L’épidémie de Covid-19 et le confinement pourraient avoir des graves conséquences pour les femmes. En effet, la mobilisation des hôpitaux pour traiter les patient.es en état grave et les difficultés d’accès déjà en temps normal à la contraception et à l’IVG vont faire peser sur un grand nombre de femmes une pression supplémentaire dans cette période de crise sanitaire.
Services et structures fermées par manque de moyen de protection
L’accès à l’IVG risque de devenir compliqué pour de nombreuses femmes. Bien que considéré comme un soin urgent (notamment à cause des délais – 12 semaines de grossesse et 14 semaines d’aménorrhée en France), de nombreuses structures pratiquant l’avortement hors hôpital ont fermé leurs portes, fautes de soignant.e.s ou de matériel en nombre suffisant tels les masques et gels hydroalcooliques. Du côté des hôpitaux, les créneaux réservés aux IVG dans les blocs opératoires ont par endroits été purement et simplement supprimés, ce qui enlève donc la possibilité d’avorter sous anesthésie générale. Là où l’accès à l’IVG était déjà compliqué du fait du manque de professionnels ou de structures de proximité, avorter va devenir un vrai casse-tête.
Le secret menacé par le confinement
Par ailleurs, pour celles demandant le secret, notamment les mineures, les relais leur permettant de les couvrir en temps normal (amie, infirmière scolaire par exemple) sont plus compliqués à mobiliser dans une période d’interdiction de sortie. En effet, comment une mineure enceinte (ou une majeure désirant avorter contre l’avis de son partenaire ou sans lui dire) va-t-elle expliquer à sa famille (ou au partenaire) qu’elle doit impérativement sortir sans en donner la raison ? Par ailleurs, pour les mineures, il existe toujours un délai de réflexion de 48 h (et donc deux rendez-vous au minimum), ainsi que la présence obligatoire d’un.e majeur.e (qui n’est pas nécessairement un parent). De nombreux médecins ont demandé une suppression de ces obligations afin de faciliter l’accès à l’IVG pour ce public particulier mais également l’allongement des délais pour toutes (égale au temps que durera le confinement). La réponse du parlement a été claire : on déroge au code du travail pour privilégier les entreprises et les actionnaires, mais pas question d’aménager les procédures ni les délais pour les femmes désirant avorter !
Les déplacements limités impactent les IVG hors délais
Pourtant pour celles qui se trouvent d’ores et déjà en délai dépassé, la possibilité d’avorter à l’étranger (notamment aux Pays-Bas et en Espagne où les délais légaux sont plus importants, respectivement 22 et 24 semaines d’aménorrhée) devient difficile sans véhicule personnel. En effet, les lignes de car, très utilisées du fait de leur faible coût, ne fonctionnent plus ou affichent complet. L’accès aux trains et aux avions sont fortement restreints et trop chers pour bon nombre de femmes. Pour celles pouvant s’y rendre en voiture, les conditions de laisser-passer sont drastiques (il faut la dérogation de sortie avec la date de rendez-vous à la clinique écrite dessus, un courrier de la clinique précisant que c’est une intervention médicale non déplaçable, la pièce d’identité, et enfin ne présenter aucun symptôme de COVID-19, sous peine d’être obligée de faire demi-tour).
Plus d’ordonnance pour la pilule contraceptive
Pour ce qui est de la contraception, les femmes qui avaient une ordonnance de pilule la voient prolonger automatiquement pour une durée de 3 mois. Reste à voir si les pharmacies joueront le jeu et ne pinailleront pas comme certaines le font déjà quand il s’agit de délivrer la pilule d’urgence gratuitement à des mineures. Pour celles qui n’ont pas de moyen de contraception et comptaient en mettre un en place, cela est toujours possible. Cependant beaucoup de praticiens refusent de nouveaux rendez-vous et beaucoup de structures ont fermé ou ont fortement réduit leurs horaires et leur activité.
Union communiste libertaire, le 1er avril 2020