Un rassemblement de soutien aux condamné-e-s a réuni jeudi 26 mars 2015, des centaines de personnes dans le quartier de Sants
Can Vies est un centre social autonome du quartier de Sants de Barcelone de plus de treize ans. C’est un lieu pour la construction d’un projet collectif sans subventions et sans tutelles, ce qui démontre que l’auto-organisation est possible, tout comme la création d’alternatives réelles.
Une douzaine de personnes impliquées dans les manifestations de soutien à Can Vies ont été condamnées au cours de ces trois derniers mois à des peines allant de six mois à quatre ans de prison.
Les juges sont sans pitié avec les personnes arrêtées lors des manifestations de protestation contre l’expulsion de Can Vies. Sur les plus de 80 détenu-e-s, une quinzaine ont été jugé-e-s pour l’instant, et la plupart d’entre eux/elles ont été condamné-e-s à des peines allant de six mois à près de quatre ans de prison. Les cas de détention provisoire, le fait que des condamnations soient basées uniquement sur des témoignages de policiers, ainsi que la sévérité des peines menant certain-e-s des accusé-e-s à être incarcéré-e-s, ont enflammé le quartier de Sants, qui a pris la rue ce jeudi 26 Mars 2015 pour protester contre ce qu’ils et elles considèrent comme une répression politique qui vise à « effrayer et punir le quartier ». « Ils veulent nous mettre en prison, parce que l’on défend les quartiers » dénonçait l’en-tête de la bannière.
Le juge et les procureurs ont toujours favorisé la version de la police au détriment de celle de la défense, même lorsqu’il y avait plusieurs témoins qui ne faisaient pas partie de la manifestation. Un autre élément qui revient dans la plupart des procès est que beaucoup de ceux/celles qui sont impliqué-e-s sont jeunes et ne sont pas des repris de justice, mais ils/elles affrontent tout de même des double peines ou des peines aggravées maintenant.
Le quartier de Sants s’est révolté après une série de telles condamnations, dont celles de trois jeunes condamnés à trois ans et six mois, reposant sur des témoignages de la police difficiles à croire. La seule preuve contre eux est le témoignage de cinq « Mossos » (la police autonome catalane). Les agents ont déclaré, et le juge l’a estimé prouvé, que les jeunes ont lancé des bouteilles de bière contre des fourgons anti-émeute depuis la toiture de l’immeuble où deux d’entre eux vivaient. A l’inverse, un voisin témoigne qu’aucune bouteille n’est partie du bâtiment et le juge a reconnu qu’il n’a pas pu être déterminé si les fourgonnettes ont subi d’éventuels dégâts. En outre, comme l’a démontré la défense, la terrasse où ils étaient censés être, ne donne même pas directement sur la rue. Le procureur n’a pas envisagé que les témoignages de la police puissent être faux, mais a demandé qu’une procédure soit ouverte contre les deux témoins de la défense comme auteurs d’un délit de faux témoignages.
Une autre personne a été condamnée à deux ans de prison pour « violence contre l’autorité » parce que deux « Mossos » l’accusent d’avoir jeté une pierre sur un fourgon de police. La défense avait présenté jusqu’à sept témoins qui prétendent que la personne arrêtée par les « Mossos » n’avait pas jeté de pierre.
Histoire de Can Vies
Le 26 mai 2014, Can Vies a été évacué par la police autonome catalane (Mossos d’esquadra), et le jour même la destruction du bâtiment a commencé. Cela a provoqué une forte réaction de voisins et voisines et a abouti à plusieurs actions violentes, telles que la combustion de la pelle utilisée pour démolir le bâtiment. Plusieurs manifestations ont fini avec des conteneurs en feu. La réaction de la police a déclenché une forte solidarité des autres quartiers de Barcelone et d’autres villes, et le 28 mai, un ensemble de manifestations ont été organisées conjointement dans différentes villes à travers l’Espagne. Plus de 80 personnes ont été arrêtées et poursuivies cette journée du 28 mai et les jours suivants (à partir d’enregistrements vidéo et de presque 300 identifications de policiers). Deux personnes ont passé plus de 20 jours de prison préventive avant d’être libérées. Les procureurs ont demandé pour certain-e-s entre deux et cinq ans et dix mois de prison principalement pour violences contre l’autorité, vandalisme et désordre public.
Parallèlement aux procédures judiciaires des détenu-e-s cette semaine de mai, trois plaintes ont été déposées pour agression de la police contre les manifestant-e-s. « Deux d’entre elles ont été acceptées : une pour atteinte à l’intégrité morale et physique de quatre jeunes battus durement par les agents ; et une autre pour agression à l’intérieur d’un bâtiment, » dit l’avocat.
La troisième plainte a été rejetée par le juge malgré la lourdeur de l’agression, visible sur une photo montrant un agent des Mossos frappant au niveau de l’oreille un jeune à vélo. Le juge a estimé que l’action policière était justifiée parce que le jeune a désobéi aux agents.
Le samedi 31 mai 2014, l’assemblée du centre social lance un nouvel appel pour reconstruire de nouveau l’espace occupé. Pour mener à bien cette reconstruction, de nombreux soutiens ont été reçus, dépassant les attentes des organisateurs-trices. La destruction de Can Vies s’est arrêtée grâce à cette solidarité.
Le 20 Février 2015, le conseil municipal a scellé Can Vies. La police a interrompu les travaux de reconstruction du bâtiment, partiellement démoli après la tentative d’expulsion de mai.
Sources :