L’attaque par les fascistes de la librairie La Plume Noire à Lyon arrive dans un contexte politique particulièrement inquiétant qui laisse présager de futures attaques de ce type si nous ne sommes pas plus nombreux-euses à tenter de réagir.
Près de 20 ans après l’incendie du précédent local de la Plume Noire par l’extrême-droite en 1997, on ne peut que constater, tant en Europe qu’aux États-Unis, la montée en puissance des idéologies réactionnaires et populistes, terreau sur lequel l’extrême-droite et le fascisme prolifèrent. Les électeurs en toute légalité donnent le pouvoir à des individus dont les discours et les programmes sont d’extrême-droite et de ce fait, cette dernière est de plus en plus banalisée.
L’arrivée au pouvoir de Trump, la potentielle élection de Fillon illustrent la connivence de plus en plus assumée entre un système politique et une idéologie perçue il y a encore quelques années en arrière comme marginale. Contrairement aux discours de rupture, ces candidats font complètement partie du système. Les batteries de mesures ultra-libérales qu’ils proposent se confondent avec celles mises en place par leurs prédécesseurs : allongement de la durée de travail, suppression des postes de fonctionnaires, baisse des impôts pour les plus riches et des cotisations sociales pour les entreprises, démantèlement de l’école publique, du code du travail, de la sécurité sociale, etc.
Les alliances avec l’extrême-droite se situent davantage sur le versant idéologique qu’ils affichent, à travers des valeurs communes comme la religion chrétienne, le modèle familial hétérosexuel, l’autorité, l’identité nationale. La défense de ces valeurs s’appuie sur une vision homophobe, raciste et nationaliste de la société. Ainsi, le retour à la filiation biologique est annoncé, l’IVG est remis en cause en tant que droit fondamental, et pour retrouver la grandeur de la France, l’Histoire risque fort d’être déformée pour reconstruire un récit identitaire. Trump veut apprendre aux générations futures que Dieu a créé la Terre en 4 jours. Fillon veut remettre au goût du jour Clovis, Vercingétorix et Jeanne d’Arc dès l’école primaire, dans les programmes scolaires, comme au début du siècle.
Le credo « travail, famille, patrie » avait été la devise du gouvernement collaborationniste de Pétain. Fillon, outre son programme économique ultra-libéral le reprend entièrement à son compte. Appartenant à la droite catholique traditionaliste et nationaliste française, il a l’appui de lobbys ultra-réactionnaires comme SOS éducation, la Manif pour Tous, le réseau Avant-garde, d’anciens membres du FN (la Ligue du sud). Plusieurs groupuscules d’extrême-droite le soutiennent publiquement : Riposte laïque, la ligue du midi, etc.
Si l’on assiste à la multiplication des agressions contre des minorités, des militantes et militants du mouvement syndical, féministe, antiraciste, LGBT, etc. et du mouvement social en général, c’est bien parce que institutionnellement, les idées fascistes ont gagné du terrain, dans les médias, dans la bourgeoisie, dans la classe politique et dans la rue. Les attaques sont favorisées par l’ouverture de nouveaux locaux fascistes dans plusieurs villes françaises comme Lille et Lyon (4 locaux à Lyon : PNF, GUD, Action Française et les identitaires) qui servent de lieux d’organisation à cette stratégie d’intimidation fasciste.
Ces liens tissés montrent que le fascisme est entrain de revenir en toute légalité par les urnes en même temps qu’il se déploie dans la société ; et pour celles et ceux qui se refusent à cette vague brune, il y urgence à s’organiser localement pour nous défendre et faire entendre la nécessité d’une rupture véritable avec un système ultra-capitaliste et de plus en plus poreux au fascisme.
Groupe Un Autre Futur de la CGA