Avec les poursuites et le placement en détention pour rébellion et sédition du vice-président catalan, de sept ministres, de la présidente du parlement et de deux responsables d’associations de la société civile, c’est le vernis démocratique des sociétés européennes qui craque de façon flagrante. Cela marque un tournant autoritaire évident qui tend à signifier à chacun-e que l’ordre établi, ici la constitution espagnole de 1978 et la monarchie, ne peut être remis en question, même démocratiquement.
Libération et abandon des poursuites pour tous les indépendantistes catalans
C’est un mauvais signe donné à toutes celles et tous ceux qui comme nous se battent contre l’inacceptable de l’ordre existant. Un ordre fait d’inégalités, de misère, d’exploitation, de guerre et de destruction de la planète. Un ordre défendu par les États en Espagne, comme en France ou en Europe. La situation en Espagne crée un précédent qui ouvre la voie à toutes les répressions de grande ampleur contre les mouvements sociaux ou politiques de contestation.
C’est pourquoi nous réclamons la libération et l’abandon des poursuites pour tou-te-s les indépendantistes catalan-e-s, et plus généralement la fin de l’état d’exception qui suspend les libertés publiques et individuelles.
Pour une autodétermination totale : l’autogestion et le fédéralisme
Cette exigence n’implique pas pour nous l’adhésion au projet porté par la classe politique en Catalogne de création d’une République catalane indépendante. La création d’un nouvel État-nation, avec ses frontières, sa police, et demain son armée et ses prisons n’est pas en soi porteur d’émancipation pour l’ensemble de la population vivant en Catalogne.
L’exploitation des travailleuses et travailleurs catalan-e-s par des entreprises catalanes dans un État catalan ne représente pas un changement social pertinent pour les anarchistes.
Pour une autodétermination complète
Cependant, le désir de décider de son avenir qui s’exprime aujourd’hui dans le mouvement populaire en Catalogne est légitime et peut même être porteur d’émancipation. Nous sommes favorables à l’autodétermination, dans le sens où une société a le droit de déterminer par elle-même son destin. Mais nous sommes pour une autodétermination complète, impliquant une gestion directe de la société par la population, directement, et non en déléguant les choix collectifs à une minorité. Cela signifie l’autogestion des entreprises par ses travailleuses et travailleurs, celles des quartiers, des villes et des régions directement par ses habitant-e-s auto-organisé-e-s. Cela passe dans un premier temps par insuffler à la lutte une dynamique de classe et autogestionnaire.