Non au démantèlement de la jungle de Calais
L’État français s’apprête à démanteler ce qu’il appelle « la jungle » de Calais, en fait des habitations de fortune où vivent environ 7 000 migrant‑e‑s qui souhaitent rejoindre l’Angleterre. Des associations humanitaires et /ou travaillant sur le droit des migrant‑e‑s comme le GISTI, ont déposé un référé‑liberté contre ce démantèlement ce 12 octobre 2016. Ce démantèlement, comme celui du centre de Sangatte en 2002 ou celui de la partie sud de « la jungle de Calais » au mois de mars dernier, ne constitue évidemment pas une solution. Le flux de personnes qui fuient la guerre, la misère, les inégalités, les persécutions, les régimes autoritaires ne se tarira pas en tentant de le disperser ou de l’invisibiliser. En rendant les conditions d’accueil et de régularisation toujours plus difficiles, les gouvernements ne font qu’aggraver la situation sanitaire et sociale des migrant‑e‑s. Des familles vont être déplacées, les quelques lieux de socialisation que les habitant‑e‑s ont construits pour recréer une vie sociale à travers des cafés, lieux de culte, école, théâtre, etc. vont être rasés. Déplacer de façon forcée les migrant‑e‑s à travers la France est en soi violent, les (mauvaises) conditions de vie dans les CAO (centres d’accueil et d’orientation) constituent souvent une violence sur‑ajoutée.
Solidarité entre exploité‑e‑s
Le démantèlement de la « jungle » de Calais s’inscrit dans une démarche électoraliste et populiste qui criminalise encore et toujours les migrant‑e‑s. Les migrant‑e‑s ne sont pourtant pas les responsables des lois anti‑sociales, des inégalités économiques et sociales, du chômage, de la précarité, des guerres, etc. Ce sont au contraire les premières victimes d’un système que nous subissons nous aussi. C’est donc au titre de la solidarité évidente avec des personnes contraintes à la souffrance et à la précarité, mais aussi de la solidarité internationale entre exploité‑e‑s que nous soutenons les migrant‑e‑s. Nous dénonçons donc le démantèlement de la « jungle » de Calais. Nous appelons à la solidarité avec les migrant‑e‑s de Calais, nous dénonçons par avance la criminalisation des migrant‑e‑s et de leurs soutiens qui résisteront à ce démantèlement.
Institutionnel ou d’extrême droite : résistons au racisme
Le gouvernement cherche à détourner la colère sociale sur les migrant‑e‑s. Il continue ainsi, comme la quasi‑totalité de l’échiquier politicien, de dérouler le tapis rouge à tous les discours racistes. Le démantèlement de la « jungle » donne l’opportunité aux groupes fascistes de mener des campagnes contre « la fixation de centaines de Calais » à travers le territoire français. La campagne publicitaire initiée par le maire d’extrême‑droite Robert Ménard qui affiche à Béziers « L’État nous les impose. Ça y est, ils arrivent… Les migrants dans notre centre‑ville ! » est à ce titre tristement exemplaire. Les groupes identitaires multiplient les actions contre les CADA (centres d’accueil de demandeurs d’asile) ou les CAO. Plus inquiétant encore, plusieurs municipalités comme celle de Saint‑Honoré‑Les‑Bains se sont prononcées contre l’accueil de migrant‑e‑s sur leur commune. Le 8 octobre, plusieurs manifestations contre l’accueil des migrant‑e‑s se sont déroulées à l’appel de groupes fascistes ou /et des municipalités récalcitrantes à accueillir des migrant‑e‑s. Certains rassemblements initiés par des groupuscules fascistes ont réuni relativement peu de monde et ont été contrés par des contre‑rassemblements plus importants, comme par exemple à Montpellier. En revanche, et cela doit nous alerter, le rapport de force a parfois été inverse quand les appels à manifester provenaient de municipalités, comme à Pierrefeu, dans le Var. Partout, nous devons résister aux discours et pratiques racistes, tout en construisant la solidarité avec les migrant‑e‑s.
Construisons un autre monde sans frontières
Plus globalement, la CGA lutte pour la régularisation de toutes les personnes sans‑papiers, le renforcement du droit d’asile, la libre circulation et installation des personnes et l’abolition des frontières. Nous continuerons d’apporter notre soutien à tou‑te‑s ceux et celles qui luttent pour pouvoir vivre ici ou se déplacer dans le pays de leur choix. Nous ne déconnectons pas ces revendications du combat pour l’égalité économique et sociale.
Le 16 octobre 2016,
les Relations Extérieures de la CGA