Le livre « La reproduction artificielle de l’humain », ainsi que les propos d’Alexis d’Escudero ne constituent pas un ensemble d’informations sur la Procréation Médicalement Assistée (PMA) permettant un réel débat autour de cette question. Au contraire, son discours est d’une grande violence pour les féministes, les homosexuels, les lesbiennes et les personnes trans-identitaires, semant beaucoup de confusion et développant des thèses réactionnaires.
Abordant le débat sous le seul angle de la technique et de ses dérives, il oublie la réalité des personnes concernées et les vrais enjeux politiques liés aux techniques de PMA : question de la filiation et de la parentalité, les conditions pour un accès égal aux techniques de PMA, les difficultés éprouvées par les personnes dans un parcours de PMA (accès à l’information, pouvoir médical, conséquences sur le corps des femmes…).
Alexis Escudero occulte les rapports de domination des hommes sur les femmes et l’homophobie qui caractérisent la société patriarcale dans laquelle nous vivons. Il livre une vision conservatrice de la famille et des rapports hommes-femmes et assimile les critiques de l’essentialisme menée par les féministes au souhait d’une « uniformisation biologique des individus ». Il promulgue ainsi une peur de l’indifférenciation des sexes, de la même manière que les discours conspirationnistes antiféministes et homophobes.
S’il s’oppose à la PMA pour tout le monde, il rejette particulièrement son ouverture aux couples de lesbiennes, qui marquerait le passage vers une PMA qu’il qualifie « de convenance », terme similaire utilisé par les réactionnaires anti-avortement qui parlent d’« IVG de confort » pour limiter l’accès à l’avortement. L’auteur nie ainsi complètement l’inégalité des droits que constitue l’accès à la PMA pour les couples hétéros mais pas pour les couples de lesbiennes.
Les luttes féministes sur la question de réappropriation des femmes de leurs corps et de leurs choix de vie sont détournées par l’assimilation de l’avortement et de l’ensemble des techniques de PMA à des méthodes eugénistes. De plus, il hiérarchise les luttes et les oppose, en réduisant systématiquement l’égalité des droits et les questions LGBT à des « hochets sociétaux » à la solde des intérêts marchands. Le texte déploie des généralités et caricature les luttes LGBT qui représenteraient un dangereux et puissant lobby.
Plutôt que de s’intéresser aux usages sociaux réels des techniques, ses thèses sont assénées sur un ton prophétique, partant dans une science-fiction du pire. Escudero apporte ainsi beaucoup de confusion dans une période où nous aurions surtout besoin de clarifier certains débats sur le sexisme, l’homophobie et le transphobie. Au nom de la lutte contre le capitalisme et pour une Nature essentialisée, il rejoint des arguments de la « Manif pour tous ». D’ailleurs, des sites d’extrêmes droites ont relayé ses propos et se sont appuyés dessus pour justifier leurs positions.
Face à la remontée de l’anti-féminisme, de l’homophobie, de la lesbophobie et de la transphobie, dans « La Manif Pour Tous » mais également dans l’ensemble de la société, nous invitons surtout à la vigilance envers les discours confusionnistes qui se propagent de toute part.
Le groupe Un Autre Futur de la Coordination des Groupes Anarchistes
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