L’État des luttes est un bulletin public qui sera publié par l’Union communiste libertaire tout au long du mouvement. Il synthétise des informations sur la mobilisation et propose des éléments d’analyses. Fais-passer !
La mobilisation dans les rues ce 17 décembre a été plus ou moins similaires à celle du 5 décembre. Plus forte dans certaines ville comme à Paris, similaire ou très légèrement inférieure dans d’autres. C’est une journée réussie, qui témoigne d’un mouvement d’ampleur toujours aussi puissant mais qui peine tout de même à s’élargir.
SOMMAIRE
- Bilan du 17 décembre
- Élargir les revendication
- Et maintenant ?
- Compte rendu par ville
Bilan du 17 décembre
Plusieurs points sont à noter. Premièrement, la CFDT n’a pas réussi à mobiliser fortement, globalement leurs cortèges étaient restreints et timides. La réussite du 17 ne leur est donc pas dû, tant mieux. Deuxièmement, beaucoup de retours souligne des ambiances plus combatives et dynamiques que lors des manifs précédentes. Souvent aussi, une proportion de retraité.es plus faible que précédemment par rapport aux actifs et actives. Troisièmement, Le secteur de l’Education demeure très représenté dans les manifs, comme les secteurs où il y a une grève reconductible significative ; la présence du privé, elle, demeure trop faible ; Enfin, si les lycéen.nes étaient souvent plus présent-e-s, la jeunesse scolarisée ne s’est toujours pas plus massivement mobilisée.
Quatrièmement, le secteur hospitalier, pour sa plus grande partie, poursuit sa grève en quelque sorte en parallèle du mouvement Retraite. Le lien peut toutefois être assumé selon les endroits. Cinquièmement, le lien avec les GJ là où celles-ci et ceux-ci existent, est très inégal selon les localités.
En conclusion, cette journée aura permis de remettre la pression et surtout de remonter le moral des grévistes qui sont en reconductible. Malheureusement, il n’y a toujours pas d’élargissement notable de la grève au 19 décembre et les vacances de fin d’année interrogent quant à la suite du mouvement. Dans le secteur de l’éducation, fortement mobilisé, la question se pose de comment continuer la mobilisation.
Élargir les revendications
La question des retraites est centrale dans la mobilisation, mais on voit apparaître, depuis le début du mouvement, d’autres revendications qui mobilisent les collègues. Elles peuvent être circonscrites à un boulot bien particulier dans une boîte bien particulière, et il est important de lier toujours revendications sectorielles et revendications globales. Pour aller chercher les collègues, notamment dans le privé, il faut partir du quotidien, de ce qu’il se dit dans les couloirs et dans les vestiaires.
Deux revendications globales sont aussi à articuler avec celle des retraites. Il y a celle, particulièrement audible, des conditions de travail. C’est particulièrement le cas dans la santé et dans l’éducation nationale, mais ça peut être élargit à toute la sphère du travail.
Articuler les conditions de travail et ce qui va avec (refus de payer des contre-réformes qui pressurisent le travail pour le bonheur du capital) en faisant le lien avec les retraites, c’est ouvrir un deuxième front qui peut permettre d’ouvrir des brèches pour une contestation plus forte et qui peut se résumer à la dénonciation de l’aliénation du travail par le capital.
Ils brisent notre travail et nos vies comme ils brisent nos retraites. Il y a aussi les revendications autour de la hausse du SMIC. Les annonces ridicules de « coup de pouce » (+15 euros !) ne bernent personne. Ce qu’il faut, c’est une hausse massive du SMIC. Ceci permettrait par ailleurs de financer sans problème un système de retraites plus généreux que le système actuel.
Et maintenant ?
Contrairement à ce que qu’on pouvait éventuellement imaginer il n’y a pas eu d’annonces gouvernementales pour le moment sur report ou même uniquement sur l’âge pivot de 64 ans… Du coup, la CFDT se projette pour janvier. L’intersyndicale nationale CGT/FO/FSU/Solidaires du 17 au soir a clairement pris position contre toute notion de trêve et s’est déclaré pour la grève reconductible partout où c’est possible. Ce n’est pas rien ! Pour autant, l’état des forces syndicales militantes fait que cela ne se traduit pas en une déferlante de grève sur le terrain, à la base. C’est, une fois de plus, un des bilans prioritaires à tirer ; c’est, une fois de plus, un des axes sur lequel les militantes et militants révolutionnaires devraient travailler sans tarder après ce mouvement. C’est, peut être, ce que nous ferons cette fois.
La mention du 9 janvier comme nouvelle date « centrale » ne peut être jugée positive par les secteurs en grève ; dans ces entreprises, dans les AG, nous avons tout intérêt à minoriser cette échéance, qui n’a pas de consistance pour des personnes ayant entamé leur troisième semaine de grève Soyons clair, d’un côté les vacances vont accentuer terriblement l’isolement des travailleurs et travailleuses en reconductible et tenir jusqu’au 9 janvier, au-delà de la difficulté de l’exercice, ne peut être une perspective. D’un autre coté, les discours de façade n’arrangent rien, la majorité des secteurs concèdent des difficultés à mobiliser. C’est de cette situation, de la réalité, qu’il faut partir ; sans la fantasmer.
De ce point de vue, est-il sérieux de parier sur un embrasement des secteurs professionnels qui ne sont pas partir en grève reconductible depuis le 5 décembre, pour le début janvier, à la sortie des vacances de fin d’année ? Bien entendu, « tout est possible » et nous ne devons rien négliger qui puisse aboutir à cela. Mais il y a sans doute nécessité, aussi, de travailler d’autres alternatives. Dont celle d’une grève reconductible qui dure à la SNCF et à la RATP (et plus irrégulièrement dans quelques autres branches).
Nous n’avons pas de solution miracle mais la première chose à faire est de soutenir sans faille les secteurs en grève.
Évidemment, le premier soutien c’est de continuer sans relâche à essayer de mettre d’autres secteurs en reconductible, et que ça se voit. Il faut donc continuer les actions pendant la période des fêtes : manifestations, blocages, rencontres entre grévistes, la solidarité est plus que jamais notre arme. Mais au stade où nous en somme, assumer un soutien le plus massif et visible possible aux secteurs en grève peut aussi être un choix judicieux…