FAR, Argentine)
    • Organisation anarchiste de Cordoba (OAC, Argentine)
    • Fédération anarchiste de Santiago (FAS, Chili)
    • Groupe Libertario Via libre (Colombie)
    • Union communiste libertaire (France)
    • Embat (Organisation anarchiste de Catalogne)
    • Alternativa Libertaria/Fédération des communistes anarchistes (AL/FDCA, Italie)
    • Organisation socialiste libertaire (OSL, Suisse)
    • Action révolutionnaire anarchiste (DAF, Turquie)
    • Worker Solidarity Mouvement (WSM, Irlande)
    • Die Plattform (Allemagne)
    • Libertäre Aktion (LA, Suisse)
    • Aotearoa Workers Solidarity Movement (AWSM, Nouvelle-Zélande)
    • Melbourne Anarchist-Communist Group (MACG, Melbourne, Australie)


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    Le 1er Mai à 10 heures, meeting virtuel confiné/combatif de l’UCL

    01 Mai 2020

    Ce premier mai a eu lieu un meeting virtuel de l’Union communiste libertaire. On y parle du coronavirus évidemment, et des batailles politiques que cette crise annonce. On y donne la parole à plusieurs intervenantes et intervenants de différents front de lutte – syndical, féministe, d’entraide sociale.

    Pour la première fois depuis 1945, il n’y a pas, en France, de grandes manifestations pour ce jour historique d’affirmation et de revendication qu’est le 1er Mai.

    Il y a en revanche diverses formes de manifestations limitées, virtuelles ou physiques, aux fenêtres ou dans la rue, avec la volonté de s’exprimer, de revendiquer, de montrer que le mouvement social n’est pas entre parenthèses, de préparer un déconfinement qui ne soit pas synonyme de résignation.

    L’UCL y participe avec un meeting virtuel

    1er Mai : meeting virtuel confiné/combatif de l’UCL

    On y parle du coronavirus évidemment, et des batailles politiques que cette crise annonce. On y donne la parole à plusieurs intervenantes et intervenants de …


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    Locataires solidaires, nous suspendons notre loyer !

    01 Mai 2020

    De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu. Face à ça, une action collective est proposée par cet appel : suspendre son loyer. Un appel soutenu par l’Union communiste libertaire (UCL).

    De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu : dispositifs de chômage partiel qui ne compensent pas la diminution du salaire, absence totale de revenus pour beaucoup de travailleurs parmi les plus précaires ou du secteur informel…, risque de licenciements économiques accru, difficultés et retards d’accès au chômage technique ou à l’assurance maladie…

    Le confinement représente aussi une charge financière supplémentaire : hausse de la charge alimentaire (plus de cantines scolaires ou d’entreprise, de tickets restaurant,…) d’eau et d’électricité ; et va fragiliser de nombreux locataires du parc HLM et du marché privé.

    En Allemagne, un moratoire des loyers pour une période de 3 mois est instauré pour les locataires en difficulté, avec un délai de paiement s’étendant jusqu’à septembre 2022. À Lisbonne, ainsi qu’à Barcelone, les maires ont gelé le paiement des loyers dans leur parc HLM jusqu’en juin. Le paiement des prêts immobiliers est suspendu dans toute l’Espagne, les locataires Suisses peuvent suspendre sans sanction leur loyer pendant 3 mois, les gouvernements Canadiens et Anglais versent une aide aux locataires …

    En France, où les loyers n’ont jamais été aussi chers et sont parmi les plus élevés d’Europe, le Gouvernement n’agit pas, hormis le report de 2 mois de la fin de la trêve hivernale, des expulsions et des coupures d’énergie, et la suspension quelques semaines des procédures d’expulsion pour les impayés de l’état d’urgence. Il prend le risque inconsidéré de provoquer des procédures d’expulsion massives et d’ajouter à l’angoisse générée par l’épidémie celle des locataires en difficulté économique. Le Gouvernement ne répond pas aux associations qui l’alertent sur la nécessité d’un moratoire des loyers.

    C’est pourquoi, nous, signataires, décidons de suspendre le paiement de notre loyer durant l’épidémie, par solidarité avec les locataires en difficulté et pour la mise en place d’un moratoire pendant la pandémie et ses suites.


    Pour rejoindre et soutenir l’appel : https://www.loyersuspendu.org


    Pour les locataires du parc HLM et du secteur privé qui veulent rejoindre ce mouvement :

    • dans un premier temps, suspendre au plus vite le prélèvement bancaire automatique ;
    • dans un second temps, si le gouvernement reste sourd à la détresse des locataires en difficulté, d’ici la prochaine échéance, suspendre le loyer en s’assurant auparavant de ne pas se mettre plus en difficulté.

    Nous demandons que le gouvernement :

    • Prononce un moratoire des loyers pour les locataires en difficulté
    • Suspende toute sanction à l’encontre des locataires (actes d’huissier, rejet de prélèvement, suspension du bail en cas d’échéancier)
    • Prévoit un budget à la hauteur des besoins pour apurer la dette des locataires et accédant.e.s en difficulté
    • Organise très rapidement une baisse des loyers, l’augmentation des APL, l’arrêt des expulsions, la réalisation massive de vrais logements sociaux.
    • Nous demandons aux communes, départements et intercommunalités à la tête d’un organisme HLM, et à l’ensemble des bailleurs, de ne prendre aucune sanction à l’égard des locataires solidaires et de leurs locataires en difficulté du fait de la pandémie.


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    Déconfinement : entre le marteau de la maladie et l’enclume du chômage

    30 Avr 2020

    Devant l’Assemblée nationale, Édouard Philippe, ce 28 avril, a confirmé les principales annonces d’Emmanuel Macron mais en y apportant de nombreuses nuances, preuve que les multiples réactions sont parvenues jusqu’aux oreilles du gouvernement. Édouard Philippe a justifié le déconfinement, imprudemment annoncé dès le 13 avril, par le risque d’effondrement de l’économie. Si ce risque est réel, la solution n’est pas un déconfinement précipité mais une réorganisation de la société.

    Ce confinement est une souffrancepour beaucoup, d’autant plus qu’il est mal organisé (des règles arbitraires pas toujours reliées à des impératifs sanitaires, des violences policières dans les quartiers populaires…). Il faut aussi se rappeler que si nous devons rester confiné·es c’est parce que l’hôpital et la recherche publiques ont été détruits ces dernières décennies, parce que les dirigeants gèrent de manière calamiteuse cette crise.

    Les dangers d’un déconfinement brutal

    Pour autant, déconfiner brutalement la population ne serait pas une solution. Cela risquerait de faire repartir la pandémie pour une seconde vague meurtrière. Alors, s’il est évident que l’on a envie de sortir, de voir notre famille et nos ami·es, de reprendre nos activités habituelles, il nous faudra encore un temps rester prudent·es, volontairement, pour nos vies. Ce n’est pas d’un déconfinement brutal que nous avons besoin, mais au contraire de matériel de protection pour les travailleuses et les travailleurs des secteurs essentiels qui bossent pour enrayer la pandémie et faire tourner la société. Comment peut-on imaginer ouvrir des usines, comme c’est déjà le cas, avec masques pour tout le monde, quand les hôpitaux et les supermarchés manquent de ces protections de base ?

    Le 11 mai, une date patronale

    Car il est évident que le 11 mai est une date patronale et non sanitaire. La preuve, la réouverture de beaucoup d’activités le 11 mai, et un peu avant ou un peu après, est prévue pour aller bosser, pas pour nos loisirs ! D’ailleurs, le Conseil scientifique préconisait une ouverture des écoles en septembre prochain seulement. N’est-ce pas ironique, alors, de proposer une réouverture des écoles dès le 11 mai alors qu’être assis⋅es dans une salle de spectacle ou de cinéma pendant deux heures paraît trop dangereux ? L’explication éducative semble un peu courte et la vraie raison est ailleurs : pour le patronat, il faut que l’activité économique reprenne, ça suffit de perdre des profits ! Pour cela, une seule solution : déconfiner, au risque de causer des dizaines de milliers de morts supplémentaires. Mais que valent nos vies, fassent aux possibilités d’accumuler toujours plus de capital ?

    Ré-organiser la société

    Plutôt que de prendre des risques inconsidérés, alors qu’il y a déjà plus de 20 000 morts en France, il est évident qu’il faut maintenir une activité la plus faible possible, en ne gardant ouverts que les secteurs essentiels. C’est ce que disent les soignant⋅es, c’est ce que disent les chercheur⋅ses, c’est ce que disent les syndicats de lutte. La crise économique guette, certes. Mais la solution, ce n’est pas de renvoyer rapidement les salarié⋅es au travail pour maintenir les profits des patrons. La solution, c’est de réorganiser en profondeur la société, en mettant les entreprises sous le contrôle des travailleurs⋅ses et en redirigeant les activités économiques vers la satisfaction des besoins essentiels de la population.

    Entre le marteau et l’enclume

    Mais les capitalistes au pouvoir nous chantent une chanson bien différente. Ils nous expliquent qu’une menace plus grande que le coronavirus et ses centaines de milliers de morts plane au-dessus de nous. Cette menace, c’est celle de la crise économique ! Les patrons de petites boîtes expliquent à leurs salarié⋅es que la boîte va couler et qu’ils et elles vont perdre leur boulot si l’activité ne reprend pas. Et les économistes libéraux, les éditorialistes et les politiciens se succèdent sur les plateaux télé pour expliquer qu’un ralentissement plus long de l’économie serait fatal.

    Les travailleurs et les travailleuses se retrouvent donc entre le marteau et l’enclume : c’est soit la crise sanitaire, soit la crise économique. Soit la santé, soit le chômage. Ces faux choix sont insupportables, d’autant que ces deux crises sont déjà là ! Mais contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, il y a une alternative : c’est d’en finir avec le système capitaliste et de réorganiser l’économie pour satisfaire les besoins essentiels tout en préservant la santé de toutes et tous, sans chercher à maintenir les profits de quelques un⋅es.

    Union communiste libertaire, le 28 avril 2020


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    1er mai : pas de confinement pour nos revendications !

    30 Avr 2020

    Quelques jours avant le Premier mai, journée internationale des travailleuses et travailleurs, des organisations politiques appellent à ne pas confiner nos revendications et faire entendre notre voix. L’Union communiste libertaire (UCL) est signataire de cet appel.

    Appel unitaire

    En prenant la parole le lundi 13 avril, Emmanuel Macron a fixé un horizon : celui de la reprise de l’activité économique, directement liée à la réouverture des écoles et établissements scolaires. Alors que nous ne sommes qu’aux prémices d’une crise sanitaire, écologique, économique et sociale d’ampleur inégalée, l’objectif est clair : il s’agit de relancer la machine sans changer le mode d’emploi, moyennant quelques « gestes barrières » et des masques distribués au compte-gouttes.

    Face à cela, nous affirmons très clairement notre soutien aux travailleurs et des travailleuses qui refusent que leur santé soit sacrifiée sur l’autel de la croissance, que leurs droits soient amputés pour garantir les profits et que les plus précaires soient laissé·es pour compte. Nous disons également que la reprise du travail ne saurait se faire au détriment des normes et des procédures environnementales. Il en va de la santé de l’ensemble de la population. Pas de protection sanitaire, pas de travail et d’école !

    Sans transiger avec les enjeux sanitaires de protection de la population, nous refusons également que les libertés puissent être remises en cause. Nous appelons notamment à faire immédiatement cesser l’enfermement des personnes étrangères dans les centres de rétention administrative, ainsi que les violences policières, en particulier dans les quartiers populaires.

    Le temps est venu d’un monde plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, dans laquelle l’être humain vivra en harmonie avec la nature. À ce titre, le projet de réforme des retraites, symbole d’injustice sociale, doit être définitivement abandonné.

    À l’occasion de la journée du Premier mai, nous appelons toutes celles et ceux qui ne veulent pas redémarrer pour tout recommencer comme avant à faire entendre leur voix, que ce soit à la même heure aux fenêtres, sur les réseaux sociaux, en soutenant les initiatives syndicales unitaires ou dans des rassemblements locaux garantissant la sécurité sanitaire pour toutes et tous. Disons-le ensemble : plus jamais ça !

    Organisations signataires : Diem 25 (Mouvement pour la démocratie en Europe 2025), ENSEMBLE !, Gauche démocratique et sociale (GDS), Génération·s, La France insoumise, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Pour une Écologie populaire et sociale (PEPS), Union communiste libertaire (UCL)


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    La colère des quartiers populaires est légitime

    28 Avr 2020

    Dans cet appel unitaire publié sur le Bondy Blog, Mediapart et Regards, 40 associations et collectifs, organisations syndicales et politiques, prennent position contre les injustices sociales, les discriminations racistes et les violences policières qui frappent les quartiers populaires. L’Union communiste libertaire (UCL) en est signataire.

    Dans la nuit du 19 au 20 avril, plusieurs quartiers populaires ont connu des nuits de révolte.

    La veille au soir, un homme a failli perdre sa jambe à Villeneuve-la-Garenne après une violente tentative d’interpellation policière et c’est bien cela qui a mis le feu aux poudres.

    Les populations qui vivent dans les quartiers populaires sont en première ligne face à la crise sanitaire : elles sont parmi celles qui travaillent dans les « secteurs essentiels », celles qui permettent à notre société de ne pas s’effondrer aujourd’hui.

    Pourtant, les inégalités sociales, déjà criantes, sont renforcées par la gestion du coronavirus et vont exploser avec la crise économique et sociale à venir. Ce dont témoigne déjà, entre autres, la surmortalité particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis depuis le début de l’épidémie.

    Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu discriminatoire imposé aux habitant·es de ces quartiers par la ville de Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les ignorer.

    Alors nous le disons très clairement : nous refusons de renvoyer dos-à-dos les révoltes des populations dans les quartiers populaires et les violences graves et inacceptables exercées par la police.

    Nous n’inversons pas les responsabilités et nous le disons tout aussi clairement : ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas.

    Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la justice et la dignité.

    Le 23 avril 2020

    Premières organisations signataires :

    ACORT, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie

    ATTAC, Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne

    ATMF, Association des travailleurs maghrébins de France

    Brigades de solidarité populaire Île-de-France

    CCIF, Collectif contre l’islamophobie en France

    Cedetim, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale

    CGT, Confédération générale du Travail

    CGT de la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration

    Collectif de la Cabucelle, Marseille

    Collectif du 5 novembre – Noailles en colère, Marseille

    Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie

    Comité Adama

    CNT-SO, Confédération nationale du Travail-Solidarité ouvrière

    CRLDHT, Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie

    Ensemble !

    FASTI, Fédération des Associations de solidarité avec toutes et tous les immigré·es

    Fédération SUD éducation

    Fédération SUD PTT

    Fédération SUD-Rail

    Féministes révolutionnaires

    Femmes égalité

    Femmes plurielles

    FO Sauvegarde de l’enfance 93

    FTCR, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives

    FUIQP, Front uni des immigrations et des quartiers populaires

    JJR, Juives et juifs révolutionnaires

    Marche des solidarités

    Mémoires en marche, Marseille

    Mouvement La révolution est en marche

    Mwasi, Collectif Afroféministe

    NPA, Nouveau parti anticapitaliste

    Le Paria

    PCOF, Parti communiste des ouvriers de France

    PEPS, Pour une écologie populaire et sociale

    SNPES-PJJ FSU, Syndicat national des personnels de l’éducation et du social PJJ de la FSU

    SQPM, Syndicat des quartiers populaires de Marseille

    UCL, Union communiste libertaire

    Union locale villeneuvoise, Villeneuve-Saint-Georges

    UJFP, Union juive française pour la paix

    Union syndicale Solidaires

    UTAC, Union des Tunisiens pour l’action citoyenne


    Cet appel é été publié initialement le vendredi 24 avril sur le Bondy Blog, Mediapart et Regards.


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    Covid-19: les quartiers populaires en première ligne!

    14 Avr 2020

    À l’heure du Covid-19, dans les quartiers populaires, «les inégalités sociales et raciales contribuent à tuer les habitants à petit feu». Conditions de confinement et accès aux soins difficiles, travailleurs en première ligne, criminalisation dans la rue et dans les médias… Face à la gestion «catastrophique voire criminelle» de la crise, un large collectif de citoyens exige que soient prises des mesures d’urgence pour protéger ces populations, «bouc émissaire facile d’un pouvoir aux abois».

    L’Union Communiste Libertaire est cosignatrice d’une tribune à ce propos qui se trouve sur le blog des invités de Médiapart. Que nous vous partageons, vous la trouverez ici:

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/140420/covid-19-les-quartiers-populaires-en-premiere-ligne


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    Macron prépare un déconfinement taillé pour le patronat

    14 Avr 2020

    Le 13 avril, Macron a annoncé le début progressif du déconfinement pour le 11 mai. Mais la manière dont il l’a fait révèle les contradictions typiques d’un État capitaliste qui constate qu’il est dépassé par la situation. Des contradictions qui auront de lourdes conséquences.

    D’un côté, Macron veut satisfaire le patronat et les économistes partisans de la « relance de la croissance » dans les plus brefs délais. D’autre part, il doit écouter les exhortations du corps médical à prolonger le confinement tant que le pays n’aura pas les moyens de pratiquer un dépistage massif.

    Le résultat est donc un compromis entre notre santé et les profits des entreprises : une réouverture des écoles pour permettre aux parents d’aller travailler… mais pas des cafés et des cinémas par exemple. Et des tests de dépistage pour les personnes présentant des symptômes… alors que le virus est fondamentalement propagé par les « porteurs sains » que sont les enfants et les personnes asymptomatiques !

    Résultat : l’épidémie repartira à la hausse. Le système hospitalier sera de nouveau débordé. Nous connaîtrons des périodes de reconfinement.

    Pas de stock de masques, pas de kits de dépistage, pas de capacités productives pour répondre aux besoins, une recherche scientifique qui doit rattraper des années de retard pour la validation d’un vaccin… Tout cela est la conséquence d’une économie capitaliste obsédée par le court terme, le flux tendu, le low cost, la course au profit.

    En plus de la crise sanitaire, le monde va devoir faire face à une crise économique gigantesque. Pour contrer cela, la solution promue par Macron n’est évidemment pas de tout remettre à plat pour changer la manière dont l’économie fonctionne, mais de tout faire pour relancer la machine et maintenir à un niveau acceptable les profits des actionnaires.

    Les remerciements hypocrites

    Le discours a démarré à 20h02, pour, d’après l’Elysée, permettre aux Françaises et aux Français d’applaudir les soignant·es. Et c’est ainsi que démarre le discours du Président, avec un « hommage » aux travailleuses et aux travailleurs en « première ligne », « deuxième ligne » et « troisième ligne ». Mais ces remerciements sont bien hypocrites. Les soignant·es, la « première ligne », dénonçaient massivement depuis un an l’effondrement de l’hôpital public, dans l’un des plus gros conflits sociaux qui a touché le secteur hospitalier. Les caissiers et les caissières, les éboueurs et les éboueuses, les travailleuses et les travailleurs sociaux, la « deuxième ligne », protestent depuis un mois contre leurs conditions de travail déplorables. Et les salarié·es confiné·es, la « troisième ligne » sont furieux de la gestion de la crise par le gouvernement.

    Des responsabilités non assumées

    Surtout, Macron a fait mine de reconnaître des manquements dans cette gestion de crise, sans en assumer la responsabilité. Les pénuries de masques, de tests et de gel hydro-alcoolique ne seraient que des hasards malheureux qu’il a fallu régler ! Alors que cela correspond à la politique de destruction de l’hôpital public, des réductions de dépenses publiques sur le dos de notre santé !

    Et l’irresponsabilité du pouvoir continue avec les perspectives de déconfinement. Le gouvernement nous avait déjà expliqué que le port systématique de masque était inutile, puisqu’il n’y avait pas suffisamment de masques. Maintenant, le port de masques devient utile, puisque des commandes vont arriver… mais ce sont les tests systématiques qui sont devenus inutiles. Seuls les tests des personnes présentant des symptômes seraient bienvenus. Ceci contrevient aux explications des scientifiques, qui disent bien que l’on peut porter le virus sans avoir de symptômes, et qu’il faut donc tester tout le monde pour pouvoir ne confiner que les personnes contagieuses.

    Les actionnaires ne paieront pas

    Le but de ces mensonges, c’est de faire peser le déconfinement sur des comportements individuels, plutôt que de remettre en cause la loi du profit. Il serait possible de mettre réellement la production au service des besoins si on décidait de changer les règles du jeu, si on décidait d’offrir à tout le monde des conditions de vie décentes plutôt que de garantir à quelques un·es des profits scandaleux. Pour commencer, on pourrait récupérer les dividendes versés aux actionnaires. Cet argent, c’est les profits qu’ils engrangent grâce à notre travail, alors qu’il soit utile pour une fois ! Qu’il permette de payer des tests systématiques et des masques pour tout le monde. Qu’il permette de maintenir les salaires de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs des secteurs non-essentiels.

    Aujourd’hui déjà, beaucoup de ces salarié·es sont au boulot, prenant des risques pour leur vie et celles de leurs proches, prenant le risque de propager le virus. Et celles et ceux qui sont au chômage partiel ont du mal à boucler les fins de mois.

    En 2019, les actionnaires du CAC 40 ont reçu 60 milliards d’euros [1]. Mais plutôt que de récupérer cet argent pour endiguer la crise sanitaire et économique, Macron prolonge le système de chômage partiel : il revient donc à l’État, donc à nos impôts, d’indemniser les salarié·es. Macron promet également des aides pour les familles et les étudiant·es pauvres. Soit ! Mais cet argent provient de nos caisses à nous, plutôt que des poches pleines du patronat.

    Pire encore. Pour permettre une reprise plus large de l’activité au 11 mai, Macron annonce la réouverture des écoles. Placer des enfants, particulièrement vecteurs et asymptomatiques, par centaines dans des établissements, c’est irresponsable ! Cela risque de faire repartir l’épidémie rapidement. Mais cela permettra surtout de libérer les parents pour retourner au boulot.

    Macron joue à l’équilibriste

    Ce que cherche Macron ici, c’est un point d ’équilibre : pouvoir maintenir au plus haut niveau possible les profits des entreprises et les dividendes versés aux actionnaires, tout en endiguant suffisamment l’épidémie pour que le taux de mortalité reste « acceptable » pour la population. Car le gouvernement prépare l’après. Et le Medef a prévenu, selon son président, il faudra « se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique » [2]. Et ça tombe bien ! La loi d’urgence sanitaire permet justement un large assouplissement du droit du travail, et ce jusqu’au 31 décembre 2020 !

    Bref, ce n’est pas une économie de reconstruction du pays, comme après une guerre, que nous prépare Macron, le président des patrons, mais bien une économie de reconstruction des profits.

    Nos luttes seules pourront faire pencher la balance, pour que l’on ne paye pas cette crise qu’ils gèrent si mal, pour que l’on décide enfin pour nous-mêmes.

    Union communiste libertaire le 14 avril 2020

    [1] « CAC 40 : versements record aux actionnaires en 2019 », Les Echos, 9 janvier 2020

    [2] « Coronavirus : Pour le Medef, la question des congés payés se posera à l’issue de la crise », Challenges, 11 avril 2020


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    Arrêtons tout, sauf ce qui est vital

    08 Avr 2020

    En obligeant des millions de salarié-es à se rendre au travail pour des activités qui n’ont aucun sens ni aucune utilité face à la maladie, l’État et les patrons se conduisent en criminels. Ce qui est essentiel et ce qui est vital, c’est aux travailleuses et aux travailleurs d’en décider.

    En obligeant des millions de salarié-es à se rendre au travail pour des activités qui n’ont aucun sens ni aucune utilité face à la maladie, l’État et les patrons se conduisent en criminels.

    Ils cherchent à faire croire que les « mauvais comportements » individuels sont responsables de l’épidémie.

    Oser dire que les malades d’aujourd’hui étaient celles et ceux qui n’avaient pas « respecté » le confinement comme l’a fait le préfet Lallement… alors que la ministre du travail ne mène pour seule guerre que celle au service de la bourgeoisie en forçant les chantiers du BTP à reprendre, alors que les transports des grandes agglomérations urbaines deviennent des autoroutes pour le virus avec le flot de fréquentation qu’entraîne la reprise du travail dans de nombreux secteurs.

    Ces propos nous ont donné envie de vomir, la morgue et le mépris du préfet Lallement ont été une insulte pour toutes celles et ceux qui ont perdu la vie, pour toutes celles et ceux qui luttent contre la maladie, patient·es comme soignant·es. Mais ils ne sont que l’odieuse caricature d’un système politique et économique meurtrier.

    La réalité c’est que la soif mortifère de profits des capitalistes reste une priorité à satisfaire pour ce gouvernement.

    Notre priorité, à nous comme à l’ensemble de celles et ceux qui font tourner cette société par leur travail, comme aux travailleuses et aux travailleurs de la santé qui cherchent par tous les moyens à faire face, notre priorité c’est celle de se protéger toutes et tous de la maladie.

    Arrêtons immédiatement toutes les activités, sauf celles qui sont vitales

    On parle beaucoup de l’Italie et de l’Espagne qui ont déjà limité la production des biens et services à ce que leurs gouvernements jugent essentiels. Mais si cela a été fait dans ces pays c’est en partie parce que les travailleuses et les travailleurs se sont révolté·es, par la grève et les débrayages, ont protesté, ont résisté.

    Et ce n’est pas encore ça ! L’ensemble du secteur de la logistique reste considéré comme « essentiel » par le gouvernement italien par exemple. Un secteur dans lequel on retrouve par exemple nombre d’entrepôts qui voient transiter des colis de chaussures, de vêtements, de jouets… L’ensemble du secteur des centres d’appels est également concerné. Tout est essentiel ? Vraiment ?

    Nous disons que c’est aux travailleuses et aux travailleurs d’en décider directement ! Et d’utiliser toute leur force et toute leur intelligence collective pour cela : droit de retrait coordonné, débrayage, grève… mais aussi, et pourquoi pas, « contrôle » de la production des biens et des services ou initiatives de réorganisation de l’outil de travail, en autogestion et au service de la lutte contre la maladie.

    C’est bien la socialisation qui est à l’ordre du jour.

    Voilà nos urgences ! Ils ont beau interdire le droit de grève au Portugal, licencier les syndicalistes d’Amazon comme Chris Smalls à New York, nous savons que notre classe continuera de résister et de se défendre. Parce que nous ne sommes pas seul·es.

    Parce qu’en France, ces résistances existent aujourd’hui même : des débrayages à Amazon il y en a eu, appuyés par des syndicalistes SUD ou CGT. Des appels des syndicats de coursiers à vélo à la grève il y en a eu. Des refus de travail jusqu’à obtenir des protections supérieures à défaut de celles nécessaires, il y en a eu.

    Alors, oui, nous demandons à la population de ne pas commander des produits qui ne sont ni nécessaires ni vitaux, mais nous n’oublions pas que si la demande est possible c’est parce que l’offre est maintenue. La première des responsabilités, c’est celle des capitalistes.

    Par nous-mêmes, pour nous-mêmes, nous devons les arrêter.

    Union communiste libertaire, le 8 avril 2020


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    Drame des sans-papiers face au Covid-19 : urgence à Montreuil

    07 Avr 2020

    Choqué·es par la situation intenable et les conditions indignes dans lesquelles vivent les 273 travailleurs sans papiers, installés depuis 5 mois dans un hangar au 138 rue de Stalingrad, des citoyennes et citoyens montreuillois suivent et soutiennent les anciens résidents du foyer Bara.

    En septembre 2018, la mairie de Montreuil a fait fermer le foyer Bara historique, insalubre depuis de longues années par suite du manque d’entretien réalisé par l’organisme gestionnaire Coallia. Elle reloge les résidents de façon précaire dans l’ancien centre AFPA, promettant un relogement pérenne, à terme, pour tous. En octobre 2019, les résidents, qui payaient tous leurs loyers, sont délogés de l’AFPA. Ceux qui sont en règle avec leurs papiers ont pu être hébergés dans des bâtiments provisoires. Alors que les habitants qui n’ont pas de papiers en règles sont évacués par la police le 29 octobre, sur ordre de la Préfecture. Deux jours avant la trêve hivernale, ces personnes sont laissées à la rue plusieurs jours avant d’être fermement invitées à rejoindre le hangar de la rue Stalingrad.

    Ce bâtiment, constitué d’anciens bureaux, est dépourvu de toutes commodités, sans réelles fenêtres, vide, équipé de deux toilettes, il est inadapté à un usage d’habitation. La Mairie y entasse des lits superposés et fait quelques installations provisoires : quatre toilettes supplémentaires dans la cour et six cabines de douches avec eau froide. Laissant ainsi l’ensemble les 273 résidents dans des conditions de vie intolérables pendant plus de cinq mois.


    Manifestation des ouvriers sans papiers le 29 février à Montreuil, pour la régularisation et le logement cc UCL Montreuil


    Aujourd’hui, la situation de confinement liée au Covid-19 rend le quotidien des ex-Baras encore plus inacceptable et dangereux. Ces hommes survivent dans un squat insalubre, ils sont entassés les uns sur les autres, sans intimité – faute de place suffisante et d’installations adéquates. Ils sont dans l’impossibilité de cuisiner car le compteur électrique saute dès que les bouilloires chauffent.

    Ces hommes se retrouvent piégés par des conditions insupportables et sont fragilisés par ces déménagements successifs, ajoutant de la précarité à la précarité. Alors que leurs objectifs sont de travailler, d’apprendre à maîtriser la langue, afin d’acquérir un titre de séjour, seul moyen d’être enfin totalement autonomes et protégés par la loi.

    Nous, voisins, militants associatifs et politiques, et citoyens de Montreuil, nous tentons dans cette situation d’urgence, et d’abandon intolérable, de consolider et d’organiser une chaîne de solidarité autour de ces hommes. Avec pour objectifs de leur apporter à la fois un soutien, des propositions, et des biens de première nécessité (produits alimentaires, produits d’hygiène, couverture), afin que leur humanité et leur dignité soient respectées.

    Mais notre mouvement se heurte, hier comme aujourd’hui, à des obstacles ou à des freins qui tiennent à l’organisation du pouvoir politique : nous sommes dépendant.e.s des décisions de la Mairie, de la Région, de la Préfecture, pour débloquer les fonds nécessaires à une aide de qualité et les soutenir pour un relogement digne.

    A ce jour, la Région Île-de-France, malgré l’annonce d’un plan d’urgence sanitaire lancé dans le contexte épidémique, n’a toujours pas débloqué les fonds annoncés. D’autres partenaires apportent des aides provisoires, tel qu’Emmaüs Alternatives qui assurera un repas chaud pour l’ensemble des résidents pendant une semaine avec l’obtention d’un premier fond accordé par une Fondation privée. Ou l’armée du salut, qui apporte quotidiennement des repas froids qui leur permettent de se sustenter le soir.

    La mairie, qui a mis trois semaines à intervenir, s’est désormais engagée à intervenir à partir de ce vendredi 3 avril :

    • à distribuer jusqu’à la mi-avril un repas chaud le midi pour 243 personnes présentes sur le hangar (Emmaüs alternatives prendra ensuite le relais de cette distribution pendant une semaine)
    • à nourrir les 30 personnes transférées dans un hôtel à Bondy
    • à redistribuer les produits d’hygiènes qu’elle ne distribuait plus depuis 3 mois et qui sont aujourd’hui stockés dans un établissement de la ville.

    Il est maintenant impératif que les ONG qui assurent les soins médicaux reçoivent les fonds demandés pour assurer les soins et la protection nécessaires à nos voisins du hangar de la rue de Stalingrad.

    Il est tout aussi impératif qu’à partir du 22 avril, soit la Région, soit la mairie, poursuive la distribution alimentaire de première nécessité et celle des produits d’hygiène (produits de base + masques, produits hydroalcooliques, gants, etc), jusqu’à la fin du confinement.

    Au-delà des solutions d’urgence en cours d’organisation, plusieurs questions capitales restent en suspens sur les conditions de logement :

    • Dans l’immédiat, face aux risques de l’épidémie, la question se pose d’héberger collectivement dans l’urgence l’ensemble des résidents dans un lieu plus vaste, plus sécuritaire, avec moins de risque pour la propagation de l’épidémie que le hangar rue de Stalingrad. De ce point de vue, l’AFPA doit rester une option envisageable.
    • A moyen terme, comment la Mairie et la Préfecture comptent-elles reloger ensemble le collectif des personnes confinées au hangar dans les conditions de sécurité définies par l’État ? Il n’est pas négociable que les résidents soient séparés, ni installés ailleurs qu’à Montreuil.
    • Dans ce cadre, quel est le calendrier prévu par la Mairie pour honorer les engagements au relogement qu’elle a portés au moment de la fermeture du foyer Bara ?

    La mairie a officiellement fait état d’une étude menée par la Fondation des Architectes de l’Urgence sur la réhabilitation du hangar de la rue de Stalingrad et prête à être présentée à l’EPFIF – l’Établissement Public d’Île de France. Quand la réunion aura-t-elle lieu et avec quels interlocuteurs ? Cela ne peut être évidemment qu’une situation transitoire qui ne répond pas non plus à l’urgence de l’épidémie du fait de l’entassement.

    La crise du coronavirus n’a fait qu’exacerber la violence de la situation des travailleurs sans papiers de l’ex foyer Bara. Aujourd’hui nous voulons des engagements fermes de l’ensemble des acteurs concernés et responsables et un calendrier d’actions réelles.

    Nous nous battrons sans relâche auprès de nos amis et voisins de la rue de Stalingrad pour protéger leurs droits humains fondamentaux. Au-delà de cette situation de crise, nous nous battrons pour qu’ils obtiennent des papiers, pour qu’ils puissent travailler, vivre, et respirer dignement dans notre ville. Il est indispensable que la préfecture procède à la régularisation de leur situation, une régularisation mettra ces travailleurs aujourd’hui sans papiers à l’abri d’une expulsion au sortir des mesures de confinement individuel.

    Pour notre part, nous entendons tenir ces engagements dans la durée. Et nous pensons qu’il appartient à l’ensemble des citoyen-ne-s de veiller à ce que la municipalité qui vient d’être réélue respecte les siens, et tienne parole.

    Le 5 avril 2020,

    • Les travailleurs sans papiers du 138 rue de Stalingrad ;
    • Le Collectif unitaire de soutien aux résidents de l’ancien foyer Bara, ainsi que des Montreuillois et Montreuilloises et au-delà engagé.e.s aux côtés des travailleurs sans papiers, avec le soutien de : Collectif des travailleurs sans-papier de Vitry (CTSPV), Collectif Montreuil Rebelles, CNT STE 93, Lutte ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste, Union communiste libertaire

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