Il y a cent ans, le 8 mars 1917, les ouvrières de SaintPétersbourg (Russie) se mettaient en grève et manifestaient pour réclamer du pain et la paix. Leur soulèvement initiait ainsi un mouvement révolutionnaire historique. Le 8 mars de lutte pour les droits des femmes était lancé. Aujourd’hui comme hier, la grève est notre bouclier.
SANS LES FEMMES, RIEN NE FONCTIONNE
Nous dépassons actuellement en France les 60 milliards d’heures de travail domestique enregistrées en 2010 par l’INSEE, soit un tiers du PIB (payé au Smic). Les femmes en effectuent 80%,cequireprésenteunerichessede près de 730 milliard d’euros. La conséquence en est la suivante : si nous cessons ou si nous obtenons la rémunération de ce travail gratuit, alors l’économie ne peut plus fonctionner.
LE GOUVERNEMENT ATTAQUE LES FEMMES EN PREMIER LIEU
C’est pourquoi les lycéennes et les enseignantes s’organisent contre le bac Blanquer, les femmes gilets jaunes, s’unissent et luttent contre la précarité, les infirmières, aidessoignantes et personnels hospitaliers se battent depuis plus d’un an, les femmes des quartiers populaires se mobilisent contre les privations d’éducation et les violences subies par la jeunesse, les femmes protestent devant les commissariats et les institutions de l’état contre les féminicides dont ils sont les responsables et les complices silencieux, les femmes sont en grève et engagées dans la bataille des retraites.
AVEC LA RÉFORME DES RETRAITES, C’EST LA MISÈRE QUI ATTEND LA MAJORITÉ DES FEMMES
Aujourd’hui, nous sommes 37% des femmes à percevoir moins de 1000 euros par mois. Avec la retraite par point c’est plus de 50% des femmes qui percevront moins de 1000 euros : pas de droit à la vieillesse pour les femmes mais la subordination et la dépendance aux hommes pour survivre. La retraite par points va contraindre les femmes à travailler plus longtemps pour percevoir moins. Baisser les pensions des femmes, c’est donc augmenter l’exploitation des femmes. Ces politiques font également l’aveu des fondements machistes de l’économie : sans le travail gratuit des femmes , le système ne peut pas survivre. Augmenter leur exploitation c’est garantir la survie de ce système. Voilà le choix que laisse la réforme des retraites par points aux femmes : perdre la liberté ou subir la misère si elles ont dans l’idée de se séparer ou de fuir les violences. «Le patriarcat est un juge qui nous juge à la naissance », et notre punition est la violence que vous ne voyez pas […]» («Un violador en tu camino» Chant des féministes chiliennes).
Le patriarcat est un juge qui nous juge à la naissance Et notre punition c’est cette violence que tu vois Ce sont les féminicides, l’impunité des assassins, C’est la disparition, c’est le viol. Et le coupable ce n’est pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit Le violeur c’était toi Le violeur c’est toi Ce sont les policiers, les juges, l’État, le président L’État oppresseur est un Macho violeur
Les reculs sociaux s’accompagnent pour les femmes de pressions et de violences que ce soit sur le lieu de travail ou dans la sphère conjugale et familiale. Face à cette situation, l’État n’est pas la solution mais une partie du problème. L’État est au service de la culture machiste. Alors que les femmes ont aujourd’hui besoin de vérité et de justice, elles sont cernées par des politiques machistes et partisanes des raisons mêmesdeleursmalheurs:lepatriarcat.
DES CONTREPOUVOIRS FÉMINISTES PARTOUT !
Les femmes doivent continuer à se lier aux luttes sociales et y porter leurs revendications. En 2016, la mobilisation contre le projet de Loi El Khomri a déjà été l’occasion de mettre en avant la précarisation spécifique que subissent les femmes. Plus récemment, le mouvement des gilets jaunes a lui aussi été l’espace privilégié d’organisation et d’élaboration de revendications des femmes. Cette grève du 8 mars doit permettre à toutes les femmes de tisser des liens dans la durée et porter un point de vue féministe dans les luttes sociales actuelles et à venir.