Ce vendredi se déroulait un 1er Mai dans une ambiance jamais vue. Privé des grands rassemblements qui traditionnellement commémorent les luttes du mouvement ouvrier et leur caractère international. Le mouvement social a fait preuve, partout dans le monde, d’ingéniosité dans les multiples formes de mobilisations. Alors qu’en région parisienne les rassemblements étaient interdits par la police, le Rassemblement national a pu tenir sa cérémonie habituelle devant la statue de Jeanne d’Arc.
En France, toutes manifestations, même minimes, était interdites. Si beaucoup de personnes ont choisi de montrer leurs convictions via différentes formes alternatives (banderoles, pancartes, collages, manif virtuelle etc.), certain·es ont tout de même tenté de se rassembler physiquement (en gardant la distanciation physique de rigueur !), dans plusieurs dizaines de villes. Ce fut le cas sur la place de la République à Paris et dans bien d’autres villes encore (Aix-en-Provence, Guingamp…). À Montreuil (93), une assemblée générale d’habitants et d’habitants avait choisi une apparition collective publique à laquelle l’UCL s’est jointe. La police l’a empêché. Un peu plus tôt, la Brigade de solidarité populaire de la ville organisait une distribution de légumes gratuite : elle a été interrompue et dispersée par la police, avec amendes à la clef.
Pourtant il semble bien qu’une fois encore ce déchaînement sécuritaire soit différencié : au même moment, dans les quartiers bourgeois de Paris, Marine Le Pen et son acolyte du Rassemblement national Jordan Bardella étaient en liberté. Ils rendaient officiellement l’hommage traditionnel à Jeanne d’Arc si chère à toute l’extrême droite française. Là, point de matraques, point d’amendes. Le duo a pu tranquillement tenir sa cérémonie sous l’œil de policiers en civil protecteurs, et des caméras de BFM-TV. Ainsi d’un côté, la distribution gratuite de nourriture est interdite et réprimée, de l’autre les parades de l’extrême droite sont autorisées, filmées, protégées.
S’il en était besoin, voici encore une preuve de la bienveillance affichée publiquement des pouvoirs publics vis à vis de l’extrême droite. Car nous n’imaginons pas une seule seconde que M. Castaner et son sous-fifre, M. Lallement, aient pu ne pas avoir vent en amont de cette mise en scène réalisée au mépris des règles du confinement. Cependant, comment s’étonner, quand le gouvernement réaffirme chaque jour sa dérive autoritaire, et que sa police dans les quartiers populaires met en acte les slogans de l’extrême droite sans être inquiétée ?
Ce traitement différencié entre les « premiers de cordée » et les plus précaires, jeunes des quartiers populaires en tête, entre le mouvement social et les xénophobes, renforce au contraire notre détermination, notre motivation à organiser en actes la solidarité de classe et l’autodéfense populaire dans cette crise.
L’union communiste libertaire réaffirme sa solidarité aux côtés de celles et ceux qui luttent et subissent la répression d’État et les attaques fascistes. Les mauvais jours finiront !
La commission antifasciste de l’UCL le 4 mai 2020