Un processus de discussion entre AL et la CGA
Face au durcissement généralisé de la situation sociale et politique, Alternative libertaire (AL) et la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA) ont entamé depuis quelques mois un processus de discussion dont l’une des issues possibles est une unification, avec la fondation d’une nouvelle organisation communiste libertaire. Depuis plus de quinze ans nos deux organisations ont participé, séparément ou conjointement, à de nombreux fronts de luttes communs, tout en gardant leurs spécificités.
Les attaques capitalistes et les reculs sociaux qu’elles causent affaiblissent considérablement le camp des travailleuses et des travailleurs. Il est d’autant plus ardu, dans ce contexte, de mobiliser contre le renforcement de l’appareil répressif et sécuritaire – état d’urgence permanent, lois antiterroristes, criminalisation du mouvement social, quadrillage policier des quartiers populaires –, contre la chasse aux migrantes et migrants, ou contre le danger fasciste et réactionnaire.
Avec la défaite du mouvement contre les lois Travail en 2016-2017, et les difficultés de ce printemps à contrer les attaques à la SNCF et à l’université, le mouvement social semble en panne de stratégie. Pourtant, la lutte des classes continue, comme en témoignent de nombreuses grèves et luttes locales, parfois victorieuses. Mais, depuis dix ans, ces résistances éparpillées peinent à se coaliser en un vaste mouvement de résistance capable de renverser le rapport de forces avec l’État et le capitalisme.
L’implication des anarchistes sociaux et des communistes libertaires dans les luttes sociales est donc plus que jamais nécessaire. Notre tâche est immense, nous ne pouvons nous contenter ni de lamentations défaitistes ni, à l’inverse, de proclamations triomphalistes qui occulteraient l’importance d’un travail politique de longue haleine.
L’union fait la force
Même s’il est actuellement en difficulté, le mouvement social et syndical reste un acteur déterminant dans la construction d’une possible contre-attaque. Parce qu’il rassemble le plus largement le prolétariat dans toute sa diversité, que ce soit dans les entreprises ou dans les quartiers populaires. Parce qu’il est l’embryon d’une possible appropriation collective des moyens de production sans laquelle il n’y a pas de révolution anticapitaliste envisageable.
C’est pourquoi les communistes libertaires et anarchistes sociaux en font le véhicule essentiel de leur stratégie révolutionnaire. Sans y former une fraction manœuvrière, ils et elles s’efforcent d’y faire vivre des pratiques fédéralistes, autogestionnaires et de lutte, antipatriarcales et antiracistes. Ils et elles y défendent une politique de construction des luttes par la base, éloignée aussi bien de la routine bureaucratique dirigiste, des illusions électoralistes que de l’agitation d’ultra-gauche incantatoire et sans lendemain.
Cependant, le courant libertaire ne peut se limiter à agir anonymement au sein du mouvement social et syndical. Il a également la responsabilité de développer une organisation qui donne de la visibilité au projet anticapitaliste et autogestionnaire que nous portons.
Un processus délimité
C’est sur ces constats partagés qu’AL et la CGA ont entamé, depuis février 2018, un processus de discussion en vue d’un éventuel rapprochement de nos organisations.
Une discussion sans fin tournerait à vide. AL et la CGA ont donc élaboré une feuille de route précise faisant se succéder des moments discussion et des points de vérification chacune de leur côté, afin de garantir une maîtrise collective du processus. Celui-ci doit durer à peu près un an et, s’il va à son terme, aboutir à un congrès conjoint qui décidera ou non de l’unification. Un congrès, c’est le choix d’une démarche transparente, avec la participation de toutes et de tous, loin des « négociations d’états-majors » et des deals en sous-main. AL comme la CGA ont derrière elles une histoire, un fonctionnement, des pratiques, des orientations élaborées collectivement ; seul un congrès a la légitimité pour les modifier.
Le processus de discussion entre AL et la CGA pourra être ouvert à d’autres groupes communistes libertaires ou anarchistes révolutionnaires.
Alternative libertaire (AL)
Coordination des groupes anarchistes (CGA)