Les élections sont passées, et la casse sociale s’accélère. Après la loi Balladur (1993), la loi et les mesures Fillon (2003 et 2008), il devenait urgent pour l’État et le Medef de poursuivre le démantèlement du système des retraites: reculer l’âge légal de départ (on parle même d’une décote sur l’âge de départ à la retraite), augmenter la durée de cotisation, aligner le public et le privé par le bas, continuer dans la voie de la privatisation du système. Le pouvoir prétend agir pour sauver les retraites. En fait, les précédentes réformes ont entraîné une baisse générale du niveau des retraites et un recul de l’âge de départ du fait de l’allongement de la durée de cotisation.
La bataille idéologique est engagée
Le COR a sorti un rapport alarmiste dont les précisions sur 40 ans, reprises par le pouvoir et les politiciens de tous bords, sont déjà jugées trop optimistes par le Medef. Ce sont les mêmes qui ont été incapables de prévoir la « crise financière ». Les médias reprennent le rapport du COR et martèlent que la seule voie, pour éviter une situation à la Grecque est celle de la rigueur, de la réforme, du « réalisme » et de la compétitivité, comme en Grande Bretagne. La publicité télévisée appelle cela une réforme juste.
En réalité, l’Etat répondant aux exigences du capitalisme, veut d’une part baisser le niveau des pensions de retraite et d’autre part donner des gages aux marchés financiers en créant une situation rendant impossible la retraite par répartition afin d’ouvrir le marché à l’appétit des financiers, des spéculateurs, des actionnaires et donc aux fonds de pensions.
La Gauche dans tous ses états
Le but final étant la privatisation du système, l’opposition public-privé bat son plein. Sous l’affirmation d’égalité (défense de rire), il s’agit de diviser pour baisser la retraite de tou(te)s, excepté évidemment ceux et celles qui décident pour nous et qui bénéficient d’un système spécial très avantageux (3096 €/mois pour 10 ans: députés). La gauche ne sait pas trop sur quel pied danser. Après avoir proposé d’allonger la date de départ de 5 ans (Jospin), à 62 ans (Aubry), et avoir fait machine arrière (élections obligent), elle prône l’allongement de la durée de cotisation, ce qui revient au même, compte tenu de la difficulté à trouver du travail, de la précarité, des licenciements, etc.. En fait, elle est trop heureuse de laisser le bébé à la droite, mais une fois revenue au pouvoir, elle poursuivra la logique de privatisation. Les syndicats ont le cul entre deux chaises. Co-gestionnaires, membres du COR, ayant participé à ses travaux et à son rapport, tout en refusant officiellement tout recul social sur les retraites, ils sont déjà prêts au compromis et au recul social. Leur refus de toucher à l’âge légal (60 ans) de départ à la retraite ne changera rien, si le nombre d’années de cotisation est relevé. Ceux qui n’ont pas de gros salaires seront obligés de travailler au-delà de 60 ans pour éviter une retraite de misère.
Nécessité de luttes de rupture
Les salariés ne doivent pas se faire d’illusions. Les mesures gouvernementales ne résoudront pas le « problème » des retraites. Les spécialistes nous disent déjà que les décisions envisagées ne suffiront pas et les politiciens de droite et de gauche pensent déjà à la prochaine réforme. L’endettement des Etats est une opportunité pour justifier tous les reculs sociaux.
Comme d’habitude, nous n’avons rien à attendre de la gauche ou des bureaucraties syndicales. Une journée de grève par ci, une journée de manifestation par là, et un recul social à la clé. La solidarité est notre arme. La mobilisation inter-professionnelle à la base, puissante, un rapport de force à la hauteur de l’enjeu permettra, comme en 1995 de faire reculer le pouvoir. Une fois de plus les élections n’ont servit à rien. Seule des luttes en rupture avec le système capitaliste et étatique nous feront gagner: occupations, reprises des entreprises, autogestion. Mais au-delà, que faire?
Concrétiser nos rêves
Taxer le capital, comme le réclame la gauche politique ou syndicale, n’est qu’un pis aller qui ne permettra pas d’empêcher la privatisation des retraites. Même le pouvoir envisage de taxer les gros revenus et le capital, à la marge bien-sûr. Mais que ne ferait-on pas pour convaincre les salariés d’accepter l’inacceptable.
Les spéculateurs, les fonds de pensions piaffent d’impatience dans l’attente des profits futurs d’un régime de retraite privatisé. Qui pourra payer alors que se développe la précarité et le chômage?
Mais notre désir n’est pas de travailler plus pour gagner moins, mais au contraire de travailler beaucoup moins pour vivre beaucoup plus.
Aux grands maux les grands remèdes. Comme dans les autres domaines, seule la disparition du capitalisme et de l’État permettra de construire un système de retraite égalitaire et solidaire pour tou(te)s . En tant qu’anarchistes, nous luttons pour la gestion directe de nos retraites et de notre vie tout entière. Cela ne passe pas par le dialogue social, mais par la lutte pour la révolution sociale.