Depuis 2016, l’armée turque occupe le canton de Shehba en Syrie du nord ; depuis 2018, elle occupe le canton d’Afrîn ; depuis juillet 2019, elle mène des opérations dans le nord de l’Irak contre la gauche kurde. Elle encercle désormais le Kurdistan syrien (Rojava) sur 3 fronts, et négocie dur avec les États-Unis et la Russie pour obtenir une nouvelle zone d’occupation dans le canton de Cizîrê, au Rojava.
Le 12 juillet, le régime d’Erdogan a lancé l’opération Claw 2 dans le nord de l’Irak, notamment dans la région des monts Qandil, tenue par les forces révolutionnaires kurdes.
Une première attaque (opération Claw 1) avait été menée dans la région de Hakurk (Irak) en mai, sans succès. Ces deux opérations semblent faire partie d’un plan plus large impliquant une invasion potentielle de l’est de l’Euphrate, en Syrie du nord, contre les forces révolutionnaires du Rojava.
La Turquie a augmenté sa présence militaire le long de la frontière du Rojava, amassant plus de 50 chars d’assaut, batteries d’artillerie et véhicules blindés près de Tal-Abyad.
A al-Bab et Jarablus, les mercenaires de l’Armée syrienne libre (ASL) auraient en outre été placé en alerte maximale, tandis que leurs généraux ont rencontré leurs parrains turcs pour discuter des détails d’une offensive.
Ankara a également commencé à démonter le mur construit le long de la frontière nord du Rojava, notamment près de Tal-Abyad.
Dans le canton d’Afrîn occupé, au Kurdistan turc comme irakien, l’armée turque fait cependant face à une résistance féroce. Chaque jour, elle subit des attaques et la progression de ses troupes a même été stoppée au nord de l’Irak.
Qu’est-ce qui retient la Turquie d’attaquer directement le Rojava qu’elle encercle désormais en bonne partie ? Le feu vert de ses alliés russe et états-unien. La revendication d’Ankara est de pouvoir occuper une bande de territoire de 30 kilomètres de profondeur tout le long de sa frontière, au titre d’une « zone tampon », soit disant pour des raisons de « sécurité ». Or, dans cette zone tampon, se trouveraient plusieurs principales villes du Rojava : Qamislô (capitale de la Fédération démocratique de Syrie du nord), Kobanê, Tal-Abyad, Derîk…
Ankara compte ouvertement y installer une partie des 3 millions de réfugié·es syrien·ne qui vivent sur son sol, en vertu de la bonne vieille politique ottomane de déportation de populations en fonction des intérêts politiques du moment.
Peut-on imaginer que, demain, Kobanê, où la gauche kurde mit un coup d’arrêt à l’expansion djihadiste, Kobanê soit occupée par l’armée turque, qui a parrainé Daech pendant des années ?
Après l’invasion du canton d’Afrîn, qui a fait des milliers de morts et conduit à une épuration ethnique, avec 250 000 Kurdes chassé·es de leurs maisons et remplacé·es par les familles des mercenaires de l’ASL, on est en droit de craindre une nouvelle opération de ce type.
Pour le moment, Russes et États-uniens tergiversent et s’opposent mollement aux revendications d’Ankara. Le Rojava n’est pas à l’abri d’un arrangement impérialiste à ses dépens.
Les révolutionnaires à travers le monde devraient se préparer à cette éventualité. Des combattantes et combattants volontaires continuent de se battre aux côtés des YPG-YPJ, comme le groupe Tekoşîna Anarşîs (Combat anarchiste) que nous saluons au passage. La solidarité est primordiale, il faut continuer à la faire entendre pour défendre la liberté et la révolution au Kurdistan.
Union communiste libertaire, le 27 août 2019