La Coordination des Groupes Anarchistes dénonce la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 26 juillet prochain. Malgré quelques allègements (les perquisitions administratives passent sous le contrôle d’un juge), l’état d’urgence reste un dispositif hautement liberticide.
Il vient de donner le cadre légal à l’interdiction de manifester à 53 personnes engagées contre la loi Travail sur les villes de Paris, Nantes et Rennes. Alors qu’elles n’avaient pas subi d’arrestations et n’étaient pas poursuivies par la justice, ces personnes se sont retrouvées interdites de manif sur le simple soupçon d’avoir des comportements violents en manifestation. On bascule dans une justice qui sanctionne de supposées intentions : ces pratiques sont celles des régimes les plus autoritaires. Cela confirme ce que nous avions déjà exprimé sur le sujet : avant d’être un dispositif censé protéger la population d’une menace terroriste, l’état d’urgence est avant tout une aubaine pour le gouvernement pour renforcer sa politique anti-sociale et sécuritaire. Il monte ainsi d’un cran la répression déjà considérable contre ceux et celles qui luttent contre la loi travail et son monde. Ainsi, même si la justice administrative avait finalement suspendu mardi neuf arrêtés sur dix émis par le préfet de police de Paris, ce dernier en a prononcé 19 autres dès le lendemain.
Nous témoignons notre solidarité envers l’ensemble des personnes victimes de ces interdictions de manifester et exigeons leur levée immédiate et celle de l’état d’urgence. Nous soutenons également tou-te-s les interpellé-e-s et victimes de la répression du mouvement social.
Nous appelons les structures du mouvement social à se positionner sans ambiguïté contre ces interdictions qui frappent des personnes désignées par le gouvernement comme « radicales », ainsi que contre toutes les arrestations et poursuites judiciaires. Ne nous laissons pas piéger par le jeu du pouvoir qui cherche à diviser le mouvement entre bon-ne-s et mauvais-e-s manifestant-e-s. Il n’y a que deux camps, celui de l’État et du patronat et le nôtre, celui de celles et ceux qui résistent contre la régression sociale. Car ne nous y trompons pas : hier, l’État s’ est servi des mêmes procédés pour museler la contestation contre la farce de la COP 21 et diverses manifestations notamment en soutien aux migrant-e-s. C’est parce que les réactions ont été unanimes qu’il a reculé un temps sur ces pratiques. Si nous restons silencieu(x)-ses, il emploiera ces mêmes procédés d’abord contre tout ce qui sort de la contestation autorisée, tels que les actions de blocages économiques, les piquets de grève, les occupations, puis contre toutes les personnes les plus engagé-e-s dans le mouvement et enfin potentiellement contre tout le monde !
Ce prolongement de l’état d’urgence, conjugué à l’adoption de la loi Urvoas qui introduit dans le droit ordinaire de nombreuses mesures d’exception contenues dans l’état d’urgence, nous fait basculer de plus en plus franchement dans un État policier.
Résistons à ces dispositifs et mesures liberticides et redoublons d’énergie pour amplifier la contestation sociale contre la loi Travail et son monde.
Le 22 mai 2016,
les Relations Extérieures de la CGA