Depuis des décennies, Exarcheia est un quartier à part à Athènes : haut lieu du mouvement anarchiste ; populaire et résistant à la gentrification ; accueillant pour les migrantes et les migrants. Pour toutes ces raisons, le pouvoir veut sa perte. Il vient de passer à l’attaque.
Élu début juillet, le nouveau gouvernement de droite en Grèce, mené par Kiriakos Mitsotakis, affichait un programme clairement répressif contre les migrations et contre le mouvement anarchiste, acteur majeur de la solidarité en Grèce. Il passe à présent à l’offensive.
Lundi 26 juillet, dès 6 heures du matin, un énorme contingent de différentes unités de police (anti-émeute, voltigeurs, renseignements, anti-terroriste…) s’est massé aux abords du quartier d’Exarcheia et a bouclé les rues avoisinantes. Ce lundi, ce sont au moins quatre occupations qui ont été visées par cette opération policière. Rue Spiro Trikoupi, deux occupations qui hébergeaient des personnes exilées d’Iran, d’Irak, d’Afghanistan, d’Erythrée et de Turquie ont été évacuées et murées dans la foulée. 143 personnes y ont été interpellées, parmi lesquelles se trouvaient 35 mineur-e-s, dont des bébés. Toutes ces personnes ont été emmenées dans une prison pour migrant-es, prétendument pour y vérifier leur situation administrative. On ne sait pas, pour le moment, ce qu’il adviendra pour ces personnes.
Dans le même temps, les policiers ont fait une descente dans deux squats anarchistes du quartier, GARE et l’ex-squat Rosa de Foc. Tandis que ce dernier bâtiment était vide, ils ont arrêté à GARE trois camarades dont deux grecs et un français de 65 ans. Alors que le gouvernement et les médias bourgeois grecs s’obstinent à assimiler mouvement anarchiste, migrant-es et narcotrafic à Exarchia, les perquisitions n’ont permis la saisie que… d’un ordinateur et un masque. Plusieurs camarades font également état de contrôles incessants et de violences policières depuis plusieurs jours.
Le but avoué du gouvernement est d’expulser l’ensemble des 23 occupations du quartier Exarchia. Un syndicaliste policier a d’ailleurs qualifié les habitant-es des squats d’Exarchia de « poussière nuisible » et de « déchets » qu’il entendait nettoyer, ce qui résume bien l’état d’esprit de la droite grecque ces dernières semaines. Par ailleurs, d’autres lieux, squattés ou non, dans Exarchia et ses alentours sont dans le viseur de l’État grec, que ce soit pour leur soutien aux migrant-es ou pour leur participation au mouvement social. Ainsi, le nouveau gouvernement a voté une loi qui abolit purement et simplement « l’asilo » universitaire, qui limitait depuis la chute de la dictature des colonels en 1974 la possibilité d’accès aux campus pour les forces de l’ordre.
De nombreux lieux et collectifs et de nombreuses personnes en situation de détresse administrative et de logement sont donc toujours menacés, après cette attaque policière du lundi 26 août. Une manifestation a été appelé le soir même à 18h, au départ d’un lieu emblématique parmi ceux qui logent des personnes exilées à Exarchia depuis des années (Notara 26) et une assemblée générale devrait suivre dans la faculté Polytechnique, toute proche du quartier.
Le mouvement grec s’organise pour résister mais il a besoin d’une forte solidarité internationale, qui rappelle à l’État grec que les mouvements émancipateurs du monde entier le surveillent actuellement. L’Union Communiste Libertaire soutient les occupations d’Exarcheia en lutte et appelle à renforcer leur résistance par tous les moyens possibles.
Union communiste libertaire , le 28 août 2019