Chères/chers
camarades, chères/chers ami.e.s,
L’épidémie
de COVID-19 actuellement en cours dans le monde entier, y compris en
France, est grave.
Le nombre de personnes contaminées augmente tous les jours de façon
exponentielle, ainsi que le nombre de morts.
Qui
va être le plus touché ? Toujours les mêmes ! Celles et
ceux d’entre nous qui sont les plus vulnérables :
les vieilles/vieux,
les pauvres, les précaires, les gens à la rue et dans les squats,
les personnes détenues en prison ou en CRA, les travailleuses et
travailleurs des industries de services, du service à la personne.
Selon
les pays, selon la gestion de cette crise sanitaire, le
taux de mortalité du COVID-19 peut varier de 0,5 % à 4 %.
Chaque malade de plus, c’est une charge de plus pour des services
de santé déjà exsangues, c’est des moyens en moins pour traiter
les cas les plus graves.
L’État
français préfère protéger
l’économie et
les élections.
Ne nous laissons pas faire !
Prenons
nos responsabilités et organisons-nous
collectivement pour protéger les plus vulnérables,
en faisant tout ce que nous pouvons pour limiter la propagation de
cette épidémie.
C’est
pourquoi le groupe UCL Montpellier a pris les décisions suivantes :
-
Fermeture
de notre local, la librairie La Mauvaise Réputation. Suspension des
permanences du samedi.
-
Report
de tous nos événements publics.
-
Suspension
de nos propres réunions en face à face, utilisation des moyens de
télécommunication.
Nous
voudrions aussi vous rappeler les gestes et conduites à tenir pour
lutter efficacement contre la diffusion de cette épidémie :
-
Se
laver régulièrement les mains à l’eau et au savon (à défaut,
avec un gel hydroalcoolique contenant de l’alcool à 60°)
-
Ne
PAS se toucher le visage si nos mains ne sont pas fraîchement
lavées
-
Se
moucher et tousser dans des mouchoirs à usage unique, à défaut,
dans son coude, et se laver les mains après
-
Limiter
le plus possible ses déplacements et les contacts physiques.
-
Si
vous êtes potentiellement porteur du virus, porter un masque lors
de vos interactions.
-
Respecter
une distance d’au moins 1,5 mètres lors d’interactions en face
à face.
L’UCL
Montpellier distingue évidemment les recommandations sanitaires
comme celles de l’OMS, qui visent à s’armer pour faire face à
la propagation du virus et l’utilisation de l’épidémie de la
part des États pour justifier
d’éventuelles
dérives
autoritaires extrêmement dangereuses.
Face
à l’État
qui fait passer les intérêts économiques, financiers et
politiciens avant nos vies. Qui impose des mesures de confinements
sans donner les moyens aux personnes à la rue ou en squat de se
mettre en sécurité, qui les livre à l’absence de nourriture et
de soin. Qui préfère fournir en masse masques de protection et gel
hydroalcoolique aux bureaux de vote et à la police, tandis que les
personnels des hôpitaux, les aides à domiciles, les auxiliaires de
vie et plein d’autres travailleu.se.r.s précarisé.e.s qui
s’occupent de populations vulnérables sont laissé.e.s sans
protection.
Face
à l’État
qui a ruiné l’hôpital public et épuisé les soignant.e.s
pourtant en lutte depuis des mois, voire
des
années, contre le manque de moyens matériels et humains, contre la
fermeture de lits et d’établissement de soins, contre des
conditions de travail indignes qui entraînent de la maltraitance,
qui alertent depuis longtemps et sans relâche sur le danger auquel
nous sommes désormais confrontés.e.s.
Face
aux États qui
préfèrent minimiser la gravité de la situation par nationalisme,
pour préserver le plus longtemps leur précieux PIB et rentrer dans
des guerres commerciales avec d’autres États. Qui utilisent la
rhétorique immonde du « virus étranger » (Trump )
désignant
ennemis intérieurs et danger étranger au lieu de combattre ce qui
est une crise sanitaire par des mesures efficaces de santé publique,
reposant sur une information libre et honnête et des moyens massifs
mis dans les soins et le soutien matériel à tou.te.s.
Face
aux
Étatsqui
en profitent
pour faire passer des mesures répressives, fermer les frontières,
priver des quelques droits qui leur restaient encore les personnes
détenues, retenues et confrontées à la justice et
exacerber le racisme.
Et
face aux extrême-droites qui les y encouragent, comme Marine Le Pen
en France ou les dirigeants de Vox qui
comptent sur le fait que leur « sang espagnol combat le virus
chinois ».
Face
à l’État-patron
qui a
décidé dans un premier temps d’obliger
ses propres fonctionnaires à se rendre sur leur lieu de travail au
mépris de leur sécurité, de celle de leurs familles et de la santé
de tou.te.s et d’autoriser
les patrons privés à obliger leurs propres salariés à faire de
même.
Parce
que nous pensons à tous ceux, et surtout à celles qui continuent à
faire le ménage et la désinfection des hôpitaux, des lieux
d’accueil, des EPHAD. Emplois souvent invisibilisés, genrés,
précarisés, racialisés et féminisés.
Parce
que nous pensons à tous ceux, et surtout à celles qui, aux aides à
domicile, auxiliaires de vie et gardes d’enfant qui malgré leurs
conditions de travail, invisibilisé, précarisé, genré, féminisé,
racialisé… s’occupent des plus vulnérables souvent sans
l’équipement de protection nécessaire.
Parce
que nous pensons à tous ceux, et surtout à celles qui, dans les
familles en situation de précarité, seront confinées, avec à leur
charge des enfants et des personnes vulnérables dont il faudra
continuer à s’occuper, à nourrir, à rassurer…
En
France, dimanche 15 mars, Blanquer a affirmé sereinement que 50% de
la population française serait touchée « probablement » par
le coronavirus. On entend ainsi développer une « immunité
collective » (tout comme en Allemagne et au Royaume-Uni) sans
préciser que des milliers de personnes (en particulier les plus
fragiles) vont mourir dans des conditions terribles si l’on atteint
un tel chiffre. Cette realpolitik cynique, ce fatalisme, est
indissociable du souci de maintenir une continuité de l’Etat et de
l’économie nationale. L’idéologie défendue, ici, est explicitement
du darwinisme social, et dévoile tout le potentiel inhumain du
système étatico-capitaliste. Derrière les statistiques et les
courbes, derrière les stratégies « globales » (« immunité
collective »), derrière la « croissance » économique,
il y a des souffrances singulières réelles,et des pertes
irréparables!
Vivront
ceux qui possèdent le droit à la santé (la CMU en France) , à une
santé optimale (pays occidentaux) , ceux qui sont capables de
supporter le virus (les jeunes) … et les autres mourront en
silence.
Parce
que nous battons pour le droit à la vie et à la santé de
tou.te.s !
Face
à cette situation, ne plaçons pas nos vies entre les mains de
l’Etat. Auto-organisons-nous, construisons des solidarités
immédiates.
Apportons
tout notre soutien aux associations
qui luttent déjà au quotidien pour venir en aide aux plus
vulnérables. Faisons
comme en Italie ou en Catalogne, montons des collectifs d’immeubles,
de rues, de quartiers, pour aider les personnes les plus vulnérables
à rester en quarantaine en allant faire leurs courses, ou pour aider
les personnels soignants qui sont nos voisins.e.s. Fabriquons nos
masques de protection en tissu, du savon fait maison, de la solution
hydro alcoolique recette OMS, et donnons-les à ce qui en ont besoin.
Prenons des nouvelles de nos proches âgé.e.s ou malades qui ne
peuvent sortir de chez eux sans courir de graves risques. Faisons
tout pour ne pas nous-mêmes tomber malades, même celles
et ceux d’entre nous qui
sommes jeunes et en bonne santé, pour permettre aux hôpitaux de se
consacrer à celles et ceux qui vont le plus mal.
Allons
nous renseigner sur la réalité de l’épidémie et les bonnes
pratiques sanitaires auprès de sources fiables, et faisons notre
possible pour les diffuser.
Refusons
de nous rendre sur nos lieux de travail si
celui-ci n’est pas indispensable.
Comme les Italiens, mettons-nous en grève, refusons de contribuer à
la propagation de cette épidémie
pour
continuer un travail qui n’a pour seul but que d’engraisser les
patrons.
Le groupe UCL Montpellier veut aussi vous transmettre un message d’espoir ; nous pourrons survivre à cette crise, nous pourrons supporter ce confinement et ces prochaines semaines très dures. Parce que nous pouvons être solidaires, que nous savons, bien mieux que nos « gouvernants », faire preuve de responsabilité. Et nous pourrons le faire en cassant la dynamique individualiste et égoïste à laquelle le capitalisme et la démocratie représentative nous enjoignent continuellement.