L’annonce du 10 septembre dernier par la Commission européenne de nommer le ministère des migrations : « Protéger notre mode de vie européen » est plus qu’inquiètante et relève clairement d’une stratégie de glissement vers une politique d’extrême-droite de cette institution.
Outre le fait que cette appellation cible directement les personnes migrantes comme néfastes et dangereuses, elle valide ouvertement la théorie du « grand remplacement » diffusée largement par l’extrême-droite et ses alliés objectifs de la droite conservatrice et libérale. Même s’il n’y avait absolument rien à attendre en matière de migration de la Commission européenne et de sa future présidente, Ursula von der Leyen, cet intitulé marque un réel basculement. Malgré la levée de bouclier de la gauche et des sociaux-démocrates au Parlement européen, malgré les dénonciations de toutes parts et l’approbation par le dirigeant d’extrême-droite hongrois Viktor Orbán, Von der Leyen persiste et campe sur sa position.
Le fantasme d’une Europe blanche et chrétienne menacée par les « envahisseurs » n’est pas seulement affirmé par la dénomination de ce ministère mais aussi par sa politique répressive et protectionniste à l’égard des migrantes et migrants. Pour protéger son mode de vie, la majorité de droite compte sur l’État, la sécurité intérieure et le renforcement des frontières. Autant d’outils dont la violence a déjà sévi maintes fois ces 20 dernières années et s’est illustrée par des dizaines milliers de noyé·e·s en Méditerranée, des camps de rétention inhumains notamment en Grèce et des politiques d’expulsion quasi-systématique de celles et ceux qui sont parvenu·e·s à se réfugier en Europe.
Pour nous, cette stratégie ouvre les portes du pouvoir à l’extrême-droite en acceptant sa rhétorique et en mettant en pratique sa politique. Comme à chaque fois qu’elle se sent acculée, la bourgeoisie instrumentalise la misère pour conserver son pouvoir et infléchit son discours de plus en plus vers la droite jusqu’à se confondre avec celui de l’extrême-droite.
Cette politique de racisme d’État et de xénophobie annonce la couleur : les digues sont en train de sauter à toutes les échelles et les institutions, qu’elles soient locales, nationales ou internationales, s’engouffrent dans la brèche populiste pour maintenir l’illusion du contrôle. Alors que sur tout le territoire européen, la solidarité envers les rescapé·e·s des guerres impérialistes, néo-coloniales et économiques s’organise tant bien que mal, la classe dirigeante s’attaque toujours plus à celles et ceux qui luttent à leurs côtés en les réprimant sauvagement et en criminalisant leurs actions de soutien.
Nous combattons au quotidien ces injustices et la violence de l’État. Nous refusons les termes du débat sur les migrations qui nous sont imposés par une minorité de bourgeois et de racistes, inquiète de voir que, partout dans le monde, leur ordre social injuste et leur pouvoir illusoire ne tient plus qu’à un fil à mesure que le capitalisme se désagrège. Nous sommes pour la destruction des frontières et les solidarités internationales du plus grand nombre contre les oppressions et les oppresseurs. Nous n’avons rien à craindre de la différence et tout à y gagner car l’avenir réside dans l’entraide et la coopération et non dans la vision étriquée du monde de quelques puissants.
Organisons-nous partout pour poursuivre le combat contre l’extrême-droite et ses idées, en Europe et dans le reste du monde, localement comme internationalement. À bas les frontières et la violence étatique pour un antifascisme populaire et international !
Union communiste libertaire, le 27 septembre 2019