Nous les femmes, nous sommes doublement exploitées dans la société capitaliste. Nous sommes exploitées au travail et nous sommes exploitées à la maison, dans le cadre de la cellule familiale. C’est le principe de la double journée de travail : quand une femme rentre à la maison après le boulot, elle réalise encore la grande majorité des tâches dites « ménagères » et liées aux enfants. La réforme des retraites va encore augmenter les inégalités entre les hommes et les femmes, va encore augmenter notre exploitation. Nous nous élevons contre les violences qui nous sont imposées, les violences physiques, mais aussi les violences économiques !
Le patronat profite de notre double exploitation.
D’une part en nous sous-payant encore plus que les hommes, en nous employant dans des conditions encore plus précaires, souvent dans des temps partiels subis ; et d’autre part car c’est sur nous que repose le fonctionnement et la vie des cellules familiales. C’est sur nous que repose l’éducation des futurs travailleurs et travailleuses.
Un système de retraites juste viserait à compenser ces inégalités, pour que les différences de carrière entre les hommes et les femmes ne se retrouvent pas aussi à la retraite.
Pourtant, la réforme des retraites va nous nuire sur au moins trois aspects, en plus de tout ce qu’elle enlève à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs.
La baisse des pensions de réversion
Les pensions de réversion sont versées aux conjointes et conjoints de personnes décédées. 90% des bénéficiaires sont des femmes, dont le quart n’a pas d’autres sources de revenu. Les dispositifs de la réforme vont conduire à une baisse considérable de ces pensions, ce qui aura un effet immédiat de paupérisation des femmes.
Le mode de calcul de la retraite
La réforme prévoit que le montant de la retraite ne soit plus calculé par rapport au salaire des 25 meilleures années (cas du régime général aujourd’hui), mais sur toute la carrière. Pourtant, on le sait, nous faisons souvent une partie de notre carrière à temps partiel. Le calcul des droits à partir des 25 meilleures années permettait de ne pas prendre en compte les faibles salaires des années de temps partiels. Avec la réforme, c’est donc à une baisse des pensions généralisée pour les femmes que l’on assisterait.
La suppression de la MDA
Aujourd’hui, la Majoration de la durée d’assurance (MDA) ajoute aux mères des trimestres aux trimestres travaillés pour chaque enfant, au titre de l’impact de la grossesse et de l’accouchement sur leur carrière. La réforme prévoit de supprimer la MDA, qui est pourtant un dispositif minimal de diminution des inégalités entre les carrières des hommes et des femmes ! C’est une attaque directe contre la prise en compte des spécificités de nos carrières.
Une réforme patriarcale
On le voit, cette réforme prévoit la suppression de plusieurs mécanismes, pourtant timides, de correction des inégalités hommes-femmes. Nous sommes surexploitées tout au long de nos carrières et à la maison, le but est de reprendre ce que les mouvements féministes ont obtenu pour contrebalancer cela à la retraite. La bataille contre la réforme des retraites est aussi une bataille féministe !