Les mouvements sociaux sont souvent relatés, de la part des journalistes employés par les grands médias, de manière trompeuse et partiale. Loin des forces qui soumettent les journalistes, le site web Rapports de force raconte les luttes et rend la parole à celles et ceux qui ne l’ont plus.
Au mois d’avril, Rapports de force [1] a soufflé ses deux premières bougies. Deux années à traiter de l’info pour les mouvements sociaux. Raconter les luttes, parcourir les manifestations, tenter de rendre intelligibles les mauvais coups du gouvernement ou des patrons. La tâche est immense, mais tellement nécessaire.
Le parti pris de ce site d’information est de traiter avec bienveillance celles et ceux qui sont le plus souvent dépossédé⋅es de leur pouvoir, mais qui décident d’agir pour ne plus subir. Une bienveillance que de trop nombreux médias réservent à celles et ceux qui ont déjà tout : pouvoir, argent, influence et parole bien assurée.
Depuis vingt-quatre mois, la rédaction se plie en quatre, certains jours en huit, pour essayer d’être à la hauteur de ces enjeux. Pour fêter son deuxième anniversaire, Rapports de force est parti à la rencontre de ses lecteurs. Des débats et soirées de soutien ont été organisés, durant le mois de mai sur le thème du traitement journalistique des mouvements sociaux.
Le temps, c’est de l’argent… pas de l’info
Ces débats ont permis de mettre en avant pourquoi et comment les média traditionnels et établis traitent l’information sur les mouvements sociaux de manière altérée. Le sujet est souvent traité de manière biaisée car le journaliste doit composer avec différentes forces influençant son « objectivité » : le temps accordé pour traiter le sujet ; les rapports de forces entre le média et le capitaliste-propiétaire ; la classe sociale du journaliste.
Les journalistes doivent, aujourd’hui, produire toujours plus vite des informations exclusives, sans prendre le temps de vérifier les sources. Les articles et les dépêches sont recopiés d’un journaliste à l’autre, souvent mot pour mot. Ainsi les mêmes approximations et les mêmes biais de lecture s’accumulent et se propagent aisément.
Les lignes éditoriales de nombreux médias se regroupent et se confondent souvent avec les intérêts des capitalistes d’aujourd’hui. Le Monde diplomatique et le Parti de la presse et de l’argent (PPA) publie une carte [2] régulièrement mise à jour de la concentration des médias d’informations (journaux, télé, radio…) dans les mains de différents hommes d’affaires. L’uniformisation de l’information et son allégeance vis-à-vis de la classe dirigeante !
Reproduction sociale et corporatisme
Les écoles de journalismes et la cooptation des journalistes au sein des rédactions permettent la reproduction sociale d’un certain journalisme bourgeois. Ainsi, dans cet entre-soi, aucune place n’est faite pour des mouvements sociaux hors-normes et encore moins révolutionnaires !
Rapports de force a des moyens extrêmement limités et son avenir n’est pas assuré. Gratuit pour être accessible à tous, sans publicité pour préserver son indépendance, il dépend exclusivement de son lectorat. Autant le dire sans fard : la suite dépend grandement de ses lecteurs et lectrices !
Julien If (UCL Lyon)
[1] https://rapportsdeforce.fr
[2] « Médias français, qui possède quoi », https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA.