Une éducation au rabais
Lycéens, parents et personnels de l’éducation nationale se mobilisent depuis quelques semaines contre les « réformes » du lycée et du primaire et les suppressions de poste massives dans l’éducation nationale. Ces suppressions s’inscrivent dans un lot de « mesures » qui poursuivent depuis plusieurs années le même but : détériorer la qualité du service public d’éducation pour rendre attractives les écoles privées. Dans la même logique, le gouvernement a décidé de réduire de 4 ans à 3 ans la durée d’étude du bac pro en lycée professionnel et de supprimer la formation BEP. Les universités avec l’application de la LRU sont en train d’être privatisées.
Les textes internationaux (Accord Général sur le Commerce des Services, traités européens de Lisbonne etc.) ratifiés par les États affirment clairement la volonté de livrer aux intérêts privés le « marché » de l’éducation. En introduisant la rentabilité financière au domaine de l’éducation, en précarisant les personnels, en supprimant des postes, les gouvernements successifs organisent la pénurie et encouragent les parents qui en ont les moyens à envoyer leurs enfants dans le privé. Pour les autres restera une école au rabais… L’école du tri social déjà en vigueur se renforce encore… On retrouve la même logique de casse des autres services publics (santé etc.) et de leur privatisation.
Une éducation réactionnaire
Dans le même temps nous assistons au retour en force des valeurs réactionnaires dans l’éducation pour « bien élever » la jeunesse : compétition, concurrence, respect de la hiérarchie, soumission à l’autorité indiscutable de l’adulte, patriotisme et respect du drapeau national etc. Les nouveaux programmes de l’école primaire consacrent l’apprentissage par cœur, le cloisonnement des enseignements, le recul des apports en culture générale, le retour de l’instruction morale. Tout cela au détriment de la réflexion, du sens de ce que l’on apprend, de l’ouverture, de la curiosité et du développement de l’esprit critique. A la fac la recherche fondamentale est délaissée pour favoriser les sujets d’étude permettant le bénéfice à court terme pour des entreprises. Seules les formations qui donnent des individus « employables » sont développées. L’évaluation de la qualité des cursus se fait très largement sur le taux d’embauche des promotions et les salaires en première embauche foulant les notions d’épanouissement personnel, d’utilité publique. Les filières qui ne rapportent pas ou/et qui peuvent emmener à penser globalement et de façon critique sont d’abord délaissées pour être vouées à disparaître. De la même façon au lycée des menaces pèsent sur les sciences économiques et sociales, sur l’histoire-géographie, la philosophie ou les disciplines artistiques.
Cette logique, mise en place du primaire à l’université, répond à un objectif clair : fabriquer des citoyens adeptes des valeurs du marché (consommation, concurrence, individualisme) corvéables à merci, toujours prêts à se soumettre à l’autorité du patron et de l’État. Sous la troisième république l’État a élevé des générations dans la haine de l’allemand et préparé ainsi la boucherie de la première guerre mondiale, il a travaillé à l’adhésion des masses au modèle républicain et au capitalisme. Aujourd’hui dans un contexte de crise sociale, il met les bouchées doubles pour formater les individus, il faut que le système tienne…
Une autre éducation pour une autre société
Anarchistes, nous luttons pour une société à l’opposé de ces valeurs. Nous sommes pour un fonctionnement social qui repose sur le partage égalitaire des richesses, où chacun peut prendre part aux décisions à la base sans hiérarchie, où chacun peut être acteur de sa vie et des choix collectifs. L’éducation a donc pour nous vocation à développer chez les individus autonomie, capacité d’analyse, réflexion, curiosité, intelligence, sensibilité, savoir et esprit critique, capacité d’entraide et de prise d’initiative. Les « élèves » doivent être acteurs de leurs apprentissages et ont voix au chapitre sur le contenu et l’organisation des savoirs dispensés. C’est une vision à l’opposé des écoles-casernes qui se profilent…
Amplifions la lutte ensemble !
Les résistances du monde de l’éducation sont encourageantes. La radicalité et la détermination des lycéen=ne=s a provoqué les premiers reculs du gouvernement. La construction avec les parents du mouvement dans le primaire et les initiatives de désobéissances montrent une volonté de se battre et rompre avec les mobilisations de 24 h sans lendemain. Nous devons amplifier ce mouvement et être solidaires face à la répression, celle qui touche les lycéens en butte à leurs proviseurs et à la police et celle des enseignant=e=s désobéissant=e=s face à leur hiérarchie. Pour gagner profs du secondaire, étudiants et personnels de la fac, concernés eux aussi, doivent rentrer également en lutte.
Mais face aux attaques gouvernementales et patronales, il est nécessaire de construire une riposte sociale d’ampleur en élargissant et fédérant l’ensemble des luttes du salariat.
Contre la casse de l’éducation et les valeurs réactionnaires développons les solidarités entre lycéens, étudiants, parents, personnels de l’éducation et construisons ensemble la riposte pour une école égalitaire dans une société égalitaire avec l’ensemble des salariés et chômeurs !
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