Pour rappel, le 21 Octobre 2010, dans le cadre de l’intensification de la lutte contre la casse des retraites, le collectif interprofessionnel contre la réforme des retraites, a décidé d’occuper partiellement l’Agence Pôle Emploi de l’avenue de Toulouse à Montpellier puis de partir en manifestation sur l’avenue de Toulouse. Parmi les personnes présentes, Giorgos, syndicaliste à la CNT, militant à la Coordination des Groupes Anarchistes, participant au mouvement social contre la réforme des retraites, a été arrêté. Aucune charge n’a été retenue suite à l’action. Les 4 personnes arrêtées avec Giorgos ont été relâchées sans poursuites. Il en aurait été de même pour Giorgos s’il avait accepté de se soumettre au prélèvement ADN. Ce « crime » est passible d’1 an de prison ferme et de 15000 euros d’amende. Son opposition au contrôle social, s’est traduit ici par un refus de fichage génétique. Pour justifier les poursuites les policiers ont inculpé Giorgos pour port d’arme de 6ème catégorie : un « Opinel » lui servant pour le pique-nique !
Le 22 septembre 2011, le tribunal l’a condamné à 1 mois de prison avec sursis, en ne s’appuyant sur aucun fait, mais exclusivement sur le seul principe du refus du fichage ADN. Pire, l’argumentation de la procureur suivie par le juge tient du délit d’opinion. Celle-ci a en effet souligné l’engagement anarchiste de Giorgos pour justifier la demande de condamnation. Devant ce déni de justice, Giorgos et ses soutiens ont décidé de faire appel de ce jugement.En fait ce n’était qu’une arrestation/condamnation parmi des milliers d’autres pendant cette période.Depuis des années l’État organise la restriction de nos libertés et vise celles et ceux qui lui résistent en votant des lois : la LSQ (Loi sur la Sécurité Quotidienne) – la Loi Perben I – LSI (Loi sur la Sécurité Intérieure) – la Loi sur la prévention de la délinquance, la LOPSSI 2. Devant cette surenchère de lois criminalisant le mouvement social, il a été nécessaire de s’organiser face à la répression et de défendre nos libertés.
Le 21 janvier 2013 à 13h30 devant le tribunal de la Cour d’Appel, plus d’une centaine de personnes, représentants d’organisations et individus, sont venues soutenir Giorgos et montrer leur opposition à la criminalisation du mouvement social et à la surenchère sécuritaire.
Comme chaque fois qu’un mouvement prend de l’ampleur ou modifie ses pratiques de lutte et les radicalise, l’État et ses relais médiatiques inventent de nouvelles catégories de casseurs pour diviser ceux et celles qui luttent en désignant les bons et les mauvais militants. On a malheureusement l’habitude de ces tentatives de manipulation de l’opinion. Mais cette fois-ci, le juge qui a condamné Giorgos en septembre, l’a condamné par qu’il était anarchiste, persuadé disait-il, qu’il allait recommencer. Cela s’appelle du délit d’opinion. C’est l’anarchiste qui est condamné pour ses idées et qui plus est l’anarchiste qui est inscrit dans les luttes sociales. De fait, cela ne peut que renforcer notre inscription dans les mouvements sociaux et accentuer notre détermination. Nous luttons pour défendre des intérêts de classe et pour diffuser des pratiques de lutte et d’organisation différente, une autogestion qui met en jeu de la solidarité, de l’égalité et des décisions prises à la base, sans chefs. Ces pratiques n’ont jamais autant d’échos que dans les mouvements sociaux combatifs et elles ne peuvent que gêner l’état qui par définition ne défendra toujours que les intérêts des dominants. Dans un moment où états et patrons sont dans la main main pour faire payer aux peuples leur crise, nous réaffirmons plus que jamais la nécessité de rompre avec le capitalisme et l’état et de participer aux luttes de résistance en affirmant la nécessité d’un projet social émancipateur et autogestionnaire.
Ce lundi 18 février 2013 a été rendu le délibéré de l’appel du jugement de notre compagnon. Giorgos a été relaxé et nous nous en réjouissons même si nous ne reconnaissons pas les notions de « coupable » et d’ « innocent » telles qu’elles sont dictées par le système de justice bourgeois. La relaxe de notre compagnon montre que la lutte et la mobilisation payent. Selon nous, il est toujours légitime de se mettre en grève et de participer à des actions comme celles du mouvement contre la casse des retraites, il y a presque 3 ans.
Nous tenons à remercier celles et ceux qui ont soutenu notre camarade jusqu’au bout, ce qui a permis d’aboutir à la relaxe. Nous tenons à remercier celles et ceux qui ont participé à la solidarité financière, permettant de couvrir l’ensemble des frais du procès, ainsi que les différentes organisations signataires (Alternatifs 34, AL 34, collectif anti répression, collectif inter-squat compagnie des nuits partagées, UD CNT 34, CGA 34, FASE Montpellier, GAC 34, LDH 34, MAN Montpellier, NPA 34, PG 34, Solidaires 34, Sud Éducation 34, Sud Étudiant Montpellier).
Nous rappelons notre détermination à mobiliser dans les mouvements sociaux loin des logiques de victimisation nous appelons à résister contre la répression et à refuser le fichage et notamment le fichage ADN. Ce n’est pas la première fois que l’État tente de museler les mouvements de contestation, ainsi Giorgos n’est pas un cas isolé. Le changement de gouvernement ne change pas les méthodes de criminalisation des mouvements sociaux, comme l’a rappelé M. Valls dans ses déclarations à propos du mouvement de grève à Strasbourg. La relaxe de notre camarade Giorgos est une victoire de la solidarité contre la répression d’État, qui doit résonner pour tou-te-s les travailleur-se-s et tou-te-s les opprimé-e-s en lutte : la solidarité est une arme !