En Catalogne, l’État espagnol a procédé à la mise en place d’un état d’exception pour empêcher la tenue d’un référendum d’auto-détermination que compte organiser le gouvernement catalan le 1er octobre prochain : depuis le 20 septembre, au-delà des bâtiments officiels pris d’assaut par la Guardia civil, de l’arrestation d’institutionnels catalans, c’est à une véritable suspension des libertés publiques que se livre l’ État espagnol : fermetures de pages web, violation de correspondances, sièges de journaux et de mouvements politiques perquisitionnés, interdictions de réunions publiques, etc. Cela, conjugué à l’envoi en Catalogne de 5 000 membres de la Guardia civil, a d’inquiétants relents franquistes. On ne sait pas jusqu’où peut aller cette surenchère répressive…
En tant qu’anarchistes, nous ne pensons pas que les luttes d’indépendance à caractère national soient vectrices d’une réelle émancipation : tant qu’il subsiste un État et une société de classe, les dominations perdurent quelle que soit la couleur du drapeau de l’État. Pour autant, nous condamnons l’acharnement autoritaire de l’État espagnol à contraindre les volontés du peuple de Catalogne à s’autodéterminer et l’escalade répressive qui en est issue.
D’autant plus qu’il existe dans cette opposition à Madrid, une dynamique de désobéissance, de refus de ne pas subir, un potentiel de réappropriation de sa destinée qui semble aller au-delà de la problématique indépendantiste et peut être porteuse d’espoir. Ce phénomène fait écho aux débuts du mouvement du 15 mai, lorsque les habitant-e-s de nombreuses villes de toute l’Espagne avaient occupé par milliers les principales places pour s’opposer aux mesures d’austérité. En Catalogne, depuis le 20 septembre, pour refuser la présence des forces armées sur leurs lieux de vie, les habitante-s des villes catalanes descendent quotidiennement dans les rues. Dans au moins un quartier de Barcelone, le Raval, un comité de défense se met en place, ce qui rappelle les pratiques révolutionnaires de la Barcelone de 1936. Les dockers de Barcelone ont empêché le débarquement du matériel de la Guardia civil, des tracteurs ont afflué de toute la Catalogne pour empêcher le passage des convois policiers …
C’est cette dynamique de prise en main de sa vie que nous souhaitons soutenir, a fortiori si elle prend un ancrage sur le terrain de la contestation de classe. C’est le sens de l’appel à la grève générale le 3 octobre prochain de la CGT-E, syndicat anarcho-syndicaliste, 3ème organisation syndicale en Espagne, dont l’influence est importante en Catalogne (à l’image du mouvement libertaire qui a un poids significatif dans cette région). L’appel à la grève générale ne porte pas sur l’indépendance : d’une part la CGT-E revendique la suspension des mesures d’exception et la non-présence des forces armées et de police ; d’autre part elle revendique l’abrogation des lois travail de 2010 et 2012.
C’est ce refus de la fatalité, cette résistance contre la répression et la régression sociale que nous pensons porteurs d’espoir et qu’il nous paraît important de soutenir.
Le groupe Un Autre Futur de la Coordination des Groupes Anarchistes