L’édition du savoir est une arme du 23 avril, que nous avons donné sur le Discord du Barricade a été enregistrée et l’audio est désormais en ligne, sur le site de nos camarades du Poing.
Vous le trouverez ici bonne écoute !
the-events-calendar
domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init
action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114mpc
domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init
action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114widgetize-pages-light
domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init
action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114$l10n
doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script()
. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114$l10n
doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script()
. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114$l10n
doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script()
. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /home/alternat/glmontpellier/wp-includes/functions.php on line 6114
L’édition du savoir est une arme du 23 avril, que nous avons donné sur le Discord du Barricade a été enregistrée et l’audio est désormais en ligne, sur le site de nos camarades du Poing.
Vous le trouverez ici bonne écoute !
Nous partageons ici l’analyse du 1er Mai de nos camarades de FOB Autonoma, qui profite de cette date pour rappeler encore une fois le rôle de femmes et de tou-te-s les opprimé-e-s en première ligne dans cette crise. Nous leur réitérons tout notre soutien, vive celles qui luttent !
Le 1er mai est une date qui commémore les luttes anticapitalistes, anti-patriarcales, antiracistes et anticoloniales. Nos ancêtres ont lutté comme nous pour vivre dans un monde plus juste afin que ceux d’en bas cessent de vivre dans la misère et la violence structurelle.
Nous sommes en état d’urgence en raison de la pandémie de Covid-19 et de l’épidémie de dengue. Nous vivons un isolement physique sans accès à la nourriture, à la santé et dans des situations de surpeuplement. Cette situation s’aggrave dans les villages et les quartiers, où l’accès aux ressources de base est de plus en plus limité, dans une situation de vulnérabilité.
Dans ce contexte, le besoin de nourriture dans les quartiers est fondamental. Dans de nombreux cas, le nombre de personnes qui se rendent dans les cantines populaires à la recherche d’un repas a au moins doublé. Ces espaces sont soutenus par des femmes, qui travaillent dans une situation très précaire et ne peuvent pas accéder aux éléments minimums d’hygiènes nécessaires à ces tâches, tels que des masques, des gants, de l’alcool et du désinfectant. Celles et ceux qui exercent des emplois essentiels sont également précarisé-e-s, exposé-e-s dans des conditions insalubres et la plupart d’entre elles sont des « emplois féminisés », car ils sont liés à des rôles de soins qui sont généralement considérés comme féminin. Nous, les membres des coopératives, sommes les soutiens de nos familles. Nous dépendons d’autres emplois et échanges pour nous soutenir. Le gouvernement a pris une mesure « palliative » pour surmonter la situation de misère mais l’IFE* n’y est pas encore arrivé. Parmi les communautés de migrant-e-s, très peu ont pu accéder à la subvention d’urgence. En outre, le gouvernement a augmenté le budget des forces de répression et, ces derniers jours, a renforcé la présence de l’armée dans tout le pays, dans ce cas l’argent est suffisant pour répondre à leurs besoins. Depuis le début de la quarantaine, nous avons souffert d’abus de pouvoir de la part de la police et des différents groupes militaires.
Et, comme si ce contexte ne suffisait pas, les femmes, les lesbiennes, les travestis et les transsexuels, vivent pour beaucoup cette quarantaine isolé-e-s avec leurs agresseurs. Depuis le début de la quarantaine jusqu’au 26 avril, il y a eu 32 féminicides et les appels aux 144** ont augmenté de 40%, atteignant 87 féminicides et trans-féminicides depuis le début de l’année. Une fois de plus, nous constatons l’absence de politiques efficaces pour faire face à ce problème et l’État patriarcal qui ignore la situation de milliers de victimes de la violence machiste.
Ce sont nous, les femmes, les lesbiennes, les travestis, les transsexuels, qui mettent à nouveau nos corps en avant pour construire des réseaux afin d’apporter de la nourriture dans chaque foyer. Nous continuons à faire du travail de soins et nous sommes celleux qui sont le plus exposé-e-s chaque jour. C’est pourquoi, le jour des travailleuses et des travailleurs, nous dénonçons l’imposition du travail reproductif, la double exploitation et la violence que nous subissons dans nos emplois et dans nos foyers.
Nos vies en valent la peine ! Vive les travailleuses qui font vivre le monde depuis leur travail, leur quartier et leur maison ! Pour une quarantaine sans précarisation, avec un revenu pour tou-te-s celles et ceux d’en bas sans faim !
Les 17 organisations anarchistes/communistes libertaires ayant conjointement produit l’analyse de conjoncture d’avril et la campagne de soutien au Rojava, ont décidé d’écrire un document d’analyse pour le 1er Mai. Si en ce jour historique, nous ne pourrons pas être dans les rues comme nous le souhaiterions, la lutte ne s’arrête pas pour autant.
Le 1er mai devrait être un symbole de solidarité internationale, de solidarité qui ne se limite pas aux cadres de l’État national qui correspond toujours aux intérêts des minorités privilégiées du pays. Parmi les millions de travailleurs et travailleuses qui portent le joug de l’esclavage, il y a une unité d’intérêt, indépendamment de leur langue et du statut sous lequel ils et elles sont né.es. Mais entre les exploiteurs et les exploité.es d’un même pays, il y a une guerre ininterrompue qui ne peut être résolue par aucun principe d’autorité et qui est enracinée dans les intérêts contradictoires des différentes classes. Tout nationalisme est un déguisement idéologique des faits réels : il peut à un moment donné entraîner les grandes masses populaires vers ses représentants menteurs, mais il n’a jamais pu abolir la réalité brutale des choses dans ce monde. (Rudolf Rocker, 1936)
La pandémie du Covid-19 éclate à un moment d’affaiblissement certain de la dernière période de la mondialisation, avec de forts dysfonctionnements des mécanismes de la finance, de gestion et de communication du système capitaliste, une remise en cause générale des critères de gestion gouvernementale, et une crise d’hégémonie impérialiste avec des tensions croissantes entre les grands blocs géostratégiques.
A l’approche de la crise sanitaire, dans certaines régions du monde, de grands mouvements populaires s’affirmaient contre le système et remettaient en cause la gestion politique par les blocs de la classe dominante dans chaque formation sociale ainsi que leurs stratégies opérationnelles. La crise sanitaire a frappé de plein fouet le système de domination. Étant un facteur externe au fonctionnement du système mondial cela révèle les faiblesses et les déficiences structurelles, stratégiques et fonctionnelles prévisibles du capitalisme mondialisé et accélère la dégradation de la gouvernance d’État.
C’est pourquoi, dans différents pays, on a vu comment les gouvernements, à l’instar de celui de la Grande-Bretagne et des États-Unis, sont revenus sur leur plan initial : permettre l’expansion de la contagion et des décès en masse, afin d’obtenir une immunité de groupe dans la population. Cette stratégie, ainsi que la dégradation des systèmes de santé publique et les durs coups portés aux secteurs les plus défavorisés, auraient pu devenir un véritable massacre social. En y renonçant, on peut considérer que les bourgeoisies britannique et américaine, ont marqué un recul politique face à ce qui aurait pu provoquer un certain degré de troubles sociaux.
Ainsi, la crise sanitaire agit comme un facteur qui expose et renforce les faiblesses, les déséquilibres et les facteurs d’effondrement du système et constitue en même temps une innovation systémique possible, un nouveau facteur central de dysfonctionnement et de blocage. En bref, la pandémie approfondit un cycle de crises économiques et sociales qui étaient déjà sur le point d’éclater, ce qui influe sur les stratégie des blocs dominants dans leur gestion de la crise sanitaire et de sa sortie.
La capacité des différents blocs géostratégiques à faire face à la situation et à surmonter ce moment – qui peut conduire à la paralysie de l’économie mondiale – semble être différente. En effet, l’accélération de la confrontation entre la Chine et les États-Unis et la configuration des rapports de force au sein du nouveau cycle peuvent mener à une attaque sans précédent, sur toute la planète, contre les conditions de vie des classes populaires, contre leurs droits sociaux et politiques, contre tous les éléments d’émancipation qui ont été conquis et renforcés, ou du moins préservés et maintenus, au cours de la dernière période historique.
Les interventions visant à débloquer et à relancer l’économie mondiale impliquent une énorme mobilisation de ressources financières qui générera des dettes, des politiques d’austérité, de nouvelles offensives contre le service public et une tentative stratégique d’accroître l’exploitation, le contrôle et la domination contre les classes populaires.
Il convient de noter que le marché mondial est clairement touché par cette crise économique (tant sur le plan matériel qu’idéologique) et nous ne devrions pas être surpris par la régionalisation économique des différents États et puissances. Malgré cela, nous devons considérer que la mondialisation continuera à être un facteur important de l’économie mondiale et que la radicalisation de l’exploitation sera un élément décisif de sa configuration dans le prochain cycle. À l’échelle de la planète, le niveau d’endettement est plus de deux fois supérieur à la production mondiale. Cette crise pourrait également servir à liquéfier ou à différer les dettes, ou remodeler le grand casino financier international.
1.1 – La situation européenne
En ce qui concerne le continent européen, on aperçoit de la part de l’Eurogroupe une tentative même partielle, d’alléger la rigueur budgétaire par un accroissement de la dette, en socialisant les coûts (en déplafonnant les dépenses de santé et celles plus directement liées à l’urgence COVID19) et par des interventions pour soutenir les économies nationales dans le but afin d’atténuer les effets de la crise économique déclenchée par la crise sanitaire. Cet intervention reste bien entendu, par le cadre capitaliste qu’elle se doit de protéger.
Il faudra contrecarrer l’attaque prévisible contre les conditions de vie, les salaires et les revenus des classes populaires, ainsi que la mise en place de modèles politiques de contrôle, d’encadrement et de restriction des espaces et des modèles d’action des appareils d’État et des appareils de commandement capitalistes. Il sera également nécessaire de contrer les dérives autoritaires et le contrôle social qui progressent dangereusement à la suite de l’urgence sanitaire et qui réduisent la portée de l’action sociale et des revendications.
1.2 – La situation en Turquie
Comme dans le monde entier, la Turquie est en train de vivre une crise majeure en raison de l’apparition du coronavirus, à cause de la gestion capitaliste et des mauvaises politiques de l’État. Dans cette période, où tous les domaines de la vie sociale sont touchés, la « lutte » contre l’épidémie menée par l’État consiste à prendre des mesures en faveur des franges les plus privilégiées de la population tandis qu’elle ignore celles et ceux qui sont le plus à risque et opprimé-e-s par cette épidémie.
En raison de la fermeture des entreprises, du confinement et de l’arrêt des activités économiques, des centaines de milliers, voire des millions de personnes sont licenciées, ou condamnées à mourir de faim à cause des « congés sans soldes ».
La plupart des travailleur-se-s des marchés et de la grande distribution qui continuent à travailler pendant le processus épidémique et les travailleur-se-s de la santé sur qui pèsent une charge considérable pendant cette période et qui font directement face à la maladie, ne disposent pas d’équipements de protection médicale suffisant.
Une fois de plus, les pouvoirs politiques et économiques ne se soucient pas de savoir si les franges de la société qu’ils ont appauvries seront en mesure de répondre, ne serait-ce qu’à leurs besoins les plus fondamentaux. Les campagnes menées par l’État pour donner l’impression de se soucier des pauvres se font sur le dos de ces mêmes populations puisqu’elles sont financées par les impôts prélevés pendant des années auparavant. Bien entendu, les mesures de charité mise en place ne répondent pas aux besoins réels : elle vise simplement à maintenir les populations dans cette situation de dépendance, plutôt qu’à tenter d’éliminer les injustices économiques.
Dans de telles conditions, face à un État tentaculaire et ignorant des réalités de la situation, l’auto-organisation des populations locales se met en route, sous le nom de « réseaux de solidarité », pour répondre aux besoins vitaux durant la crise du coronavirus et combattre la politique du gouvernement.
1.3 – La situation en Amérique Latine
L’Amérique latine vit une situation particulière. Les pays qui étaient déjà en situation de crise économique avant (comme l’Argentine), de révoltes sociales comme le Chili, ou d’autres où de nouveaux gouvernements de droite ont été récemment inaugurés, comme l’Uruguay, ont tous des caractéristiques communes. Exemples : l’augmentation de la précarité, les licenciements, la question de l’assurance chômage et la faim qui frappe une partie importante de la population.
Le Pérou et l’Argentine sont soumis à une quarantaine totale et à une militarisation de la vie sociale, tout comme le Chili et le Paraguay où des couvre-feux sont mis en places. En Uruguay, l’isolement social est appliqué, bien qu’il n’y ait pas de quarantaine obligatoire et qu’il soit prévu de reprendre peu à peu l’activité économique.
Au Brésil, la situation se complique chaque jour un peu plus. Nous nous trouvons dans un scénario dans lequel, d’une part, les conditions de vie deviennent de plus en plus précaires, avec un chômage en hausse, un coût de la vie qui augmente et des milliers de travailleur-ses informel-les et autonomes qui ne peuvent pas garantir leur subsistance quotidienne, et d’autre part, un gouvernement qui agit pour assouplir les mesures d’isolement social et mettre la vie de milliers de travailleur-se-s en danger. L’argument est que l’économie ne peut pas s’arrêter, comme dans plusieurs pays de la région.
La formule est simple. Sans une politique de revenu minimum qui garantisse réellement les moyens de subsistance des chômeur-se-s, des travailleur-se-s du secteur informel et des travailleur-se-s indépendant-e-s afin que chacun-e puisse rester dans l’isolement social, Bolsonaro garantit les conditions dans lesquelles les classes populaires doivent choisir entre risquer leur santé ou souffrir de la faim. Ainsi, il se soustrait de toute responsabilité et s’attaque aux gouverneurs qui défendent la quarantaine comme mesure pour empêcher un effondrement du Système de santé publique et crée le scénario parfait pour poursuivre son projet conservateur ultra-libéral. Dans la lutte pour le pouvoir entre ceux qui sont au sommet, Bolsonaro promeut le chaos et la crise comme une technique de gouvernement. Pour lui, la santé et la garantie des droits ne comptent pas, même un peu, tout comme un effondrement du système de santé publique ne compte pas. Il n’agit pas pour éviter une crise sanitaire, sociale ou économique, il la favorise pour mieux gouverner et imposer un projet ultra-libéral, patriarcal, conservateur et raciste.
D’une manière générale, cette crise a fait place à des mesures populistes des différents gouvernements, mais presque tous appliquent une forte politique très à droite en matière de répression et de contrôle social. En général, les profits des entreprises ne sont pas touchés et de plus, des mesures sont proposées qui permettent à la bourgeoisie de « réactiver » l’économie dans la logique néolibérale. La dette extérieure des pays d’Amérique latine risque d’augmenter, et il faut ajouter à cela la baisse du prix international du pétrole qui frappe plusieurs pays de la région, dont le Venezuela, l’Équateur, la Colombie, le Mexique, le Brésil, etc. Certains de ces pays ont déjà vu leur secteur pétrolier sérieusement démantelé ou connaissent divers types de difficultés.
Nous pourrions voir dans un avenir proche une baisse des prix de certaines matières premières, en particulier dans les zones du capitalisme dépendant, tandis que d’autres matières, comme les céréales pourraient augmenter fortement. Cela aura un impact négatif sur les économies latino-américaines et la crise retombera sur les classes populaires.
D’autre part, les États-Unis, qui ont de graves problèmes internes avec cette crise, ne veulent pas perdre le contrôle de leur « arrière-cour » et cherchent à générer et à maintenir une certaine instabilité politique, économique et sociale dans la région afin de maintenir la cohésion et le contrôle social. Bien entendu, cela sert également plusieurs gouvernements locaux, pour la plupart alignés sur les États-Unis.
1.4 – Les pays asiatiques comme exemples des tentatives de contrôles social de masse
Il est aussi important d’observer ce qui se passe en Asie, principalement dans le cas de la Chine et de la Corée du Sud, où des mécanismes de contrôle social extrêmes, basés sur la technologie, sont appliqués. Ces sociétés sont devenues d’immenses panoptiques dans lesquelles la surveillance est efficace et constante et où on cherche à imposer la discipline sociale à grande échelle. Ce modèle de contrôle social semble être « exporté » dans le monde sous l’argument de vente « nous savons comment contenir la pandémie ». En réalité, c’est une recette pour contenir les populations.
1.5 – La situation des Femmes
Cette crise sanitaire a également un impact profond sur les femmes, en particulier dans les milieux populaires. Les mesures de confinement ont augmenté la violence domestique et les féminicides. Dans le même temps, l’exploitation du travail des femmes a été exacerbée, à la fois dans la sphère domestique (travail domestique non rémunéré : tâches ménagères et travail de soin et d’attention aux proches) et dans la sphère salariée puisque les femmes constituent la majorité des travailleur-se-s dans les secteurs désormais reconnus comme essentiels durant la crise (santé, social, grande distribution, agroalimentaire…) .
Le grand nombre de licenciements et la flexibilisation du travail ont rendu encore plus précaires les faibles revenus des femmes dans le monde du travail. Une large part des foyers monoparentaux avec une femme à leur tête sont pauvres, compte tenu des faibles possibilités pour générer des revenus par un travail rémunéré et les aides sociales peu élevées, ce qui est exacerbé par le travail domestique et la charge mentale qui l’accompagne. Il faut garder à l’esprit que si en Amérique latine, un grand nombre de femmes et d’enfants participent à des initiatives communautaires telles que les soupes/cantines populaires ou les réseaux d’approvisionnement populaires, c’est parce que cela reflète cette grave situation. La crise du capitalisme verra la nécessité de renforcer d’autres espaces de domination.
Les prochains mois seront cruciaux pour analyser les impacts causés par l’approfondissement des violences patriarcales dans tous les domaines.
En conclusion, nous pouvons dire que l’offensive généralisée est déjà en cours. Si des éléments de socialisation des pertes se confirment (en visant à nous faire payer la crise), la crise ne pourra pas être régulée ou contenue et la sortie sera au contraire faite de mesures denses et brutales. Néanmoins, l’offensive se prépare et avec elle se configurent une possible réponse organisée de notre camp et nous pouvons envisager une recrudescence des luttes sociales. Beaucoup de chose dépendent de la manière dont le noyau des classes dominantes va analyser la situation et ce qu’elle comporte de risque pour le système capitaliste avec les possibilités de révoltes social qui s’annoncent.
Dans ce cadre prospectif, il faut envisager la complexité du moment pour la gauche et les possibilités d’un certain retour, soit réformiste, soit d’intention révolutionnaire, ou du moins conséquemment radicale. Mais sans aucun doute, des possibilités peuvent être ouvertes pour le développement d’une pratique militante combative et émancipatrice au niveau social et une critique radicale du système.
Sans caricaturer, les forces dominantes dans le spectre qu’on nomme encore de gauche sont social-libérales / « progressistes ». Cela ne signifie pas qu’elles sont simplement des forces directes de cadrage et d’intervention au service du capital. Elles ont une marge de manœuvre tactique (ou de courte durée) combinée à un rôle subordonné, avec une soumission stratégique aux mouvements des classes dominantes.
Ces forces savent que si elles s’attachent en permanence à maintenir une intégration au sein de l’appareil d’État, au sein des centres de pouvoir, y compris par la présence dans un gouvernement même s’il est subordonné à la droite, elles peuvent disparaître ou rester en marge du spectre politique. C’est le dilemme de la social-démocratie européenne et des progressistes latino-américains, par exemple. C’est pourquoi elles sont en constante accommodation entre leur subordination stratégique et une sensibilité courte mais obligatoire aux mouvements sociaux et à l’action des différentes forces qui dépassent le social-libéralisme et le progressisme, y compris celles qui représentent un projet de type plus réformiste, étant donné qu’elles entendent maintenir leur électorat.
Un autre élément central des rapports de force en Europe est l’évolution générale de la gauche réformiste, qui était déjà en crise ou du moins en déséquilibre, avant l’apparition du coronavirus. Ces forces, qui vont de Jeremy Corbyn du parti travailliste au Royaume-Uni à Pablo Iglesias du parti Podemos en Espagne, sont marquées par leur fondement commun étatiste et de gouvernement, sur les plans culturel, politique et stratégique. Elles ont une conception politique qui considère les moyens d’actions concentrés dans l’appareil d’État et les possibilités d’action électorale publique comme les éléments centraux du contre-pouvoir face aux blocs dominants. Avant même la crise du Covid19, une tendance à leur neutralisation, leur absorption et leur désintégration par les noyaux du social-libéralisme était déjà évidente.
Entre autres choses, ces gauches ont montré qu’elles n’étaient ni capables ni réellement intéressées à s’opposer aux différentes formations d’extrême droite et à leur acceptation sociale grandissante, même pas d’un point de vue culturel. Ce n’est pas une nouveauté et l’on sait que le fascisme a historiquement été un outil du capitalisme pour se perpétuer dans les moments de crise. Sans parler des propositions d’opposition au néolibéralisme, pour ne pas dire révolutionnaires, complètement oubliées du terrain de jeu, sauf en de rares occasions. Il nous appartient de reconstruire cet espace, tant sur le plan politique que social.
Dans la situation actuelle, le camp de la résistance est complexe et a de très fortes contradictions internes et des racines sociales, culturelles et politiques différentes. Ce domaine intègre une résistance populaire diffuse, et qui est aussi confrontée à une importante désorganisation dans plusieurs secteurs. L’absence de collectif favorise la peur ou la résignation face aux pressions de la hiérarchie et au risque de perdre son emploi ou son revenu. Les garanties sanitaires, l’arrêt des activités non essentielles et bien d’autres avancées pour nous et nos collègues ont été gagnées grâce à notre organisation dans nos syndicats et associations de lutte. Cette résistance prend aussi parfois forme dans des organisations populaires nouvellement constituées, et dans des processus de revitalisation d’organisations de traditions antérieures. Le champ de la résistance intègre des courants et des forces venant d’horizons très différents de ce que l’on pourrait appeler une dynamique libertaire, fondée sur la prééminence de l’action politique de masse.
Le champ de résistance qui jouxte la gauche réformiste – avec toutes les ambiguïtés que cela implique – comprend des courants et des organisations à matrice étatique dont l’orientation de lutte (parfois avec une base démocratique autogérée et auto-émancipatrice) est tactique, fragile et susceptible d’évoluer vers l’autoritarisme.
Nous sommes une force de lutte dans l’archipel des résistances et nous sommes, en même temps, une force de proposition importante du pouvoir populaire, de l’autogestion et de la démocratie directe. C’est-à-dire du processus politique d’avancement permanent vers le communisme/socialisme libertaire. Dans cette situation, où nous convergeons avec d’autres forces en lutte, nous cherchons la construction et la dynamisation des processus de travail politique toujours depuis les bases sociales populaires, à partir de leurs pratiques, de leurs revendications et de leurs aspirations.
C’est dans nos organisations populaires et par notre capacité à lutter que nous encourageons tout ce qui accumule de l’indépendance et de l’autonomie pour notre classe. C’est à partir de ces organisations que nous construisons une force émancipatrice et que nous promouvons un pouvoir populaire qui échappe aux appareils et aux stratégies de type gouvernemental et capitaliste.
Promouvoir et renforcer les espaces de solidarité et d’entraide des classes populaires du niveau du quartier aux espaces internationaux, pour rompre avec la logique selon laquelle l’Etat nous protégera et pour générer l’organisation populaire.
Rétablir et renforcer les alliances stratégiques et les luttes avec d’autres organisations politiques et sociales. Notamment avec l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme alternatif et les mouvements pour le logement, pour les services publics (santé, éducation, services sociaux), antiraciste, féministe, les droits des migrant-e-s, écologiste etc.
Préparer, avec ces organisations, des plans de choc en faveur des classes populaires et des plans de lutte de masse pour la sortie du confinement. En attendant, encourager des actions qui vont des manifestations aux fenêtres jusqu’aux grèves de loyer ou autres. Défendre les espaces permettant l’action politique et l’auto-organisation contre les dérives autoritaires et liberticides menées à la suite de l’urgence sanitaire.
Demander des conditions maximales de protection au travail, notamment dans les secteurs de la santé, de l’alimentation, des transports et des services publics, etc, et dans le cas contraire saisir l’inspection du travail ou faire grève.
Contrecarrer les discours du pouvoir en critiquant ses décisions erronées ou celles qui sont contraires aux libertés, aux droits sociaux et à la vie, ainsi que les coupes dans les services publics (notamment en matière de santé) qui nous rendent plus vulnérables au virus et augmentent sa mortalité.
Affronter le discours de haine des forces d’extrême droite, qui cherchent à diviser les classes populaires par des mécanismes de manipulation de masse.
Remettre en cause le développement productiviste, la dévastation écologique, la maltraitance des animaux et l’agriculture intensive et industrielle. En bref, le système capitaliste.
Généraliser le droit de retrait en cas de danger sur le lieu de travail, le recours au droit de grève si nécessaire.
Socialisation de l’industrie pharmaceutique et du système de santé et de tous les services essentiels.
Que la production sous le contrôle des travailleurs et des travailleuses soit à nouveau un horizon politique.
Renforcer la coordination, le débat et le travail commun de l’anarchisme organisé au niveau politique, et par notre insertion sociale, renforcer le syndicalisme de classe et d’autres projets révolutionnaires au niveau international.
Les classes populaires sont toujours en lutte !
Face aux politiques d’austérités, construisons le pouvoir populaire !
Pour le socialisme, la vie et la liberté !
Arriba las y los que luchan !
Vivent celles et ceux qui luttent !
Organisations signataires :
L’enregistrement audio du Savoir est une arme du 18 avril 2020 est disponible sur le site du Poing, que nous remercions pour cela. C’est ici:
https://lepoing.net/du-maintien-de-lordre-a-la-contre-insurrection-audio/
La Sempreviva Organização Feminista a mis en ligne une vidéo sur l’économie féministe, nous vous la partageons volontiers:
Depuis des semaines, la Colombie comme le reste du monde subit les effets de la pandémie de Covid-19. Depuis l’arrivée de l’épidémie dans la région, les détenu-e-s manifestent pour demander des libérations massives. Le 21 mars, dans plusieurs prisons, les détenu-e-s se sont levé-e-s et la réponse de l’administration a été la répression dans le sang. Fin mars, les premières morts de l’épidémie étaient des détenu-e-s. Nous signons et diffusons ce communiqué d’Acción Libertaria Estudiantil, organisation communiste libertaire étudiante : la solidarité traverse tous les murs et toutes les frontières !
Dans le monde entier les prisons brûlent et les cris des prisonnier-e-s se lèvent contre le système de domination carcéral. Dans les prisons du monde entier, la suspension des visites et la négligence des administrations pénitentiaires face à la situation sanitaire ont mené les détenues à protester collectivement contre les potentiels foyers de contagion massive.
En Colombie, à la tombée de la nuit du samedi 21 mars, des hommes et des femmes de tout le pays ont fait résonner les prisons avec leurs cris de dignité, liberté et justice. Au milieu de la panique globale due au covid-19, elles et ils ont voulu interpeller cette même société qui les a condamné-e-s en grande majorité pour appartenir aux classes populaires. Elles et ils ont crié contre un système carcéral créé pour nier tous leurs droits.
Face aux revendications justes des détenu-e-s, l’État a répondu comme il sait le mieux faire : par des balles et du sang. Ce massacre d’État se solde par 23 mort.e.s dans la prison Modelo de Bogotá et 2 de plus dans la prison de Cómbita dans le département de Boyacá. À ceux-ci s’ajoutent plus de 80 blessé-e-s selon les données officielles. Le message de l’État aux mains de l’INPEC [administration pénitentiaire] est clair : la mort sera le prix de la lutte collective dans les prisons. Comme si de rien n’était, la ministre de la justice a laissé entendre que l’opération ayant causée ce massacre, c ‘était déroulée sous contrôle et fût couronnée de succès, proclamant quel a permis d’empêcher des « évasion criminelles ».
En réalité, tuer des prisonnier-e-s de manière indistincte ne fut certainement pas le résultat d’une panique des gardien-ne-s. Ce fut une stratégie de répression, visant à écraser la révolte, divisant les prisonnier-e-s entre celles et ceux qui participèrent au mouvement de protestation et les autres, générant rancœur et incompréhension, imposant ainsi un état de terreur. Au-delà des assassinats terroristes, par la torture et l’humiliation l’INPEC impose son pouvoir sur les corps des détenu-e-s. Cette situation pousse à l’extrême le rôle de la prison en tant qu’institution de domination des pauvres, des déviant-e-s et des racisé-e-s. Dans La Modelo, le 21 mars, les prisonnier-e-s n’étaient plus des personnes, mais des corps jetables, à la merci de la violence sadique de l’INPEC et de la police.
Ce meurtre perpétré par l’État colombien pourrait constituer l’un des pires massacres contre la population carcérale du pays de ces derniers temps, avec ceux commis par les paramilitaires entre 1999 et 2001 dans La Modelo [1]. Pourtant, face à de tels événements, la presse grand public a consacré ses articles à la première mort colombienne du virus et a renforcé la rhétorique autoritaire de l’État, incapable de reconnaître l’ampleur sans précédent du massacre perpétré par l’INPEC. En fait, au moment de l’écriture de ce communiqué, les prisons avaient tué plus que le Covid-19 en Colombie. Si la société en temps normal méprise la vie des prisonniers, l’absence de réaction politique réduit les victimes à des vies sans importance. Dans la logique du capitalisme, seules les vies qui produisent dans le système marchand sont importantes, et c’est en ce sens que les actes de barbarie du système pénitentiaire sont justifiés. Nous savons que la plupart des criminels se trouvent dans les rues et dans de grands bureaux où ils détiennent le pouvoir d’entreprises privées et du pouvoir public étatique.
Les actions de protestations des prisonnier-e-s ont abouti à la déclaration de l’état d’urgence pénitentiaire dans le pays, mesure grâce à laquelle entre 4 000 et 15 000 détenu-e-s pourraient être libéré-e-s des prisons : une avancée significative dans la réduction de la surpopulation carcérale qui garantit des conditions saines à ceux qui les habitent. Cela n’est pas dû au gouvernement, qui insiste pour ignorer la réalité critique des prisons colombiennes. C’est une victoire du mouvement carcéral, des hommes et des femmes qui ont choisi de revendiquer leur dignité derrière les barreaux.
Pour cette raison, nous voulons transmettre un message aux victimes du système carcéral qui se battent pour leur vie et leur dignité. Nous soutenons les mobilisations collectives et la défense légitime contre les homicides massifs de l’INPEC. Dans nos luttes, nous n’oublierons jamais celles et ceux qui ont été tué-e-s par l’administration pénitentiaire. Nous porterons toujours dans nos cœurs la douleur de cette répression qui nous laisse sans voix.
Aux parents des victimes de ce massacre d’État, nous exprimons notre solidarité et notre affection. Nous accompagnons vos demandes de justice et de vérité. Avec le poids de la mort dans nos cœurs, nous faisons aussi nôtre leurs pertes. En hommage à Yeison, assassiné par l’État le 21 mars 2020 à la prison de La Modelo. Toujours dans nos cœurs et nos luttes.
Acción Libertaria Estudiantil (Colombie)
[1] https://www.semana.com/nacion/articulo/carcel-la-modelo-como-descuarti zaron-y-desaparecieron-100-personas/461246
Face au scénario actuel (et, il convient de le dire, un scénario qui apporte des conditions de vie et d’existence jusqu’alors inimaginables pour la plupart d’entre nous), nous ne pouvons pas ne pas débattre de la manière dont les femmes qui constituent les secteurs les plus vulnérables de la société ont ressenti beaucoup plus violemment les restrictions imposées par ce contexte de pandémie.
Les inégalités sociales, les oppressions qui ont fondé l’État brésilien et les violations constamment déclenchées contre le peuple ont historiquement eu un impact particulier sur les femmes. Après tout, ce sont elles qui constituent de manière significative la base de la pyramide d’exploitation de la force de travail ; ce sont elles qui détiennent les salaires les plus bas ; ce sont elles qui représentent dans leur grande majorité le corps des travailleuses domestiques ; ce sont elles qui occupe la place de chefs de famille où le géniteur non seulement ne se rend pas présent mais abandonne aussi financièrement et émotionnellement sa femme et ses fils et filles ; Ce sont elles qui sont en majorité en première ligne lors des premiers contacts qui se produisent en arrivant dans les services de santé ; ce sont aussi celles qui risquent le plus de mourir dans l’isolement de leur foyer, car elles partagent dans la résidence l’espace avec un partenaire agresseur, conséquence cruelle des structures machistes dans lesquelles nous sommes créés.
Outre ces réalités, nous avons encore la misère, le chômage, le désespoir et tant de conditions de vie défavorables aux recommandations pour se protéger de la contamination par COVID-19. Il existe de nombreuses poches de pauvreté au Brésil. Le manque d’eau est une réalité dans de nombreux foyers. L’isolement (si recommandé par les autorités sanitaires) est quelque chose d’impossible pour beaucoup de ces travailleuses, en particulier celles qui travaillent comme domestiques. Ce n’est pas pour rien que nous avons récemment appris le décès d’une femme de ménage, qui avait continuée à travailler chez ses employeurs qui étaient en quarantaine. Il convient de mentionner : pouvez-vous deviner la couleur et la classe de cette bonne qui a été victime des privilèges de ces employeurs ? La crise de la pandémie a de la couleur, du genre et de la classe ! Nous devons exiger que nos droits soient respectés et nous devons continuer à nous battre pour une vie digne !
C’est dans ce sens que nous, femmes de la Coordination Anarchiste Brésilienne, publions ce texte de réflexion qui se propose de présenter notre conception du féminisme. Notre combat est pour une société libre de toute forme d’oppression et d’exploitation. Nous n’acceptons donc en aucune façon de fermer les yeux ou de ralentir, même dans le contexte d’une pandémie, nos analyses, qui pointent vers la lutte contre le racisme, contre le machisme et le patriarcat, contre l’État et son projet génocidaire et contre le Capital dans sa logique de mort au peuple et de protection des patrons. Que nos débats ne s’arrêtent pas, tout comme notre lutte et notre résistance se poursuivent jour après jour ! Pour le pouvoir populaire ! Les femmes sont des résistantes dans la lutte pour une vie digne !
Coordenação anarquista brasileira
Extrait d’une traduction : Retrouvez ici l’intégralité de l’article
Bien que l’épidémie touche aussi bien les populations israéliennes que palestiniennes, elle est loin d’être vécue dans les même conditions. La pression est toujours aussi forte que ce soit sur les détenu·es, les Arabes israéliens, les habitantes et habitants de Cisjordanie ou ceux de Gaza.
Comme les autres, le peuple palestinien souffre de la pandémie de Covid-19, mais avec des spécificités. Début avril, on comptabilisait environ 8 000 cas de Covid-19 en Israël, 200 en Cisjordanie et 12 à Gaza.
Les « Palestiniens de 1948 » (Arabes israéliens) traités comme des citoyens de seconde zone, sont, dans cette crise aussi, des malades de seconde zone. « Leur santé sera prise en compte après celle des personnes vivant dans les quartiers juifs, principalement parce que les bons hôpitaux y sont situés,signale le Réseau syndical international de solidarité et de lutte (RSISL) dans une note de synthèse. La récente loi sur l’État-nation impose que tous les textes officiels, y compris les instructions d’urgence pendant la pandémie (dont les fameux gestes barrières), soient écrits en hébreu uniquement » [1]. Pendant ce temps, la destruction de maisons et de champs dans les régions bédouines du désert du Néguev se poursuit, malgré les règles de confinement.
Les prisonnières et prisonniers palestiniens sont enfermés dans des cellules surpeuplées où le risque de contamination est très élevé et où les conditions de vie sont horribles. « Les premiers prisonniers infectés dans les prisons d’Ashkelon, de Ramleh et de Moscobiya, l’ont été par des médecins ou des gardiens de prison israéliens. Le manque de produits d’hygiène, de masques ou de gants pose également la question d’un plan délibéré de propagation de la maladie en prison qui, combiné à d’autres problèmes de santé et à un traitement médical notoirement mauvais, entraînera un pourcentage élevé de décès. » [2]
En Cisjordanie, de nombreuses et nombreux Palestiniens venant chaque jour franchir les les check-points pour travailler en Israël, principalement pour des emplois très mal payés, ont été autorisé mi-mars par le gouvernement israélien, en accord avec l’Autorité de Ramallah, à rester à l’intérieur sur le territoire israélien pendant la durée du confinement ; 25 000 travailleurs sont concernés, ils n’ont jamais reçu d’équipements de protection. En outre, « chaque fois que l’un·e de ces travailleurs·ses est soupçonné·e d’être infecté·e par le coronavirus (même une simple fièvre), il ou elle est ramené·e au check-point dans un véhicule militaire » [3] sans aucun traitement médical. La vidéo d’un vieillard jeté au sol du côté palestinien, sans autre considération, a beaucoup choqué. Par ailleurs les descentes dans les maisons palestiniennes continuent, on a constaté des confiscations de paquets de nourriture destinés aux familles en quarantaine [4]. A proximité des colonies juives, les colons ont mis à profit les restrictions de mouvement des Palestiniens pour « déraciner des centaines d’oliviers palestiniens, voler des animaux, détruire des maisons et des granges, attaquer des personnes, et annexer encore plus de terres palestiniennes… [5]
Mais c’est à Gaza, sur cette bande de terre de 365 km² où sont enfermées 2 millions de personnes que l’inquiétude est la plus grande. L’Organisation mondiale de la santé a averti qu’un grand nombre de patients Covid-19 provoquerait un « effondrement » du système de santé de Gaza. La moitié des médicaments essentiels ne sont tout simplement pas disponibles, et l’autre moitié a moins d’un mois de stock selon les Nations unies. Israël refuse de laisser des fournitures médicales atteindre Gaza [6], qui est déjà privée de tous les moyens de soigner la population : manque de matériel et fournitures médicales de base, peu de masques et de kits de test, à quoi il faut ajouter divers problèmes de pénurie (carburant…).
La qualité de l’eau à Gaza est particulièrement problématique, la nappe phréatique pompée par Israël depuis des années étant désormais dégradée par l’eau de mer. L’eau du robinet est impropre à la consommation humaine et l’électricité n’est disponible que par intermittence. En plus du blocus, la destruction planifiée des infrastructures palestiniennes par l’armée israélienne lors de ses nombreuses guerres sur Gaza, comme par exemple le bombardement de 17 hôpitaux pendant la guerre de 2014 [7] assombrissent encore le tableau pour les Gazaouis… Le 28 mars, des missiles israéliens ont détruit plusieurs bâtiments dans Gaza, « en représailles à un obus artisanal » qui, selon Tsahal, s’était abattu sur le territoire israélien sans faire ni dégâts ni victimes.
Les Palestiniennes et Palestiniens ne peuvent compter que sur eux-mêmes, à travers les acteurs de la société civile et au sein des comités populaire.
De son côté, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) mène des campagnes de désinfection et de sensibilisation auprès des habitantes et habitants [8].
cc FPLP
cc FPLP
cc FPLP
Dans un communiqué du 17 mars, le FPLP a appelé l’Office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a assumer ses responsabilités pour endiguer le virus dans les multiples camps de réfugiés. Ces dernières années, cet organisme a vu ses budgets baisser,et cela s’est aggravé quand les États-Unis ont stoppé leur dotation de 360 millions de dollars en 2018… [9]
Le FPLP a indiqué qu’il avait noué des contacts dans la bande de Gaza, au sein de la société civile à Gaza et avec le ministère de la Santé et le Comité de suivi des forces, afin de former une cellule de crise nationale. Il s’agit de fournir tout ce qui concerne l’aspect éducatif, technique et logistique pour endiguer le virus et faciliter les conditions de quarantaine pour les citoyens [10].
Les Palestiniennes et Palestiniens doivent aussi pouvoir compter sur la solidarité internationale. Malgré le confinement, il est possible d’agir. Un appel de la Coordination européenne pour la Palestine (ECCP) à été lancé le 6 avril, pour une « aide d’urgence à Gaza » et exigeant la « levée immédiate du siège » [11].
Le 30 mars, une marche virtuelle pour la traditionnelle Journée de la terre et pour la Marche du retour à été organisée. La Journée de la terre commémore chaque année les 6 morts, en 1976, durant la grève générale lancée par les Palestiniens de 48 contre la confiscation de 20 500 hectares de leurs terres en Galilée.
En France, la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS) soutient Gaza sur les réseaux sociaux, avec des photos et des pancartes. Saluons et réjouissons-nous par ailleurs d’une récente victoire de BDS : Microsoft a décidé de se désinvestir à hauteur de 70 millions de dollar de la société Anyvision et de son système de reconnaissance faciale « testé sur le terrain » pour espionner la population des Territoires occupés. A l’heure où le contrôle sécuritaire et le numérique fusionnent de plus en plus sur fond d’épidémie, cette victoire salutaire nous rappelle l’unité du combat des dominés,ici comme là-bas.
A Gaza, le personnel de l’hôpital Al-Awda appelle à intensifier la solidarité cc Collectif Palestine vaincra
Il est possible de soutenir des organisme sur place, plusieurs caisses en ligne ont été mises en place, dont notamment une pour l’Hôpital Al-Awda. L’Union des comités des travailleurs de la santé (UHWC) est une organisation palestinienne de référence dans le domaine de la santé. Environ 300 000 personnes bénéficient chaque année de ses services dans la bande de Gaza. Situé à Jabalia, au nord de la Bande de Gaza, l’hôpital Al-Awda est administré par l’UHWC et fournit un service médical de qualité à des milliers de personnes.
Il est également possible de soutenir le Syndicat des travailleurs de l’agriculture et de la pêche (UAWC), comme le fait l’Union française juive pour la paix(UJFP). Via une campagne de soutien en ligne, l’UJFP cherche à fournir des kits d’hygiène aux agriculteurs. Objectif : atténuer/réduire l’impact du Covid-19 sur 78 communautés rurales et de pêche en Cisjordanie et à Gaza (2 000 familles).
Autre revendication forte du moment, et en lien avec le risque épidémique dans les prisons françaises surpeuplées, il faut exiger que le révolutionnaire Georges Ibrahim Abdallah, libérable depuis vingt-cinq ans, soit enfin remis en liberté !
Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)
cc Agence Média Palestine
[1] RSISL, « La Palestine au temps du Covid-19 », 9 avril 2020.
[2] Ibidem.
[3] Ibidem.
[4] Ibidem.
[5] Ibidem.
[6] Ibidem.
[7] Ibidem.
[8] Page FB du Collectif Palestine vaincra, Toulouse, 5 avril 2020
[9] Randah Farah, « Il est temps de récupérer l’UNRWA », Agence Media Palestine, 8 avril 2020.
[10] Communiqué du FPLP, 17 mars 2020
[11] Agence Média Palestine, « Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza ; levée immédiate du siège ! », 8 avril 2020.
Manquant de tout, soumis au blocus, l’Administration Autonome du Nord-Est de la Syrie se prépare à la propagation d’un virus dont le régime de Damas, pas à un mensonge près, nie qu’il a atteint le pays. Mise au point de tests de dépistage, fabrication locale de respirateurs, mobilisation du Croissant-Rouge… Le maximum est fait pour prévenir une catastrophe.
Privées d’aide internationale et de médicaments, manquant de personnels qualifiés, de lits, d’hôpitaux, l’Administration Autonome du Nord-Est de la Syrie (AANES) est particulièrement vulnérable face à l’épidémie de Covid-19.
Au Rojava, le quotidien des millions de civils kurdes, arabes ou assyriens a déjà été ravagé par la guerre depuis neuf ans. S’y est ajoutée l’invasion turque en octobre 2019. Actuellement, près de 100 000 personnes s’entassent dans les camps de déplacés du Kurdistan syrien. La densité et les conditions de vie y rendent impossible les mesures de distanciation adoptées ailleurs dans le monde. Tout juste est-il possible d’envisager des zones de quarantaine sous de grandes tentes. Une propagation serait dramatique pour le camp d’Al-Hol par exemple, où sont parquées près de 70.000 prisonnières et prisonniers, y compris des milliers d’enfants et de femmes affiliées à l’Etat Islamique.
Le Croissant-Rouge kurde (Heyva Sor) tire la sonnette d’alarme concernant les réfugiés kurdes d’Afrîn se trouvant dans la province de Shehba, et appelle l’OMS à venir en aide à ces victimes de l’épuration ethnique provoquée par l’invasion turque.
Opération de dépistage lors d’un contrôle routier. cc Kurdiska Röda Solen
La situation est d’autant plus précaire que l’AANES ne bénéficie plus de l’aide humanitaire acheminée par l’ONU depuis qu’en janvier la Russie a mis son veto au renouvellement du dispositif onusien en place depuis 2014. Le point de passage d’Al Yarubiyah, à la frontière irakienne, par lequel transitait de l’aide médicale, est désormais fermé. L’aide humanitaire ne transitera désormais que sous le contrôle de Damas, avec tous les chantages, les détournements et le racket que l’on peut attendre de ce régime policier corrompu. Fin 2019, à la faveur d’un accord russo-turc, les troupes de Damas se sont déployées dans la zone, mais les rapports entre les institutions démocratiques de l’AANES et le régime honni sont très tendues.
Le 23 mars, l’auto-administration kurde a imposé deux semaines de confinement sur le territoire de l’AANES. Neufs centres sont équipés depuis peu pour accueillir et isoler les patientes et les patients potentiellement contaminé·es. Concrètement, trois hôpitaux peuvent en accueillir une quarantaine, avec au total moins de trente lits de soins intensifs, 27 respirateurs et en tout et pour tout deux médecins formés à leur utilisation, dans une zone toujours en guerre.
Tout manque : masques, gants, vêtements de protection, appareils de dépistage… Sans parler d’unités ambulatoires qualifiées qui pourraient se rendre dans les villages et les campagnes. Des échantillons prélevés sur des cas suspects sont tout de même envoyés dans des laboratoires à Damas pour être analysés en attendant de disposer d’un test.
Un test de détection du Covid-19 développé par les médecins du Rojava a reçu sa certification IS0 pour une fiabilité de 85% et à peine quelques secondes d’attente. Ce test a été diffusé auprès de plusieurs médecins dans plusieurs pays pour être évalué, ainsi qu’à l’OMS. Il est notamment testé en Chine auprès de trois hôpitaux différents.
Peinant à importer du matériel approprié, l’AANES a initié la fabrication de respirateurs pour faire face à d’éventuels cas de Covid-19. Un premier prototype a été présenté et les tests sont concluants. Mais chaque unité nécessite trois jours de fabrication, et rien ne dit qu’il y en aura un nombre suffisant à temps.
Opération de désinfection à Qamişlo, une des principales villes du Kurdistan syrien. cc Kurdiska Röda Solen
En Turquie, des prisonniers politiques de Batman (Êlih) ont mis le feu à leur prison pour protester contre leur détention. En Turquie, plus de 50.000 Kurdes sont incarcéré·es pour terrorisme. En pleine épidémie du Covid-19, les prisons turques risquent de se transformer en cimetière si elles ne sont pas vidées.
Un appel de la Coordination nationale solidarité Kurdistan (CNSK, dont l’UCL est membre), appuyé par de nombreux médecins, organisations et personnalités politiques exhorte les autorités à libérer un maximum de détenus avant qu’il ne soit trop tard.
En effet, en raison de la pandémie, le parti d’Erdoğan a annoncé la libération temporaire de 90.000 personnes sur les 300.000 détenu·es que compte la Turquie. Mais toutes et tous les prisonniers politiques du HDP, du PKK, les combattantes et combattants, les journalistes, les universitaires et les membres de diverses organisations liées à la gauche kurde ont été exclu·es de ces libérations.
Les violences faites aux femmes confinées à la maison en raison de la pandémie du coronavirus continuent d’augmenter dangereusement à travers le monde. Comme dans les autres pays, l’épidémie et le confinement sont un désastre pour les femmes, aggravée ici par la politique de l’Etat turque qui fait feu de tout bois pour anéantir toute conquête féministe tout en entretenant l’ambiguité depuis 2012 et la promulgation un 8 mars de la loi sur la protection de la famille et de la prévention de la violence faite aux femmes. Une adoption présentée par l’AKP comme un « cadeau fait aux femmes »… Or, au cours des 20 derniers jours, 18 femmes ont été assassinées par des hommes en Turquie, dont 12 à leurs domiciles. Les autorités turques appellent les gens à « rester chez eux » mais n’ont pris aucune précaution contre les violences faites aux femmes, faisant craindre une explosion de féminicides.
Intervention de prévention au sein d’un camp de réfugié·es. cc Kurdiska Röda Solen
En plus d’être une zone de guerre, le Rojava et sa population doivent faire face à des menaces supplémentaires en cette période de crise sanitaire. Le régime d’Ankara utilise la gestion des ressources fluviales comme une guerre de l’eau contre le Kurdistan turc, et contre le Kurdistan syrien. La Turquie contrôle une partie des approvisionnements en eau de l’AANES, notamment la station d’Allouk à Ras al-Aïn, occupée par l’armée turque. Depuis le 22 mars elle ne pompe plus, alors qu’elle fournit en temps normal de l’eau à plus de 460.000 personnes… Cette interruption en plein effort contre la propagation du virus rend la situation encore plus difficile.
Autre fardeau : la pression militaire exercée par Ankara et ses supplétifs islamistes issus de l’Armée syrienne libre et regroupés sous le label Armée nationale syrienne (ANS). Régulièrement, des installations hospitalières sont bombardées le long de la ligne de front, par exemple les villages de Dildara et Um El Kêf, près de Tall Tamer, le 6 avril. La Turquie ignore les appels de l’ONU à suspendre toutes les opérations militaires et à déclarer un cessez-le-feu en raison de la pandémie.
Dans les territoires qu’ils occupent avec la protection de l’armée turque, les gangs islamistes pratiquent le kidnapping, les arrestations arbitraires, le pillage. Dans la région d’Afrîn, les biens des déplacé·es sont mis en vente, tandis que celles et ceux qui n’ont pas fui sont exproprié·es ou emprisonné·es pour « communication avec des unités kurdes ». Un racket mensuel est également organisé par certaines factions islamistes sous forme de prélèvement dans les magasins.
Les journalistes sont aussi la cible du régime d’Ankara. Un rapport de Dicle Fırat Gazeteciler Derneği (Association kurde des journalistes) indique que, depuis le début de la crise du Covid-19 en Turquie, le 11 mars, le harcèlement des journalistes qui enquêtent sur la situation s’est intensifié les réseaux sociaux. Un nombre important d’articles sur la pandémie ont été criminalisés, et des centaines d’arrestations ont été effectuées. « L’État n’autorise aucune voix dissidente et souhaite faire taire toute la société », a indiqué l’association.
Après neuf ans de guerre qui l’a vu affronter l’État Islamique au prix de milliers de morts, puis subir l’invasion turque avec la bénédiction de Moscou et de Washington, la gauche kurde doit donc faire face à un nouveau défi. Dans l’adversité, les peuples du Nord-Est syrien ont, jusqu’ici, fait preuve d’une solidarité et d’une résilience extraordinaire. Soyons sûrs qu’ils surmonteront cette épreuve, et ne les oublions pas !
Édouard (UCL Alpes-Provence)
Samedi 11 avril à 21h, ne ratez pas le livestream international anarcho-communiste !
On y parlera de la crise sanitaire du COVID19 à travers le monde, des réponses étatiques, et de notre analyse.
Y participerons des membre de Solidaridad (Chili), Acción Socialista Libertaria (Argentine), Black Rose Anarchist Federation (USA), Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du sud), Workers Solidarity Movement (Irlande), Anarchist Federation (Angleterre) et de l’Union Communiste Libertaire (France).
► Vous pourrez suivre le live en direct sur la chaîne youtube de nos camarades états-uniens de de Black Rose Anarchist Federation / Federacion Anarquista Rosa Negra : https://www.youtube.com/channel/UCfxMtG99e7ZGNUxAVaxcJmg
► Pour voir l’annonce du live sur leur site : https://blackrosefed.org/livestream/