Nous condamnons les assassinats perpétrés le 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo. Rien ne permet de justifier ce crime fasciste. Il en est de même pour la prise d’otage et les assassinats antisémites qui ont eu lieu dans une épicerie casher le vendredi 10 janvier. Nous condamnons les attaques fascistes ciblant des lieux de cultes musulmans ainsi que des personnes musulmanes ou désignées comme telles. Nous condamnons également les interprétations « complotistes » qui tendent à relativiser ce qui s’est passé.
Ces attentats s’inscrivent dans un contexte de crise politique, économique, écologique et sociale avec une montée générale du fascisme. Que ce soit le fascisme religieux ou le fascisme nationaliste qui se pose en « protecteur de l’Occident chrétien », tous convergent vers un même soi-disant « choc des civilisations » qui entretient l’idée d’une guerre de « tou-te-s contre tou-te-s » et veulent nous pousser à choisir entre l’un ou l’autre. Cette montée du fascisme sous ses différentes formes est du pain béni pour la bourgeoisie, puisqu’elle remplace l’affrontement de classe, la remise en cause du système capitaliste, impérialiste, raciste et patriarcal.
On ne peut pas nier que prendre pour cible un journal identifié comme « de gauche », c’est aussi développer l’islamophobie à gauche et détruire les dernières solidarités antiracistes qui existent avec la minorité nationale musulmane. Ces actes ouvrent la voie à une nouvelle déferlante raciste, dont les attentats islamophobes récents sont les premières étapes, et donnent une possibilité aux terroristes de se poser en défenseurs de la communauté musulmane.
Le contexte d’ « union sacrée » où l’on voit s’unir l’ensemble des partis politiques bourgeois, du FN jusqu’au Front de Gauche, est extrêmement dangereux pour nos libertés. Ce contexte tend à diviser la population en deux : d’un côté « les barbares » et de l’autre les « Charlie ». Nous refusons cette vision simpliste. Elle participe au confusionnisme ambiant et à la banalisation de l’extrême-droite.
Dans la grande parade républicaine du 11 janvier, on pouvait y trouver des représentants de l’ensemble des partis politiques français. On pouvait aussi trouver un panel important de représentant-e-s d’États impérialistes, comme Angela Merkel, David Cameron, des dictateurs et criminels de guerre comme Serguei Lavrov, Erdogan, Netanyahou ou encore Ali Bongo. « L’unité nationale », c’est donner encore plus d’armes à nos ennemis. C’est permettre au nationalisme et au fascisme de se propager et leur donner raison.
Nous n’oublions pas que ce sont les États occidentaux qui ont financé et armé les extrémistes religieux quand cela les arrangeait, dans une perspective de déstabilisation politique des pays ayant des richesses afin de plus facilement les contrôler.
Nous savons que l’État et la bourgeoisie vont profiter de ces attentats pour intensifier la guerre de classe : après avoir déjà voté des lois liberticides, dites antiterroristes, les politiciens s’apprêtent à renforcer l’appareil sécuritaire étatique et continuent de s’en prendre aux minorités nationales. La violence d’État va se renforcer et tout sera fait pour faire perdre du terrain au mouvement social et aux luttes des minorités opprimées.
En tant qu’anarchistes, nous refusons cette logique mortifère et choisissons l’affrontement de classe, la lutte contre le système capitaliste, impérialiste, raciste et patriarcal. Par ailleurs, nous revendiquerons toujours la critique des religions en tant qu’institutions autoritaires et aliénantes voulant imposer ses idées.
Le groupe Un Autre Futur – CGA 34