Voici un communiqué fédéral de la CGA paru en Janvier 2016
La peine infligée le 12 janvier 2016 à huit anciens salariés de Goodyear -Amiens, jugés pour avoir séquestré deux cadres pendant 30h, en janvier 2014, dépasse l’entendement. Ces salariés, syndicalistes pour la plupart d’entre eux, ont été condamnés à deux ans de prison, dont neuf mois ferme.
Un petit rappel des faits est pourtant nécessaire afin de se rappeler qui sont les voyous : ces salariés se battaient contre le projet de l’entreprise qui prévoyait le licenciement de quelque 1250 salariés. Ils se sont battus aussi pour empêcher la reprise en 2009 par la multinationale américaine Titan, dirigée par le milliardaire Maurice Taylor, qui avait annoncé vouloir reprendre l’entreprise avec « zéro salarié » afin de délocaliser l’activité.
À cinq reprises, l’entreprise a tenté des plans de licenciement. Trois seront suspendus par la justice, les deux autres seront abandonnés suite à la mobilisation ouvrière.
En 2012, une centaine de plaintes pour harcèlement moral sont déposées contre la direction de Goodyear.
En octobre 2013, Goodyear tente de licencier 5 salariés protégés : ce sera l’inspection du travail qui annulera cette décision au motif que l’entreprise ne souffre pas de difficultés financières. Fin 2011, Goodyear annonce un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros, et un bénéfice de 251 millions d’euros.
Alors, non, les voyous ne sont certainement pas les salariés !…
Faire pression sur le mouvement syndical pour le museler
Après la répression terrible sur les militant-e-s à Air France, la condamnation de l’inspectrice du travail dans l’affaire TEFAL, voici venu le tour des Goodyear. L’enjeu est d’affaiblir le monde syndical quelques mois avant la préparation par le gouvernement et le patronat du chantier de démolition du code du travail et la fin du contrat de travail : faire courber l’échine à tou-te-s ceux et celles qui s’opposent au quotidien à la démolition sociale, qui adoptent une attitude combative et tentent d’inverser le rapport de force que nous imposent patronat et État.
Le gouvernement est largement complice puisque sur l’exemple des Goodyear, la plainte avait été retirée par les cadres séquestrés ainsi que par la direction. C’est donc le parquet qui a décidé de poursuivre les salariés. Or le parquet dépend du ministère de la Justice. L’État nous prouve encore une fois qu’il n’est donc pas un instrument neutre qui représente l’intérêt général mais bien un instrument de répression au service des dominants.
Soutien inconditionnel : face à l’injustice sociale, la violence sociale est légitime !
Quand les inégalités s’accroissent, la lutte sociale est toujours légitime. Pour rappel, 1 % des plus riches ont augmenté leur richesse de 60 % en 20 ans. Les patrons de leur côté viennent de lancer un appel au gouvernement pour renforcer l’exploitation (contrat de travail et indemnités licenciement et prud’homales) en plus des 40 milliards d’allègement fiscal qu’ils ont déjà obtenus.
A l’inverse, pour les travailleuses et travailleurs, les acquis en termes de protection des droits du travail sont rognés les uns après les autres au fil des politiques d’austérité qui visent à faciliter la course aux bénéfices à court terme des entreprises. La concurrence entre salarié-e-s, les contrats non protégés, la flexibilité conduisent à l’augmentation des arrêts maladie, des burn-out, des suicides au travail.