Leur crise, c’est les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres
Fillon a laissé échapper le mot avant l’été, c’est « la rigueur » : dégradations des conditions de travail dans le privé comme dans ce qu’il reste du secteur public, précarité généralisée, licenciements, hausse des prix, difficultés de logement pour des millions de personnes, etc.
Sous couvert de crise, les tenants du pouvoir rognent sur les conquêtes sociales obtenues par le mouvement ouvrier au cours du 20ème siècle. Et la « réforme » des retraites s’inscrit complètement dans ce contexte d’offensive capitaliste. Car la crise, ce n’est pas pour tout le monde, l’année 2010 est marquée par une hausse des grandes fortunes mondiales tant en nombre qu’en volume …
Ils appellent ça la rigueur, nous appelons cela une offensive du capitalisme
Les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres : ce n’est pas un effet de la crise, mais bien du système. Le recul de la combativité dans le monde du travail, l’apathie face aux mesures gouvernementales, et le contexte de crise financière et économique de ces 2 dernières années ont renforcé l’offensive patronale. La hausse continue des inégalités sociales n’est pas un effet de la crise mais bien du système capitaliste : la crise n’est qu’une traduction de la logique néo-libérale du capitalisme, basée sur l’augmentation de la consommation, de la productivité, de la concurrence et fondée sur la recherche permanente de la croissance et du profit, au bénéfice d’une minorité toujours plus riche.
A la grande bouffe capitaliste, c’est l’État qui fait le service
Se tourner vers l’État pour réguler « la folie » capitaliste est illusoire. Loin d’être le garant de l’égalité, il est la force organisatrice des inégalités au service du capitalisme. L’exemple de la « réforme » des retraites est éclairant : L’État organise l’allongement de la durée de cotisation et la décote par annuité manquante dans le but de baisser le niveau du montant des retraites et obliger ainsi à recourir à l’épargne privée.
De même c’est l’État qui organise le glissement vers le marché de l’ensemble des activités vitales pour la société : santé, éducation, énergie, culture, communication. C’est lui qui organise pour les classes dirigeantes, économique et politique, le holdup social sur notre dos. Il est par nature basé sur la protection des intérêts du capital et sur la confiscation du pouvoir par une minorité. En ces temps de crise, il montre de façon criante sa collusion avec le capital : d’un côté, envoi de la police et décisions de justice contre les salariés qui se battent pour sauver leur emploi, criminalisation des plus pauvres : roms, sans-papiers et de l’autre, cadeaux aux banques et aux grands patrons qui peuvent détourner des millions d’euros, sans être inquiétés.
2012 n’y changera rien, c’est sur le terrain social qu’il faut lutter
C’est donc logiquement que toute tentative de changement social égalitaire par l’accession aux commandes de l’État, par la voie électorale ou « révolutionnaire », ne peut qu’échouer. Déléguer le pouvoir à une minorité, implique que celle-ci agira pour ses propres intérêts et reproduira à son profit les inégalités, que cette minorité soit de droite, de gauche ou d’extrême gauche. De Mitterrand, à Lula, Chavez, Lénine ou Mao, les résultats et les désillusions ont toujours été les mêmes. Les populations des pays européens où la gauche est actuellement au pouvoir comme par exemple en Espagne, subissent elles aussi les mesures de régression sociale. Espérer des élections de 2012 c’est se condamner à l’inaction aujourd’hui et préparer les désillusions de demain. Face à ce rouleau compresseur et bien au-delà de la seule question des retraites, la lutte des classes doit aussi s’organiser de notre côté sur le terrain social.
Nous n’aurons rien sans reconduire la grève à la base !
Les grèves interprofessionnelles de 24 heures sans lendemain, tout en parvenant à rassembler beaucoup de monde ont aussi démontré leur inefficacité à stopper la régression sociale. Nous devons passer de grèves et manifestations d’expression d’un mécontentement à des grèves de confrontation avec le pouvoir. La politique co-gestionnaire des bureaucraties syndicales ne permet pas d’envisager par elles l’avènement d’une lutte véritable. Penser que le fameux front syndical unitaire pourra nous y conduire est une impasse. L’unité au sommet, quand elle est obtenue, n’est que de façade (rappelons nous des négociations sur les retraites de 2003 !). S’en remettre à des négociations à froid, déléguées, sans contrôle, à ces mêmes bureaucraties syndicales serait également vain.
Passer à des grèves de confrontation avec le pouvoir
Il est vrai que, comme nous l’assène les bureaucraties syndicales, « la grève générale, ça ne se décrète pas ». Encore faut-il avoir la volonté de la construire … C’est, dans les semaines qui viennent, cet objectif de construction qui doit animer, à la base, au-delà des appartenances syndicales, ceux et celles qui ne veulent plus subir.
Nous devons aussi renouer avec les méthodes traditionnelles de lutte du mouvement ouvrier comme les occupations des lieux de travail, les blocages des centres économiques névralgiques etc.
La radicalité qui s’est exprimée dans certaines actions de salariés contre leurs licenciements (séquestration de patrons et de cadres, sabotage ou réquisition des outils de production) nous montre la voie à suivre.
Face à la barbarie capitaliste, des luttes ici et maintenant pour préparer une révolution sociale !
Face à un pouvoir déterminé, nous devons lors de ce mois de septembre œuvrer à étendre et radicaliser la grève. Mais s’arque bouter sur les acquis du passé rognés les uns après les autres ne suffira pas. Il est temps de passer à la contre-offensive.
Pour se battre encore faut-il savoir pourquoi et avoir un projet de société alternatif au capitalisme. Nous, anarchistes, sommes porteurs d’un projet de société.
Pour nous, anarchistes, cette contre-offensive s’inscrit dans un projet de société alternatif au capitalisme et à l’étatisme. Nous luttons pour une économie socialisée, solidaire et égalitaire, gérée directement par les travailleurs-euses et les usager-e-s.
A l’idée de l’État, il faut substituer la participation du plus grand nombre aux prises de décisions, cela avec des structures fonctionnant sur la démocratie directe (permettant la participation de toutes et tous) sur des mandats révocables pour empêcher que se reconstituent des privilèges et sur le fédéralisme pour construire des projets de grande ampleur. C’est à partir des mouvements sociaux que doit se construire la gestion directe de la société, de la production et de la distribution des biens et des services. C’est dès maintenant, au sein des luttes, que nous pouvons faire l’apprentissage de décider et gérer la conduite des mobilisations, pour demain prendre en charge la conduite de la société.
Tract distribué par le groupe Un Autre Futur de Montpellier de la Coordination des Groupes Anarchistes à la manifestation contre la casse des retraites du 07/09/2010.
[gview file= »https://montpellier.unioncommunistelibertaire.org/wp-content/uploads/2015/12/Tract_UAF_-_07092010.pdf »]